France

Graine de champion – Enzo Herzogenrath

Illustration: @GSP Motorsport

Après Cayenne Danion, Rafael Mennillo, Tim Lopes & Lotte Van Drunen, c’est sur le jeune Enzo Herzogenrath que s’est jeté notre dévolu pour ce nouvel opus de la rubrique “Graine de champion”. Débarqué sur les compétitions nationales à l’âge de 9 ans, Enzo n’a pas mis bien longtemps avant de s’affirmer comme l’un des meilleurs pilotes 65 nationaux, décrochant même la qualification pour la finale de l’Europe 65 de Loket en 2022 au cours de sa seconde année de Minivert. En 2023, et à l’âge de seulement 11 ans, Enzo Herzogenrath fait déjà ses débuts sur le championnat de France Espoirs tout en évoluant en parallèle sur le Minivert Minimes suite à la réorganisation du championnat par la fédération à l’intersaison. Les jeunes d’aujourd’hui seront, un jour peut-être, nos grands champions de demain; zoom sur un espoir Français aux dents longues, aidé par la structure TMX Compétition.

“J’ai moi-même fait de la moto au niveau régional pendant près d’une vingtaine d’années” nous confie Loïc Herzogenrath, papa d’Enzo. “De mon côté, on n’était pas une famille issue de la moto initialement. Enzo est arrivé là-dedans en 2018 à l’âge de 7 ans. Il a fait sa première course en 50cc, puis deux trois courses de ligue et le trophée KTM. Il se faisait plaisir, il ne se débrouillait pas trop mal. On est passé en 65cc l’année suivante et la transition avait été un peu compliquée, on avait fait une première année en Minicross en Bourgogne Franche-Comté puis le Covid est arrivé en 2020, une année sans courses. Fin 2020, on a commencé à se rapprocher de Xavier Boog et Serge Guidetty car ils donnaient des stage pendant l’hiver, ce qu’on cherchait depuis déjà quelque temps pour faire progresser le petit. C’est de là qu’Enzo a franchi un vrai step, il est passé d’un garçon qui roulait dans le paquet à celui qui gagnait en ligue et on s’est attaqué à son premier championnat de France Minivert 65cc en 2021.”

Tel père, tels fils ! Keylan (G) et Enzo (D) @Rafphotographie

Avant même d’entrer dans le vif du sujet et d’attaquer sa première saison de championnat de France, Enzo Herzogenrath s’est retrouvé confronté à la dure réalité du sport en subissant une grosse blessure à l’entraînement. “Au mois de Mars 2021, Enzo a fait une mauvaise chute et s’est fracturé la rate.” nous explique Loïc. “Enzo a dû être héliporté, on a passé une semaine à l’hôpital et aujourd’hui, une partie de sa rate est dévitalisée; il n’a plus que 70% qui fonctionne. Ça ne lui pose pas de soucis dans la vie de tous les jours. Par rapport à son âge, il n’y avait pas d’obligation d’ablation. On a fait en sorte qu’il reste le plus sage possible le plus longtemps possible pour se remettre mais ce n’est jamais évident pour un enfant. Sur ce genre de blessure, on se pose des questions. Enzo n’avait que 10 ans à l’époque.”

“Le motocross reste un sport magnifique mais le gros point noir, c’est la blessure. On a tous eu des cas qui nous ont marqués, pour ne reprendre que l’exemple de Brian Moreau qui est un pilote qu’Enzo suit. Ça fait froid dans le dos, même pour nous en temps que parents, c’est très délicat de savoir quoi faire avec nos enfants. Est-ce qu’on laisse nos enfants dans ce sport alors que ce risque est présent ? On se remet beaucoup en question, on est responsable de ça. Si on dit oui à nos enfants, ils vont faire de leur mieux, rouler pour être devant mais on ne peut pas être certain qu’il ne se feront jamais mal. J’avais une appréhension quand Enzo s’est mis à faire de la moto, par rapport aux blessures. La première fois qu’il s’est fait mal, il s’est fracturé l’humérus sur une petite chute. On savait bien que ça allait arriver un jour ou l’autre mais l’année d’après, il s’est fait la rate et de là, on s’est demandé ce qu’on faisait pour la suite.”

