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Mathis Valin “Valentin m’a énormément apporté”

Illustration: Manu Fortineau

Ils seront une poignée de Français sur le championnat d’Europe 125 cette saison et parmi eux, Mathis Valin. Le pilote 737 Performance GasGas OxMoto domine actuellement le début de championnat de France Junior, et affiche de belles ambitions pour son son premier mandat Européen complet. Le pilote Vendée sera-t-il le premier Français depuis Thibault Benistant (2018) à décrocher la couronne Européenne dans la catégorie ? Pas impossible vu les aptitudes montrées par le garçon lors de son année de découverte en 2022. Avant d’aller disputer la troisième épreuve du championnat de France à Romagné, Mathis a pris le temps de répondre à quelques questions. Micro.

Mathis. J’aimerais faire un retour sur la saison d’Europe 125 l’an dernier, une première pour toi. Tu n’as pas participé à toutes les épreuves alors que tu faisais de belles perf’, pourquoi ?

C’était ma première année de 125 mais je me suis blessé pendant ma préparation et je n’ai pas du tout roulé de l’hiver. Du coup, on a préféré se concentrer sur le championnat de France tout en participant à quelques épreuves de l’Europe. Par exemple, on a préféré faire la course de la Rookies Cup à mon club que de partir sur l’Europe le même week-end. C’était une année d’apprentissage pour moi, j’avais fait quelques bonnes performances et ça nous suffisait.

Tu as signé une poignée de top 10, c’était assez prometteur pour une toute première saison. Tu t’attendais à être déjà en mesure de jouer le top 5 sur l’EMX ?

Au début de l’année, je n’avais pas trop confiance en moi et je ne me voyais pas rouler aussi bien en 125. À force de faire top 10, puis top 8, j’ai pris de la confiance et de là je me suis rendu compte que j’avais une bonne vitesse, et que je pouvais aller chercher des bonnes places sur l’Europe. J’étais un peu irrégulier tout de même mais on a travaillé là-dessus.

Après une saison de découverte dans la catégorie, tu as eu des débuts de réponse pour préparer la suite et 2023. À quoi elle a ressemblé ton intersaison concrètement ?

On a bossé sur tous les points techniques qu’il fallait, comme la régularité, les entrées de virages aussi. On a fait un peu de tout, c’était complet. La moto, la technique, le physique. On sait très bien que pour gagner le championnat d’Europe, tout ne se joue pas sur une course, il faudra être présent à chaque fois et être très régulier.

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Mathis Valin, fer de lance de la délégation Française en 125 @DR

Comment on se prépare pour Lommel ou Kegums en vivant en Vendée ?

Ce qui est bien, c’est que je n’ai pas besoin de pratiquer beaucoup le sable pour être bon dedans. J’adore ça et je roule déjà bien dans le sable, c’est même là que j’ai fait mes meilleures performances l’an dernier sur l’Europe. Après, on a un terrain privé à deux heures de chez nous, c’est du sable et c’est là qu’on va s’entraîner. Sinon, on peut aller à Magescq, mais c’est plus rare.

Tu as roulé à Lommel l’an dernier. C’était aussi difficile que ce à quoi tu t’attendais ?

Avant de rouler à Lommel l’an dernier, je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Oui, c’est du sable, mais ça se défonce vraiment énormément. Lors de la première manche du samedi soir après tout le monde, le terrain était vraiment déglingué, c’était pareil à Kegums. Les pistes de sable en GP, c’est vraiment quelque chose.

Question que j’ai posée à Bogdan dernièrement. Les terrains qu’on retrouve sur l’Elite, ce sont des terrains qui – selon toi – vous préparent pour le niveau Européen ?

Ce sont des terrains qui préparent, oui, le seul problème que j’ai avec ça, c’est que notre catégorie Junior roule sur deux jours. Les clubs ont tendance à ne pas préparer la piste le samedi, c’est souvent sec, sans ornières. Où on le voit beaucoup, c’est à Castelnau même si cette année c’était différent vu les conditions climatiques. En général, le samedi c’est tout sec, glissant, sans traces et le dimanche, le terrain est détruit.

