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Alex Martin “J’ai beaucoup de respect pour les pilotes Européens”

Alex Martin “J’ai beaucoup de respect pour les pilotes Européens”

À quelques jours de l’ouverture de la saison de Supercross US, côte Ouest, on est allé prendre la température avec Alex Martin. Vétéran de la catégorie 250, l’aîné des frères Martin entamera sa 13ème saison en championnat AMA ce 20 Février à Orlando.

Pris de court à l’intersaison suite à la fermeture inattendue de l’équipe JGR Suzuki, Alex Martin a trouvé refuge au sein de l’équipe privée Manluk / Rock River / Merge Racing en 2021. Une plus petite structure, mais des ambitions inchangées… Micro.

Alex, on apprenait la fermeture de l’équipe JGR Suzuki en novembre dernier. Tu t’y préparais ? Est-ce que tu avais déjà commencé à chercher un guidon, ou est-ce que tu as été pris de court ?

J’étais vraiment déçu d’apprendre que l’équipe JGR devait mettre la clef sous la porte. J’ai vraiment apprécié mes années au sein de cette équipe, et j’aurai probablement terminé ma carrière avec eux s’ils étaient resté dans les paddocks.

Quand j’ai appris que c’était fini pour eux, j’ai été pris au dépourvu et j’ai rapidement dû me mettre à la recherche d’une nouvelle équipe. J’ai pris mon téléphone et j’ai passé des coups de fil pour trouver quelque chose le plus vite possible; c’est là que j’ai contacté Mike Duclos de Rock River puisque j’avais connu pas mal de succès avec eux par le passé.

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Donc pour 2021 retour en bleu avec Manluk/Rock River/Merge Racing, tu seras le seul pilote de l’équipe.

Je suis vraiment content d’être de retour sur une Yamaha. L’équipe Manluk / Rock River / Merge Racing, c’est une équipe qu’on a été en mesure de mettre en place assez rapidement après avoir appris la fermeture de JGR Suzuki. Pour l’heure, je suis le seul pilote engagé en Supercross pour le team.

Vu qu’il n’y a pas de guidons disponibles au sein des équipes usines, je savais que ma seule chance d’être compétitif cette saison, c’était de rouler de nouveau au guidon d’une Yamaha. La catégorie 250, c’est vraiment une question de puissance ici, et la Yamaha a le moteur qu’il faut pour être compétitif, c’est certain.

As-tu effectué de gros changements dans ton programme ? Tu n’as plus de coéquipiers pour t’entraîner, ni de circuit privé comme JGR Suzuki avait à l’époque.

Mon programme d’entraînement est resté plutôt similaire car je vis en Floride et je roule à Moto Sandbox. Je suis en mesure de rouler régulièrement avec Ken Roczen et ça a vraiment ces avantages. La piste d’entraînement privée de JGR Suzuki était vraiment sympa, mais je ne vivais pas dans le coin donc j’y roulais seulement lorsque je prenais l’avion pour aller faire des séances de testings.

J’ai eu la chance de rouler pour de très bonnes équipes usines durant ma carrière. J’en suis à un point où c’est bon d’être le seul pilote de l’équipe, d’avoir un peu plus de contrôle sur mon programme.

De nos jours, est-ce que tu peux être compétitif face aux motos d’usines ou penses-tu être désavantagé sur une moto privée, surtout en outdoor ?

C’est vraiment difficile d’être compétitif en catégorie 250 avec un programme privé, c’est certain. Je n’aurais probablement même pas essayé de rouler cette année si ça n’avait pas été sur une Yamaha. La base de départ de la 250YZF est vraiment très bonne, et le fait d’avoir Jim Lewis de Merge Racing à mes côtés va être un énorme avantage pour moi cette année. J’imagine qu’on va bientôt voir où je me situe !

Est-ce que tu regardes les courses sur la côte opposée, ou est-ce que tu te concentres sur toi-même ces dernières semaines ?

J’ai suivi toutes les épreuves de Supercross de très près jusqu’à présent. Le niveau en catégorie 450 est vraiment incroyable en ce début de saison. La catégorie 250 a connu des débuts difficiles avec toutes les blessures, c’est sûr ! Ça devient difficile de regarder les courses car il n’y a presque plus personne, mais les trois premiers sont toujours très rapides, des pilotes légitimes. Il y a beaucoup à apprendre de chaque course.

Tu as terminé second sur l’outdoor en 2016 et 2018. Tu as gagné ta dernière épreuve en 2016, c’est dingue de penser que ça remonte à si loin déjà …

Finir second du championnat d’outdoor en 2016 et 2018, c’est sans aucun doute les deux moments les plus forts de ma carrière. Avoir gagné une manche sur la Suzuki avec une minute d’avance l’an dernier, c’est aussi très haut sur cette liste !