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En dépit de cette blessure, qui le verra contraint de louper les deux premières épreuves du Minivert 2021, Enzo Herzogenrath réalisera une première saison qui dépassera les attentes en terminant 9ème du championnat tout en signant un podium d’épreuve lors de la finale disputée à Toucy. Du travail, de la persévérance, Enzo s’est rapidement affirmé comme l’un des animateurs du championnat en catégorie 65cc et ce, dès son premier mandat dans la catégorie.

“Je me fie toujours au travail accompli. Je suis partisan de la devise “le travail paye”. Le motocross est un sport très compliqué, on ne devient pas Tom Vialle du jour au lendemain. Il faut beaucoup d’heures sur la moto, un bon entourage. Quand Enzo est arrivé à Thorens Glières en 2021, il n’avait jamais fait de championnat de France, il ne connaissait pas la piste et il fait le cinquième temps aux chronos. Personne ne le connaissait, ne l’attendait. On se disait qu’un top 15 serait super car il y avait des petits comme Mennillo, Goyer, Lopes, Diss-Fenard. On a rapidement vu qu’on avait fait le bon choix en prenant la direction du Minivert. On a fait la ligue en parallèle pour qu’il soit champion de ligue – chose que moi je n’avais jamais réussi à faire. Il a décroché le titre, devant les 85cc. Enzo était au-dessus du lot et de là on a arrêté la ligue pour se focaliser sur le France et l’Europe, car je savais très bien que si on voulait faire quelque chose, ce n’était plus en ligue qu’il fallait évoluer.”

Le titre régional qui avait manqué de peu au papa sera finalement décroché par le fiston en 2021 @Rafphotographie

“Enzo termine la saison de Minivert 65cc avec un podium sur un terrain qu’il n’appréciait pas forcément. On repartait en 2022 pour viser le podium final mais la mise en route a été assez délicate, il a fait beaucoup de quatrième et cinquième places, il y a eu quelques faits de course et de la pression qu’il a eu du mal à gérer de temps en temps. Il a envie de bien faire et ça se ressent tout autant que ça le pénalise. Quand on est arrivé sur l’Europe, il y avait de nouveaux pilotes, et donc pas de hiérarchie particulière puisqu’on ne les connaissait pas. Enzo est du genre à se dire “il y a lui, et lui, et je ne vais pas pouvoir être devant eux”. Il ne faut pas qu’il commence à calculer combien de pilotes seront devant lui sinon il va se voiler la face et ne roulera jamais à son vrai niveau.”

Loïc et Priscilla, parents d’Enzo et Kelyan qui se lance à son tour sur le Minivert – en catégorie 50cc – doivent, comme de nombreux parents de jeunes pilotes, s’assurer du bon équilibre de leur progéniture tout en acceptant de faire une poignée de sacrifices afin de leur offrir les meilleures chances de réussites dans le sport. Un équilibre qui ne laisse que peu de place au hasard et demande un investissement de tous les instants.

“On s’investit corps âmes dans ce sport et je n’ai pas peur de le dire. On vit autour de la moto mais il y a encore pire que nous [rires]. On essaye de garder des activités annexes, une vie sociale, on sait qu’il n’y a pas que la moto et que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, à n’importe quel âge. On ne souhaite de blessures à personnes, mais on est conscient que ça fait partie des risques tous les week-ends et que ça pourrait s’arrêter rapidement. On garde en tête qu’il faudra un plan B à Enzo si le plan A ne marche pas, pour qu’il ait des capacités, des diplômes, pour pouvoir vivre et manger plus tard.”

