Samedi dernier, Ken Roczen a signé son 63ème podium à l’occasion d’une finale de Supercross US, catégorie reine. Auteur du holeshot lors de la finale de San Francisco, le pilote HEP Suzuki a calé dès le premier virage. Reparti dans les derniers, il reviendra arracher la troisième place devant son coéquipier Shane McElrath. 10ème à Anaheim 1, 3ème à San Francisco, Ken Roczen remonte à la septième place du provisoire, à 13 points de la plaque rouge. Micro.
Kenny, on dit qu’il ne faut jamais suivre un pilote mais dans ces conditions-là et avec les retardataires, j’imagine que tu n’avais pas trop le choix. Tu t’es d’ailleurs retrouvé bloqué après avoir franchi la ligne d’arrivée.
Honnêtement, j’ai trouvé des trajectoires vraiment bonnes. Je ne sais même pas si je doublais des retardataires ou si c’était des dépassements pour une position la plupart du temps, mais j’ai parfois traversé la piste et les ornières pour m’en sortir et malgré tout, j’ai réussi à conserver beaucoup de vitesse un peu partout. Mes choix ont vraiment bien fonctionné dans ces conditions, mais effectivement, je suis allé à l’intérieur après la ligne d’arrivée et une fois le drapeau à damier sorti. Je n’avais pas pris cette ornière de toute la soirée et je me suis retrouvé complètement bloqué là pendant cinq bonnes minutes. Heureusement que la course était terminée. C’était vraiment une piste incroyable; ça se voyait de l’extérieur mais le vivre à la première personne, c’était encore autre chose …
Ton coéquipier Shane décroche une place dans le top 5. Tu es fier de lui ? C’est seulement la 4ème fois que Suzuki place deux pilotes dans le top 5, en 10 ans.
C’était vraiment cool. J’ai appris qu’il était quatrième après avoir passé la ligne d’arrivée, quand je l’ai vu. J’étais vraiment très content pour lui mais aussi pour nous, l’équipe, ce sont des résultats importants. Je suis avec Shane presque tous les jours car on s’entraîne ensemble en Floride. Tu veux que tes amis réussissent, alors j’étais vraiment content de voir qu’on était tous les deux dans le top 5.
Dès le premier virage de la finale, tu as calé et tu as dû revenir parmi tout le paquet. Tu étais 10ème à la fin du premier tour. Comment on fait pour rester calme dans ces conditions, et comment c’était, de devoir revenir d’aussi loin ?
Je suis vraiment bien sorti de la grille. Ce n’était pas simple de choisir sa place sur celle-ci. J’ai hérité de la cinquième grille je crois, ce n’était pas mal mais quand j’ai regardé les traces, aucune ne me plaisait vraiment. J’en ai choisi une qui avait une ornière qui partait dans tous les sens mais je me suis placé pile au milieu et je m’en suis plutôt bien sorti; je voulais parvenir à être le plus droit possible dans l’ornière et c’est ce que j’ai été en mesure de faire. J’ai pris un bon départ et je ne savais pas trop qui était à ma droite, je crois que c’était Chase. Il avait une petite avance sur moi, mais ça allait parce que j’étais à l’intérieur; il a repoussé son freinage et j’ai pu prendre le leadership dans le premier virage. Le souci, c’est que j’étais complètement repeint et je n’avais pas le temps pour enlever des tear-off. Alors pendant deux ou trois secondes, j’ai roulé sans rien voir et j’ai fini par sauter sur le frein arrière et j’ai calé. J’étais vraiment dépité parce que pour une fois que personne n’était devant moi, il fallait que ça m’arrive ! Je n’ai pas laissé cet incident m’affecter pour autant. Je me suis dit qu’il fallait repartir rapidement et de là, je savais que 15 minutes, c’était suffisant pour revenir. Dans ces conditions, c’était encore possible de faire quelque chose. J’ai mis la tête dans le guidon, j’ai attaqué et j’étais vraiment impressionné – et content – de voir que j’étais en mesure de revenir sur les autres aussi rapidement, et j’ai pu doubler des mecs ici et là. Je suis resté très calme, pendant toute la journée, en dépit des circonstances et de la météo.
Je n’avais aucune idée de ma position. Je voulais juste faire au mieux et prendre du plaisir. Je voulais aussi m’assurer de conserver la moto pour pouvoir finir, donc j’ai roulé d’une certaine façon, en soulageant l’embrayage du début à la fin. Je me dois de remercier le team et mon mécanicien, car c’est grâce à eux si la moto a tenu et qu’on est en mesure de décrocher ce podium. À un moment, j’ai vu du jaune s’afficher sur l’écran et j’ai compris que c’était moi. J’étais derrière Eli mais il m’avait distancé. Je me suis dit que ce n’était pas grave car dans ces conditions, tout pouvait encore arriver. Je suis resté à ma place et j’ai essayé de rouler en restant calme, j’ai choisi mes traces. C’était difficile, parce qu’on prenait les appels des bosses sans savoir ce qu’on allait retrouver derrière. On pouvait se retrouver complètement déséquilibré et perdre beaucoup de temps en un clin d’œil. Une fois que j’ai compris que j’étais troisième, j’ai simplement choisi de rester là et d’assurer le podium jusqu’à l’arrivée. C’était vraiment un soulagement pour moi, et je suis très content d’être de retour sur le podium.
C’est ta seconde année sur la Suzuki. Tu fais encore beaucoup de changements sur la moto ?
Je ne me suis pas trop éloigné de ce que j’avais l’an dernier, je suis sur un amortisseur différent et des réglages de fourche différents. J’étais plutôt à l’aise sur la moto à Anaheim 1 donc j’ai laissé les choses comme ça. C’est difficile de savoir dans ces conditions … Je n’ai pas fait le moindre changement durant la journée et pas un seul changement pendant la semaine avant San Francisco non plus. Je me fie à ce que j’ai pour le moment, et ce, jusqu’à ce que je décide qu’il me faut partir sur quelque chose de différent.
En quoi ce nouvel amortisseur est-il différent ?
Il correspond un peu mieux à la fourche, en fait. Je pense qu’on est sur un setting un peu plus raide que par le passé, mais ce sont des changements vraiment très subtils. J’ai roulé sur les mêmes settings pendant pas mal de temps et on a juste fait quelques ajustements ici et là. Ça prend du temps en fait, on ne se repose jamais sur nos lauriers et on fait de grosses journées. C’est l’avantage d’être en Floride avec Matt Andruk d’Active Ride à nos côtés. On peut essayer pas mal de choses avec la moto.
On parlait beaucoup Barcia ou encore Plessinger avant San Francisco, des spécialistes dans ces conditions. Tu aimes la boue où tu étais juste dans un bon jour ?
Moi, j’ai toujours aimé la boue et j’ai vraiment le sentiment d’avoir toujours plutôt bien roulé dans ces conditions, même si je pense que tout est une question d’état d’esprit. Je l’ai déjà dit par le passé, je fais au maximum pour profiter et prendre du plaisir à chaque journée. J’ai toujours été plutôt correct dans la boue, je sais rester calme. Ça m’arrange de ne pas être au centre de l’attention, si personne ne parle de moi, ça me va. Je montre que je suis quand même là !