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Pauls Jonass “Je sais que les gens m’ont oublié”

Pauls Jonass “Je sais que les gens m’ont oublié”

N’écartez pas Pauls Jonass de vos pronostics pour 2021. Champion du monde MX2 en 2017, le pilote Letton a passé le plus clair de sa saison 2020 sur le banc de touche après s’être grièvement blessé au dos lors d’un entraînement. Signé par l’équipe Standing Construct GasGas pour évoluer aux côtés de Brian Bogers en 2021, Pauls Jonass compte bien retrouver le chemin des podiums cette saison, podiums qu’il avait trusté à 6 reprises en 2019 pour sa toute première saison en 450. Micro

Pauls, les gens te connaissent en tant que champion du monde MX2, mais beaucoup oublient que tu as décroché un titre de champion d’Europe 125 et un titre mondial en 85. Les débuts, c’était comment ?

J’ai commencé à rouler vers les alentours de mes 5 ans. Mon père et son frère roulaient de temps en temps pour le plaisir et déjà gamin, j’adorais aller aux entraînements avec eux. Par la suite, mon cousin s’est fait offrir un 50cc pour son anniversaire, j’ai pu l’essayer et je suis tombé amoureux de la sensation dès le début. Je dirai que tout est devenu bien plus sérieux vers mes 9 ans. J’ai commencé à avoir un programme d’entraînement plus strict, et j’ai commencé à travailler physiquement.

Après ton titre sur l’Europe 125, tu as quasiment sauté l’Europe 250 pour t’attaquer au mondial MX2 en 2014. Pourquoi ne pas avoir fait de saison en EMX 250 ?

En fait, la saison 2014 a été une saison très difficile pour moi. Je devais faire toute la saison du championnat d’Europe 250 et peut-être quelques grands prix mais j’ai eu des problèmes de santé au début de l’année, et quand on a vu que je n’étais pas en mesure de décrocher des résultats convenables sur l’Europe 250, on a décidé de passer plus tôt que prévu en mondial MX2 pour rapidement gagner en expérience dans la catégorie.

En 2017 et après des années difficiles, tu remportes ce titre mondial MX2 après une blessure en 2016 et beaucoup d’adversité. Un rêve qui devient réalité ?

Remporter un titre de champion du monde, c’est le rêve de tout compétiteur. Pour moi, c’était vraiment quelque chose de spécial car je viens d’un tout petit pays qui n’a pas beaucoup de racines ou d’histoire en Motocross. Depuis que j’ai commencé à rouler, j’ai toujours voulu être le meilleur.

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J’aurai du mal à décrire ce que ça représentait pour moi de m’adjuger un titre de champion du monde.

Depuis ton arrivée en mondial, tu as dû affronter des Gajser et Herlings au sommet. Lequel des deux est le plus difficile à battre ?

C’est difficile à dire. Je dirais que Jeffrey Herlings est le plus difficile à battre la plupart du temps car il est très souvent le plus rapide en piste mais il fait beaucoup d’erreurs et se blesse. Quand Jeffrey est en forme, il est vraiment dur à battre mais l’an dernier, on a vu que ce n’était pas impossible.

Tim Gajser a toujours été rapide, mais il chutait beaucoup également, mais ces dernières années il s’est beaucoup amélioré, il a été très régulier et c’est ce qui lui a permis de ramener les titres.

@jpacevedophoto

En 2019, tu réalises ta première saison en mondial MXGP avec Rockstar Energy Husqvarna. Tu signes de très belles courses mais la régularité n’était pas là. Quel bilan fais-tu de cette première saison en mondial ?

Le début de saison était vraiment compliqué car fin 2018, je m’étais fait une rupture des ligaments croisés antérieurs. J’ai dû me faire opérer, et je n’ai pu reprendre l’entraînement qu’un mois avant le début de saison.

En clair, je n’étais pas prêt pour le début de saison 2019, j’étais même très loin de là où j’aurais dû être. J’ai dû gagner en vitesse pendant la saison, ce qui est  toujours quelque chose de difficile à faire, mais notre objectif était de s’améliorer petit à petit, et signer de bons résultats à partir de la mi-saison et je pense qu’on y est parvenu. Signer quelques podiums pour ma première année dans la catégorie, ce n’était pas mal.