“Il n’y a pas de recette miracle. Son petit frère commence la moto et une petite rivalité s’installe, c’est assez rigolo. Ils sont dans la rivalité alors que Keylan n’a que 7 ans. Enzo a envie de se surpasser pour ne pas laisser son frère le rattraper trop vite. La solution pour trouver le bon équilibre, je ne l’ai pas, et je pense qu’aucun parent ne l’à. L’important c’est de faire ce que le petit a envie de faire. Nous, on donne notre maximum en tant que parents pour lui apporter tout ce dont il a besoin, et aussi ce qu’on est capable de lui apporter. On n’est ni magicien, ni millionnaire. Je travaille, ma femme aussi, on a de la chance d’être à notre compte donc ça nous libère du temps mais sinon, il n’y a pas de recette miracle. L’important c’est qu’Enzo se fasse plaisir, qu’il fasse ce qu’il a envie de faire. Aujourd’hui, il suit un cursus scolaire standard, l’école reste une priorité; maman est très intransigeante là-dessus. Il y a le rappel à l’ordre si les devoirs ne sont pas faits. La moto c’est bien, mais on ne sait pas si un jour Enzo pourra en vivre donc il faut s’assurer qu’il puisse avoir une solution de repli à l’avenir si le motocross ne marche pas même si on est conscient qu’on est encore très loin de devoir se poser réellement ces questions.”

En 65, Enzo a vite trouvé ses marques aux avant-postes du Minivert @MX July

En 2022, la famille Herzogenrath s’est lancé à l’assaut de l’Europe 65 avec Enzo, qui n’avait alors qu’une saison de Minivert et demi dans les jambes. Une expérience réussie puisque le jeune pilote TMX s’est classé dans le top 10 de la zone sud-ouest, signant une belle quatrième place lors de la finale des poules à Oreva Vas, en Slovénie. Le garçon a décroché son ticket pour la finale de l’Europe 65 à Loket, face aux meilleurs pilotes Européens de la cylindrée.

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“Nous voilà donc parti sur l’Europe 65 en 2022 car c’était pour nous une belle expérience à vivre pour sa dernière année de 65cc. On voulait mettre toutes les choses en place pour le faire évoluer avec des courses où le niveau est relevé. On a fait l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Slovénie, la France et la finale de Loket. Le point positif, c’est qu’il a été sélectionné pour faire la coupe de l’avenir avec l’équipe de France en fin de saison et c’était vraiment top car pour lui, c’était une petite récompense. On avait envie qu’il parte faire la coupe du monde avec Mennillo et Morette en fin d’année mais il y a eu une restriction budgétaire au niveau de la fédération et ils n’ont pris que deux pilotes. Ça l’a pénalisé. Lors de la finale de l’Europe 65 de Loket, Enzo avait une belle vitesse mais il a loupé ses deux envolées, il est parti très loin. En première manche il a fait une bonne chute et s’est retrouvé coincé sous la moto. Au niveau des résultats, on n’a pas été en mesure de marquer les esprits à Loket et sa place pour la coupe du monde s’est envolée à ce moment-là.”

“La finale de l’Europe à Loket s’est disputé sur un terrain très particulier et dans des conditions qu’on n’avait jamais rencontrées en France comme sur l’Europe pour la simple et bonne raison qu’il y avait les pilotes du mondial. Ce n’était plus du tout la même préparation. C’est un terrain costaud, pas dangereux, mais il s’est très vite défoncé. Du côté de l’Italie, de la Slovénie, les terrains n’ont pas vraiment des préparations de folie, on s’en est rendu compte en allant sur les courses. Certains avaient roulé sur la piste en question quelques jours avant, si ce n’est la veille. Les pistes n’étaient pas vraiment préparées pour les épreuves de poules de l’Europe et elles ne présentaient pas de difficultés particulières par rapport à nos pistes Françaises. Un circuit marquant, c’est peu être Talavera de la Reina en Espagne, une piste impressionnante avec de très gros sauts; du costaud. Enzo m’a impressionné. À mon niveau de l’époque, je ne les aurais pas passés en 85cc et quand je les ai vu les envoyer en 65cc, j’ai compris que mon fils avait atteint un niveau que moi je n’avais jamais atteint. Là, tu prends conscience de l’évolution de ton petit, de ce qu’il est capable de faire, et c’est impressionnant. L’Europe était une très belle expérience, de belles rencontres, de nouvelles pistes, un encadrement auprès de la FFM au top. Ça a permis à Enzo d’évoluer sur la moto, sur de nouvelles pistes, de nouvelles textures.”

