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Grégory Aranda “le clap de fin sur une superbe saison, on s’est régalé toute l’année”


S’il n’avait pu aller jusqu’au bout sur le championnat de France Elite, Grégory Aranda se rattrape avec brio sur le SX Tour en décrochant son premier titre de champion de Supercross en France. Longuement éloigné des circuits suite à une grosse blessure au pied, Grégory Aranda s’est reconstruit petit à petit, d’abord avec Tech 32 puis ensuite avec le team GSM Yamaha. Serge Guidetty a visé juste en accordant sa confiance à Grégory pour la saison 2023 et l’aventure est faite pour durer. La saison française terminée, les titres décernés, on fait le point avec le champion SX1 2023. Micro.

Grégory, tu l’attendais depuis longtemps ce titre là. Les impressions à chaud, c’est quoi ?

C’était vraiment cool, en plus je venais de vivre une finale de dingue. Je tombe direct’ au départ, je repars dernier et je retombe dans la manche mais j’arrive quand même à revenir jusqu’à la deuxième place. C’était une finale de dingue avec tout le public qui était derrière moi. Pour la dernière de l’année, et avec le titre au bout, c’était vraiment cool. Ce n’est que du bonheur; c’est le clap de fin sur une superbe saison, on s’est régalé toute l’année. J’étais en tête de l’Elite jusqu’à trois courses de la fin, ensuite on a attaqué le SX et on a mis du gaz en se régalant. On a travaillé et on a développé la moto que ce soit au niveau du moteur, des suspensions avec 4.42; on a bossé à bloc avec Didier physiquement, avec Sergio, toute l’équipe, Max, Tom, Xavier qui m’a bien aidé aussi à l’Elite. Il y a énormément de personnes autour qu’il faut remercier, il y a aussi Fabien Izoird qui m’aide beaucoup à l’entraînement; on est tout le temps ensemble à l’entraînement, on a un bon groupe avec Lucas Imbert, Enzo Polias. On bosse, on est dans notre coin, on ne fait pas de bruit mais ça avance. C’est le but. En plus de ça, une superbe saison sur le World Supercross, tout va bien.

Il se passe quoi lors de cette dernière finale de la saison ? On ne te voit pas souvent par terre et là, deux fois en une manche. Ça travaillait dans la tête où c’est juste une coïncidence ?

Ici, c’est spécial à Lyon, la piste est assez petite et mon kit de départ est resté bloqué après le gauche du premier virage. Quand j’ai pris la première bosse, il s’est déclenché et du coup, je suis tombé. Je suis reparti le couteau entre les dents, je roulais à bloc parce que je voulais doubler les mecs et en sortant des whoops avec un peu de vitesse, j’ai accroché la roue arrière de Jason Clermont. Je suis tombé une seconde fois. Je n’avais pas de pression car je savais que le titre, c’était réglé. Je voulais aller gagner cette dernière finale. Même en partant dernier, j’avais pour objectif d’essayer de revenir sur la tête de la course et j’ai réussi à le faire malgré deux chutes. C’était une super dernière finale.

La dernière finale du championnat a tenu le Palais des Sports de Lyon Gerland en haleine jusqu’au bout …

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Je parlais un peu avec des gars du SX Tour et je leur demandais quelle était la différence entre eux et toi dans les whoops. Qu’est-ce qui faisait une aussi grosse différence. On m’a dit que c’était la paire de coui**es. Ça se résume donc à ça ?

[rires]. Je pense que c’est des années d’expérience. Des mecs comme Soubeyras ou moi, on a pris des whoops et encore des whoops à l’entraînement, que ce soit à l’envers ou à l’endroit. Mon pote Julien Lebeau pourra le dire, quand je suis à l’entraînement avec lui je lui fais bouffer des whoops dans tous les sens, à l’endroit, à l’envers, on fait des manches comme ça. C’est l’expérience qui prime, on a 34 ans, on sait prendre des whoops. C’est comme ce week-end: on a des suspensions de fous, on sait passer dans les whoops et quand il faut passer ce cap pour rentrer encore plus vite dedans et rester au-dessus des crêtes, on est en mesure de le faire. C’est du travail, c’est comme tout, ce n’est pas le fait d’avoir des coui**es. Quand tu vois des mecs comme Ken Roczen passer dans les whoops, tu vois que c’est des heures et des heures de moto, à l’entraînement. Faire de la moto, c’est comme marcher pour eux. Ils ont ça dans le sang, ils font de la moto à bloc, ils travaillent tous les points techniques. La moto, ça reste du technique; si les whoops ce n’était question que d’avoir une paire de coui**es, je pense que ça se passerait mal [rires].

