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Maxime Grau “Mon objectif est d’être champion d’Europe”

Illustration: BT Racing Husqvarna

Maxime Grau sur le retour. Après une opération du genou et un changement de structure à l’intersaison, le jeune pilote Français s’apprête à prendre part à une nouvelle saison en championnat d’Europe 250. Contraint de manquer la moitié de la saison 2022 suite à des pépins de santé, Maxime était revenu de la plus belle des manières en fin d’année en signant deux podiums d’épreuve, en Allemagne et en France. La nouvelle recrue de l’équipe BT Husqvarna – qui vient récemment de souffler sa 17ème bougie – nous donne de ses nouvelles avant de débuter les choses sérieuses. Micro.

Maxime, pour les gens qui se demandent où tu es passé et pourquoi tu n’as pas fait de courses à l’intersaison, donne nous de tes nouvelles. Tu n’es pas le plus actif sur les réseaux sociaux.

C’est vrai que je ne suis pas quelqu’un qui utilise beaucoup les réseaux. J’avais un peu besoin de penser à autre chose. L’an dernier, je me suis blessé au genou sur une course de l’ADAC en Allemagne, le bilan n’était pas très bon, je me suis fait le croisé intérieur et j’ai dû me faire opérer du genou au plus vite. Heureusement, j’ai été pris en charge par des bons spécialistes et j’ai suivi le protocole qu’il fallait pour la convalescence. Là, je reprends au fur et à mesure, petit à petit.

Avant l’Europe 250 qui doit se lancer dans deux semaines à Riola Sardo, concrètement, tu auras eu quelle préparation ?

Je suis conscient que j’ai connu une intersaison plutôt courte mais j’ai quand même eu le temps de m’entraîner physiquement. Une opération des croisés t’oblige à passer par une phase de rééducation, tu dois bosser sur tes jambes donc ce n’est pas comme si j’étais resté dans le canapé. Ça a été chiant et long, mais tu peux quand même bosser sur le genou, tu fais beaucoup de renforcement, donc je ne suis pas resté à ne rien faire. Je vais à Riola Sardo sans pression, pour faire la meilleure course possible. Il faudra prendre de bons départs et être malin.

Tu as évolué pendant deux ans pour l’équipe Nestaan, est-ce qu’au sein d’une équipe de ce type, on ressent davantage de pression de ramener des résultats ?

En fait, je n’avais pas non plus une si grosse pression que ça. C’est sûr que quand tu es jeune et que tu rejoins une équipe comme Nestaan une petite pression s’installe. Je savais que j’étais très jeune pour mon arrivée sur l’Europe 250 et mon objectif était de progresser, prendre les courses une à une et faire les meilleurs résultats possibles. J’essayais de me concentrer sur moi-même, progresser, c’était le principal.

Il faut retenir que je n’avais fait qu’une épreuve en 125 sur l’Europe en 2020 – à Matterley – et ça s’était super bien passé. Après, je me suis malheureusement blessé au poignet et j’avais repris l’année suivante avec l’Europe 250. Cette saison-là, c’était finalement ma première “vraie” participation à un championnat d’Europe, à faire toutes les épreuves.

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Le pilote Français s’apprête à ouvrir sa saison 2023 sur le Dutch Masters ce week-end @BT Husqvarna

Tu as rejoint l’équipe BT Husqvarna à l’intersaison. Comment ça s’est fait ?

Mon agent – Jeremy Debize – s’est occupé de ça. Je ne voulais pas changer de marque car depuis que je suis tout petit, je roule sur KTM ou Husqvarna et je voulais continuer sur ces motos. Il y a eu des changements sur les nouveaux modèles, c’était intéressant. Désormais, je suis un peu basé en Belgique, en Hollande. Le team BT Husqvarna était une parfaite opportunité pour essayer de réaliser la meilleure saison possible en 2023.

Quand tu es revenu en piste l’an dernier, tu as signé ton premier podium sur l’Europe 250 en Allemagne, ça a dû faire un bien fou.