Enzo participait à la finale de l’Europe 65 en 2022, à Loket @Niek Kamper

Son évolution rapide, Enzo la doit à l’investissement familial et à l’encadrement de son père lors des entraînements depuis ses débuts. Très rapidement, la famille Herzogenrath s’est résolue à partir à la recherche de stages de perfectionnement pour permettre au garçon de progresser à sa juste valeur; difficile de garder la mainmise sur l’entraînement du fiston qui a rapidement montré des aptitudes un guidon entre les mains. 

“Sur le papier, je m’occupe de l’entraînement d’Enzo les mercredis. On est un peu isolé dans notre région. Pour aller bosser avec Xavier Boog, on doit faire 4 heures de route dans la journée et c’est trop compliqué. Il y a aussi le team-manager de TMX, Thibaut Mugnier, qui fait beaucoup de stages et avec qui on pourrait travailler mais c’est pareil en terme de distance. Le mercredi, je prends mes deux garçons en même temps et j’essaye de pallier les besoins de chacun, on essaye de ne pas trop se prendre la tête, on fait du roulage et de la mise en situation. Le but reste de prendre du plaisir. Le plus gros du boulot a été fait pendant l’hiver, avec tous les stages qu’on a pu faire, stages de zone, stages de ligue haut niveau, et ça nous a pris pas mal de temps et c’est là qu’on a vu une évolution.”

“Malgré tout, mi 2022, on sentait qu’Enzo était bloqué sur la 65cc. On ne sait pas l’expliquer, mais il n’arrivait pas à passer ce petit step qu’il lui manquait pour vraiment aller se battre pour la gagne. On se demandait s’il ne fallait pas passer plus tôt en 85cc mais on avait beaucoup investi donc on a continué. En juillet 2022, il a fait une pige en 85cc et ça s’était bien passé mais il s’était fait mal au genou avant la finale de l’Europe de Loket. Enzo n’aimait pas du tout devoir passer de la 65cc à la 85cc, il n’était pas capable de faire cette transition donc on a décidé d’aller jusqu’au bout de la saison sur la 65cc.”

Après deux ans de Minivert 65, place à la catégorie 85 en 2023 @MX July

Quatrième du championnat de France Minivert 65cc et 25ème de l’Europe, Enzo Herzogenrath a définitivement délaissé la 65cc au terme de la saison 2022. Du haut de ses 11 ans et en dépit de sa petite taille, le pilote soutenu par TMX compétition a rapidement trouvé ses marques en catégories Minivert Minimes, remportant sa toute première manche de championnat de France lors de l’ouverture de la saison à Saint Thibery. En parallèle, et dans le but d’engranger le plus d’expérience possible, Enzo fait ses débuts sur le championnat de France Espoirs, face à des garçons bien plus expérimentés que lui.

