Inde

Thomas Ramette – Road to India #3


Pour certains, la saison est sur le point de commencer. Celle de Thomas Ramette vient de toucher à sa fin après trois déplacements  dépaysants en Inde, du côté de Pune, Ahmedabad et Bangalore. Présent sur la saison inaugurale de l’Indian Supercross Racing League, Thomas Ramette a vu du pays ces dernières semaines. Il repart de l’épreuve finale avec une seconde place de journée, et une troisième place au championnat 450 derrière Matt Moss et Jordi Tixier.

Dans une belle dynamique lors des deux premières épreuves, le promoteur du championnat se retrouvera en difficulté juste avant la finale, ne pouvant organiser son épreuve de clôture à New Delhi en raison de mouvements sociaux en Inde. C’est donc dans un champ de Bangalore – réquisitionné à la dernière minute – que le tombé de rideau se disputera.

“La dernière épreuve a été un peu chaude a gérer pour le promoteur.” nous explique Thomas. “Au départ, elle devait se faire à New Dehli et tout était déjà booké depuis des mois. Finalement, ça s’est fait à Bangalore au dernier moment. Ils ont trouvé un champ, ils ont monté des tribunes, des espaces VIP, ils ont dû faire un gros boulot. Le point positif, c’est qu’on a retrouvé un beau circuit de Supercross, niveau SX Tour – minimum – avec une bonne série de whoops, un enchaînement assez costaud qu’on était 3 ou 4 à passer. Pour une épreuve organisée au dernier moment, ils ont géré même s’ils auraient aimé finir le championnat dans un beau stade à New Delhi pour le côté “glamour” même si ça s’applique assez difficilement à l’Inde [rires]. Personnellement, j’étais dans de meilleures dispositions, avec mes suspensions et mes affaires. Heureusement que j’avais mes suspensions de Supercross d’ailleurs, car autant lors des deux premières épreuves ça passait sans, autant là ça aurait été mission impossible. Je n’aurais fait que des doubles pendant toute la journée.”

Malgré le rush de dernière minute, les promoteurs de l’Indian Supercross Racing League sortiront un beau circuit de terre pour cette finale; il y aura tout de même une grosse ombre au tableau: la poussière. Un élément avec lequel il faudra conjuguer puisque, le préparateur de piste ayant quitté les lieux après la cérémonie d’ouverture, le tracé ne sera pas touché de la journée.

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“Le gros problème qu’on a eu, c’était la poussière.” poursuit Thomas “Il faisait 35 degrés, plein soleil, et ils n’ont pas bien anticipé ça. Autant les obstacles étaient cool, mais les préparateurs de piste en provenance des US ont on fait ça à l’arrache. Pour les essais du samedi, la piste n’était pas vraiment terminée; ils n’avaient pas d’excuse car ils prenaient la terre juste à côté, cette fois-ci. Les mecs ont réellement fini la piste le dimanche midi avant que ça commence, et ils sont partis après la présentation des pilotes. C’était à eux de gérer l’arrosage de la piste, mais ils n’étaient plus là. Du coup, la piste est restée telle quelle. Arroser entre les manches, ça aurait été compliqué, mais ils auraient dû arroser en amont. Sur ce point, je jette plutôt la faute sur les préparateurs de piste que sur le promoteur qui avait pris un prestataire pour gérer ça. Reste que la piste était quand même vraiment cool.”

Jordi Tixier, Matt Moss et Thomas Ramette se sont disputé les manches de Bangalore @Reise Moto

Finalement, c’est Jordi Tixier qui repart de la dernière épreuve en ayant remporté les trois manches disputées. Jordi s’impose devant Thomas Ramette et Matt Moss, le pilote Australien décrochant le titre de champion de l’Indian Supercross Racing League au terme de l’épreuve finale de Bangalore. Pour Thomas, et en ayant disputé deux épreuves sans suspensions, la prudence était de mise cette saison, principalement.