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En fin de compte, je pense qu’il me reste encore quelque chose à faire dans ce sport et j’aimerais tenter ma chance pendant au moins une ou deux saisons de plus avant de dire stop et de raccrocher les gants.

Vu comment le calendrier a été modifié, le temps de récupération va être très court entre les épreuves; c’est quelque chose qui pourrait jouer en ta faveur ?

Je suis content du calendrier sur la côte Ouest cette année. On n’a jamais eu un tel calendrier donc on verra comment ça se passera. J’ai été très surpris de voir qu’on allait rouler au Speedway d’Atlanta. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre mais je serai prêt, peu-importe ce qui nous attend !

La saison dernière, tu as commencé les Vlog. Il y a 10 ans, on n’avait absolument aucun moyen d’avoir un aperçu de ce que vous faisiez le jour des courses, à l’entraînement… Le vlogging semble être la tendance et tu t’es déjà construit une belle communauté sur Youtube. Pourquoi t’es tu lancé dans le Vlogging et comment se déroule l’expérience jusqu’à présent ?

Faire des épisodes de Vlog sur Youtube semblait être une bonne façon de permettre aux fans de connaître un peu mieux ma personnalité, d’avoir un aperçu de l’envers du décors lors des épreuves. Je pense que nous, les pilotes professionnels, prenons beaucoup de choses pour acquises: l’entraînement, la gestion de notre nutrition, les réglages de notre moto; tout ça, c’est notre travail, c’est ce qu’on fait tous les jours et pour nous, c’est devenu la normalité.

C’est cool de voir que les gens apprécient ce genre de contenu. Les réactions des gens ont été très positives jusqu’à présent, et on compte bien continuer cette année !

Tu as récemment lancé ton propre programme d’entraînement. Troll Training. Tu as toujours été quelqu’un de très investi dans ton entraînement physique. Troll Training, c’est la première étape vers l’avenir pour toi ? Est-ce qu’on te verra coacher des pilotes quand tu auras décidé de raccrocher ?

Je suis super content de m’être lancé récemment dans les programmes de formation physique avec Trolltraining.com ! Mon entraîneur John Wessling et moi avons commencé il y a seulement quelques mois et ça marche déjà très bien ! Ce qui est top, c’est que vous pouvez vivre n’importe où et qu’on peut vous donner un programme d’entraînement qui vous permettra d’être prêt physiquement pour progresser à moto.

Il y a beaucoup de mythes et de mauvais programmes d’entraînement qui circulent; avoir roulé au niveau professionnel pendant plus de dix ans m’a appris énormément de choses sur la façon de le faire de la bonne façon, en toute sécurité, efficacement et avec un objectif de longévité. Je veux vraiment pouvoir prendre ce que j’ai appris et le transmettre à la prochaine génération de pilotes et continuer à faire progresser le sport grâce à un entraînement approprié !

En ce qui concerne le mondial; le débat “quel côté de l’Atlantique est le meilleur” semble enfin enterré. D’après toi, pourquoi les pilotes US ne tentent pas leur chance en mondial ? Ryan Villopoto est venu il y a quelques années, et ça ne s’est pas très bien passé pour lui. Penses-tu que les gars se soient dit “Si lui n’a pas réussi, pas la peine qu’on essaye” ?

J’ai vraiment beaucoup de respect pour les pilotes Européens. Ce que je pense, c’est que la majeure partie des pilotes Américains se sont ramollis et ne veulent pas vivre loin de chez eux, devoir voyager, subir l’entraînement qui est nécessaire pour être compétitif en mondial.

L’entraînement que la plupart des pilotes Européens s’infligent pendant l’hiver pour se préparer pour une saison de GP est vraiment dingue et ils passent probablement deux fois plus de temps sur la moto que les pilotes Américains qui se préparent pour une saison de Supercross.

Je n’ai pas la réponse quant à pourquoi les Américains ne tentent pas leur chance en Europe, mais je pense que c’est plus compliqué que le simple fait que Ryan Villopoto ait rencontré des difficultés lors de sa saison en mondial.

Quelles sont les attentes pour 2021, et pour la première épreuve de la saison à Orlando ce samedi ?

J’ai hâte que la saison de Supercross côte Ouest démarre ce weekend. Je serais satisfait de moi si je me bats aux avant-postes pour les podiums, c’est là que je m’attends à être, que je roule pour une équipe usine ou pour une équipe privée.


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