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Camden McLellan “Désormais, je me dis que ma place est devant”

Images: JM Honda Racing

Lui aussi, est un rookie sur le mondial MX2, et le garçon vient tout juste de souffler sa 19ème bougie. Débarqué d’Afrique du Sud en 2018 pour poursuivre son rêve et tenter sa chance au plus haut niveau, Camden McLellan a connu son lot de galères ces dernières saisons mais le garçon n’a jamais lâché. Quatrième de l’Europe 250 la saison passée, intégré à l’équipe JM Honda Racing pour faire ses débuts en mondial MX2 cette année, le Sud Africain a épaté la galerie à Loket dimanche dernier en terminant 6ème du GP de République Tchèque, tenant la dragée haute aux meilleurs pilotes usine de la catégorie. Discret, bosseur, talentueux, Camden pourrait bien être l’une des révélations de cette saison 2023. Micro.

Camden, parle nous de tes débuts. Tu as grandi en Afrique du sud et avec ta famille, tu es parti très tôt pour t’installer en Europe pour tenter ta chance dans le MX. Une sacrée aventure.

C’est sur que ça a été une grosse aventure pour nous. Quitter la maison n’a pas été une chose simple, surtout pour ma famille. On a vendu tout ce qu’on avait, on a dû tout laisser derrière nous pour rendre les choses plus simples pour moi, afin de s’assurer que je pourrais suivre mon rêve. Heureusement, à mon arrivée en Allemagne, j’étais tout de suite entre de bonnes mains et je me suis très bien senti directement, c’était une nouvelle expérience pour moi, et ça se passait bien d’entrée de jeu.

Tu es devenu champion d’Europe 85 en 2018 devant De Wolf et Everts mais la saison suivante, la transition à la catégorie 125 a été plutôt compliquée. Tu te souviens quoi, de cette année-là ?

J’ai fait une belle saison 2018 et en attaquant la saison 2019, je me sentais bien et je roulais bien sur la 125 mais sur les courses, je me faisais tout le temps anéantir par la pression. J’étais tout seul, sans ma famille pour la première fois cette année-là et ça a vraiment influencé mes résultats et mon état d’esprit, que ce soit sur les courses ou dans la vie en général. Je n’étais plus aussi heureux, et je n’étais simplement plus le même garçon qu’avant. Mentalement, j’étais détruit après cette année 2019.

Le saviez vous, Camden McLellan est un ancien champion d’Europe 85. Il avait devancé Kay de Wolf & Liam Everts en 2018. C’était … à Loket ! @JM Honda

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Avance rapide, tu as vraiment passé un cap l’an dernier sur l’Europe 250 avec des podiums et une quatrième place finale. Ça t’a boosté et aussi permis de signer avec JM Honda Racing. C’était une belle saison pour toi ?

Monter en 250, ça a vraiment été un élément clef pour moi. J’ai adoré la moto dès le départ et dessus, j’ai pu vraiment prendre de la vitesse et me construire physiquement jusqu’au jour où j’ai commencé à rencontrer du succès – l’an dernier – et ça m’a aidé à décrocher le contrat que j’ai aujourd’hui !

Tu as eu des soucis de visa à l’intersaison me semble-t-il et tu as eu beaucoup de mal à revenir en Europe. Il s’est passé quoi, et à quel point est-ce que ça a impacté ta préparation ?

Le début d’année a été vraiment compliqué pour moi, ça a commencé par beaucoup de problèmes de visa. En fait, je n’avais pas le droit de venir en Europe avant début février et ça voulait dire louper toute la préparation d’intersaison. De là, je n’ai eu qu’un mois sur la moto avant de me déboiter l’épaule et du coup, j’ai dû passer encore plus de temps sans rouler.

Depuis ton retour en piste, tu naviguais autour du top 10, tu prenais tes marques sur le mondial et tu retrouvais la forme au fur et à mesure des courses. Elles n’ont pas été simples, ces premières épreuves pour toi.

Après une longue période de repos suite à mon opération visant à stabiliser mon épaule, je suis revenu lors de la sixième épreuve en France et le but pour moi était simplement de m’améliorer chaque weekend mais j’ai malheureusement chuté directement à Villars-sous-Écot et ça a vraiment anéanti tous les progrès que j’avais faits avec mon épaule. Lors des grands prix suivants, j’avais vraiment mal à l’épaule et je ne pouvais pas vraiment rouler comme je savais le faire, j’étais dans un genre de no-man’s land aux alentours du top 10/12 à chaque fois. C’était vraiment frustrant pendant quelques courses mais quand j’ai enfin pu prendre un peu de repos et que l’épaule allait mieux, j’ai pu enfin retrouver mon niveau sur la moto et j’ai été en mesure de rouler sans être gêné par les distractions.