C’est vrai que je doutais un peu, car c’était la première épreuve de reprise et quand les autres sont déjà lancés dans leur championnat, c’est compliqué de revenir. Sur cette piste, je me suis senti très bien. Quand il y a de grosses ornières et que c’est assez technique, j’y arrive plutôt bien. J’ai réussi à trouver de belles traces pour doubler car je suis revenu de loin en première manche, en revenant troisième, pas loin des deux premiers. En seconde manche, j’ai fait une petite erreur et je suis tombé, c’est dommage. Je ne savais même pas que j’avais la victoire du général en poche en doublant Rick Elzinga; je pensais qu’il fallait que j’aille chercher Lucas Coenen pour gagner et en attaquant pour aller le chercher, j’ai fait une petite erreur qui m’a coûté la victoire. Pour une reprise, j’étais vraiment super content, ça faisait vraiment du bien mentalement de monter sur le podium, et de voir que je pouvais être devant sans problème.

Tu t’es surpris, après autant de temps sans faire de courses ?

Tout le monde sait comment je roule à l’entraînement sur la terre. Sur une piste comme Teutschenthal, je peux vraiment faire très mal. J’y suis vraiment allé sans pression, en confiance, j’ai tout mis de mon côté pour faire le meilleur week-end et ça a payé, j’étais vraiment super content de moi.

Maxime Grau a rejoint l’équipe BT Husqvarna à l’intersaison @BT Husqvarna

Juste après ce podium en Allemagne, il y a eu cette épreuve de Lommel. C’est toujours ta bête noire, ce tracé ?

Lommel, c’est quelque chose. C’est vrai que ça a été un peu compliqué, je n’ai pas vraiment eu de chance en Belgique. Si tu veux être bon à Lommel, il faut vraiment passer un hiver complet dans le sable, faire un hiver correct pour avoir une préparation correcte. Pour être au meilleur de ta forme, il faut être prêt mentalement, rigoureux sur le physique, la nourriture, l’entraînement. L’an dernier, j’étais revenu d’un pépin de santé et mon entraînement hivernal n’avait pas été optimal. Physiquement, j’en manquais un peu. Sur la terre, en revenant, je sais que je peux me battre devant mais dans le sable, il me faut encore du roulage. Il faut que je fasse de plus en plus de courses en Hollande mais ça va venir, petit à petit. Il faut y consacrer du temps, ça ne vient pas toujours comme ça, d’un claquement de doigt mais je bosse, encore et encore, pour y arriver.

Si tu décides de consacrer une intersaison dans le sable pour progresser dans ce domaine, tu n’as pas peur que ça te fasse perdre de la vitesse sur le dur ?

Non, pas spécialement. En fait, je pense que les gens n’ont pas vraiment conscience que les pistes de grands prix sont vraiment défoncées. Les terrains sont morts à chaque fois. C’est des gros trous, des grosses ornières, c’est hyper cassant. Dans le sable, on retrouve tout ça également. Sur le championnat Hollandais, les pistes sont défoncées de la même façon. En parlant de ça, j’ai vu des vidéos de l’ouverture de l’Elite à Lacapelle Marival et j’ai été vraiment impressionné par le terrain; il était super ! C’était cassant, avec de gros trous, de grosses ornières, c’était vraiment une préparation digne d’un grand prix, c’était super sympa à voir.

Pour le reste, c’est sur que si on passe du temps dans le sable, on va revenir dans la terre avant de disputer une épreuve sur le dur, mais on vit matin, midi et soir pour la moto. On est habitué à changer de surface car les épreuves s’enchaînent donc je ne pense pas que je perdrais de vitesse en me préparant vraiment dans le sable.

À l’entraînement, comment on se prépare aux conditions qu’on retrouve sur les épreuves, finalement ?

