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Jason Clermont “L’objectif est d’arriver à Anaheim 1 le plus serein possible”


Champion de France National 450, sixième du SX Tour (SX1), Jason Clermont s’est serré la ceinture toute la saison pour pouvoir s’offrir un nouveau séjour aux USA en 2024. Début décembre, Jason partira de l’autre côté de l’Atlantique pour se préparer pour de nouvelles piges en Supercross US, en s’offrant les services d’un certain Yannig Kervella. Jason Clermont participera à cinq des 6 premières épreuves du championnat de Supercross, et s’alignera de nouveau en catégorie 450. Il nous parle de son projet. Micro.

Jason, tu seras prochainement en partance pour un nouvel épisode aux USA. C’est quoi, le programme ?

Alors, sur les 6 premières épreuves du championnat SX US 2024, je vais en faire 5. L’avant-dernière est trop loin pour moi et financièrement, ça ne sera pas possible car il faudrait envoyer la moto et du coup, je n’en aurai plus pour m’entraîner. Rouler à Detroit, ça voulait donc dire avoir deux motos. En bref, je ne roulerai pas à Detroit et ma dernière épreuve sera la sixième du championnat, à Glendale, avant de rentrer.

Rappelle-nous ton CV aux USA.

Je suis déjà allé 4 fois aux Etats-Unis. J’y avais été pour la première fois en 2008 – en Caroline du Nord – juste pour m’entraîner via le biais de Michel Costich. Après, j’y suis retourné en 2015, 2017 & 2020 de tête, pour faire les Supercross. À chaque fois, j’y allais sur le pouce. Je partais pour un mois et j’arrivais juste avant les épreuves. Lors des trois années où je suis parti faire un peu de Supercross US, je suis parti avec Ludovic Macler. À chaque fois, on organisait notre séjour ensemble pour diviser les frais; que ce soit location voiture, van, maison. Bref, tout ce qu’on pouvait partager à deux pour réduire les dépenses. On débarquait une semaine avant donc niveau préparation, ce n’était pas idéal. Pour connaître le truc pour l’avoir fait plusieurs fois désormais, je sais que c’est toujours un peu tendu d’arriver juste avant la première épreuve.

Qu’est-ce qui fait que tu peux te permettre de partir tout seul en 2024, finalement ?

Je voulais déjà y aller l’an dernier, mais je n’ai pas réussi à avoir le budget pour partir; j’ai eu des frais imprévus à faire dans ma maison; le projet a capoté. J’ai reporté ça à 2024; j’ai mis le maximum d’argent de côté et avec l’aide de quelques partenaires, membres de ma famille & personnes qui me connaissent, j’ai pu réunir du budget même si c’est toujours très difficile de trouver des partenaires. Sur la globalité, il me fallait 25.000€ pour faire mon tour de deux mois et demi. Ça, c’est sans faire de folies. Je vais partir avec ma compagne et sur place, je serai coaché par Yannig Kervella. J’ai déjà commencé un programme avec lui à distance. Je me suis entouré de Yannig pour mon séjour aux US pour qu’il gère le programme sportif et moto. L’objectif est d’arriver à Anaheim 1 le plus serein possible. Anaheim, à chaque fois que j’y suis allé, j’ai serré les fesses. Tu es tendu comme jamais là-bas. Le but est de prendre du plaisir le plus rapidement possible; les résultat seront les résultats. L’objectif est de faire les épreuves en prenant du plaisir, de passer tous les enchaînements comme les autres, d’éviter de me faire mal ou de me faire peur, et on verra ce que ça donnera.

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Comment tu vas t’organiser sur place ?

Quand tu vas là-bas, tu es à poil. Il faut tout acheter. Niveau organisation, j’ai de la chance car Romain Pape était aux US pour l’outdoor et il avait un van; j’ai pu lui louer pour mon séjour. Ensuite, on louera une chambre dans une maison avec ma compagne. La moto, je vais l’acheter sur place et je vais la revendre avant de partir. Forcément je vais perdre de l’argent car je vais devoir la revendre rapidement, mais je n’ai pas trop le choix. C’est compris dans mon budget.

Tu vas arriver avec ton équipement, tes suspensions, un guidon, ton frein avant et roulez jeunesse ?