“C’est vrai qu’on s’en rend compte sur l’Espoirs. Enzo est mélangé avec des enfants qui ont 13, 14 voire même 15 ans. Physiquement, on voit qu’il est moins bien bâti que certains, ce n’est pas le plus grand mais Ryan Oppliger n’est pas bien grand et fait de superbes choses. La taille n’est pas vraiment un facteur pénalisant mais ça peut aider. Ce qui lui manque pour réussir ses week-ends sur le championnat de France Espoirs à cette heure, c’est de l’expérience de course. Les manches sont plus longues et les terrains sont défoncés. Lacapelle, Sommières, Romagné, on n’avait jamais vu de pistes comme ça, même sur l’Europe. C’est le point clef, il reste du travail, on a vu qu’il avait une bonne vitesse mais il manque un peu de technique et d’expérience de course. Quand on se retrouve face à un appel avec 15 ornières, il faut savoir s’adapter, prendre la bonne ornière, mais cette expérience il l’engrangera au fur et à mesure de la saison et ce sera plus simple pour lui dès l’année prochaine.”

Animateur des manches du Minivert 65cc pendant deux saisons, Enzo se retrouve dans la cour des grands du 85cc en championnat de France Espoirs. Habitué à rouler dans le groupe de tête ces dernières saisons, le voilà qui se bat désormais pour intégrer les points sur le championnat de France Espoirs; un passage toutefois obligatoire pour préparer les futures années.

“Il n’y a pas de grosse frustration pour Enzo sur ce championnat Espoirs. On est conscient qu’il peut mieux faire car il a une bonne vitesse. Il pourrait intégrer le wagon du top 15 assez largement. Il a vraiment bien progressé sur les départs au guidon de la 85cc, c’était ce qui le pénalisait en 65cc. C’est devenu un bon starter et c’est hyper important sur une course. Il lui manque encore un peu de cœur et d’engagement, il est encore un peu penaud par rapport à sa corpulence et à son expérience. Ce championnat reste l’Elite du 85 au niveau Français. Pour nous, il n’y a pas de pression sur ce championnat car la priorité reste le Minivert Minimes, sur lequel il peut rouler jusqu’en 2024 par rapport à la limite d’âge. L’Espoirs reste du bonus, pour emmagasiner de l’expérience et se battre avec les meilleurs, c’est comme ça qu’on devient plus fort. Il n’y a pas de carotte, ni d’objectifs sur le championnat de France Espoirs. S’il peut intégrer un top 10 d’ici la fin de saison néanmoins, on ne crachera pas dessus.”

Le garçon réalise ses débuts en championnat de France Espoirs cette saison @MX July

La priorité d’Enzo reste donc le championnat de France Minimes cette année. Suite à la réorganisation du Minivert à l’intersaison par la Fédération Française de Motocyclisme, Enzo évolue en catégorie Minimes, ayant été obliger de sauter la catégorie Benjamin compte tenu de son âge. Une fois encore, le garçon se retrouve à disputer des manches face à des pilotes souvent plus expérimentés, mais pour autant, ce dernier n’a pas loupé le coche lors de la première épreuve de la saison disputée à Saint-Thibéry.

“Enzo n’était pas vraiment dans le coup au niveau des chronos. Il rentre dans les 10 sur la grille mais il est bien sorti dans la première manche. Il part second, le premier chute, il prend la tête alors qu’il y avait du beau monde derrière: Dean Gregoire, Sleny Goyer, Arno Cazet. Sur le papier, ce sont des jeunes qui ont un an de plus, un an d’expérience de plus, et à cet âge-là ce n’est pas négligeable. Enzo a fait une course impressionnante, il a réussi à garder une bonne vitesse toute la manche tout en posant son pilotage. Il a remporté sa première victoire sur un championnat de France; c’était génial, il y avait beaucoup d’émotion. On espérait faire une bonne deuxième manche pour accrocher le podium mais malheureusement, il loupe le départ, revient 4ème avec un temps de retard sur le trio de tête et en essayant de pousser pour revenir il a chuté. Il se plaignait de beaucoup perdre l’avant et ça a fini au sol. Il termine sixième de la seconde manche, quatrième de la journée ex aequo avec le troisième. Un peu frustré mais c’est aussi par là que passe la prise d’expérience.”