“Côté sportif, Jordi était quand même au-dessus, il a vraiment bien roulé.” avoue le pilote Reise Motorsports. “Ma place, c’était deuxième. Je suis encore emmerdé avec mes côtes blessées à Herning. Juste avant la deuxième manche, j’ai filé un coup de main à Charles Lefrançois pour mettre son kit départ et je me suis fait mal comme un c*n à ce moment-là. Du coup, c’était difficile en deuxième manche et j’ai cru ne pas pouvoir partir pour la superfinale tellement j’avais mal. Je termine par un podium, je fais troisième du championnat, c’est pas mal pour cette première saison. Il faut le dire, Jordi a fait une bonne fin de saison en Supercross. Il était costaud. Je pense qu’il prenait plus de risques que moi aussi. En deuxième manche, quand je rentrais un peu plus fort dans les whoops, j’ai réussi à bien mieux le tenir et à signer le meilleur temps en course. Pour faire mieux, il aurait fallu prendre un peu plus de risques. Avoir des suspensions aux deux premières épreuves, ça m’aurait aussi aidé à me battre car dans ces conditions là, tu prends encore moins de risques. Il faut dire ce qu’il est, Jordi était plus rapide que moi ou Moss sur la dernière épreuve.”

Au terme de cette finale, Thomas Ramette a eu la surprise de devoir passer un contrôle antidopage sous contrôle de la FIM et de la Fédération Indienne. Passage obligatoire pour le top 3 de chaque catégorie, en plus de quelques pilotes triés sur le volet. “Deux mecs de la FIM et de la fédération Indienne sont venus me chercher. On a fait de la paperasse, j’ai bu de l’eau, beaucoup d’eau, et j’ai attendu deux heures pour pouvoir pisser [rires]. Quand je suis reparti, il n’y avait plus personne dans le paddock. Ils ont contrôlé le top 3 de chaque catégorie, et un ou deux mecs au pif. De toute ma carrière, j’ai dû faire 4 ou 5 contrôles antidopage. On était tous un peu étonnés qu’un contrôle soit réalisé là-bas mais bon, c’est une épreuve FIM après tout.”

En Inde, Thomas Ramette n’a pas seulement découvert une nouvelle culture et un nouveau championnat. Le pilote Français s’est avoué surpris par le niveau d’une poignée de pilotes évoluant dans la catégorie India/Asia Mix. Des pilotes qui n’avaient que peu d’expérience dans la discipline en comparaison avec les pilotes internationaux contre qui ils s’alignaient lors des superfinales.

“Franchement, j’ai été surpris, car les 3 ou 4 premiers Indiens roulent vraiment pas mal. Je pense que ce sont des mecs qui pourraient se qualifier pour des finales SX2 en France. Avec mon coéquipier Nico Koch, on regardait les chronos qu’ils faisaient, et ils étaient plus rapides que certains pilotes de la catégorie SX2 internationale ! En plus de ça, ils ne sont pas vraiment équipés au niveau des suspensions, et ils n’ont jamais vraiment trop pratiqué. Alors j’étais un peu surpris, et en bien. Chapeau. Après, je pense que dans le fond, certains teams ont pris des pilotes qui n’avaient rien à faire là. Je ne sais pas quels étaient les critères de recrutement des pilotes lors des enchères. Pour la suite, ils vont probablement s’appuyer sur l’avis des pilotes en place pour avoir plus d’infos à ce niveau là”.

Thomas Termine second des rounds d’Ahmedabad et Bangalore.

Thomas nous a fait savoir que sa participation à l’Indian Supercross Racing League, deuxième édition, était quasiment actée à ce stade. Le calendrier des pilotes Français sera chargé cette année. Outre le SX Tour et l’ADAC, le championnat d’Arenacross UK sera de nouveau ouvert aux pilotes étrangers cette année, et sortira même des frontières de la Grande-Bretagne. Ajoutez à cela les potentielles opportunités à saisir sur l’Indian Supercross Racing League ou le World Supercross et la boucle est déjà bouclée avec près d’une trentaine d’épreuves au programme… D’ailleurs Thomas, ce WSX, c’est le ballon qui se dégonfle ?

