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Anthony Bourdon “Je me suis bien entraîné physiquement, sur la moto, et ça paye”


Deux années de suite, Anthony Bourdon réalise de grosses performances sur le Supercross de Paris. En lice pour la couronne de Prince of Paris ce week-end, le pilote Bud Racing Kawasaki s’incline finalement face à l’officiel Red Bull KTM Tom Vialle. Pas déçu pour autant, Anthony s’apprête désormais à poursuivre son bonhomme de chemin sur le World Supercross et le SX Tour, avant de reprendre la direction des USA en 2025, pour un nouveau mandat en SX US. Micro.

Anthony. Tu termines second du Supercross de Paris en catégorie Inter SX2 cette année. Ce n’est pas passé loin, tu étais encore en tête du classement avant la dernière finale. J’imagine qu’il y a un peu de déception du fait de ne pas être Prince of Paris, mais c’est un super week-end tout de même pour toi.

Un sacré week-end, clairement. De la déception, oui et non. Je pense que ma place ce week-end en termes de vitesse, c’était derrière Tom Vialle et Jo Shimoda. Je me suis retrouvé en tête avant la dernière manche, c’est sûr que j’aurais aimé aller chercher la première place du général, mais Tom mérite sa place. On a vu que ce n’était pas le même Tom que la saison passée à Paris; il a progressé, il avait un bon rythme, il passait bien dans les whoops. Félicitations à lui. Je me suis retrouvé avec le même nombre de points que Jo et Tom parce qu’ils ont fait des erreurs ce week-end. Ma force, c’est que j’ai su être régulier ce week-end.

Deux ans de suite que tu nous fais des gros Supercross de Paris; ça a l’air de bien te réussir. C’est dû à quoi ?

Je ne sais pas. C’est vrai que ça fait deux années de suite que je fais un beau Supercross de Paris, mais j’ai aussi connu des mauvaises performances ici par le passé. C’est quand même cool, j’espère que ça va continuer comme ça. C’est aussi le travail qui paye à un moment donné. Je me suis bien entraîné, je pense. J’ai passé un mois et demi avec David Vuillemin aux US. Je me suis bien entraîné physiquement, sur la moto, et ça paye. Je pense que c’est aussi pour ça que je suis sur le podium ce week-end. Je remercie d’ailleurs David pour tout le temps qu’il a passé avec moi dernièrement.

L’an dernier, tu signais avec BarX Suzuki après ta belle performance du Supercross de Paris. Est-ce qu’on peut revenir sur le temps de préparation que tu as eu avec ce team avant de t’engager sur la côte Ouest. Je crois que les gens n’ont pas vraiment conscience du fait que tu t’es aligné derrière la grille d’Anaheim 1 avec une préparation vraiment limitée sur cette RM-Z.

C’est vrai, mais on va dire que j’étais quand même prêt car en France, on a pas mal de courses avec le SX Tour, le Supercross de Paris. Avant d’arriver aux US, j’avais enchaîné quelques courses, mais c’est vrai que je suis arrivé aux USA vachement tard, et que j’ai débuté ma préparation sur place vachement tard par rapport aux américains qui roulaient depuis 3 mois sur les pistes Américaines. Je suis arrivé sur les terrains Américains deux / 3 semaines avant Anaheim 1 et j’avais du mal à sauter les enchaînements alors que les autres roulaient déjà sur les terrains depuis plusieurs mois. C’était un peu compliqué au début, mais je me suis vite adapté. Les premières courses se sont hyper bien passées. C’était la première fois que je mettais les pieds aux USA, donc tout est allé un peu vite pour moi au début. Je ne me suis pas pris la tête, j’ai roulé comme je savais le faire, tout simplement. À la base, si j’arrivais en finale, c’était quand même beau. Finalement, j’ai fait de bons chronos aux essais, de bonnes manches qualificatives, et j’ai fait des top 10. Franchement, je ne pouvais pas rêver de beaucoup mieux.

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Ton premier mandat, tu le finis à la 8ème place avec des top 10 sur la côte Ouest. Est-ce que finalement, on s’est surpris ?

Au niveau des résultats, ouais. Si on m’avait dit avant le début de saison 2024 que j’allais finir dans le top 10 du championnat US, je n’y aurais pas cru. Je n’ai pas fait de complexe face aux pilotes Américains, face aux pistes, etc. J’ai roulé concentré, comme je savais rouler tout en étant régulier; c’est un peu ma force et ça a payé à la fin de la saison.

Quand tu te lances dans l’inconnu avec un projet comme ça, il y a toujours des nouveautés, des différences avec ce que tu connais et ce dont tu as l’habitude. Est-ce qu’il y a quelque chose qui t’a vraiment surpris, sur place ?

On le sait tous plus ou moins, mais c’est sûr que les terrains Américains, ce ne sont pas les mêmes terrains que ceux qu’on retrouve en France, même si ce week-end à Paris, on avait quand même une bonne piste par rapport à ce qu’il se fait aux Etats-Unis. Les terrains sont très pointus, tu as moins le droit à l’erreur. Quand je suis arrivé, j’avais vraiment du mal sur les sauts. C’était vraiment une grosse différence pour moi. Les pistes, et les suspensions du coup. Elles sont beaucoup plus fermes que ce qu’on roule, nous, en France, car ici on a des petites pistes et on roule sur des suspensions plus souples, pour virer dans les virages, etc.