Le dimanche, pour les catégories Elite les terrains sont préparés et là c’est presque pareil que l’Europe: de grosses ornières, de gros trous, des terrains toujours arrosés. La différence c’est qu’il y a quand même plus de très bons pilotes sur l’Europe donc les traces ne sont pas les mêmes, ça se défonce différemment, il y a aussi plus de catégories. Le France, ça prépare quand même très bien.

Mathis Valin intégrait le top 5 d’épreuve dès sa première saison d’Europe 125, à Ernée @DR

J’aimerais revenir sur cette dernière saison en 85. Beaucoup se sont demandé pourquoi tu n’avais pas fait la transition à la 125 car tu étais déjà très grand. Finalement, j’ai l’impression que ça t’a été bénéfique car même si tu as dominé le championnat, tu as pu apprendre de la gestion de course en étant en tête, de la gestion de l’effort, quelque chose que tu n’aurais peut-être pas eu l’occasion d’expérimenter autant si tu étais monté en 125 et avais fait une première année dans le paquet.

En fait, lors des années précédentes, j’avais enchaîné les blessures. J’ai rarement fini une saison. Le fait de repartir en 85, de reprendre confiance, de rouler devant, c’était mieux pour moi. On en avait beaucoup discuté avec Valentin, on me sentait un peu juste pour le 125 mais le souci, c’est qu’en plein milieu de l’hiver j’ai énormément grandi et c’est vrai que j’étais très grand sur la 85 pendant cette saison-là. Je pense que ça nous a quand même bien servi car dès ma première année en 125, j’étais dans le groupe de devant.

Tu fais partie des meilleurs pilotes, sinon le meilleur 125 en France. Histoire qu’on ait une idée, ça ressemble à quoi le quotidien de Mathis Valin ?

Ecoutes, à pas grand-chose de particulier. Du sport tous les jours, de la moto, je suis presque tout le temps avec Valentin. Mon quotidien est comme celui de tout le monde. Je suis toujours un CAP maintenance de véhicules même si en ce moment, j’y vais un peu moins car il y a l’Europe qui arrive. Je passe tout de même mes examens. J’ai des horaires aménagés. Je suis en cours le lundi toute la journée après le France, le mardi j’y suis le matin et je roule l’aprèm, pareil le mercredi et le jeudi j’y suis toute la journée. Le vendredi, je pars aux courses. Je loupe de temps en temps des après-midi pour faire du sport, ou des trucs comme ça.

L’an dernier tu apprenais du 125, on dit souvent une année pour apprendre une année pour performer. Abordes-tu cette saison 2023 avec un peu plus de pression sur tes épaules ?

C’est sûr que je vais en avoir un peu plus même si les gens ne m’attendent pas forcément beaucoup car on ne me connaît pas vraiment sur l’Europe. L’an dernier, c’était mes premières courses, j’y allais sans pression et sans objectifs. Là, il y aura un peu plus de pression car je sais que je peux rouler devant et j’ai des objectifs de titre.

Mathis Valin a décroché son premier titre national en Supercross en 2022 @Manu Fortineau

Tu es devenu champion de Supercross en 125 l’an dernier, on refait le SX cette année ?

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Cette année, je vais probablement faire le Supercross qui est juste à côté de chez moi, à savoir Saint Georges de Montaigu. Sinon, je ne ferais pas le championnat de France de Supercross car on a quand même le Junior, l’Europe, et si je suis devant à l’Europe on ne veut pas s’éparpiller sur un troisième championnat et prendre des risques.Ça ferait beaucoup et le SX, c’est quand même bien différent du MX.

Quand tu roulais sur l’Espoir, tu avais fait une pige en MX2 car tu avais déjà décroché le titre avant la finale. Tu envisages de faire pareil cette année si le schéma se reproduit ?

C’est drôle car j’en ai parlé avec Valentin cette semaine. On ne sait pas encore, on doit réfléchir. J’ai roulé avec la 250 2 temps cet hiver, j’ai aussi roulé à Sommières sur cette moto et c’était vraiment top. On va voir ça, on ne sait pas encore pour l’heure.

