Interviews

Alexandre Gauriat “Avec Romain, on a vécu des moments merveilleux aussi bien sur la moto qu’en dehors”


Ils sont nombreux, ces mécaniciens qui s’affairent dans l’ombre et pourtant, ils sont indispensables au succès de vos pilotes favoris. Membre fondateur de l’équipe Berryli4ni et mécano’ de Romain Pape depuis 3 ans, Alexandre Gauriat s’est envolé pour les USA cet été pour suivre son pilote qui n’a pas démérité sur l’outdoor 450. Alexandre est rentré en France, et lui aussi a vécu une expérience hors du commun de l’autre côté de l’Atlantique; il nous raconte.

Alexandre, pour faire le point et pour ceux qui ne te connaissent pas encore, on va commencer par te présenter. Peux-tu aussi nous expliquer ton parcours dans le sport, mais aussi celui de l’aventure du team Berryli4ni.

J’ai commencé le Motocross en Ufolep en étant jeune, j’ai fait 15 ans de moto et avec les copains, on s’est rendu compte qu’on était mauvais; il ne fallait pas se mentir. On s’est dit que quitte à faire quelque chose, autant filer un coup de main à des mecs qui en valaient la peine. On a décidé de créer ce team Berryli4ni il y a de ça 10 ans pour commencer dans les petits championnats. On a été chercher des partenaires, on s’est démerdé et de fil en aiguille, quelques pilotes sont passés par chez nous. On a commencé à connaître un peu le milieu et à force de ramer et de se démener, on a appris le fonctionnement d’une équipe sur le tas. Petit à petit, on a eu de bons pilotes mais aussi de très bons sponsors comme le Garage des Stuarts qui nous suit depuis le départ et sans qui rien ne serait possible. Puis Romain Pape est arrivé, on a aussi Jason Clermont, Morgan Jacquelin et le petit Loan Lupin en Minivert. On a une superbe équipe; ça aura mis du temps car on a zéro nom dans le Motocross, on n’est connu de personne et c’est plus compliqué de débarquer comme ça que quand on a un nom et une belle carrière derrière soi. On essaie de faire ce qu’on sait faire, ce qu’on peut faire avec la passion et l’amitié. C’est aussi une superbe aventure humaine; il n’y a pas que les résultats même si c’est top de pouvoir courir après des titres en national. C’est l’aventure humaine qui nous anime, on est des potes d’enfance; on se connaît depuis 25 ou 30 ans et on fait tout ça pour se faire plaisir. On ne prend pas un centime de budget pour nous, tout passe dans les pilotes et on essaie de les aider au maximum, et ils nous le rendent bien. On passe des week-ends extraordinaires et quand tout est aligné, on arrive à faire des bons résultats et c’est ce qui nous permet d’avancer, qui nous donne envie de continuer même si c’est un peu dur parfois. Le team Berryli4ni aujourd’hui, c’est Benoit, Christopher, Clément, Louis et moi, en plus des pilotes.

Finalement, tu n’étais pas destiné à finir mécano de pilote sur le championnat de France et encore moins aux US j’imagine.

Non, c’est clair. En fait c’est simplement venu parce que je suis passionné de Motocross; la mécanique est venue sur le tas. Quand on a pris les premiers pilotes dans le team, il fallait un mec pour faire la mécanique et je me suis dit “c’est parti”. Ça me plaît, je prends mon pied à faire ça.

Alexandre Gauriat et Romain Pape travaillent ensemble depuis la saison 2021 @DR

J’imagine qu’au sein du team Berryli4ni, il n’y a aucun salarié. C’est quoi ton métier ?

On est tous bénévoles dans l’équipe. Je travaille dans un site de collecte de céréales; je travaille dans le monde agricole.

Concrètement, et avec ton job, comment on se libère pour aller faire une saison d’outdoor US ? Je peux comprendre que Romain décide de faire craquer le PEL pour partir faire une saison aux Etats-Unis mais évidemment, il ne pouvait pas le faire tout seul. Tu l’as accompagné, mais comment as-tu fait pour que ce soit possible de ton côté ?

Dans mon boulot, il y a des pics de travail intenses au mois de Juillet/Août avec la moisson. On travaille énormément, on peut faire deux mois en un, avec des mois à 300 heures. Au fur et à mesure du temps, j’ai cumulé des heures car ça faisait longtemps qu’on parlait de faire ça avec Romain. Je savais que ça arriverait un jour et j’avais de quoi poser trois mois et demi de congés; c’est ce que j’ai fait pour aller aux USA avec Romain. Il faut savoir que j’ai une vie assez compliquée avec le Motocross car je suis tout le temps dedans dès que j’ai du temps libre. Je n’ai pas d’enfants, pas d’attaches particulières. La vie personnelle passe au second plan entre mon travail et le Motocross. Je n’ai pas vraiment la vie stable de monsieur tout le monde.

