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Ken Roczen “À l’approche de ma fin de carrière, je suis de retour dans le haut du tableau”

Interview: Conférence de presse

Signé chez HEP Suzuki pour faire son grand retour en jaune à l’intersaison, Ken Roczen a trusté le podium en SX US à 6 reprises dans la discipline avant de faire l’impasse sur la saison d’outdoor, ayant signé un contrat de 3 ans avec le World Supercross. Présent sur le championnat SuperMotocross, Ken Roczen a été au rendez-vous à chaque round et termine second de ce premier jet dit “SMX”. Le programme de Ken Roczen a bien changé cette année, le garçon (re)prend du plaisir et les résultats s’en ressentent; les retombées pécuniaires aussi. Micro.

Ken. Une dernière grosse soirée pour toi. Peut-être pas le résultat final espéré mais une belle bagarre jusqu’au bout. Ce dernier tour, à tenter d’aller chercher Jett à Los Angeles, c’était comment ?

Je me suis bien senti dans les deux manches et pourtant je n’ai pas pris de bons départs. J’ai glissé sur la grille et j’aurais dû changer de rapport plus tôt, mais j’ai réussi à me faufiler et j’ai dû doubler quelques mecs par la suite. Chase était devant dans cette seconde manche, je faisais mon maximum pour qu’il ne s’échappe pas trop et je suis dégoûté pour lui, il a fini par faire une erreur. J’espère qu’il va bien. De là, c’était moi contre Jett, j’étais au contact, je donnais tout ce que j’avais. On repoussait les limites à chaque centimètre, et le tracé était parfois bien piégeux, c’était super glissant. Il fallait faire attention mais en même temps, on ne pouvait pas trop se relâcher sinon on perdait du temps.

La limite est assez mince, mais j’ai donné tout ce que j’avais. Le plus décevant pour moi, c’est ce qu’il s’est passé avec Josh Hill même si je sais que ce n’était pas intentionnel. Je suis passé à gauche dans le sable toute la soirée et quand on est arrivé derrière lui pour lui mettre un tour, il a ralenti et on était sur le point de s’engouffrer dans la même trace, je pensais qu’il allait me laisser passer mais il a repris sa course juste devant moi. J’ai dû enrouler tout l’enchaînement suivant et j’ai perdu quelques secondes sur Jett alors qu’il ne restait que deux tours et demi. De là, j’ai tenté de mettre la tête dans le guidon car je ne voulais pas laisser Jett gagner comme ça. Je suis revenu, mais je n’avais plus assez de temps. Je suis tout de même super content d’être présent pour la gagne, et de ma façon de rouler en ce moment.

En première manche, la plus grande différence, c’était que Jett faisait ce quadruple sur la table. Tu ne l’as passé que plus tard, quand il t’a doublé. C’était un enchaînement que tu préférais garder en cas de dernier recours, si vraiment c’était nécessaire ? 

Oui. Non pas que je sois bien vieux, mais à mon âge, je pense cinq fois plus avant de tenter quelque chose. Je savais que ça finirait par arriver. J’ai vu ce quadruple lors des essais, j’y ai jeté un œil lors du tour de reconnaissance. J’ai tout simplement attendu trop longtemps pour l’envoyer. Même quand Jett m’a doublé, il m’a fallu quelques tours avant de le sauter et j’aurais dû le faire plus tôt. Ça m’aurait aidé mais c’est comme ça. J’ai fini par faire cet enchaînement, tout en jouant la carte de la sécurité tout en étant intelligent. Mon objectif, c’était surtout de ne pas faire d’erreur et je n’en ai pas vraiment faite à Los Angeles, c’était cool. Je savais que je pouvais envoyer ce quadruple mais dans le même temps, je voulais jouer la sécurité.

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Ken Roczen a tout fait pour tenter de donner la réplique à Jett Lawrence à Los Angeles @HEP – Browndogwilson

Il semblait difficile de reprendre du temps sur Jett. Tu étais toujours à une seconde, une seconde et demie de lui. Tu as pu trouver des portions pour reprendre un peu de temps sur lui ?

C’était difficile. Devant, on attaque vraiment partout sur la piste. La plus petite des erreurs se paie. On va si vite que la plus petite des erreurs fait la différence et c’est vraiment dur de récupérer ce temps. C’était aussi difficile à cause de la traction dans certaines portions. Mais dans le même temps, on arrivait à décrocher le reste des poursuivants donc je pense que devant, au meilleur niveau, c’est comme ça que ça marche. Que le tracé se détruise ou non, c’est vraiment très, très serré devant. J’étais d’ailleurs assez surpris de voir les écarts car aux essais, le terrain était vraiment très basique. Je me suis fait prendre une seconde par Chase lors des essais, et quand je suis rentré au camion je me demandais vraiment où il arrivait à gagner autant de temps. Mais un peu ici, un peu là, et au final, c’est une seconde de différence.

Savais-tu, après la chute de Chase, que tu étais en mesure d’être titré si tu parvenais à doubler Jett ? Avant cette chute, un éventuel dépassement n’aurait pas changé la donne.