Petit détour par Paris. Toujours aussi à l’aise sur un tour, tu claques une superpole devant les Lawrence, Webb, Roczen. On voit que niveau vitesse, on n’est vraiment pas loin sur un tour; elle se fait où la différence sur une finale ?

Une finale au SX Tour pour nous, c’est 9 minutes, et on roule sur des petites pistes. Quand on arrive à Paris, on retrouve déjà une plus grosse piste, des ornières, on dispute une finale de 13 minutes et on n’a pas forcément l’habitude. Chez eux, ils roulent 20 minutes donc pour eux c’est l’inverse; 13 minutes c’est rien. Pour nous, ce n’est peut être pas le double, mais moitié plus. On aborde la chose différemment, on sait qu’on va être limité physiquement et donc l’approche est différente que quand on part pour claquer un chrono lors d’une superpole. Là, on peut vraiment donner tout ce qu’on sait donner. Les mecs font des heures et des heures de moto sur des terrains énormes. Nous on s’entraîne sur des petites pistes, on n’a pas les mêmes suspensions non plus car les nôtres sont réglées pour chez nous, pour nos petites pistes. C’est un tout. C’est comme ça; on sait que Paris c’est gros maintenant et quand Paris arrive, on essaye de modifier la moto en conséquence, de se préparer et de s’entraîner différemment. On voit qu’on n’est pas si loin que ça des mecs comme Webb et autres, mais il en manque encore un peu. Chaque année, on essaie de se rapprocher un peu plus.

Un titre de plus sur le CV, un trophée de plus dans la collection.

On a été superstitieux sur le SX Tour cette année ? Je ne t’ai pas vu avec la plaque rouge une seule fois.

Ouai. Je l’avais mis à l’Elite et après, je suis descendu dans le classement. Je n’aime pas trop la même, je pense qu’on est tous un peu superstitieux. Si tu dois gagner un championnat, tu le gagnes, plaque rouge ou pas.

Tu as déjà des titres à ton palmarès, champion de France de Motocross, champion d’Europe de Supercross. Celui-là, il se situe où ?

Celui-là, c’est vraiment un beau titre. J’ai arrêté la moto pendant un an et demi, je suis reparti de très, très, loin. C’était un coup à jouer pour Serge Guidetty de me prendre dans l’équipe; il fallait qu’il s’assure que le mec avait envie, et j’ai eu envie. Ça m’a motivé, le projet me bottait et je m’y suis mis à bloc. On a réussi, on a atteint l’objectif même si on ne l’a pas atteint sur l’Elite mais ce n’est que partie remise. On part d’une meilleure base désormais, donc ça ne sera que mieux pour la saison prochaine.

C’est quoi la suite, on en a encore sous le coude, 35, 36, 37 ? On ne réfléchit pas encore à ça ?

Je ne pense pas du tout à raccrocher pour le moment. Je pars d’une encore meilleure base pour l’année prochaine donc je vais essayer de me construire encore plus physiquement et techniquement sur la moto car j’en apprends encore tous les jours. Je me régale, je me fais plaisir, je n’ai pas la peur au ventre, de problème physique particulier. On continue. Quand la peur arrivera et que je sentirai que je ne suis plus en mesure de rouler devant, je saurai raccrocher avant de finir 7ème ou 8ème et d’être à la rue.

J’ai discuté avec les mecs du Supercross Indien sur lequel tu t’es inscrit, et pour attirer des gens ils m’ont dit que les primes étaient une chose, mais qu’il fallait aussi être en mesure de faire rêver les pilotes. Alors, les championnats de France, ça fait rêver Grégory Aranda ?

Ça nous fait rêver, car ce sont nos objectifs en tant que pilotes, et que ça nous permet de gagner notre vie. Après, je vais être franc, l’Inde ne me fait pas rêver plus que ça. Ça peut être cool de partir entre Français faire un nouveau truc à l’étranger, on s’entend tous bien donc ça peut être sympa. Là, ils ne font que repousser les dates, et au bout d’un moment, l’Elite va commencer et à force, on ne pourra plus y aller. Notre objectif, c’est la France, le World Supercross, donc on reste concentré sur nos championnats.

Carton plein cette saison pour le team GSM Yamaha

Grégory Aranda “le clap de fin sur une superbe saison, on s’est régalé toute l’année”
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