L’an dernier, tu étais parti faire quelques épreuves aux US avec Romain. Vous vous êtes vite rendu compte que le 250 avec vos moyens, ce n’était pas envisageable ?

Non, carrément impossible. Quand on est arrivés là-bas, on a mis un boîtier CDI, une ligne d’échappement, de l’essence et on s’est dit que ça allait passer. Dès la première séance d’entraînement, on a réglé les suspensions, tout allait bien et arrivé le jour de la course, on s’est rendu compte que tous les mecs avaient des moteurs à 15.000$. Il nous était impossible de rivaliser avec le budget qu’on avait et la moto qu’on avait. On s’était dit que si on revenait, il fallait revenir en 450.

L’an dernier, Romain avait participé aux trois premières épreuves de l’outdoor 250 @Niek Kamper

Être mécano aux US et en France, j’imagine que c’est le même travail en soi, mais est-ce que c’est la même expérience à vivre ?

C’est complètement différent. Là-bas, tu arrives dans un milieu où tout le monde est là pour aller de l’avant. En France, tu n’es connu de personne et personne ne te parle; on fait nos trucs dans notre coin. Là-bas, tout le monde cherchait à savoir qui on était, ce qu’on faisait, pourquoi on était là. Même pour les pilotes, c’est incroyable car tout le monde te file des coups de main; c’est vraiment une mentalité différente. Ils se prennent moins la tête aux USA, et je pense qu’il y a plus le côté humain qui rentre en compte. Le côté relationnel est plus présent que chez nous. En plus avec la barrière de la langue, on aurait pu penser que ce serait compliqué et on devait s’aider de Google traduction mais malgré ça, on a fait de superbes rencontres, j’ai pu faire la Loretta Lynn’s pour un jeune pilote quand Romain est rentré en France, on s’est fait des contacts. Les Français qui sont là-bas sont aussi super contents de nous voir arriver; on a pu voir Jon Primo, un gars qu’on voyait dans les bouquins en étant petits. C’était génial d’échanger avec eux; c’était super enrichissant.

J’ai discuté avec Adrien Malaval qui me disait qu’il avait l’impression qu’on avait plus parlé de lui en faisant 30ème sur l’outdoor que 5ème sur l’Elite. C’est le constat que tu partages aussi de ton expérience avec Romain ?

Complètement. Quand je vois l’engouement qu’il y a eu autour de Romain, c’est carrément le cas. On a pu discuter un peu avec Adrien, il était super content d’être venu aux USA; c’était génial de le voir évoluer là-bas. Je suis tout à fait d’accord avec ce qu’il dit puisque c’est complètement ça.

Peux-tu nous expliquer comment ça se passait de ton côté avec TPJ ? Ils amenaient la moto de Romain sur les courses. J’imagine que vous aviez une moto d’entraînement mais comment tu faisais pour bosser sur la moto de course à Romain si tu ne la retrouvais que le jour des épreuves ?

On avait deux motos, une moto en Californie pour rouler la semaine avec Yannig Kervella. La deuxième moto, c’était la moto de course. On l’a emmenée pour la première épreuve de la saison à Pala et ensuite elle est restée dans la semi de TPJ pour toutes les courses. Chaque samedi soir, je devais refaire la moto complète. Elle repartait ensuite en semi donc TPJ attend sur place que tous les mécanos aient fini les motos pour partir. Tu charges la moto le samedi soir dans le camion, il faut qu’elle soit prête à rouler pour le samedi d’après et le camion part directement pour la prochaine épreuve quand tu as terminé. Tu n’as pas trop le temps de rêver; quand la journée se finit, tu enchaînes directement en refaisant la moto pour arriver sur l’épreuve suivante en étant serein.

Propriétaire de la structure TPJ Racing, Ted Parks a aidé Romain Pape, Brian Saunier, Hunter Cross, Logan Boye, Trevor Schmidt ou encore Anton Gole et Stephen Rubini sur l’outdoor cette saison @TPJ Racing

Il avait quoi de particulier Romain sur sa moto pour toute la saison d’outdoor, par rapport à une 450 GasGas stock que tu pourrais sortir du magasin ?

