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Bradley Mesters “J’ai vraiment dû repartir de zéro”

Interview: Tom Jacobs

Le Néerlandais Bradley Mesters se dévoile sur le championnat d’Europe 250 cette saison. Malgré les blessures et sa faible expérience à l’international, le pilote Kosak KTM âgé de 17 ans  joue les avant-postes sur l’EMX250 cette année. En bataille pour le titre de champion ADAC MX Youngster avec Nico Greutmann, Bradley s’apprête à participer à son tout premier grand prix à Arnhem; il prendra en effet part au GP des Pays-Bas en catégorie MX2 pour se faire une première expérience mondiale à domicile. Multiple champion des Pays-Bas, nommé meilleur jeune pilote national en 2015, Bradley a grandi dans une famille issue du Motocross puisque son oncle – Marcel Van Drunen – n’est autre qu’un ancien (multiple) champion d’Allemagne, un ex pilote de GP et un ex champion d’Europe Supermotard. Avant de prendre la direction de la Suède, rencontre avec un jeune pilote Néerlandais qui a le vent en poupe.

Bradley, un mot sur l’épreuve Suédoise de l’Europe 250 qui va se disputer à Uddevalla ce week-end ?

Le cadre à l’air vraiment cool, mais je vais devoir découvrir le terrain d’Uddevalla, car je n’ai jamais roulé là-bas. Ce qui est drôle, c’est que ce n’est que ma toute première saison complète sur l’Europe 250; je n’ai participé qu’a trois épreuves de l’Europe 125. Il me reste donc quelques endroits à découvrir sur le calendrier des grands prix …

Ta troisième place en première manche à Lommel a été importante pour toi. Quel bilan tires-tu de l’Europe 250 en Belgique ?

C’était une expérience absolument incroyable. Surtout avec autant de spectateurs autour de la piste. Il y avait beaucoup de gens qui me connaissent personnellement parce que Lommel, c’est très proche de ma ville natale, Waalre en Hollande. Pendant les derniers tours de la première manche, j’ai même entendu des fans crier mon nom alors que j’étais concentré sur ma course ! Tu sens que tu es sur le point de réaliser quelque chose de spécial à ce moment-là, et ça te remet un peu de pression supplémentaire, mais c’est quelque chose que tu dois apprendre à gérer. Je voulais monter sur le podium de l’épreuve, j’étais un peu déçu de ne pas y être arrivé le dimanche, mais j’ai dû revenir après un mauvais départ et le mal était déjà fait.

Tu as bien débuté la saison avec de bons résultats sur l’International d’Italie mais aussi avec un top 5 à Hawkstone Park. T’es-tu surpris en décrochant ce top 5 lors de la première épreuve de l’Europe à Arroyomolinos ?

Peut-être un peu, oui. J’ai connu une excellente intersaison et, comme tu l’as dit, les courses de pré-saison se sont également très bien déroulées. Je me sentais en forme et ma moto fonctionnait très bien, donc dans ce sens, ce n’était pas une trop grosse surprise. Mais Intu Xanadu n’était pas un terrain facile pour moi, alors c’était vraiment top de commencer la saison Européenne par un top 5. Entrer dans le top 5, c’était mon objectif pour cette saison et rien n’est plus motivant que de pouvoir cocher ses objectifs une fois qu’ils sont atteints ! Malheureusement, je me suis disloqué l’épaule et j’ai subi une commotion cérébrale lors de la deuxième course de l’ADAC à Dreetz. J’ai donc dû à nouveau faire face à quelques revers, et il m’a fallu beaucoup de travail pour revenir à mon meilleur niveau ! C’est aussi ce qui a rendu le résultat de Lommel si satisfaisant.

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Tu as dû faire face à de nombreuses blessures ces dernières saisons.

L’année dernière, j’ai participé à ma toute première course de championnat d’Europe 250 en Sardaigne, où j’ai terminé 7e d’une manche. C’était très encourageant, mais après la Sardaigne, je me suis blessé au dos et j’ai été écarté des terrains pendant la majeure partie de l’année. J’ai vraiment dû repartir de zéro. Tout le monde t’oublie très rapidement quand tu ne roules plus: c’est comme ça. Montrer aux gens de quoi je suis capable, ça a été ma principale source de motivation pour 2024.

Sur l’Europe 250, il y a bien une quinzaine de pilotes qui peuvent se battre pour un top-5 et – avec un peu de chance – un podium. D’accord avec ce constat ?

Oui, c’est vrai. Dans une manche, un pilote peut finir 1er ou 2e et dans l’autre, il sera 10e. C’est peut-être en partie dû au format de course; une manche par jour. On fait la première manche dans l’après-midi et l’autre le lendemain matin. On y retrouve aussi de jeunes pilotes qui y mettent du cœur, et qui ont tendance à faire des erreurs.

Tu es encore jeune. En fait, tu as le même âge que ceux qui gagnent sur l’Europe 125. As-tu déjà envisagé redescendre en 125cc pour tenter d’aller chercher le titre Européen ?

Je n’avais que 13 ans quand j’ai commencé à rouler sur une 125cc et, en raison de problèmes d’équipe et de famille, je suis monté en 250cc un an plus tard. C’est vrai que j’étais bien trop jeune pour rouler sur une 250cc, mais on a tout de même fait cette transition et il n’a jamais été question de revenir en arrière. Cette saison, j’ai montré que j’avais la vitesse de jouer le top 5 sur le championnat d’Europe 250, et je préfère aller de l’avant que regarder en arrière.

Dans dix jours, tu participeras au GP des Pays-Bas à Arnhem; un mot sur tes débuts en mondial MX2 ?