Malheureusement, tu t’es blessé début 2020, une blessure plutôt grave. Tu te souviens comment ça s’est passé, et surtout, as-tu récupéré totalement de cette blessure ?

Je me souviens exactement de ce qu’il s’est passé, mais je préfère ne pas en parler. C’était une blessure très grave, les docteurs ont dit que j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir vivre et tout faire normalement par la suite. La guérison a été vraiment longue, compliquée, mais maintenant je me sens vraiment bien et on  travaille vraiment comme des forcenés pour revenir encore plus fort qu’avant en 2021.

@lai_vinjsh

Dans ce sport, les gens ont tendance à vous oublier rapidement. En 2021 et après un an d’absence, les gens ne vont pas savoir à quoi s’attendre de toi. Ça ajoute de la pression ou au contraire, ça en enlève ?

En réalité, ça m’est égal. Je sais que les gens m’ont oublié mais ça ne veut pas pour autant dire que je ressens plus de pression sur mes épaules. Je suis vraiment content d’où j’en suis actuellement, content de comment tout se déroule. Je veux prendre de nouveau du plaisir en compétition et connaître une saison 2021 sans blessures.

Tu as décroché un guidon chez Standing Construct GasGas pour 2021. C’est un nouveau départ, une nouvelle opportunité de rebondir après une saison blanche ?

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C’est certain. Je suis vraiment reconnaissant que l’équipe Standing Construct GasGas m’ai offert cette opportunité et qu’elle croit en moi. L’équipe a été au top avec moi et on a fait de gros progrès depuis que j’ai recommencé à rouler. Il reste encore du temps avant que la nouvelle saison ne débute, on sera prêt quand les grilles de départ s’abaisseront de nouveau.

Adria Moles / Red Bull

D’habitude, vous travaillez avec un calendrier et un programme précis. Dernièrement, avec le Covid-19, tout a été perturbé et une longue intersaison vous attend …

Pour l’heure, il est vraiment difficile de planifier et d’organiser certaines choses. Parfois, il est même difficile de trouver de beaux tracés sur lesquels s’entraîner à cause de toutes ces restrictions liées au Covid-19. De plus, il n’est pas simple de voyager, comme ça pouvait l’être avant.

Pour moi, il est vraiment important de pouvoir passer du temps sur la moto car je n’ai pas pu rouler pendant 5 mois la saison dernière. Ce sera une nouvelle saison difficile avec le Covid-19, c’est pourquoi il est important de construire une bonne base avant la nouvelle saison.

À 23 ans, tu es encore jeune et tu as encore de longues années devant toi. La situation économique dans laquelle se trouve le sport est-elle inquiétante pour toi, et pour les générations futures ?

La situation économique – dans sa globalité – est difficile actuellement, pas simplement dans le monde du motocross. J’essaye de ne pas trop y penser mais c’est vrai que ça m’inquiète parfois. J’essaye de rester positif, je croise les doigts pour que ce ne soit qu’un mauvais moment et que tout reparte de plus belle, que tout soit au beau fixe dans notre sport.

Adria Moles / Red Bull

Tu as été nommé athlète le plus populaire en Lettonie à de nombreuses reprises. J’imagine que c’est un véritable accomplissement pour toi: à quoi ressemble la scène du Motocross en Lettonie ?

J’ai l’impression que le Motocross est en plein essor en Lettonie en ce moment. Chez nous, il y a les retransmissions en direct à la télévision des épreuves du championnat Letton, il y a aussi les grands prix en direct à la TV, ce qui n’est pas le cas dans tous les pays. Les courses sont remplies de jeunes pilotes qui ont une réelle passion pour le Motocross; on a quelques très bons jeunes pilotes en 85 et en catégorie EMU, je pense que la scène Lettone a de l’avenir.

Si tu pouvais revenir dans le temps – en 2015 – et te donner un conseil, quel serait-il ?

De ne pas laisser la colère prendre le dessus en roulant; je pense que c’est ce qui m’a coûté le championnat cette année-là.

Image d’introduction: Niek Kamper

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