Rien de fou. Des bonnes suspensions, un boîtier CDI et de l’essence. On n’avait même pas une ligne, on roulait avec la ligne d’origine.

Tu vas me dire que tu as fait toute une saison d’outdoor sans démonter un moteur ?

Presque. Au début quand Louis était avec nous, on a ouvert un moteur quand les motos étaient neuves. Romain avait une sensation étrange sur une moto donc on a ouvert le moteur mais il n’y avait rien. Voilà tout ce qu’on a fait niveau moteur en 4 mois aux US. Pour le reste, c’était des vidanges, des embrayages, des plaquettes de frein, coller des kit-décos, le suivi standard d’une moto quoi.

Ton boulot la semaine, ça ressemblait à quoi concrètement ?

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Avant l’ouverture de la saison, on roulait 4 fois par semaine donc je faisais beaucoup de nettoyage car le matin aux US, les pistes sont très arrosées. On roulait de 9h à 13h et après, Romain partait à la salle de sports. Pendant ce temps-là, je faisais les pneus, les vidanges, les conneries à droite à gauche s’il y avait besoin; l’entretien des motos. C’était ça 4 fois par semaine et quand le championnat a attaqué, on ne roulait plus que trois fois par semaine. Pour les courses, on partait de Los Angeles tous les jeudi en avion, on arrivait dans l’aéroport le plus proche et on prenait une voiture de location pour se rendre sur le terrain, décharger le matériel et la moto, passer les contrôles techniques et administratifs et de là, c’était parti.

Onzième à High Point, Romain Pape n’est pas passé loin du top 10 d’épreuve cette année @Michael Antonovich

Je ne sais même pas si en mondial, une structure comme TPJ existe. Ils vous emmènent la moto, ils vous font la bouffe, ils vous fournissent une structure, des outils, etc ?

Tu as tout sur place. Tu dois amener ta caisse à outils à la première épreuve mais sinon tu as la nourriture, le karcher, il y avait même des masseuses qui étaient là pour les pilotes. C’était vraiment génial, une belle structure. Je ne pense pas qu’une structure comme ça existe en Europe.

Onze épreuve d’outdoor. C’était quoi la plus grosse journée galère pour toi ?

Je ne sais pas s’il y a vraiment eu une journée galère. On prenait les journées les unes après les autres et c’était toujours du plaisir, autant pour Romain que pour moi. Je dirais peut-être l’épreuve où la moto de Romain a rencontré des problèmes au niveau du boîtier CDI. La moto a coupé et on ne savait pas pourquoi. C’était vraiment dur pour moi car en tant que mécanicien, je ne savais pas ce qu’il s’était passé; il n’y avait rien d’anormal. On a remis un boîtier neuf et c’était reparti mais cette journée-là n’était pas vraiment fun pour moi car en tant que mécano, tu te dis que c’est de ta responsabilité. Sinon, c’était le pied total à chaque épreuve; il y avait la découverte des circuits, les nouvelles expériences, l’émerveillement. Je n’ai pas souvenir qu’on ait connu une journée galère comme on a pu en connaître en France.

Et le jour qui restera le plus mémorable pour toi cette saison ?

Le moment le plus mémorable, ça ne sera pas en termes de résultat mais en termes de roulage. Southwick, c’était une piste qu’on redoutait un peu car le sable ce n’est pas vraiment la tasse de thé de Romain. Je ne saurais pas te dire ses résultats sur l’épreuve mais son attitude et son pilotage ce jour-là, c’était vraiment le mieux de ce que j’avais vu jusqu’ici dans ces conditions et j’étais vraiment content qu’il puisse s’exprimer de cette façon-là dans une texture qui n’était pas fait pour lui. Il m’a impressionné par son état d’esprit et sa volonté de bien faire ce jour-là. Southwick, c’est un tracé assez costaud. On appréhendait un peu et ça s’est super bien passé.

Alexandre est rentré en France. Il a pu assister au sacre de champion de France National de Jason Clermont à Lauzerte

J’aurais l’occasion d’en discuter avec lui mais j’imagine qu’un garçon comme Romain n’a plus envie de revenir rouler en France après ça. C’est un discours que tu pourrais comprendre en ayant vécu cette expérience de l’intérieur avec lui ?