“Pour le WSX, je pense que oui, malheureusement. Apparemment, il n’y aura plus qu’une catégorie l’an prochain. Pour meubler une soirée, 20 pilotes ça me paraît compliqué, à moins que tu les fasses rouler 7 ou 8 fois dans la soirée [rires]. Je pense que le WSX sera couplé avec des championnats nationaux cette année. Ils veulent aller en Inde, je pense qu’ils vont le coupler avec l’ISRL, ils vont faire pareil en Australie avec l’AU-SX et au Brésil avec l’Arenacross Brésilien. Ensuite ça parle d’Abou Dhabi, du Qatar. Je ne vois pas comment ils peuvent faire une soirée de Supercross avec seulement 20 pilotes. D’un point de vue business, la suppression de la catégorie 250 est cohérente. Il y aura deux fois moins de motos à envoyer, donc deux fois moins de caisse, le fret aérien est hors de prix donc c’est déjà ça en moins. Il y a des primes à distribuer en moins. Au niveau des frais généraux, location de stade, construction de piste, ça restera la même chose. Je pense que ça leur coûtera moins cher, et c’était presque la seule solution pour la survie de la série. Ils ne pouvaient plus continuer à dépenser autant sans avoir de réels revenus derrière, que ce soit par rapport à la TV ou aux spectateurs. Pour moi, au bas mot, un WSX devait coûter 2 ou 3 millions par épreuve. Un rapide calcul avec la billetterie, c’est impossible de rentrer dans ses frais même si tu fais 40.000 entrées à 50€. C’est injouable.”

Pour une première, l’ISRL a offert une plateforme plus que correcte pour les pilotes Internationaux, mais aussi pour les pilotes locaux. On rappelle l’objectif, développer le sport en Inde et offrir des perspectives de “carrière” aux jeunes pilotes . Les spectateurs ont été présents à chaque rendez-vous et la série devrait se développer l’an prochain avec plus de rounds et un plateau encore plus étoffé. On a demandé à Thomas ce qu’il aimerait bien ramener de l’ISRL sur le SX Tour, et inversement.

“Si je pouvais ramener un truc d’Inde sur le SX Tour, ce serait toute la communication et la retransmission TV” nous répondra Thomas. “Tout ce qui est fait autour des teams, ça à de la gueule, tout ce qui est pub’, ça à de la gueule, ils sont très bons sur les réseaux sociaux et sur la communication. Ils sont vraiment en avance sur nous. Par exemple, dans mon team on avait trois cameramen qui nous filmaient sans arrêt, ils montaient tout dans la foulée sur les réseaux sociaux, etc. Après, je pense que les coûts de main d’œuvre sont moins chers là-bas. C’est difficile de comparer parce que le championnat Indien a réussi a lever des fonds – 17 millions pour trois ans – et il y a des investisseurs derrière. Ce n’est pas le même business plan que le SX Tour. Les Indiens misent sur la retransmission TV pour faire de l’argent car avec un billet à 8€, même si c’est rempli, tu ne vas pas bien loin. Le SX Tour se repose principalement sur la billetterie. Pour ce qui est de l’inverse, je ramènerais la rigueur à la Française sur le championnat Indien. Tout ce qui est le respect des horaires. L’entrée en grille de la superfinale, c’est à chaque fois un énorme bordel. On avait pourtant fait un briefing avant pour leur dire de mettre un mec qui nous faisait entrer par ordre sur la grille, en fonction des résultats des manches d’avant, on voulait une logique et c’était carrément le bazar à ce niveau là.”

Le programme du pilote Français sera chargé en 2024

Désormais et après avoir enchaîné les déplacements ces derniers temps, Thomas Ramette va observer un peu de repos. Il reprendra sa préparation en Supercross dans le courant du mois d’avril, à l’approche de l’ouverture du championnat SX Tour. Thomas évoluera sous les couleurs de l’équipe SR75 Suzuki cette saison; il ne cache pas que 2024 sera une année charnière qui décidera – en partie – de la suite de sa carrière.

“Les ambitions pour la suite, c’est de repartir à bloc en 2024. Il va y avoir un peu de renouveau et de challenge avec la Suzuki. Il faut faire le plein de confiance. Ça s’est bien passé pour moi ces derniers temps donc c’était bon pour la confiance, comme pour le moral. On est reboosté pour la nouvelle saison. Je prends les choses année par année car je ne suis plus tout jeune. Je vais faire le maximum pour être performant cette année, c’est un peu une année charnière pour moi. Si ça marche, c’est top et peut-être que je déciderais de continuer encore quelques années. Si ça marche moins bien, peut-être que je me dirigerais vers autre chose, à voir !”

Le mot de la fin ?

“Pour l’anecdote, mon team m’a appelé Ramette pendant tout le championnat, ce n’est qu’à la dernière épreuve que je leur ai dit que mon prénom, c’était Thomas, pas Ramette [rires].”

Thomas Ramette – Road to India #3
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