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Lucas Imbert “Il faut continuer à travailler”


En France comme en Allemagne, il n’avait manqué que 5 petits points à Lucas Imbert pour aller chercher le titre en SX2 l’an dernier. Présent sur l’Elite MX2 – au guidon d’une 250 2 temps – cette année, le pilote New Bike Sète Yamaha s’est lancé dans sa première saison de Supercross en catégorie reine cette saison. Cinquième du provisoire SX1 avant la finale de Lyon, Lucas Imbert a aussi participé à son tout premier Supercross de Paris avec les gros bras ce week-end. Il ramène un top 10 d’épreuve et continue son apprentissage dans la cylindrée. Micro.

Lucas, c’était ton premier Supercross de Paris en catégorie reine. Tu termines dixième de l’épreuve, quel Bilan on tire de ce week-end ?

Il y a du bien et du moins bien, surtout le dimanche. Je fais huitième aux chronos donc j’accède à la superpole et je signe le 7ème temps, j’étais content. J’ai fait une première finale qui n’était vraiment pas si mal mais j’ai fait quelques erreurs; il va falloir continuer à bosser sur plein de points pour être au mieux pour les prochaines saisons.

Quels sont ces petits points à travailler ?

Je pense qu’en 450, il y a besoin d’être beaucoup plus concentré qu’en 250 car la moto marche vraiment plus fort. Avec mon gabarit – en 250 – c’était très souvent à fond partout sans trop se poser de questions pour passer les sauts. Là, il faut être capable de gérer et vraiment bosser à fond sur la concentration. Cette concentration, ça me fatigue, et ça me tue petit à petit au fur et à mesure des manches. Avec la 450 et physiquement, je prends un coup, je fatigue, et je commets des erreurs. Il faut continuer à travailler. C’est la première fois de ma carrière que je fais trois manches comme ça, de 10, 10 & 15 minutes dans une même soirée et deux soirs de suite. Ce n’est pas simple. Il faut prendre l’habitude, continuer à bosser sur ces points.

Le dimanche, tu étais à 0.6 ou 0.7 seconde de gars comme Hunter Lawrence ou Cooper Webb aux essais. Ce sont des données que tu regardes ? Rester à moins d’une seconde de ces mecs-là, ça veut quand même dire que ça va dans le bon sens.

C’était vraiment cool, j’étais très content de ce chrono-là. On sait qu’ils sont très forts, ils sont champions des USA, ils ont de très bonnes motos, bien réglées. Moi, j’ai une bonne moto aussi, mais elle est standard avec un jeu de suspensions et une ligne Akrapovic. Parvenir à être aussi proche d’eux aux chronos avec une moto comme la mienne … Forcément, je suis vraiment content.

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Un mot sur ce tracé de Paris ?

Le tracé en lui-même était bien costaud. Les whoops étaient assez gros, mais aussi assez ronds et plats sur le dessus donc on pouvait bien dribbler. En superfinale, et avec les trous dedans, c’était quand même plus compliqué. Le tracé de Paris était vraiment cool. Avant d’arriver, je m’attendais quand même à retrouver des whoops plus raides, un tracé peut-être un peu plus gros. On a retrouvé une piste qui se rapprochait beaucoup de ce qu’on a pu avoir cet été à Clermont Ferrand où Saint-Thibery, même si la texture reste différente. C’était quand même top, et ils ont fait du très bon boulot.

Tu es 5ème du SX Tour avant la finale du SX Tour de Lyon. Il te manque quoi, pour parvenir à jouer régulièrement les podiums sur ce championnat ?

Je vais me battre pour garder cette place au championnat jusqu’au bout car Thomas Ramette est juste derrière moi, et c’est un très bon pilote. Qu’est-ce qu’il me manque ? Beaucoup d’expérience sur des finales plus longues. En demi-finale, j’arrive toujours à bien m’en sortir. J’ai fait deuxième en demi à Saint-Thibery derrière Cédric Soubeyras en tenant plutôt bien sur 7 minutes mais une finale, c’est une finale. On prend les choses comme elles viennent. Comme je l’ai dit, la concentration reste l’un de mes points faibles et lors d’une finale, quand je loupe une ou deux fois un enchaînement … En fait, c’est ce qui me fait perdre mes chances d’aller chercher un podium. Je me retrouve vite entre 4 et 6.

Tu avais fait l’Elite MX2 en 250 2 temps. Je m’étais demandé pourquoi tu avais fait ce choix sachant que tu partais sur le SX Tour en 450 ensuite. C’était quoi, l’idée ?

Ce qu’il s’est passé, c’est qu’on n’avait pas de 450 YZ-F 2023, elles sont arrivées très tard. J’avais fait une saison en 450 avant, mais je revenais d’une blessure au poignet donc je n’avais pas très bien roulé mais les autres années, en 250, j’étais compétitif. J’étais en tête du national avant de me blesser, j’avais fait beaucoup de top 5 en Elite et le boss de mon team – Philippe Menichetti – m’a dit qu’avec la nouvelle règle sur l’Elite – et vu mon poids et mon gabarit – le 250 2 temps pouvait être bien. Ça intéressait également Yamaha qui recherchait un pilote dans la catégorie; ils m’ont sollicité avec Philippe. Au début, j’avoue que je n’étais pas trop chaud car je n’avais pas roulé en 2 temps depuis 2013 et ce n’était pas facile au début. Avec Mac Racing, qui me suit depuis toujours, on a préparé un bon petit moteur, de bonnes suspensions et arrivé à Lacapelle-Marival, je n’avais que 3 semaines dans les jambes avec la 250 2 temps; c’était un peu à la dernière minute. Ça s’est bien passé, j’ai fait mon premier podium en Elite MX2 à Romagné avec Marc-Antoine Rossi qui est désormais pilote usine, et aussi Pierre Goupillon qui est un très grand pilote, donc j’étais très satisfait.