Oui, bien sûr. Je pourrais le comprendre. Après, je suis un passionné de motocross donc que ce soit en France où aux USA, c’est la même chose pour moi. En tant que pilote, je peux tout à faire le comprendre et j’imagine qu’à sa place, je me dirais la même chose. Tu vois, je suis rentré en France, on est parti avec Jason Clermont à Lauzerte pour aller chercher le titre de champion de France National 450. J’étais super heureux. Bon, il y avait beaucoup moins de monde autour de la piste et ça n’avait rien à voir mais ça reste la passion. Concernant Romain, je peux comprendre qu’il ait envie d’y retourner car en plus de ça, il a fait de belles choses.

Romain faisait encore le national il y a de ça quelque temps: il n’est pas présent sur le mondial, il l’était un poil sur l’Elite. Quand on voit ce qu’il arrive à faire avec sa préparation et ses moyens sur l’outdoor, ce qu’un Kullas a pu faire cet été on se demanderait presque si on ne met pas la barre plus haut qu’elle ne l’est vraiment aux USA, tout du moins pour cette saison d’outdoor ?

Je pense que pour se rendre compte du niveau, il faut y être. Okay, il manquait sûrement quelques mecs mais ils sont revenus après. Prends un gars comme Adrien Malaval qui est un cran au-dessus de Romain en France; là c’était l’inverse. Romain était au-dessus. On était dans notre saison, lui était arrivé pour faire deux courses et l’approche était totalement différente. Sans vouloir le brosser, je pense que Romain a passé un gros cap, honnêtement. Il y a aussi des mecs comme Marchbanks, qui ne sont pas les plus connus aux US et qui mettent du gaz comme des malades. Il y a un très, très bon niveau aux USA derrière les têtes d’affiche qui sont encore d’un niveau différent. Il ne faut pas sous-estimer le championnat. Des mecs comme Adrien Malaval ou Stephen Rubini pourront te le dire. Je pense qu’ils ont été un peu surpris. Nous, on était bien ancrés dans le championnat, Romain roulait avec Yannig et c’est quelqu’un qui connaît les USA comme sa poche, un mec extraordinaire qui a su mettre Romain en confiance et je pense qu’il y a une part des performances de Romain cet été qui est grâce à Yannig; il n’y est pas pour rien dans cette histoire. Je pense qu’il est important de venir et d’avoir quelqu’un sur place pour t’encadrer; si tu te dis “ça va le faire comme ça”, c’est mort. Là-bas, personne ne te connaît que tu t’appelles Pape, Malaval, Rubini ou même Vialle. Quand Tom est arrivé, il devait faire ses preuves. Ce n’est pas comme chez nous.

Si jamais tu devais rempiler avec Romain en 2024, est-ce que tu changerais l’approche d’une quelconque manière ?

Non, je ne changerais rien du tout si on devait repartir en 2024. Il n’y a rien à jeter de cette saison. Le seul petit truc à la rigueur, c’est rouler avec des bib. On a eu deux crevaisons et si on s’était forcé à rouler avec des bib, on aurait évité ces petites conneries. Voilà ce que je changerai. Avec Romain, on a vécu des moments merveilleux aussi bien sur la moto qu’en dehors; il y avait une cohésion entre-nous. Pour moi, c’était compliqué de faire mieux; il n’y a pas eu une seule prise de tête, on avançait dans la même direction et Yannig était là pour nous guider dans la bonne direction, et nous confirmer quand on l’empruntait de nous-mêmes. Je ne changerais rien si on y retournait. On prend les mêmes, et on recommence.

Romain Pape (#444) s’est fait un nom aux US cet été @MX Pro Sports

Romain va faire les deux dernières du SMX, pourquoi es-tu rentré ?

Je suis rentré car j’arrivais au bout de mon ESTA [visa]. Je n’avais pas le choix que de rentrer. Je pouvais rester 10 jours de plus, mais vu que Romain ne faisait pas la première du SMX car côté logistique, c’était trop compliqué d’amener la moto jusqu’à Charlotte, je n’avais aucun intérêt à rester. Je suis donc rentré pour être avec Jason au national 450 et c’était un bon choix puisqu’on a remporté le titre.

Si tu avais un ESTA, Romain avait quoi comme VISA ?

Le même, mais Romain est rentré pendant la coupure. En rentrant pendant 3 semaines, il pouvait repousser la fin de son visa d’un mois de plus. Chose que je n’ai pas faite car je suis parti pour aider un petit Espagnol sur la Loretta Lynn’s pendant ce temps-là. Je suis parti 10 jours à la Loretta, j’ai voulu profiter un peu et découvrir cette course qui est incroyable. Voilà pourquoi Romain reste sur place, et pourquoi moi je suis rentré. On avait le même papier en partant.

