Interviews

Jett Lawrence “aller chercher cette victoire n’a pas été simple”

Images: Align Media

Ils ne sont pas nombreux à pouvoir se vanter d’avoir battu Eli Tomac à Daytona. Jett vient d’ajoute son nom à cette courte liste en remportant la huitième épreuve de la saison devant le pilote Yamaha qui détient le record de victoire sur le tracé. Après un départ un poil chaotique en finale ce samedi, Jett s’est défait de Dylan Ferrandis, puis a déposé Chase Sexton et Eli Tomac en deux virages dans le 5ème tour pour s’emparer du leadership avant de creuser l’écart. Il signe sa troisième victoire de saison et aborde la seconde moitié de saison avec 10 points d’avance au championnat. Micro

Jett, une troisième victoire pour toi cette saison, et sur un tracé tout particulier. Ça te fait quoi, de gagner cette épreuve de Daytona ?

C’est vraiment génial, surtout de parvenir à gagner dès ma première tentative en 450. Le tracé était vraiment technique, et aller chercher cette victoire n’a pas été simple. Je suis super content, et surtout parce que c’était vraiment chaud au départ pour moi. J’avais encore la couverture qui enveloppait ma roue arrière alors que le panneau 5 secondes était levé, et mon mécanicien essayait de l’enlever jusqu’au dernier moment. Je me suis retourné juste avant que la grille ne tombe, mais heureusement, je n’ai pas pris un trop mauvais départ et j’ai réussi à rester calme. Je me suis rapidement remis dans ma course. Je suis super content du team, la moto a super bien marché même si le terrain était vraiment défoncé.

On t’a vu faire des erreurs ces derniers temps, qui t’ont coûté cher. Tu t’es fait une belle frayeur en finale ce samedi. Comment parviens tu à gérer ça ? D’un côté, tu dois attaquer mais de l’autre, tu dois rester sur tes roues.

Le plus important, c’est de rester concentré. Ces dernières semaines, j’ai fait des erreurs vraiment stupides sur des enchaînements très basiques qui ne représentaient aucune difficulté. Le genre de portion de piste que tu abordes sans réfléchir tellement c’est simple, et ça m’a vraiment pénalisé. C’est le truc le plus facile du monde à passer, et surtout en 450, alors je profite de ces portions pour me relâcher ou souffler un coup et finalement je fais une erreur et ça me coûte cher. Du coup, cette semaine, j’ai pu travailler sur la concentration à l’entraînement. Il faut aussi savoir accepter de perdre un peu de temps ici et là. Je suis encore jeune, je veux être parfait partout sur la piste et ne pas perdre le moindre dixième. Je veux toujours aller plus vite, ne jamais concéder du terrain aux mecs qui sont derrière moi ou devant moi donc j’attaque toujours un peu. Même si je ne suis pas trop dans le coup, j’attaque et parfois ça ne fonctionne pas. Cette fois-ci, je me suis dit que même si ce n’était pas parfait sur la piste, il fallait que je sache ralentir le rythme, et apprendre de mes erreurs. Elles m’ont coûté cher ces derniers temps.

Pssst ! l'article continue ci-dessous :)

Tu es le seul pilote – encore actif – à avoir battu Eli Tomac à Daytona ces 10 dernières années. Tu pensais à ce que ça représentait de battre Eli ici, quand tu t’es retrouvé face à lui sur la piste ?

J’étais surtout concentré sur ma course, j’essayais de survivre dans les enchaînements. J’étais vraiment concentré sur mes trajectoires et sur ce que je faisais. Dans ces conditions, on n’essaye pas vraiment de se dire qu’on va doubler le mec de devant ici ou là. Je me disais que j’allais simplement prendre mes traces, et que si j’arrivais à être assez proche, je pourrais à la rigueur tenter de doubler dans un enchaînement, même si je me retrouvais souvent à devoir suivre le gars en question dans beaucoup de portions. Je ne pensais pas vraiment à doubler Eli ou même Chase, j’étais concentré sur ma course, mes trajectoires, je voulais me rapprocher le plus possible pour tenter de les faire partir à la faute ou saisir ma chance si jamais j’arrivais à prendre un enchaînement un peu plus vite, à rentrer plus fort dans les whoops. Je n’avais pas vraiment de plan d’attaque, je ne me disais pas “je vais le doubler là”. L’idée, c’était de me rapprocher, et de voir où un dépassement pouvait se faire, si ça pouvait se faire.

Tu as choisi de faire le tour de reconnaissance. Chase – par exemple – a choisi de faire l’impasse. Pourquoi ce choix ?

En y repensant maintenant, je me dis que j’aurais dû faire comme Chase, et ne pas faire le tour de reconnaissance. Comme ça, je n’aurais pas eu ce problème avec ma roue arrière. Le truc, c’est que je me suis dit que ça allait être un gros avantage de pouvoir jeter un œil à la piste avant la finale, que ça allait me donner une bonne idée de la façon dont la piste allait se détériorer. Je fais toujours le tour de reconnaissance, je déteste partir pour une manche à l’aveugle. Chase est vraiment courageux de faire ça, parce que j’en serai incapable. Quoi qu’il en soit, j’étais prêt à partir juste à temps, et j’ai plutôt pris un bon départ car ça ne m’a pas trop gêné, pas plus que ça en fait. Dans ma tête, je me disais que si on n’arrivait pas à l’enlever à temps pour le départ, on verrait jusqu’où je serai en mesure de revenir. Finalement, le team a pu enlever la bâche juste avant le départ, à la toute dernière seconde, avant que la grille ne tombe. Je n’étais même pas correctement assis sur la moto et mon poids s’est complètement déporté sur l’arrière à l’accélération, mais j’ai de la chance d’avoir une moto vraiment puissante et dès qu’on a quitté la grille en métal, la moto a vraiment bien tracté. Le team a vraiment bien géré cette situation qui était pourtant pas mal stressante pour eux.

Ça fait déjà quelques années que tu travailles avec ton mécanicien. Ce genre de situation, ça t’aide à renforcer ta relation avec lui, la confiance que tu lui apportes, et inversement ?

Ça renforce toujours, mais honnêtement, au fond de moi, je savais qu’on allait pouvoir prendre le départ à temps. Parfois, je me dis qu’il fait ça juste pour me faire chier, pour m’endurcir mentalement [rires]. J’ai vraiment un bon mécanicien [ndlr: Christien Ducharme] et ce genre d’incident n’affectera pas nos relations, ça les renforcera, bien au contraire. Au fur et à mesure des années, on est devenu beaucoup plus proches et Christien, c’est la famille maintenant, comme le reste de l’équipe.

Malheureusement, ton frère Hunter a dû abandonner. Est-ce que tu t’en es rendu compte, et est-ce qu’avoir ton frère en piste est parfois synonyme de distraction ?

Je l’ai vu arrêté sur la ligne de départ après quelques tours, il attendait de pouvoir quitter la piste. L’histoire se répète sans arrêt. Quand Hunter connaît une mauvaise soirée ou se fait mal, je gagne. Quand il roule bien, je fais des erreurs. Parfois, je me dis même que ça m’aide quand il rencontre des pépins car je me dis que c’est de ma responsabilité de mener la barque pour la famille. Hunter a fait énormément pour moi et pour ma famille par le passé donc ça me motive encore plus à essayer de gagner, pour lui, pour ma famille. Je ne sais pas trop ce qu’il a, mais Lars Lindstrom m’a fait un signe pour me dire qu’il allait bien donc je suis rassuré.

Jett Lawrence “aller chercher cette victoire n’a pas été simple”
Retour