Pas vraiment, mais je donnais tout de toute façon. Je savais un peu ce qu’il devait se passer, je devais gagner devant Jett, et Chase devait terminer troisième ou pire pour que ce soit moi qui gagne, quelque chose comme ça. J’ai tout tenté pour doubler Jett, que ce soit pour la seconde ou la première place. Quand Chase est tombé, ça n’a rien changé dans mon approche de la course. Je voulais juste rouler aussi fort que possible, le plus longtemps possible et c’est ce que j’ai fait jusqu’à la fin. Je suis passé de troisième du championnat à second du championnat et j’en suis content. J’ai été souvent battu ces dernières années donc, une victoire aurait été cool mais bon, je suis encore en train de m’améliorer. Je ne suis plus le jeunot de la catégorie mais c’est bon de voir qu’à l’approche de ma fin de carrière, je suis de retour dans le haut du tableau. C’est bon pour moi de voir ça, et j’ai encore quelques courses à disputer avant Anaheim 1. Je continue de me construire à chaque course et une fois que la saison s’ouvrira, on disputera beaucoup de courses. J’affiche une mentalité complètement différente et je prends les choses au fur et à mesure qu’elles se présentent à moi, désormais.

Trois courses SMX, et une belle prime de 650.000$ pour Ken Roczen @HEP – Browndogwilson

Tu as fait les choses différemment cette saison et notamment à l’approche de ces trois épreuves SMX. Es-tu en mesure de tirer de la motivation de cette expérience, pour la saison prochaine ?

Carrément. Dernièrement, j’ai regardé chaque manche de l’outdoor même si je n’y étais pas, et pareil pour les grands prix. Tout me motive ces derniers temps. Je pense que quand tu es dans un bon état d’esprit, tu peux trouver de la motivation de tout et n’importe quoi. Ma famille est un facteur de motivation pour moi, aussi. Dernièrement, j’ai pris du plaisir à bosser et en arrivant sur le championnat SMX, je ne savais pas vraiment où j’allais me situer car tout ce que je faisais, c’était de m’entraîner et je ne suis pas le meilleur à l’entraînement, honnêtement. En réalité, j’ai même tendance à être assez lent en comparaison avec Chase à l’entraînement. Moi, je suis un compétiteur, quand la grille s’abaisse, c’est là que je brille le plus. C’était bon de voir que j’étais présent et pas seulement sur une épreuve, mais sur les trois. Je vais également faire les Nations puis le Supercross de Paris et ces nouvelles courses vont m’aider, que ce soit au niveau de la condition physique, pour engranger de l’expérience, dans plein de domaines. Je pense que j’en ai encore dans le sac et comme je l’ai dit, je m’améliore à chaque course donc on verra où j’en serai à Anaheim 1. Pour l’heure, je suis dans une bonne position et ces bons résultats me motivent.

Tu es l’un de ceux qui aura le moins roulé cette saison. Mais en arrivant sur le championnat SMX, Jett semblait en avoir un peu plein les pattes de sa saison. C’était comment de gérer en ayant ce programme plutôt limité cette année, tout en étant en mesure d’être au top quand tu devais l’être ?

C’est exactement la raison pour laquelle j’ai fait ce programme. Par le passé, je ne prenais plus de plaisir à rouler et je voulais changer ça car ce n’était pas vraiment fun. Rouler, c’est ce que j’ai fait de toute ma vie, j’ai toujours adoré ça, et d’un coup, je me suis retrouvé au fond du trou et ce n’était plus du tout la même histoire. J’essayais de m’accrocher, de trouver quelque chose de différent même si je sais que certains critiquent mes décisions. Ils vont me dire “Pourquoi tu ne roules pas ?”, dire que c’est parce que j’ai “peur” et tout ce qui va avec. Mais il faut que je pense à moi, et je veux prolonger ma carrière. J’ai pensé à raccrocher les gants pendant un temps et en y repensant aujourd’hui je me demande ce qu’il m’était passé par la tête. J’étais dans une position dans laquelle je ne voyais plus d’issue, pas de lumière au bout du tunnel. Voilà pourquoi j’ai fait des changements pour cette année et je suis content de les avoir fait, car j’ai vraiment le sentiment d’être bien différent aujourd’hui. Je pense même que désormais, je serais en mesure de faire plus de courses de nouveau, car j’ai trouvé ce qui me convenait, personnellement.

Au regard de tes résultats en Supercross, il y a eu des hauts et des bas. Tu as signé quelques podiums, mais aussi des résultats hors du top 5 et même hors du top 10. Sur le championnat SMX, tu étais devant à chaque fois. C’est quoi la clef de cette régularité, pour 2024 ?

Il y a peut-être eu des hauts et des bars en début de saison, mais je pense qu’on voit bien que le schéma en fin d’année montre des progrès. Je sais aussi qu’à un moment dans la saison, on a perdu pas mal de pilotes, mais on a quand même signé pas mal de podiums en fin d’année. Je profitais de ces podiums pour aller de l’avant, et depuis j’ai le sentiment d’avoir toujours été en mesure de jouer ce dernier. J’ai aussi commencé le testing super tard sur la Suzuki. On a dû beaucoup bosser sur la moto et on a rencontré pas mal de pépins avec. Une fois qu’on s’est débarrassé des problèmes, on a pu voir qu’on allait de l’avant.

L’officialisation de la prolongation de Ken Roczen chez HEP Suzuki ne devrait plus tarder @HEP – Browndogwilson

Ken Roczen “À l’approche de ma fin de carrière, je suis de retour dans le haut du tableau”
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