Dotations, partenaires, nouvelles catégories. Le Minivert a subi une refonte complète en 2023 et la FFM a mis les petits plats dans les grands pour améliorer tant l’attractivité que la communication autour du championnat, tout en insistant sur la visibilité de nos des futurs champions de demain. Véritable vivier de talents, le Minivert a titré de jeunes espoirs qui se sont plus tard révélés faire partie des meilleurs pilotes du monde, pour ne citer qu’Arnaud Tonus (2001), Clément Desalle (2001), Christophe Pourcel (2002), Jordi Tixier (2003) ou encore Dylan Ferrandis (2007).

“C’est une bonne chose d’avoir intégré la catégorie 50 au Minivert, ça permet à des enfants plus petits de s’imprégner du championnat de France plutôt que d’arriver très tard en sortant de la ligue – comme Enzo – et de se prendre une valise sur le France. Le bémol qui ressort le plus, c’est le problème de l’âge par rapport à la catégorie Minimes et Benjamins. Certains enfants qui sortent du 65cc se retrouvent directement en Minimes en 85cc contre des jeunes qui ont déjà une saison dans les jambes dans la cylindrée. Enzo étant dans le coup, ça va, mais certains vont plus piocher. Cette limite d’âge à l’année des 12 ans n’était pas la meilleure idée. Pour moi, ceux qui sortent du 65cc devraient passer par une année chez les Benjamins pour apprendre de la catégorie, se battre entre eux, avant d’aller s’arsouiller avec des petits qui ont une saison de plus dans les jambes. Ça aurait aussi permis de remplir la catégorie car il faut savoir qu’ils n’étaient qu’une vingtaine à Saint-Thibery en Benjamins, contre un gros 70 en Minimes. De fait, beaucoup de petits sont rentrés chez eux car ne se sont pas qualifiés. Ce n’est pas la meilleure issue.”

“Maintenant, ce que la fédération a fait au niveau du Minivert, c’est top. Ils ont investi énormément autour de la communication, de la promotion, des partenariats, des dotations et c’est vraiment super. Ça fait toujours plaisir a un enfant de repartir avec quelques bricoles après une course. Tout le visuel et l’investissement autour du Minivert est intéressant cette année. Comme ils savent le dire depuis des années, tout passe par le Minivert au début. C’est le cas depuis des années, mais avant il n’y avait pas la même valorisation de ce championnat, c’est donc une très bonne chose d’avoir plus investi dans le Minivert.”

Les premiers points en Espoirs seront marqués à Romagné @Elite Motocross

Intégré à l’équipe TMX compétition pour la saison 2022, Enzo Herzogenrath a déjà tout d’un grand en ayant rejoint la structure managée par Thibaut Mugnier pour sa seconde saison de Minivert 65cc, mais également ses débuts sur l’Europe 65. En 2023, la confiance a été renouvelée et Enzo évolue toujours avec le soutien de la structure Française pour ses débuts en Minimes, comme en Espoirs. 

“Intégrer TMX Compétition, c’est un coup de pouce pour toute la partie visuelle, communication et infrastructure sur les courses du championnat de France Espoirs. Il y a aussi du matériel mis à disposition, et beaucoup de contacts aussi. Le team nous a trouvé un nouveau concessionnaire – Starter 71 – que je remercie beaucoup et qui nous aide énormément pour la première année d’Enzo. Il y a la notoriété du team, le contact avec les autres pilotes qui lui donnent des conseils comme Fonvieille, Piètres, Jamet, Malaval, c’est un gros plus pour Enzo. Appartenir à une structure, ça donne aussi un peu d’assurance à Enzo, il se rend compte qu’il mérite aussi d’être dans cette position là grâce au travail qu’il fournit, c’est une récompense pour lui. Être déjà intégré à une structure professionnelle c’est bon pour l’avenir, car ça lui inculque des valeurs, il apprend déjà ce qu’il faut faire, et ne pas faire. C’est un ensemble de choses pour aider un enfant de cet âge à se structurer.”

