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Adam Bailey “Il y a des millions de gens qui rêvent de voir ces pilotes rouler”

Images: WSX

Pour l’équipe SX Global, les dix derniers mois n’ont pas été de tout repos. Le promoteur du nouveau championnat du monde de Supercross n’a eu que très peu de temps pour monter de toute pièce un championnat de rang mondial, de A à Z. Les rounds de Cardiff & Melbourne sont au calendrier de cette saison 2022, dite saison “pilote”, qui fera finalement office de tests grandeur nature avant de se lancer à travers le monde en 2023. Malgré les nombreux challenges à relever et le timing serré, l’épreuve d’ouverture de Cardiff aura été une réussite à tous niveaux mais Adam Bailey – Managing Director chez SX Global – n’en reste pas moins conscient que des améliorations vont devoir être apportées au fur et à mesure des épreuves pour être en mesure de proposer, dès l’an prochain, un championnat du monde de Supercross digne de ce nom. Micro.

Adam, c’est incroyable de voir ce que vous avez mis en place en si peu de temps. Concrètement, combien de temps avez-vous eu entre le moment où vous avez été désigné promoteur, et aujourd’hui ?

Ridiculement très peu de temps. On a signé l’accord avec la FIM Noël dernier pour s’occuper de ce championnat et de là, on a dû mettre en place une société au complet. J’ai moi-même déménagé du Victoria pour m’installer sur la Gold Coast et on s’est penché sur la planification de ce championnat. On a une équipe passionnée et déterminée alors je suis très heureux, et fier d’être ici à Cardiff ce week-end.

Venir ici c’était déjà un gros step mais je sais que ce n’est que le début et que vous avez une vision bien plus importante pour le futur de ce championnat d’ici les prochaines années. Est-ce que tu peux nous en dire plus à ce sujet ?

Je dirais qu’on a une vision globale de ce sport. On est persuadé que ces athlètes et ces équipes devraient être représentées dans le monde entier et notre vision, c’est d’élever le sport à travers le monde et le présenter à des gens qui n’auraient jamais pu avoir l’opportunité de voir du Supercross sans ce championnat. Le fait qu’on soit à Cardiff ce week-end le prouve; on attend 35.000 à 40.000 personnes ce week-end, des personnes qui n’auraient probablement jamais pu voir ces athlètes rouler devant eux si on ne les amenaient pas jusqu’ici. Il y a des millions de gens dans cette situation à travers le monde, qui rêvent de voir ces pilotes rouler de leurs propres yeux et nous ce qu’on veut, c’est pouvoir faire de ce rêve une réalité.

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Après des mois et des mois de préparation, qu’est-ce que ça te fait d’être ici, à Cardiff ?

C’est incroyable, c’est très excitant de savoir qu’on a un stadium rempli ce week-end, qu’on a tous ces pilotes talentueux et on est très fiers de ça et de notre équipe. Le moment fort, c’est de voir les fans, leurs réactions, on sait qu’ils vont aimer car on sait que le show sera incroyable, on croit en notre équipe, en nos facultés à gérer ça en présence des meilleurs pilotes du monde.

Quand peut-on s’attendre à avoir le calendrier 2023 ? Et est-ce qu’on peut s’attendre à un round aux USA ?

C’est une bonne question. Nous devons publier le calendrier au grand public en Novembre. Il y a beaucoup de possibilités, les USA c’est effectivement sur notre radar car c’est le cœur du Supercross, c’est là-bas que c’est né et c’est là-bas que la fanbase est la plus importante. Ce serait passer à côté quelque chose que d’ignorer ça. Mais si on va aux USA, on va devoir faire ça correctement et c’est la première priorité, peu importe l’endroit où on ira. Si on ne peut pas faire quelque chose d’incroyable, alors on ne le fera pas. Il y a également beaucoup de pays qui travaillent actuellement pour pouvoir accueillir une épreuve, je peux l’assurer.

[NDLR: Selon nos sources, on parlerait d’un minimum de 10 épreuves en 2023 avec un stop en France, en Scandinavie, en Grande Bretagne, aux USA, au Mexique, en Australie et en Indonésie, pour l’heure.]

Comment s’est déroulée la sélection des équipes et combien d’équipes ont envoyé leur candidature pour ce World SX ?

Honnêtement, c’était une difficulté pour nous car on a eu beaucoup plus de demandes que ce à quoi on s’attendait. On a eu environ 50 demandes d’équipes et nous sommes fiers de ce que nous avons achevé car les 10 teams présents cette saison sont au moins aussi passionnés que nous par ce championnat et par son succès. Elles pensent que ce sport devrait être mondial et c’était important pour nous, de partager cette aventure avec des gens qui étaient dans le même train que nous, des gens qui avaient la même passion que nous pour que ce championnat devienne global. Il fallait aussi des gens qui avaient les équipements et les connaissances nécessaires pour pouvoir aider les meilleurs pilotes du monde. Je pense qu’on a décroché les meilleures équipes et oui, elles seront également présentes avec nous l’an prochain.

