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Henry Jacobi “2020, c’était vraiment une année difficile”

Henry Jacobi “2020, c’était vraiment une année difficile”

Champion du monde 85 en 2010 devant un certain Tim Gajser, titré sur le Dutch Masters (250) et auteur de 9 podiums de manche sur le mondial MX2 en 2019, Henry Jacobi soufflait sa 23ème bougie au terme de sa meilleure saison sur la scène mondiale et prenait alors la direction du mondial MXGP en 2020, année qui voyait également Mitch Evans, Jorge Prado, Adam Sterry, Calvin Vlaanderen, Brent Van Doninck ou encore Michele Cervellin faire la transition en 450.

Pour son premier GP en catégorie reine à Matterley Basin, Henry Jacobi réalisait une excellente entrée en matière avec l’équipe SM Action MC Migliori Yamaha. Neuvième du weekend (10-9) devant Jorge Prado – et premier pilote non Factory en Angleterre – Henry Jacobi se mettait en confiance dès l’ouverture du championnat; malheureusement, la performance de Matterley sera rapidement entachée par une première blessure à Valkenswaard, puis oubliée par toutes les galères que rencontrera le pilote Allemand par la suite; tout avait pourtant si bien commencé.

“C’était vraiment un gros boost pour la confiance de débuter la saison de cette façon là l’an dernier à Matterley Basin, en plus en signant un holeshot, puis en terminant deux fois dans le top 10” nous confie Henry. “À partir de là, on se disait qu’on pouvait faire quelque chose de bien. Et puis tout a commencé à partir de travers à Valkenswaard avec une première blessure, puis il y a eu le Coronavirus, puis j’ai participé à une course pendant le break et je me suis fracturé un os du pied, ensuite je me suis déboîté l’épaule, j’ai subi deux traumatismes crâniens sur la saison, j’ai été blessé beaucoup de fois. Certes, c’était des petites blessures, mais j’ai perdu toute ma confiance sur la moto. 2020, c’était vraiment une année difficile mais heureusement, j’ai pu trouver un contrat pour la nouvelle saison.”

Huub Munsters Fotografie

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Blessé à une poignée de reprises lors de la saison 2020, Henry Jacobi a passé le plus clair de son temps à tenter de rattraper le retard accumulé par rapport à ses adversaires, tâche difficile avec la mise en place d’un nouveau format de course pour permettre au bon déroulement du championnat malgré les contraintes imposées par la crise sanitaire. En 2020 et après une longue période sans courses, les pilotes participent pour la première fois à des triples grands prix; trois courses disputées en l’espace d’une semaine, sur un seul et même circuit. Un format qui n’a pas laissé beaucoup de chance aux pilotes diminués physiquement, dont Henry Jacobi.

“Honnêtement, je pense que personne n’a aimé ce format; j’espère qu’on continuera sans y revenir car je ne l’ai vraiment pas apprécié. Les blessures étaient plus importantes pour les pilotes, on se donnait le dimanche, le mercredi et de nouveau le dimanche; après 3 épreuves, on roulait largement au-delà de nos limites. On a pu voir que le nombre de blessures a augmenté avec ce format et je suis vraiment content qu’il ne soit plus d’actualité pour cette saison, et j’espère qu’il ne reviendra pas.”

À l’intersaison 2019/2020, et après son meilleur mandat en mondial MX2 (5ème), Henry Jacobi rejoignait la structure Italienne SM Action MC Migliori Yamaha qui alignait alors son premier pilote en catégorie MXGP. Une saison de découverte tant pour le pilote que pour l’équipe en catégorie reine. Désormais, avec l’expérience de Jacky Martens et un coéquipier – Michele Cervellin – dans la catégorie en 2021, la seconde saison en 450 s’annonce bien différente pour Henry au sein de l’équipe JM Honda Racing.

“En 2020, j’étais le seul pilote 450 chez SM Action MC Migliori. Cette année 2021 sera bien différente. Jacky Martens sait comment régler une 450, il sait comment la moto doit réagir et il le prouve à chaque fois qu’on va à l’entraînement ensemble. J’ai vraiment hâte de débuter cette nouvelle saison. Cette intersaison, l’objectif principal était de faire des heures sur la moto, je reviens de blessure et il faut que je fasse des heures sur la moto. Je me sens bien, la moto marche fort et on s’adapte bien. Avec les mécaniciens & Jacky, on fait du bon travail, on est content et bien préparé pour la nouvelle saison. L’objectif est en effet d’être régulièrement dans le top 10, on verra comment ça se passera. Chaque weekend, je vais tout donner pour aller intégrer ce top 10.”