Finalement, et du haut de ses 11 ans, Enzo Herzogenrath est un garçon comme les autres, doté d’une certaine aisance pour essorer la poignée tout en voyant déjà, dans son rétroviseur, son petit frère Keylan marcher dans les traces fraîchement laissées par son aîné. Ecole, moto, famille, que jeunesse se fasse. Pour l’heure, la moto reste une passion et un plaisir pour la famille Herzogenrath, qui laisse à Enzo le choix de se tracer sa propre route dans le sport en lui fournissant les meilleurs outils pour, un jour peut-être, marquer le sport de son empreinte.

“Il ne faut pas forcer Enzo à faire des choses qu’il n’a pas envie de faire. Je ne le pousse pas car je ne veux pas que ça devienne une contrainte; s’il le fait à contrecœur, il risque de voir ça comme une obligation et ce sera mal perçu. Le schéma type d’une semaine pour Enzo, c’est les cours le lundi puis de la récupération le soir sur du vélo, ou à la piscine. Le mardi il termine les cours à 11h et va faire 1h de sport avec un coach à côté de son collège. Le mercredi, il fait entraînement moto. Le jeudi, un peu de récupération si Enzo a envie sinon, on le laisse tranquille. Le vendredi, généralement, on part pour le France ou c’est une journée à la cool si on part sur le Minivert pas loin. On essaye plutôt de tabler sur les longues sessions sur la moto pour que les automatismes s’encrent bien, et que le corps apprenne à mieux encaisser petit à petit. Enzo ne va pas faire 3h de sport intensif pendant la semaine, ça ne servirait à rien pour son âge, à part à stopper sa croissance.”

Enzo remportait sa première manche de championnat de France Minivert à Saint Thibery @GSP Motorsport

Aux parents encore indécis quant au fait de franchir le cap des compétitions, Loïc Herzogenrath conclura cet entretien avec un conseil basé sur son expérience personnelle avec Enzo, comme avec Keylan, petit dernier de la famille.

“On est conscients que certains parents n’ont pas la passion pour ce sport et n’ont pas l’envie de se sacrifier et de se priver pour le motocross. Mais si le gamin a envie et que les parents ont les ressources nécessaires, que ce soit en temps, en finances ou même mentalement, qu’ils se lancent. On sait que c’est beaucoup de sacrifices. Quand tu passes plus de temps l’hiver à te les geler sur un terrain qu’à faire des week-ends autour d’une raclette avec les amis tu en prends aussi un coup psychologiquement. On a de la chance car Enzo se classe bien, certains parents vont faire autant que nous voir plus et leur petit ne fera jamais de résultats. J’ai eu l’occasion de parler avec le papa de Jules Piètres qui me disait que ce qu’Enzo faisait, c’était déjà énorme. Lors de ses premières années, Jules ne se qualifiait même pas. Parfois, on a tendance à oublier ces choses là. Tous les petits ne seront pas des Tom Vialle et il faut en être conscient. L’essentiel, c’est que tout le monde prenne du plaisir à aller à l’entraînement, sur les courses. Ça permet aussi de passer du temps avec ses enfants. Pour ma part, j’ai la chance d’avoir deux garçons dans la moto et je les ai tous les deux à l’entraînement, tous les deux sur les courses, je suis toujours avec mes deux garçons et ça nous permet de créer des liens, de vivre des moments en famille assez uniques. Quand tu as un enfant qui fait du basket et l’autre du foot le dimanche, tu ne peux pas être aux deux endroits à la fois. On a la chance de passer beaucoup de moments en famille, des bons comme des mauvais, et ça reste un privilège même si ça inclut beaucoup de sacrifices.”

La famille Herzogenrath souhaite remercier Thibaut Mugnier et Sébastien Mercey, qui ont offert à Enzo l’opportunité d’intégrer la structure TMX Compétition en 2022.

Graine de champion – Enzo Herzogenrath

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