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Calvin Fonvieille “une opportunité exceptionnelle que de pouvoir faire le World Supercross”

Images: DailyMotocross

Calvin Fonvieille est le seul pilote à avoir réussi à contrer Maxime Desprey sur le championnat de France de Supercross – catégorie SX2 – cette saison. Champion Pro Hexis cette année, le pilote TMX Compétition a remporté une première finale à Paris, puis une seconde à Lyon. Victime d’une mauvaise chute à Brienon, Calvin Fonvieille sait que le titre est quasiment joué, mais reste concentré sur sa fin de saison 2024 et notamment sur la finale du World Supercross, championnat sur lequel il évolue avec l’équipe Bud Racing Kawasaki. Avant de prendre l’avion pour Abou Dhabi, Calvin répond à nos questions au terme du week-end Lyonnais. Micro.

Calvin, une victoire le vendredi, une seconde place le samedi. Quel bilan on tire de ce week-end à Lyon finalement ?

Honnêtement, c’est vraiment un bilan positif ce week-end à Lyon pour l’avant-dernière étape du Championnat de France. Je suis très content de moi. Tout d’abord, j’ai remporté mes deux demi-finales; je suis très content de ça. J’ai réalisé deux holeshots en finale, autant hier qu’aujourd’hui. Ensuite, les finales ont été un petit peu différentes.

Hier (ndlr: vendredi), j’ai réussi à enchaîner pas mal de tours en tête, presque les trois quarts. Sur le passage des retardataires, j’ai été un petit peu mauvais, j’ai fait quelques erreurs. Maxime m’a tout de suite recollé. On s’est doublé, redoublé. C’était vraiment la bagarre. Il ne fallait rien lâcher, parce qu’il ne restait que quelques tours. Finalement, Max a trouvé l’ouverture. Quelques instants plus tard, il a fait une erreur et a chuté. J’en ai profité pour prendre la tête et gagner cette finale. C’était vraiment super. Après la victoire de Paris, c’était ma deuxième victoire cette année.

Aujourd’hui (ndlr: samedi), en finale, j’ai de nouveau fait le holeshot. Je me suis complètement loupé sur une action en voulant doubler dans les premiers tours; je n’étais pas bien placé et je suis passé quatrième. Il a fallu remonter et ensuite, j’étais en bagarre les trois quarts de la finale avec Maylin pour la deuxième place. On s’est doublé, redoublé quelques fois. Un pilote retardataire a chuté dans un virage. On s’est retrouvé tous les deux coincés à moitié sur lui, derrière lui. On a dû faire demi-tour. On était arrêtés complets. Au final, cette situation m’a souri. Je l’ai quand même passé sur cette action. J’ai été un peu chanceux, je pense. Après, j’ai pris une petite avance, de quoi ne plus être inquiété, et je termine deuxième, même si j’étais assez loin derrière Max, bien sûr. Mais quand même content de mon roulage.

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Franchement, c’est quand même un week-end solide. Je consolide aussi ma place de second au championnat, dans la bagarre avec Brice. Même si le titre est quasiment inatteignable. Je m’occupe de moi. Je me concentre sur mes places, et sur ce que je peux faire. Je pense honnêtement que j’ai fait un bon week-end.

Le vendredi après les whoops, tu faisais le 3 sur table. Tu avais l’air de faire la différence sur cet enchaînement, mais tu ne l’as pas refait le samedi; pourquoi ?

C’était vraiment mon point fort le vendredi soir. C’est là où je faisais la différence sur Maxime Desprey. Je n’ai pas réussi à le faire aujourd’hui (samedi). Je l’ai fait aux essais, mais ça ne tenait pas à grand-chose. C’est vraiment limite pour le passer régulièrement le deuxième soir, car le virage était un peu dessiné différemment. Les ornières étaient moins refaites; ça a été plus compliqué pour le lancer. Je n’y suis pas allé. C’est dommage, car c’était vraiment un gros avantage que j’avais en piste, mais bon, ça ne le faisait pas ce soir. J’ai un peu pêché de ce côté-là. Mais le reste était quand même bon.

Sur une piste comme celle-ci à Lyon, qui est assez étriquée, la gestion des pilotes retardataires est un facteur à prendre en compte ?

C’est vraiment important. On a beau être aux avant-postes, c’est comme si on partait dernier. Au bout de quelques tours, on rattrape déjà les premiers retardataires. On se fait crépir, on se fait gêner. Ce n’est la faute à personne. Le circuit est petit; c’est aussi ce qui fait le charme de ces petites salles. On est toujours dans le trafic; c’est interminable.