Ce sera ta deuxième et dernière saison sur l’Europe 125 car tu n’auras plus l’âge l’an prochain. Est-ce qu’on sait ce qu’on fait en 2024, on continue avec Valentin ?

Ce sera l’Europe 250. Après je ne sais pas encore comment ni avec qui, car j’arrive en fin de contrat avec 737 Performance GasGas en fin d’année et je ne sais pas encore si Valentin me reconduira l’an prochain. Tout dépendra aussi des propositions que je pourrais éventuellement avoir pour la suite si je roule bien sur l’Europe.

Tu collabores avec Valentin Teillet depuis quelques saisons déjà. Objectivement, penses-tu que tu en serais à ce stade aujourd’hui sans Valentin ?

Franchement, s’il n’avait pas été là, je ne pense pas que je serais aussi fort aujourd’hui. Il m’a beaucoup apporté. Il m’a fait découvrir ce que c’était que faire du sport. Il était très bon techniquement et j’ai une bonne technique grâce à lui aujourd’hui. J’ai tout développé avec lui, il m’a tout fait découvrir, Valentin m’a énormément apporté. Il a fait des années de GP, il connaît bien le milieu et il ne veut pas que je reproduise les erreurs que lui a pu faire quand il était plus jeune.

Pris sous la coupe de Valentin Teillet ces dernières années, Mathis Valin n’a cessé de progresser à chaque saison @Manu Fortineau

Tu es en train de dominer le début de saison Junior, mais j’imagine que tu ne te reposes pas sur tes lauriers pour autant.

Non, je ne me repose pas sur mes lauriers. Même si je gagne avec pas mal de secondes d’avance en France et que je réalise le début de saison parfait, je sais très bien que mes concurrents de l’Europe seront nombreux à rouler comme moi, et même à rouler plus vite que moi. Je ne sais pas du tout, je n’ai pas grand-chose pour me jauger par rapport à eux. C’est pourquoi je ne me repose pas sur mes lauriers car je peux très bien être surpris dès la première épreuve. Avec Valentin, on se dit que si je repars de Suisse avec un top 5 ça ira, on sait que le championnat ne se jouera pas dès la première épreuve, si je fais top 5, ou un podium, ce sera déjà pas mal.

Quel est le conseil le plus important qu’on t’ait donné pour progresser en moto ?

Partir devant [rires], ça change toute la course. À l’Europe, quand tu pars loin, c’est dur de remonter. On l’a bien vu l’année dernière.

On parle souvent de la préparation physique, de la préparation sur la moto. On fait de la préparation mentale ?

Oui, j’ai un coach mental. Je l’ai découvert l’année dernière car après ma blessure, j’avais du mal en début de saison, un peu moins de confiance en moi, c’était un peu compliqué. Depuis, on a beaucoup travaillé avec lui et Valentin, on fait des séances tous ensemble et mon préparateur mental m’a aussi beaucoup apporté.

C’est quoi l’objectif sur le long terme, pour toi ? Il se voit à faire quoi, Mathis Valin plus tard ?

Aujourd’hui, Mathis Valin, il rêve d’avoir un contrat aux USA et de faire le Supercross et l’outdoor US. Si j’ai une opportunité, j’y vais ! Je ferais la chronologie normale, Europe, Mondial, et si j’ai la chance d’avoir un contrat pour les USA, je partirais sans même réfléchir.

J’en conclus que le mondial ne te fait pas rêver ?

Plus je grandis et plus je me rends compte de certaines choses. Je réfléchis à la suite de ma vie. Il n’y a pas de primes en mondial, il y a des primes aux US. La médiatisation et la visibilité aux US et en mondial n’est pas du tout la même non plus. Il y a aussi deux disciplines différentes aux USA, le SX et le MX. J’adore faire du Supercross, je me régale dans la discipline donc j’aimerais vraiment pouvoir avoir ma chance.

Ton jeune coéquipier Tim Lopes était parti faire les Mini O’s l’an dernier. Tu ne pourrais pas tenter l’aventure aussi en 2023 avec Valentin ?

Et bien normalement, c’est prévu cette année qu’on parte avec Tim Lopes faire les Mini O’s !

Mathis Valin “Valentin m’a énormément apporté”
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