Ces dernières semaines vous avez annoncé beaucoup de choses. Quand on lis les critiques des gens en ligne – qui disent qu’ils s’attendaient plus à ci, où a ça – on se dit ça devait être très important pour vous de vous entourer de personnes qui avaient déjà de l’expérience dans le milieu plutôt que de partir de zéro.

Il faut écouter les retours des fans, mais il faut aussi rester fidèle à notre vision, et notre vision est très claire. On sait où on veut aller, on sait où on aimerait être d’ici 3 à 5 ans. On va écouter tous les retours, toutes les critiques, on est vraiment ouverts à ce sujet. Ça a été un véritable challenge de lancer tout ce projet en un aussi court laps de temps. On a lancé cette épreuve deux jours après avoir finalisé les derniers détails et en temps normal, c’est bouclé des mois et des mois à l’avance. On était sur place avec la moitié des effectifs qu’on aurait eu en temps normal. Bien sûr, on réalise que tout a été fait très vite, les teams et les pilotes le réalisent aussi; ils ont dû se préparer rapidement pour être prêts pour ce week-end et nous apprécions vraiment les efforts qu’ils ont fait pour l’être. On a une vision très claire comme je l’ai dit, on va devoir apprendre au fur et à mesure et voir comment évoluer dans le futur.

Vous avez beaucoup investi dans ce championnat en terme de retransmission TV. Vous deviez avoir hâte que les fans puissent enfin voir ce WSX depuis chez eux.

Tout ce qu’on fait depuis le début, c’est pour mettre en avant le sport et montrer le talent de ces pilotes de la meilleure façon possible, on a retourné toutes les pierres qu’il fallait pour s’en assurer. On s’est entouré d’un des meilleurs directeurs TV qu’il soit pour la retransmission du World Supercross avec Nathan Prendergast et il n’y a pas meilleure personne que lui pour faire ça. On est allé le voir et on lui a demandé comment on allait faire, et avec son équipe ils ont trouvé les solutions pour la retransmission, les caméras embarquées en direct, pour mettre en place certaines innovations techniques qu’on va tester cette année car c’est aussi la raison de ces deux rounds cette saison, pouvoir faire des tests et voir ce qu’on va devoir améliorer pour la saison prochaine au niveau de la retransmission. On a vraiment hâte de pouvoir montrer le sport sous son meilleur angle possible.

Le format est très différent de ce qu’on retrouve aux USA. Est-ce vous allez prendre en compte les avis des pilotes tels Chad, Ken & Eli à propos du format où comptez vous de toute façon garder le même format pour les saisons prochaines ?

Il faudra leur demander s’ils aiment ou non. Je m’attends à ce que ce format soit un défi à relever, c’est ce que les fans veulent voir, les pilotes mis au test et surtout, le meilleur divertissement possible. Evidemment, s’il y a des choses qui ne fonctionnent pas car les pilotes n’ont pas assez de temps par exemple, on considérera des changements mais pour nous ce format était important car on pense vraiment que des finales courtes permettent des courses imprévisibles, plus intenses, plus excitantes pour les fans. Tout ce qu’on a mis en place, c’était pour ces raisons. On prendra les avis des pilotes par la suite et on avisera.

En lisant certains avis en ligne, on a l’impression que les gens ne réalisent pas d’où tu viens et ce que tu as fait pour arriver jusqu’ici. Il y a quelques personnes qui pensent que le WSX, c’est une poignée de personnes qui veulent juste se faire beaucoup d’argent.

Je suis un grand fan de Supercross moi-même. À 10 ans, j’ai vu un Supercross dans un petit stadium à Melbourne et je suis tombé amoureux de ce sport, c’est ce qui m’a donné envie de devenir pilote puis ensuite m’investir là-dedans, comme la majorité des gens présents ici. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire de ma carrière professionnelle, je savais juste que je voulais m’investir dans ce sport. J’ai commencé par organiser des courses pour les petits, des courses de pitbike, des Supercross et j’ai fait un peu de tout, conduit les camions, commenté les courses, j’ai fait tous les jobs pourris qu’on puisse imaginer et en étant dans cette position aujourd’hui, je me sens vraiment privilégié, je me suis fait mon petit bonhomme de chemin dans l’industrie et je n’aurais pas pu y arriver sans travailler avec des personnes incroyables qui m’ont aidé à faire de ces rêves une réalité.

Quand Tony Cochran, qui a connu une carrière incroyable en Supercar en Australie, est arrivé dans l’aventure alors qu’on venait d’organiser l’AUSX Open en 2017, on a vraiment commencé à se dire que le Supercross devait trouver sa place à l’international, qu’il devrait y avoir un championnat international hors des USA. Il y avait nos SX Australiens, le SX de Paris et d’autres en Europe mais aucun n’étaient reliés entre eux. On voulait vraiment créer quelque chose mais à l’époque, on ne pouvait prétendre aux droits de ce championnat auprès de la FIM. Dans un sens, le Covid a été une opportunité pour nous car après ça, les droits du championnat auprès de la FIM étaient à prendre, c’était une opportunité incroyable car c’était le moyen pour nous de créer ce qu’on voulait créer, un championnat de Supercross mondial.

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