Je vais arriver avec de la pièce de rechange car j’ai un peu de matos, je reste sur Kawasaki car c’est une moto que je connais bien. Les suspensions, je les ferai faire sur place directement car là-bas, on roule beaucoup plus ferme qu’en France vu que les pistes sont différentes. Ça ne sert à rien d’amener ses suspensions pour tout refaire sur place; je vais faire préparer mon jeu de suspensions là-bas. Ça évite aussi de ramener trop de matériel, car on est déjà bien chargés quand on y va…

Tu pars plus tôt pour te préparer sur place cette fois-ci. Concrètement, tu vas avoir combien de temps de préparation aux US avant Anaheim ?

J’avais prévu ce séjour aux USA dans mon planning de travail car pour moi, la période correspond à mes grandes vacances. Mon avion part de France le 5 décembre et j’espère que je pourrais commencer le training sur place assez rapidement, il faut encore peaufiner certains détails avec Yannig. J’aurai un peu moins d’un mois de préparation sur place – physique et moto – tout en sachant que je me prépare déjà physiquement chez moi depuis quelque temps pour ce voyage. Niveau moto, c’est vrai que je n’ai pas beaucoup de roulage dans les jambes. Ma moto de Supercross affiche 15 ou 16 heures de roulage cette saison, ça ne fait pas des masses de moto.

Ta moto de Supercross n’affiche que 16h ? Après 5 épreuves du SX Tour, en plus de tes entraînements ?

C’est ça … Et c’est la seule moto [rires]. Je ne roule que le week-end, donc je ne passe pas beaucoup d’heures sur la moto. C’est sûr que je ne roule pas beaucoup en France mais aux USA, je pourrai rouler 3 ou 4 fois par semaine donc je vais beaucoup travailler sur la moto là-bas. Ici, je préserve mon matériel au maximum; on n’a pas non plus la météo idéale pour rouler par chez nous. Avec mon travail la semaine, je ne roule que le week-end, une fois, et voilà.

Concrètement, comment tu t’entraînes en SX par chez toi ?

Euh [rires]. Une fois le week-end, soit à St. George de Montaigu ou sur un petit terrain à côté de chez moi. À part St George, il n’y a pas vraiment de pistes de folie. C’est plus du roulage moto que de l’entraînement en Supercross à proprement parler, c’est plus pour conserver le contact avec la moto. Moi, j’essaie de progresser le jour des courses, c’est ce qui est assez difficile car sur les épreuves, j’ai toujours un train de retard par rapport aux autres. C’est une discipline très intensive et dès la première séance d’essais, il faut être en mesure de passer les enchaînements assez vite pour être bien aux chronos, avoir une bonne place sur la grille et bien partir. Du coup, j’ai toujours un train de retard à ce niveau-là, car je manque de roulage.

Vous n’avez pas tous le même quotidien non plus.

C’est ça. Il y a des pilotes qui ne font vraiment que ça, qui peuvent s’entraîner sur de belles pistes la semaine. J’en suis conscient mais ça n’empêche rien. Je dois être dans les premiers pilotes du classement à ne pouvoir rouler que le week-end.

Rappelle-nous, c’est quoi ton job ?

On va dire que je suis maçon, étancheur. Je fais toute maçonnerie, puis l’étanchéité des toits, des terrasses. Tout ça. Je suis en micro-entreprise, je fais mon petit train train et je trouve mes chantiers à droite à gauche; je ne fais que du particulier. C’est beaucoup de bouche à oreille.

Ce week-end, je ne t’ai pas vu au Supercross de Paris. Je me souviens que la veille de la finale du national 450 de Lauzerte, tu avais fait un SX Tour à l’autre bout de la France avant de prendre la route de nuit pour aller jouer le titre en Motocross. Je t’avais demandé pourquoi tu t’infligeais ça, et tu m’avais dit que tu voulais bien figurer au championnat SX Tour pour être pris à Paris. Finalement; ils ont sélectionné des pilotes derrière toi au classement SX Tour, mais pas toi ?

C’est un peu une déception pour moi aussi de ne pas y avoir été. J’avais fait toute la saison de Supercross, je m’étais investi pour faire toutes les épreuves et être bien placé au SX Tour. Je suis sixième du championnat à l’heure d’aujourd’hui; c’est une bonne performance pour moi car ça fait un petit moment que je n’avais pas signé ce genre de résultat. J’aurais bien aimé y être, rien que pour les partenaires, représenter tout le monde. J’ai fait ma demande par e-mail, comme tous les pilotes ont dû faire, mais je n’ai pas été sélectionné pour y participer. Forcément, il y a de la déception; je comptais un peu là-dessus pour me préparer pour les USA, pour remercier tout le monde, et aussi rechercher des partenaires car c’est un bon coup de pub quand même de pouvoir rouler là-bas.

