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Larissa Papenmeier “Rouler parmi les hommes en MX2, c’était un rêve”

Honneur aux femmes.

L’allemande Larissa Papenmeier n’en est pas à son premier coup d’essai en championnat du monde. Après plus de 10 ans de participation au mondial féminin, Larissa vise toujours – et inlassablement – le titre de championne du monde.

Larissa n’est pas passée bien loin de son objectif à plusieurs reprises, comme cette année, en terminant 3ème du championnat – perdant la couronne de vice-championne lors de la dernière épreuve de l’année. Difficile de conjuguer travail et championnat du monde, car Larissa – comme beaucoup – ne vit pas de sa passion.

Engagée en MX2 parmi les hommes au grand prix de Chine, Larissa a réalisé un rêve d’enfance, celui de se mesurer aux meilleurs hommes de la discipline.

Larissa, tu es dans le sport depuis pas mal d’années maintenant. Mais revenons sur tes débuts, comment en es-tu arrivé à faire du motocross ?

J’ai commencé à rouler en 1995, j’avais alors 5 ans. Dans ma famille, personne n’y connaissait rien en motocross. On avait un ami, plus âgé que moi, qui roulait. Moi, je me disais qu’à mes 18 ans, je m’achèterais une moto pour en faire à mon tour. À l’époque je ne savais même pas qu’il existait des motos pour les enfants.

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Un jour, j’en ai aperçu une dans une vitrine d’un magasin de moto et j’ai couru à l’intérieur pour monter dessus. Ma mère était contre le fait que je fasse de la moto et j’ai dû vraiment la pousser pendant toute une année complète avant qu’elle ne cède, et j’ai finalement eu ma première moto. Quand j’étais jeune, je voulais juste m’amuser, rouler. Je n’ai pas vraiment pris conscience de mon niveau jusqu’à mes 14 ou 15 ans.

Eva Szabadfi / Bavo Swijgers

Chaque saison, tu t’alignes pour jouer le titre. Qu’est-ce qu’il t’a manqué pour terminer sur la plus haute marche du podium final ces dernières années ?

Je manque de temps sur la moto, de préparation. Je travaille, comme une personne normale, pour pouvoir me payer ma passion. Si je n’avais pas de travail, je pourrais passer plus de temps à rouler, à m’entraîner. Je dirais que c’est la dernière pièce manquante du puzzle, le temps que je passe sur la moto.

5 épreuves en championnat du monde WMX, c’est un peu léger non ?

C’est sûr … 5 épreuves pour moi, ce n’est pas un championnat. Si tu fais une erreur, que tu connais un mauvais grand prix, c’est déjà fini pour toi. Il faudrait que ce soit au moins 7 ou 8 épreuves pour qu’on puisse appeler ça un championnat.

Eva Szabadfi / Bavo Swijgers

Malheureusement, tu perds la seconde position au championnat lors du dernier round cette année, en Turquie. Tu étais régulière toute la saison pourtant. Que s’est-il passé ?

Malheureusement, j’ai été très malade le samedi matin, j’ai été victime d’une intoxication alimentaire. J’étais affecté lors des essais libres et encore plus lors des essais chronos. Ensuite, j’ai fait de la fièvre, j’étais à 39.5 degrés et à une heure et demie de la première manche, j’étais encore allongé dans un lit du centre médical …

Je n’étais même pas sûre de pouvoir prendre part à la première manche et la décision de rouler s’est prise à la dernière minute. J’ai donné tout ce que j’ai pu mais je n’avais aucune énergie et je ne me sentais pas bien. J’imagine que j’ai tout de même sauvé les meubles et je peux être satisfaite de cette troisième position finale.

Courtney Duncan a dominé cette année. Qu’est-ce qui a fait la différence pour elle cette année ?

Ces trois dernières saisons, Courtney était déjà la plus rapide. Elle était victime de malchance et elle ne parvenait pas à rester sur ses roues. Je pense qu’elle a beaucoup appris de ses erreurs et qu’elle s’est concentrée sur le fait de rester sur ses roues et ça a plutôt bien fonctionné !

Eva Szabadfi / Bavo Swijgers

Comment s’est présentée l’opportunité de rouler en Chine contre les hommes en MX2 ?