Avec JM Honda Racing, Henry Jacobi se prépare très activement pour mettre les déconvenues de 2020 derrière lui. Objectif, retrouver les places d’honneur en intégrant le top 10 du mondial MXGP et figurer parmi les têtes d’affiches; après une saison d’apprentissage dans la catégorie reine pour le moins compliquée, le pilote Allemand entends bien remettre les pendules à l’heure et faire tourner quelques têtes en 2021.

“Est-ce qu’on m’a rayé de la liste ? Je ne sais pas, honnêtement. C’est vrai que les gens te mettent rapidement de côté si tu connais une mauvaise course, une mauvaise saison ou quelque chose du genre. Je pense que les personnes qui connaissent vraiment le motocross connaissent mon nom et ne m’ont pas oublié; mais le problème, c’est que les gens qui ont leur mots à dire, les “big boss” n’entendent pas parler de toi, et ça, on ne peut rien y faire. Trouver un bon guidon pour la saison 2021, c’était vraiment difficile; difficile mentalement également. Heureusement, j’ai fait partie des “chanceux” en parvenant à décrocher un bon guidon dans une bonne équipe avec une bonne moto. C’est très difficile pour tout le monde en ce moment. Il y a de très bons pilotes qui doivent payer pour avoir un guidon, je suis vraiment content de ne pas avoir besoin de payer pour rouler. On a une bonne moto, et déjà de bons réglages pour la saison”

@shootyou.be

Alors que l’ouverture de la saison de mondial 2021 se voit désormais repoussée au mois de Juin, Henry Jacobi continue sa préparation “hivernale” sans se soucier des épreuves d’intersaisons; avec l’équipe JM Honda Racing, Henry Jacobi a décidé de faire l’impasse sur ces dernières, comme bon nombre d’acteurs du mondial; rien ne presse alors que la saison 2021 devrait s’étaler jusqu’en décembre prochain, période à laquelle les pilotes débutent habituellement un intense bootcamp d’intersaison.

“Cette année, la saison débutera vraiment tard et certaines courses de présaisons se disputaient en Février, comme par exemple l’international d’Italie. On a décidé de ne pas s’y rendre car c’est encore très loin des  premiers grands prix, on a encore beaucoup de temps et rouler là-bas, c’est encore trop tôt. Nous n’avons rien à prouver à qui que ce soit aussi tôt dans la saison, nous n’avons pas besoin de leur montrer ce qu’on a fait pendant l’intersaison, où l’on en est. On a encore du temps.”

@shootyou.be

Et si on laissait les rênes du mondial MXGP à Henry Jacobi, ce dernier commencerait par opérer des changements en concédant des primes de résultats aux pilotes parvenant à intégrer le top 20. À ce jour, le promoteur du mondial MXGP ne reverse toujours aucune prime aux acteurs du championnat; sujet tabou, sujet sensible. Malheureusement, la crise sanitaire n’a pas arrangé la situation économique du sport, déjà sur la corde raide.

“Si je pouvais changer une règle au sein de l’industrie, je ferais en sorte que les pilotes gagnent toujours de l’argent, qu’ils soient rémunérés pour chaque points marqués en championnat du monde. Je ferais également en sorte qu’il soit interdit de payer un team pour obtenir un guidon. Ça fait 2 vœux, mais un de ces deux là, ce serait déjà bien … Bien gagner sa vie en GP, je dirais que c’est possible, mais que c’est vraiment difficile. Il faut signer de bons résultats, avoir de bons sponsors; surtout de gros sponsors personnels, ce qui est vraiment difficile à obtenir, tout du moins en Allemagne de ce que je peux en dire. C’est difficile d’en vivre, mais on peut, on peut se faire de l’argent si on est bon, tout le monde le sait et tout le monde essaye. Les pilotes s’entraînent plus dur, roulent plus fort, plus vite, pour intégrer le top 10, c’est là qu’ils peuvent gagner de l’argent ou finir par décrocher des guidons d’usines, guidons qui leur feront gagner de l’argent.”

“Pour finir,  j’aimerais remercier tous mes sponsors privés, mes sponsors Allemands, Oakley, ADAC, Hessen Thuringen, ainsi que l’équipe et Jacky Martens, Honda. Cette année, on a une bonne équipe et je me dois de les remercier d’avoir confiance en moi; on verra ce qu’on pourra faire ensemble.”

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