Tu es sixième du SX Tour. Quand on connaît un peu plus ton programme et le temps que tu passes à t’entraîner, c’est une belle perf’. Quel bilan fais-tu de cette saison de Supercross jusqu’à présent ?

Le bilan – par rapport à ce que j’investis en temps, en entraînement et en finances – est très bon pour moi. J’ai dû m’entraîner 3 fois en SX avant la première épreuve du SX Tour. Je m’étais tout de même préparé une bonne moto cette année. D’habitude, je mettais juste des suspensions et j’allais rouler sur le SX Tour. Cette année, j’ai mis un peu plus de pièces, j’ai travaillé un peu plus sur les suspensions avec CAT Racing. J’ai adapté la moto au mieux pour être le plus à l’aise possible. J’ai mis un peu d’argent dedans cette fois et j’en suis satisfait car ça a porté ses fruits compte tenu du roulage que j’avais avant la saison. Moi, je progresse le jour des courses, ce sont mes entraînements en quelque sorte. Le bilan est très bon. En plus, j’avais le MX et le SX qui se déroulaient en même temps; certes comme beaucoup de pilotes mais sur l’Elite, c’était différent car la saison MX a terminé plus tôt. Le National 450 poussait jusqu’à Septembre, donc c’était compliqué de se concentrer uniquement sur le Supercross sachant que je jouais le titre en National. J’ai joué le jeu pour faire les deux et je suis très content. Même en ayant peu de roulage et d’entraînement, j’arrive encore à me rapprocher du top 5 en SX Tour; je suis satisfait même s’il reste beaucoup de points à travailler, ce que j’essaie de faire en ce moment pour tenter d’essayer de me rapprocher de la qualif’ en finale US en janvier prochain.

Tu ne feras pas la finale du SX Tour à Lyon ?

Si, je fais Lyon. C’est le 1 & 2 décembre et je partirai le 5 pour les USA, ce sera la dernière course de préparation en France. On est 4 pilotes dans un mouchoir de poche au niveau des points sur le SX Tour. Si je roule bien, je peux faire cinquième, sinon, je serais 8ème du championnat. Dans tous les cas, ça restera un bon résultat final pour moi.

Tu pars aux US pour prendre du plaisir dans un premier temps, mais j’imagine qu’accéder à une finale, ce serait le Graal de ce nouveau périple aux US ?

C’est ça. J’y vais surtout pour rouler, me faire plaisir sur la moto, et je me suis donné les moyens d’arriver dans de bonnes conditions. Le but de la manœuvre, ce serait de me rapprocher de la qualif’, et d’essayer d’aller en finale comme j’avais pu le faire en 2020. J’avais réussi à décrocher mon ticket pour la finale en terminant 3 de la LCQ; ils prenaient les 4 premiers. J’avais dû finir 20ème de la finale, ou une connerie comme ça.

Tu rentreras en Février. Tu connais le reste de ton programme pour la saison 2024 après le Supercross US ?

Oui, je vais revenir le 17 Février. Je vais repartir sur le National 450 et j’ai un bon calendrier cette année car les courses ne sont pas loin l’an prochain. Ensuite, quelques courses de l’Elite qui ne seront pas trop loin, je devrais pouvoir en faire 3 ou 4. De là, on partira sur le Supercross en sachant que le championnat MX se terminera fin Juin en 2024 et ça nous laissera le temps de nous préparer pour le SX Tour, c’est bien que la FFM ait compacté la saison de Motocross.

Ton coéquipier Romain Pape était présent sur l’outdoor cet été. Tu as été plusieurs fois aux US. Pourquoi ne pas avoir tenté l’aventure en Motocross US ?

C’est aussi quelque chose que j’aimerais bien faire, mais c’est encore et toujours une question de budget. C’est encore un budget plus gros, plus conséquent que le Supercross US. Je sais que Romain avait deux motos, il prenait l’avion tous les week-ends pour aller sur les épreuves, il est resté beaucoup plus longtemps que moi … L’outdoor, ça tombe pendant ma saison aussi. C’est quelque chose que j’aurais bien aimé faire mais financièrement, je ne pourrais pas. C’est aussi à cette période-là que je travaille, que je peux payer les factures en France, vivre. Ce qui tombe bien avec le SX US, c’est que c’est court, c’est localisé – on peut avoir un point de chute fixe – et ça se déroule pendant ma période creuse niveau travail; en hiver. Ça reste donc beaucoup plus simple à organiser.

Jason Clermont “L’objectif est d’arriver à Anaheim 1 le plus serein possible”
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