Pour moi, il s’agit surtout de prendre du plaisir, d’expérimenter, et d’avoir le soutien de mes fans. Disputer mon premier Grand Prix à 17 ans est une bonne idée, et l’opportunité est là. Il n’y a pas d’épreuve de l’Europe 250 ce week-end-là, alors pourquoi ne pas acquérir de l’expérience au plus haut niveau ? J’ai quelques objectifs en tête, mais il n’y a pas de pression de la part de l’équipe ou des gens qui m’entourent. Ces objectifs sont purement personnels. Évidemment, c’est un peu plus simple pour moi dans le sable parce que c’est là que j’ai grandi. Je veux gérer ce GP du mieux possible. Si je n’atteins pas l’objectif que je me suis fixé pour mon premier GP, il y aura forcément plus de déception que d’excitation. Alors oui, je vais me donner à 100 %, et on verra ce que ça donnera.

Beaucoup des meilleurs pilotes de l’Europe 250 sont dans des équipes officielles. Est-ce qu’être dans une structure privée représente un désavantage pour toi ?

Non, je ne pense pas. On a choisi de nous occuper nous-mêmes de certains aspects de la préparation des motos, comme des suspensions et des réglages du moteur. De cette façon, on est directement impliqués et cela fonctionne très bien. Je suis très content de mes suspensions et de la puissance de la moto. Je ne pense pas que ma moto soit inférieure à celle de mes adversaires. C’est cool de la part de mon équipe de me laisser de la liberté, et Kosak KTM est d’un grand soutien dans la mesure du possible.

C’est quoi le quotidien de Bradley Mesters aujourd’hui ? Tu suis encore un cursus scolaire ?

J’ai terminé mes études dans une école LOOT (Landelijk Overleg Onderwijs en Topsport; ou Coordination nationale de l’éducation et du sport). Ce sont des écoles qui disposent d’une licence spéciale pour guider les jeunes athlètes. Je suis vraiment content de pouvoir me concentrer uniquement sur le Motocross. Il est très difficile de s’entraîner avant, ou après l’école, et de se rendre sur des épreuves internationales comme de suivre des bootcamps tout en combinant ça avec des études. J’ai aussi décidé de m’engager à 100 % dans la moto pour devenir le meilleur pilote possible, car c’est une occasion qui ne se présentera qu’une fois dans une vie.

Tu es actuellement deuxième de l’ADAC 250, derrière Nico Greutmann. C’est un championnat qui regroupe beaucoup de pilotes internationaux, et tu y as pas mal roulé, en remportant notamment le titre de champion 85cc pour F&H Racing en 2020. Comment l’ADAC se compare-t-il avec l’Europe 250 ?

Il y a vraiment beaucoup de pilotes rapides en Allemagne. Des gars qui excellent sur des pistes old school typiquement hard pack. On y retrouve des pilotes qui ne sont pas très connus, et qui ne sont pas tout à fait au niveau de performer sur l’Europe 250. J’ai le sentiment d’être compétitif sur les deux championnats, mais c’est parfois un peu dur de voir qui me devance en Allemagne ! Mais je pense que c’est souvent dû à la nature de ces pistes. Certains terrains sont en dur et ne sont pas aussi techniques ou larges que ceux qu’on retrouve sur l’Europe 250 et du coup, il est plus difficile de se démarquer et de faire la différence. Malgré tout, cette saison, j’ai fait beaucoup de progrès sur les pistes hard pack.

Chez F&H Racing, tu as travaillé avec Marc de Reuver en tant qu’entraîneur. C’était comment ?

C’était très précieux de travailler avec Marc, parce qu’il a énormément d’expérience de la compétition au plus haut niveau. Il m’a appris beaucoup de petites choses, sur la moto et en dehors, qu’il a pu transmettre parce qu’il est passé par là avant moi. D’autres entraîneurs avant lui n’avaient pas la même expérience du plus haut niveau. Il est difficile de citer un exemple précis, mais le simple fait de côtoyer des pilotes d’élite a été une expérience formidable. Quand j’étais chez F&H Racing, des gars comme Roan Van De Moosdijk et Mathys Boisrame montaient régulièrement sur le podium en mondial MX2, alors c’était vraiment cool.

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Tu t’es beaucoup entraîné avec Van De Moosdijk, même après ton passage chez F&H.

Oui, c’est vraiment très utile de rouler avec quelqu’un comme lui. C’est aussi un bon ami, alors je suis heureux qu’il nous ait rejoints chez Kosak KTM. Cet hiver, je me suis beaucoup entraîné avec Glenn Coldenhoff et Kevin Strijbos. Il y a toujours de nouvelles choses à découvrir. Et tant que quelqu’un d’autre est plus rapide que toi, il y aura toujours quelque chose à apprendre ! En ce moment, je travaille avec Davy Pootjes qui a beaucoup d’expérience, il est passé par beaucoup de choses, alors c’est génial de l’avoir à mes côtés et de pouvoir lui expliquer ce qui marche, et ce qui ne marche pas pour moi.

Quels seront tes projets pour la saison 2025 ?

Je vais rester sur l’Europe 250. Comme je l’ai dit, j’ai déjà effectué quelques changements de catégorie prématurés par le passé. Cette année, j’ai montré que le top 5 était réaliste et je pense qu’il était également possible de chercher un top 5 final si je n’avais pas manqué des courses à cause d’une blessure. L’année prochaine, je veux me battre pour le titre de champion d’Europe 250, et progresser pour viser une transition sur le mondial MX2 en 2026.

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