Alexandre Gauriat a travaillé aux côtés du jeune Ramon Vidal à l’occasion de la Loretta Lynn’s cette année @DR

C’est quoi cette histoire de Loretta ?

J’ai fait la mécanique pour un petit Espagnol qui roule à l’entraînement avec Yannig, le petit Ramon Vidal. Il était super sympa et il s’était qualifié pour la première fois à Loretta. Pour lui comme pour moi, c’était une expérience de fou. On a été découvrir ça ensemble et ça a été un moment incroyable. Tu vois ce que les Américains sont capables de faire en matière d’organisation, car ça roule pendant une semaine sur le même circuit, à coup de 30 catégories par jour. On est assez loin de ce qu’on peut voir chez nous. Tu fais de la moto de 6h30 du matin jusqu’à 20h le soir pendant 10 jours à la Loretta.

Et concrètement, qui va s’occuper de Romain pendant les deux épreuves du SMX à venir ?

Quand je suis parti, la moto était prête, les suspensions pour le Supercross étaient envoyées. À partir de là, c’est Yannig qui va s’occuper de Romain pour les deux épreuves. Yannig est comme nous, c’est un passionné de Motocross et il n’était pas question pour lui de laisser Romain dans la panade donc c’est lui qui va gérer les deux courses avec Romain. Il n’y a plus de mécanicien [rires]. Yannig a toutes les casquettes, c’est un homme extraordinaire et c’est la plus belle rencontre que j’ai faite dans le Motocross jusqu’à aujourd’hui. J’ai rencontré tout un tas de monde, on a discuté avec un tas de gens, mais ce qui ressort de toutes ces années de moto, c’est ce mec. Il a des idées et des avis sur le Motocross que je partage complètement. Il m’a beaucoup rassuré sur un tas de choses.

De ton expérience et de ces mois passés aux USA, qu’est-ce que tu aimerais pouvoir ramener des USA jusqu’en France pour élever nos championnats, que ce soit l’organisation, les pistes, etc ?

Je ne sais pas trop … Le nerf de la guerre, c’est l’argent. Là-bas, tout est professionnalisé à fond et je pense que c’est ce qui fait la différence. L’AMA et les promoteurs font tout pour pousser les jeunes, pour aider les structures. Quand j’entends dire qu’aux US, quand un pilote marque des points l’AMA paie les teams pour les aider dans leurs frais de fonctionnement je me dis “wow”. On est encore loin de tout ça en France avec notre petite structure.

Arrivé au sein du team en 2022, Jason Clermont a ramené un premier titre de champion de France National (450) à l’équipe Berryli4ni cette année

Tu veux dire que le jour ou la FFM vous aidera parce que vous avez remporté un titre de champion de France National 450 n’est donc pas encore arrivé ?

… Non, d’ici à ce que ça arrive, il n’y aura plus de motos thermiques sur les pistes [rires]

Le team Berryli4ni a-t-il encore des objectifs à aller chercher sur les championnats de France ? L’Elite est-il mis de côté pour la suite ?

Je ne sais pas, c’est encore trop tôt pour en parler. On vit le truc à fond, on va attendre que Romain revienne. On va fêter le titre de Jason et on a aussi notre petit Loan en 65cc qui commence à mettre du gaz et à rentrer dans le top 10 du Minivert; il ne faut pas qu’on l’oublie et on va se concentrer un peu sur lui. C’est un jeune très motivé et qui a envie d’en découdre. On prend les années comme elles viennent. À la fin de chaque saison, on se met autour d’une table pour boire un verre tous ensemble et on essaie de prendre la bonne direction en fonction de notre budget, mais aussi de l’envie des pilotes. On n’est pas là pour leur imposer quoi que ce soit donc on discute de ça tous ensemble avant de se remettre au travail.

Finalement, le côté humain semble primer plus que le côté résultats. Tu peux tirer des bons résultats avec un pilote, mais si ça ne se passe pas bien, tu ne prends plus de plaisir à faire ce que tu fais.

C’est ça. La prise de tête, on connaît et on n’en veut plus. On ne peut pas faire mieux que l’équipe qu’on a actuellement. Le but est de prendre du plaisir, que les pilotes s’y retrouvent, que nous aussi. Cette aventure nous amène finalement jusqu’aux US, jusqu’à un titre de champion de France National 450, ça nous amène faire des top 20 au Touquet, des top 10 en Minivert. Pour nous, c’est parfait.

Alexandre Gauriat “Avec Romain, on a vécu des moments merveilleux aussi bien sur la moto qu’en dehors”
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