Tu t’es rapproché de David pour préparer ta saison 2025. Qu’est-ce que tu attends de cette collaboration ?

Avec David, on avait déjà discuté en début d’année 2024 pour voir pour une collaboration. Ce que j’en attends, on va dire être en mesure de passer un petit cap. Si je ne change rien dans mon programme, je ne pourrais pas progresser. J’essaie de changer un peu mon entraînement, mon approche des choses.

Au niveau physique et ces trois dernières années, je n’avais jamais fait autant de sport en un mois et demi que depuis que je travaille avec David. Ça me change mon entraînement et j’espère que ça paiera aussi aux USA; c’est pour ça qu’on se prépare avec DV.

Le deal, c’était de faire six semaines ensemble jusqu’à Paris, et de voir par la suite. J’espère continuer avec lui pour toute la saison 2025.

Lors du défrief’ à chaud avec David ce soir, tu penses qu’il va te dire quoi après ce Supercross de Paris ?

Que j’ai repris le rythme. J’ai passé un mois et demi à rouler en 450 aux US car les 250 n’étaient pas prêtes. Après un mois et demi de 450, sauter sur la 250, c’était quand même un gros changement. J’ai quand même fait le job et je pense que David me dirait que j’ai fait ma journée de boulot le samedi, et que le dimanche ce n’était que du bonus. Je pense qu’il a vu que j’ai fait des choses correctes, mais après, forcément, il reste encore beaucoup de travail. On n’a pas encore vraiment discuté après la dernière manche, mais je sais qu’il reste du boulot.

Est-ce que ça veut dire qu’en 2025, on vise à faire mieux que 8ème du championnat de Supercross 250 ?

Je ne me suis pas encore vraiment fixé d’objectifs pour l’année prochaine, mais c’est vrai que cette année, j’ai déjà fait de très belles courses. Pour faire aussi bien, il va falloir encore mettre du gaz. J’espère faire aussi bien, peut-être même encore mieux. J’aimerais bien rentrer dans le top 5 de quelques finales et je pense que ce n’est pas impossible si je me prépare correctement avec David, que toutes les planètes s’alignent; je pense qu’il y aurait moyen de faire quelque chose de bien aux USA.

Un mot sur l’ouverture du World Supercross à Vancouver. En discutant avec les autres pilotes, il ressort qu’ils ont été surpris par la nature de la piste. C’est un constat que tu partages ?

Carrément. C’est un week-end lors duquel j’ai vraiment galéré. En plus, moi, j’étais aux USA en Californie à ce moment-là. On a beaucoup roulé sur des terrains béton car il faisait 30, 35 degrés. Arrivé à Vancouver, c’était ultra mou. C’était difficile à rouler et je n’ai pas passé un très bon week-end là-bas. Je n’avais pas un très bon feeling avec la piste, je crois que je n’étais pas le seul d’ailleurs; mais c’était finalement pareil pour tout le monde. Je n’ai pas réussi à très bien rouler dans ces conditions-là.

250 RM-Z aux US, 450 KX-F sur le SX Tour et le World Supercross, 250 KX-F à Paris, 250 YZ-F l’an prochain. Toutes ces transitions, ce n’est pas trop compliqué à gérer pour toi ?

La plus grosse différence, c’est de passer d’une cylindrée à une autre. En soi, la marque de moto ne change pas énormément. Passer d’une 450 Yamaha à une 450 Kawasaki, ça reste une 450 même s’il y a quelques petits réglages à faire. Le plus gros changement c’est le changement de cylindrée, c’est ce qui est le plus difficile pour moi. Ceci dit, et on l’a vu ce week-end, je me suis bien et vite réadapté à la 250 KX-F alors que je n’avais fait que de la 450 ces derniers temps. Passer de la 450 à la 250, de la 250 à la 450, ce n’est pas le même coup de gaz sur les sauts, dans les enchaînements. Tu dois passer par un temps d’adaptation, et c’est ça le plus dur pour moi.

Ils ont fait des changements sur le SX Tour cette année avec un championnat Junior restructuré, et un probable championnat 85cc l’an prochain. Ce sont des changements bienvenus pour préparer l’avenir, et la relève Française ?

Carrément, je soutiens à bloc tout ce que fait JLFO pour les jeunes cette année. Malheureusement, s’ils ne font pas ça, il n’y aura pas de relève derrière. Là, on voit qu’il y a quand même eu un beau championnat 125cc, il y a quelques jeunes qui mettent du gaz devant. C’est top de voir des 125 rouler en Supercross, et d’autant plus à Paris. Félicitations à toute l’équipe de JLFO qui s’occupe de ça, ça permet de faire arriver et évoluer des jeunes, et ces jeunes seront là derrière nous, derrière moi, pour prendre la relève.

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