C’est sûr que c’est top d’avoir des pistes défoncées pour bien travailler, mais on n’a pas non plus besoin de tout le temps rouler là-dedans. Les pistes en France sont quand mêmes belles, bien préparées. Depuis tout petit, je roule dans le sud de la France, et on retrouve aussi quelques terrains défoncés, hersés bien profondément, il y a de belles pistes en France et on peut s’entraîner comme il faut dans la terre. C’est sûr qu’on ne trouvera jamais une piste parfaitement identique à celle d’un GP, mais on peut s’en rapprocher. En Belgique, on va rouler à Lommel et ils laissent la piste se creuser pendant quelques jours.

Du coup, en ayant signé chez BT Husqvarna, tu vas participer au Dutch Masters ?

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Oui. Je vais faire toutes les courses du Dutch Masters, c’est ce qui est prévu. Je suis content de faire ce championnat car c’est quelque chose que je voulais vraiment faire. Plus je vais faire des courses de ce type, plus je vais progresser dans le sable. Ce sera un bon challenge à relever. Je serais dès ce week-end à l’ouverture à Harfsen.

Maxime Grau a signé son premier podium d’épreuve sur l’Europe 250 en Allemagne la saison passée @FullSpectrumMedia

Tu signes un second podium sur l’Europe 250 devant le public Français pour terminer ta saison 2022. J’imagine que ce souvenir va rester encré.

Faire une épreuve en France, en tant que Français, c’est incroyable. Je pense qu’il n’y a pas un public plus impressionnant que le public Français qui te donne des frissons à chaque fois. Je me rappelle passer dans les ornières en entendant les trompettes, c’est un feeling incroyable. Je suis un peu déçu qu’il n’y ait pas d’épreuve de l’Europe en France pour nous cette année. Les courses en France, c’est quelque chose que tu gardes en mémoire, c’est certain.

Est-ce qu’on a vocation à faire une pige sur le mondial MX2 cette année?

Honnêtement, je ne sais pas. J’ai décidé de refaire une année sur l’Europe cette année car je veux être bon dans le sable, et dans la terre, le jour où je déciderais de monter sur le mondial MX2. Je pense que cette année, je vais vraiment me focaliser sur l’Europe pour aller chercher cette première place, sans faire de course en mondial. Peut-être qu’on en fera une en fin d’année selon le déroulement des choses, mais pour l’instant ce n’est pas prévu, je me concentre à 200% sur mon championnat d’Europe.

Riola Sardo pour l’ouverture de l’Europe 250, ce sera du costaud.

Cette épreuve, je sais qu’elle sera difficile. Je commence à comprendre comment fonctionne l’Europe, tout le monde est vraiment excité sur la première épreuve mais le championnat ne se joue pas sur une course. Quand on sera à Matterley, à la seconde épreuve, on fera un premier bilan le dimanche soir. Rien ne sert de s’exciter à la première course, je sais que je n’ai pas les heures de roulage optimales pour l’instant, mais il faudra être solide sur les deux courses à Riola. Je n’ai pas encore eu l’occasion de rouler là-bas, j’entends dire que c’est une très belle piste, c’est un peu le Lommel numéro 2 donc je m’attends à une piste très défoncée et exigeante. Je sais ce que j’ai dans les tripes, j’ai envie de gagner cette année, donc on va essayer d’être le meilleur possible !

Quels sont les objectifs fixés en 2023 ? On a vu de quoi tu étais capable l’an dernier malgré les circonstances.

On ne va pas passer par quatre chemins. Mon objectif est d’être champion d’Europe. J’ai beaucoup appris de ces deux années passées, même s’il y a eu des hauts et des bas, quelques chutes, des erreurs de parcours. Il faudra être très intelligent cette année car le championnat sera encore plus long, on a 10 ou 11 courses; il faudra être malin. Marquer des points à toutes les courses sera important, il faudra être présent partout, dans le sable comme dans la terre. Dans les jours où tu ne peux pas gagner, il faudra essayer de se battre pour aller chercher le maximum de points car chaque course compte. Il faudra être solide, et régulier, ce sera très important.

Maxime Grau “Mon objectif est d’être champion d’Europe”

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