C’était un rêve de longue date pour moi de rouler contre les hommes du MX2. L’idée est venue de mon mécanicien car moi, je n’avais pas les moyens de payer le déplacement. Il s’est débrouillé pour faire en sorte que ça se fasse, il a réuni les fonds et on a pu réaliser ce grand prix de Chine !

Tu parles d’un rêve, est-ce que c’était ce à quoi tu t’attendais ?

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Je ne savais pas trop à quoi m’attendre car je pensais que les gens, les pilotes, les autres équipes allaient rigoler en me voyant rouler parmi les hommes. Mais je dois dire qu’au final, je n’ai rien entendu de négatif !

Tout le monde a trouvé que c’était une bonne idée et que c’était quelque chose d’intéressant à faire. J’ai été très bien traité et j’ai reçu beaucoup d’attention.Pour te dire, tu reçois plus d’attention en roulant avec les hommes qu’en gagnant une épreuve WMX. Pour résumé, je suis vraiment contente d’avoir pris cette décision, d’avoir vécue cette expérience et j’ai été impressionnée par tous les retours et commentaires positifs.

Eva Szabadfi / Bavo Swijgers

J’ai sûrement loupé quelque chose, mais la limite d’âge en MX2 ne s’applique-t-elle pas aux femmes ?

Non, la limite d’âge en MX2 ne concerne pas les femmes !

Tu es la seconde femme à marquer des points en mondial MX2 après Livia Lancelot. Tu deviens par la même occasion la femme qui a marqué le plus de points en mondial MX2, ça te fait quoi ?

C’est vraiment cool.. Et pas seulement les points marqués, mais la façon dont j’ai été traitée. Les spectateurs Chinois m’encourageaient, c’était assez incroyable. Je roulais aux alentours de la 16ème position, donc rien de très spectaculaire. C’était une expérience que je n’oublierais pas et un moment magique.

Rouler avec les hommes en MX2, ça aide à progresser ou c’est intimidant ?

La vitesse est différente, ils vont bien plus vite que moi. Mais c’est sûr que tu peux apprendre certaines choses. Il faut être bien plus agressif.

Eva Szabadfi / Bavo Swijgers

Tu aimerais voir plus de femmes se mesurer aux hommes ? D’autres femmes pourraient marquer des points ?

Je pense que les meilleures pilotes WMX peuvent être compétitives et marquer des points contre les hommes. En ce qui concerne la participation des femmes avec les hommes, c’est toujours une question de soutien des équipes / sponsors et aussi une question financière.

On sait que l’économie du sport n’est pas au beau fixe. Est-ce que c’est encore plus dur pour les femmes d’en vivre ?

Oui, c’est bien plus dur pour les femmes. En tout cas, ça l’est en Allemagne. Si c’était facile d’en vivre, j’imagine que je n’aurais pas besoin de travailler pour dépenser tout mon argent dans ma passion. Je travaille dans la comptabilité la semaine, je m’occupe de la gestion des créanciers, des débiteurs, d’envoyer les avertissements …

Qu’est-ce qui t’attend désormais ? Quels sont les plans pour le reste de l’année et 2020 ?

Ma dernière course sera le motocross des nations Européen à Danzig début octobre. J’y roulerai avec Steffi Laier pour représenter l’équipe Allemande. Après, je prendrais un peu de repos avant de commencer ma préparation hivernale pour la saison 2020. Je vais rester chez Yamaha, rouler de nouveau en championnat du monde WMX, en championnat Allemand et participer à quelques courses internationales.

Eva Szabadfi / Bavo Swijgers

Pourquoi le numéro 423 ?

Car j’ai terminé 4ème en 2008, puis 2nde en 2009 et 3ème en 2010: 423

Des remerciements ?

Je souhaite remercier mon mécanicien Bogo ainsi que sa femme Oda. Mon copain Don, ma famille, mes amis, mes fans et mes sponsors pour le soutien qu’ils m’ont apporté cette année.

Yamaha germany, Yamaha Europe, Shoei, Maciag Offroad, Ethen, Ortema, BRC, Twin Air, Bergos, Dieter Böhse, Germerica Deals, Gigga Grafics, Gerdemann, hein, Deutsche Sporthilfe, MXP, ADAC OWL, Christian Wolf, TCX, Tim Müller, Hitz GmbH, Ott, KYB, qbrands, Visualz, FXR, Bridgestone, Galfer, Jimmy Joe

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