Il faut bien gérer les retardataires. Ce n’est pas évident. Mais il faut arriver à trouver des solutions. Globalement, je m’en suis quand même pas trop mal sorti. Notamment aujourd’hui. Autant hier (vendredi), c’était peut-être ce qui m’a fait perdre un peu de temps. Mais aujourd’hui, je ne me suis pas trop mal sorti. Ce n’est quand même pas trop mal.

Un mot sur cette saison de World Supercross. C’était une super opportunité cette année de pouvoir y participer avec Bud Racing. Trois épreuves disputées jusqu’ici. Ça se passe comment pour toi ?

Il nous reste encore la finale, la quatrième et dernière épreuve à Abou Dhabi la semaine prochaine. Honnêtement, j’attends cette finale avec impatience, car je reste un peu sur ma faim. Mes résultats n’ont pas été exceptionnels jusque-là. Mise à part deux manches en huitième place, et deux autres dans le top 10. En dehors de ça, le reste a été un peu compliqué. J’ai manqué de rythme, je n’étais pas assez dedans. Je manquais d’entraînement quand j’ai repris au Canada après ma chute de Briennon, mon entorse du pouce et ma fracture du sacrum. C’était difficile. En Australie, pour la seconde et troisième épreuve, je n’ai pas bien roulé. Donc ça n’a pas été évident. Mais je veux vraiment me rattraper lors de la finale à Abou Dhabi.

À Vancouver et Perth, est-ce que vous avez été surpris de la texture que vous avez retrouvée ? Ces pistes meubles, ce n’est pas exactement ce sur quoi vous avez l’habitude de vous entraîner.

En ce qui concerne le Canada, je n’ai pas été plus surpris que ça. En allant dans un pays du Nord, on s’attendait à avoir une texture relativement molle, et qui allait faire des ornières. Ce n’était pas évident, mais c’était quand même relativement sympa. Je me suis bien amusé. Contrairement à l’Australie, où j’ai vraiment eu du mal et je ne me suis pas trop régalé sur la piste. C’était bien sablonneux et vachement glissant. Ce n’était vraiment pas mon point fort, ni le type de surface que j’apprécie. C’était quand même assez compliqué. C’est ce qui m’a un petit peu pénalisé. J’espère que la semaine prochaine à Abu Dhabi, on va retrouver une texture de terre relativement dure comme j’aime, sur quoi j’ai l’habitude de rouler, et sur laquelle je me sens le plus à l’aise.

WSX de Vancouver, Supercross de Paris, WSX de Perth, Supercross de Lyon, vous partez désormais à Abou Dhabi. Des avions, des longs déplacements, du décalage horaire. Cette logistique là, on la gère comment ? Ce n’est pas vraiment quelque chose dont tu as besoin de te soucier en temps normal.

Non, mais on essaie de le gérer du mieux possible. Mais ce n’est pas évident, forcément. Après, on se donne au maximum, on fait ce qu’on peut. Il faut faire vraiment attention aux horaires auxquels on s’endort, quand est-ce qu’il faut faire une sieste, etc. Tout est vraiment calculé par rapport au temps de sommeil, etc. Mais c’est sûr que ça représente des traumatismes pour l’organisme. On y laisse beaucoup d’énergie. Pendant qu’on devrait être à la maison en train de se reposer ou de s’entraîner, on passe la moitié de la semaine dans les aéroports. C’est vraiment particulier, mais ça fait partie du jeu.

Je ne m’en plains pas, parce que c’est une opportunité exceptionnelle que de pouvoir faire le World Supercross avec Bud Racing. J’ai eu cette opportunité, j’en suis très reconnaissant. Je savoure ça à fond. C’est ma dernière chance de performer la semaine prochaine à Abou Dhabi; je veux la saisir et faire une bonne course.

Tu avais fait des piges en Supercross US à l’époque. Est-ce que – de ton expérience en SX US et sur le World Supercross – ces deux championnats qui sont comparables selon toi ?

Oui, surtout quand on voit des pilotes comme Roczen, comme Tomac. Ce sont les animateurs du Supercross US, et ils sont également là sur le World Supercross. Franchement, le type de course, le format de course, l’homogénéité du plateau font qu’on a vraiment de belles courses et de belles bagarres. C’est vraiment sympa.