Le début de saison n’a pas été simple pour Camden, mais les pépins du début de saison ont été vite oublié par un premier top 5 de manche à Loket ! @JM honda Racing

Monter en MX2 veut aussi dire plus de courses, des plus longs voyages, du décalage horaire, des overseas, une adaptation à la nourriture. On pense souvent à la différence de vitesse entre l’Europe et le mondial MX2, mais pas à la préparation nécessaire que ces nouveaux changements nécessitent. Tu t’étais préparé à ça, où tu apprends sur le tas ?

C’est vrai que dans ce sport, il faut être préparé pour chaque grand prix et pour chaque situation que tu pourras rencontrer. Pour les épreuves oversea par exemple, je prends beaucoup de médicaments ainsi que des aides gastriques afin de prévenir les problèmes intestinaux qui pourraient venir m’empêcher de performer lors des courses. C’est clair que c’est un apprentissage mais d’un autre côté, je sais ce que je dois faire, et les choses que je dois éviter de faire pour rester en bonne santé.

J’ai été très impressionné par tes performances en Tchéquie. 5-6 en manches, et tu étais à ta place, tu n’as pas lâché, tes temps au tour étaient similaires aux tops guns de la catégorie. Honnêtement, tu t’es surpris un peu ou c’était juste un jour pour toi ? Ça doit faire du bien !

Tu m’étonnes, quel weekend ! En plus ça avait mal commencé pour être franc, j’ai eu beaucoup de mal à trouver la confiance sur le terrain de Loket et j’ai vraiment eu mal aux avant-bras à chaque séance lors des essais. Mais finalement, quand le rythme s’est un peu calmé et qu’il était plus question de trouver un rythme que d’attaquer à fond, je me sentais bien sur la piste et les bons départs que j’ai pris m’ont bien aidé. Je n’étais pas vraiment surpris d’être en mesure d’avoir le rythme des meilleurs, j’ai plus été surpris d’avoir été capable de faire de bons départs et aussi d’avoir été en mesure de me battre avec des gars comme Geerts et de Wolf sans vraiment ressentir de pression, ou rouler à côté de mes pompes !

Depuis qu’il avait été écarté du programme Husqvarna fin 2019, Jacky Martens n’avait plus intégré le top 5 de manche – en MX2 comme en MXGP – avec ses pilotes. À Loket, Camden McLellan a donc ramené le meilleur résultat de l’équipe JM Honda Racing depuis sa création, en 2020.

Tu as pris trois bons départs et dans cette longue montée, les pilotes factory n’étaient pas plus rapides. On entend souvent dire qu’en MX2, il est d’autant plus difficile d’être compétitif sans une moto factory. J’imagine que tu n’es plus forcément de cet avis ?

Jacky Martens a vraiment fait de la magie avec la moto du team, avec l’aide de Bjorn Stockmans qui est une superbe addition aux effectifs de JM Honda. Je pense toujours que les pilotes Factory ont un avantage en terme de puissance et de maniabilité vu le nombre de pièces qu’ils ont à disposition, et toutes les options qui s’offrent à eux pour le testing afin de faire en sorte que la moto leur convienne, mais je pense qu’on est assez proche d’eux.

C’est quoi la suite ? En roulant devant à Loket, j’imagine que tu as appris pas mal de trucs des pilotes Factory, que ce soit au niveau du rythme, de l’intensité, de la gestion de l’effort et des courses.

C’est sur à 100%, j’ai appris beaucoup de choses en roulant devant avec eux le weekend dernier, mais le plus important pour moi c’est surtout le gain de confiance que ça m’a permis d’avoir. Je savais que j’avais tout ce qu’il fallait en terme de condition physique et de vitesse mais quand tu réalises que c’est vraiment le cas, il y a un déclic qui se passe dans ta tête et c’est exactement ce qu’il s’est passé pour moi. Désormais, je me dis que ma place est devant et je pense que je vais pouvoir le montrer pendant le reste de la saison.

Tu as roulé pour une poignée d’équipes jusqu’à présent: Kosak, BT, TBS, et désormais JM Honda. Jacky Martens et l’une des personnes les plus expérimentées du milieu. Tu dois être une éponge et apprendre énormément à ses côtés.

Jacky est une mine de connaissances et il fait l’effort de venir nous voir à chaque séance d’entraînement et à chaque course pour pouvoir voir tout ce que je fais sur la moto et me donner des conseils, mais aussi me guider à travers les étapes à chaque weekend de course ! Il comprend également très bien le fonctionnement d’une moto, et il est capable de faire les plus petits changements qui me seront utiles pour gagner 5% de plus et me permettront de rouler devant lors des courses.

Jacky Martens n’est jamais bien loin @JM Honda Racing

Camden McLellan “Désormais, je me dis que ma place est devant”
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