Tu étais 4ème de l’Elite MX2 avant les deux dernières épreuves et de là, j’ai perdu ta trace … Il s’est passé quoi ?

De base, on avait dit qu’on ne ferait que l’Elite jusqu’à Vesoul, soit la quatrième épreuve. Au soir de la quatrième épreuve, je suis reparti second de l’Elite MX2. Philippe Menichetti voulait aller à Bitche sauf que je n’avais pas roulé dans le sable depuis des années. Je m’en suis à peu près bien tiré, je fais 10-6 en manches et je repars 4ème du championnat, toujours très proche de la seconde place. Sur le papier, j’avais envie d’aller aux deux dernières de l’Elite mais j’avais déjà commencé à rouler en Supercross sur la 450 chez moi. Je savais que j’allais faire la saison de Supercross en 450 et c’était trop compliqué de changer de moto et de jongler entre les entraînements pour deux épreuves de l’Elite, surtout qu’on ne gagne pas beaucoup d’argent en championnat de France de Motocross, et encore moins en MX2. Les deux dernières épreuves étaient très loin de chez moi, donc on a pris la décision de faire l’impasse dessus, et de se préparer pour le Supercross.

Pourquoi la montée en catégorie reine en SX cette année ? L’an dernier, en SX2, ce n’était pas passé loin. On aurait pu se dire qu’en 2023, c’était pour toi.

L’année dernière, mis à part un titre, j’ai quasiment tout gagné. J’ai gagné le Supercross de Stuttgart, celui de Dortmund. Sur l’année, et en 250, j’ai loupé 2 ou 3 podiums sur une quinzaine ou une vingtaine de courses. J’avais envie de partir pour essayer de jouer un titre en 250 cette année mais le problème, c’est que je savais que des concurrents comme Maxime Desprey allaient arriver en SX2 avec des motos très compétitives. Moi, financièrement, c’était compliqué de préparer une très bonne moto. Du coup, ne pas pouvoir me battre aux avant-postes en 250 … Je me suis dit autant monter en 450 et faire ma saison de découverte. Ce n’est pas une mauvaise chose au final, même si au début c’était un peu dur à accepter, car je voulais vraiment tenter de décrocher ce titre en SX2. J’ai 25 ans, il faut que je passe chez les grands, c’est fait [rires].

Il y avait cette règle sur le national qui t’empêchait de rouler sur le championnat si tu faisais dans les 10 de l’Elite. On voit qu’en Supercross, on peut être champion ou gagner en 450 et redescendre en 250. Ce qui va – à mon sens – un peu à contresens de l’objectif de la règle instaurée en Motocross. Tu penses quoi de ça ?

Concernant la règle sur le national, j’ai trouvé ça dur à accepter, et nul aussi. Pour le team, on avait du budget pour le national, ça faisait de la visibilité et surtout de belles courses car il y avait aussi des gars comme Calvin Fonvieille, Romain Pape, etc. On se tirait la bourre tous les week-ends et on devait être 3, 4 & 5 de l’Elite MX2 à ce moment-là. C’était top. Après, je peux comprendre que pour des gens qui ne font que du national en travaillant la semaine, et en s’entraînant exclusivement pour ce championnat, ce soit embêtant qu’on soit là. Concernant le Supercross, aux US ils font ce qu’ils veulent donc pourquoi tu ne ferais pas ce que tu veux en France ? Il faut des places de partout, ça fait des pilotes en SX2, certes un peu moins en SX1, c’est dommage mais réellement, je n’ai pas trop d’avis sur la question. Je ne suis ni pour, ni contre.

On voit qu’il y a des Français qui tentent leur chance aux US ces derniers temps. On a vu Pape sur l’outdoor, Malaval ou encore Rubini se tester. Hugo Manzato avait tenté sa chance en SX en 250 aussi. Jason Clermont va partir aux US en décembre, Anthony Bourdon risque de partir aussi. C’est un projet que tu as en tête ? Tu gagnais en Sx2 en Europe et je m’étais dit qu’un jour, j’allais te voir tenter l’aventure US, surtout avec Fabien à tes côtés.

J’ai ce projet en tête depuis des années, mais y aller à l’arrache, c’est hors de question pour moi. Je ne suis jamais allé là bas, même en vacances, donc je ne sais pas du tout à quoi m’attendre … J’ai la chance d’avoir mon beau-père, Fabien Izoird, qui a fait deux ans là-bas et qui a été pilote usine aux US. Oui, j’aimerais y aller, mais dans de bonnes conditions. Après, c’est aussi et surtout un problème financier. J’aimerais y aller et avoir une bonne moto. Faire mes débuts là-bas en 250 ce serait vraiment cool car je pense que c’est, au fond de moi, la moto que j’aime en Supercross. C’est un projet que j’ai, mais je ne sais pas si j’irai un jour.

Lucas Imbert “Il faut continuer à travailler”
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