Bien sûr, ce n’est pas le SX US parce qu’il manque vraiment les meilleurs pilotes d’usine, mais on a quand même tous les autres meilleurs pilotes US. On a des pilotes comme McElrath qui a été vice-champions US en 250, Coty Schock qui a terminé 3e cette année, Enzo Lopes qui fait 4e l’année dernière. On a vraiment les pilotes qui font la course devant aux US. Les premiers des championnats US, ceux qui se battent pour le titre sont là. Donc, c’est quasiment la même chose. On pourrait bien sûr rajouter les pilotes d’usine dans notre catégorie, mais ils n’iraient pas beaucoup plus vite que les vainqueurs.

Pour nous, c’est une superbe expérience. On a beaucoup de départs, on a beaucoup de courses dans la même soirée. Ça permet vraiment de tirer des enseignements des meilleurs pilotes du monde, et de progresser.

Un mot sur Perth, quand on envoie la caisse avec la moto, j’imagine qu’on ne prévoit pas spécialement de pneus sable pour rouler en Supercross …

C’était la galère. On avait des pneus pour la terre, parce que c’était officiellement annoncé comme étant de la terre. On s’attendait tous à rouler dans la terre. Sauf qu’en fait, c’était une texture sablonneuse, donc on s’est retrouvé à devoir chercher des pneus sable dans la ville. Heureusement, c’était une grande ville … On a pu se débrouiller. On a roulé avec des pneus boue en fait, ce n’étaient même pas des pneus sable. On s’est arrangé comme on a pu, et ça allait quand même globalement bien.

Corrige-moi si je me trompe, mais il me semble que tu n’as jamais participé à une épreuve du mondial MX2; pourquoi ?

Non, c’est ce qu’il me manque. Autant en supercross, j’ai eu la chance de rouler partout, dans différents championnats, notamment aux US, sur le World SX, etc. Pour ce qui est du motocross, non. J’ai simplement fait du championnat d’Europe. Plusieurs fois, j’avais prévu de faire le grand prix de France, et deux ou trois grands prix aussi. Mais à chaque fois, il y avait quelque chose qui se mettait en travers de ma route.

Une année, je devais passer le bac. Une autre année j’étais blessé. Ensuite il y a eu le Covid; il y avait toujours quelque chose. Une année, je devais y aller et je me suis blessé le mercredi. J’ai contracté une déchirure à la cuisse, donc c’était fini. Il y a toujours eu quelque chose, et ça ne s’est jamais fait.

Peut-être un jour. Pourquoi ne pas faire un grand prix en MXGP ? Maintenant, je n’ai plus l’âge pour faire du MX2, car j’ai 24 ans.

Est-ce qu’une transition en catégorie 450 est prévue dans un futur proche ou pour l’instant, on se dit qu’on reste en 250 ?

Ce n’est pas encore prévu, mais ça commence à être envisagé. On commence à aborder le sujet sérieusement et à se pencher sur la question. Ça se fera, c’est sûr. L’année prochaine, ce n’est pas encore sûr, mais on commence à y penser, à regarder ça.

L’an dernier, on avait fait un sujet sur le championnat de France, pour savoir si les pilotes rêvaient encore de ces championnats et leur demander ce qu’il fallait améliorer. Une des réponses qui revenait souvent, c’était d’attirer la jeunesse. JLFO a réorganisé un championnat de France Junior costaud cette année, il y aura aussi un calendrier Espoirs l’an prochain. Ce sont des changements bienvenus pour le sport en France, j’imagine ?

Oui, c’est vraiment bienvenu. Honnêtement, je n’aurais pas vraiment de critiques à faire. On a le plus beau championnat de Supercross en Europe, ici en France.

Il n’y a pas grand-chose à dire, mis à part encourager, essayer de continuer à s’améliorer. On essaie toujours de s’inspirer de la perfection qu’est les Etats-Unis, le Supercross US. Mais à notre échelle européenne, on a le plus beau championnat avec beaucoup d’épreuves, sur une longue durée.

Il n’y a vraiment pas grand-chose à dire concernant le SX Tour et le championnat de France, mis à part que c’est une bonne école et que c’est le meilleur moyen pour nous d’essayer d’accéder au World Supercross, ou pourquoi pas au SX US. C’est le meilleur des entraînements possibles.

Et du coup, on va te revoir en SX US ?

Ce n’est pas prévu pour le moment, mais si l’opportunité se présente, pourquoi pas, oui.

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