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Chad Reed “James était difficile à comprendre”

Chad Reed “James était difficile à comprendre”

Invité de marque de Grant Langston & David Pingree pour leur dernier épisode du Whiskey Throttle Show, Chad Reed est revenu sur sa rivalité avec James Stewart lorsque les deux pilotes étaient encore au sommet de leur carrière respective. Un entretien de plus de six heures à retrouver sur YouTube (en deux parties)…

Chad Reed – Whiskey Throttle Show

“James Stewart était difficile à comprendre. Plus tard dans ma carrière, quand ce n’était plus que lui contre moi, parfois je m’alignais derrière la grille sans avoir cette envie de devoir aller au-delà des limites. Tu donnes tout, tu t’accroches, et lui, il est dans sa zone et il enchaîne. Parfois, je jetais juste l’éponge. Alors James baissait son rythme, et c’est là que les désastres arrivaient et deux tours plus tard, il faisait un neutre. Le mec le plus talentueux de la planète était capable de faire des neutres, ou de trop freiner du frein arrière, de passer par-dessus le guidon, il faisait des trucs étranges. Je me disais que j’allais tout donner si je m’en sentais capable contre lui, mais quand je ne m’en sentais pas capable, je ralentissais et j’attendais qu’il rentre dans sa phase de vulnérabilité, car dès qu’il n’avait plus besoin d’attaquer et d’enchaîner à fond et qu’il ralentissait, il faisait ces erreurs étranges.

En vitesse pure il était incroyable, il faisait des choses que personne d’autre n’avait envie de faire.

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Souvenirs de James Stewart Jr (part 1) - James "Bubba" Stewart JrLors de la dernière course à Las Vegas en 2007; il y avait un virage, une série de whoops vraiment pourrie, un double, et une autre série de whoops pourrie. James prend la première série de whoops tellement vite qu’il décide de ne pas couper les gaz; il envoie le double et atterri après la seconde série de whoops, s’assoie, et prend le virage suivant. À ce moment là je me suis dit “sans moi, je ne fais pas ça… James, prends tes 25 points, tu as déjà gagné le championnat de toute façon, tu peux finir ta saison en remportant la victoire, et moi, je serais second, no problem”. Il a continué à faire cet enchaînement pendant toute la finale. […]

Et puis le wall jump de Daytona … Tu ne veux jamais vraiment penser aux conséquences si quelque chose se passe mal mais parfois tu te dois de peser les risques que tu prends pour ce que tu vas vraiment y gagner. Ce qui est drôle c’est que j’ai vu les interviews, j’ai eu des conversations avec lui; pour lui, ça n’a jamais été risqué de faire tout ça. Pour lui, en prenant une série de whoops aussi vite avant d’arriver sur un double, c’était plus simple de garder les gaz en grand pour sauter la série suivante plutôt que de ralentir. Il disait toujours que le saut le plus flippant sur le terrain, c’était le triple [rires] et je n’ai jamais réussi à comprendre ça. Il disait “il faut réussir à juger la vitesse” et je répondais “mais c’est le même chaque semaine, et tu fais des quadruples !“, “Ouai, mais là, j’ouvre juste en grand“… Lui et moi, on n’était pas sur la même page [rires].

D’une certaine façon, son esprit fonctionnait différemment du mien. Moi, je contrôlais l’ouverture des gaz, je faisais des petits scrubs au besoin. Lui il se disait plutôt “Là, je peux en sauter 4, et si j’arrive à fond là-dessus, mon moteur va faire le reste et ça va passer“, c’était comme ça qu’il faisait, respect, c’était un sacré pilote.

James Stewart and Chad Reed - Photo Blast: Dallas 2011 - Motocross ...

À Dallas en 2006, il y avait des whoops vraiment raides. Je me suis toujours considéré comme un bon pilote dans les whoops dans ma carrière, je n’ai jamais vraiment eu de problèmes avec, et quand j’en ai eu, c’est qu’il étaient vraiment difficiles. Je me souviens de la finale, Ricky part devant, james second et moi derrière. James trouve cette ligne dans les whoops sur la gauche, à 5 centimètres des bottes de pailles, des whoops intacts … Ricky faisait son Ricky, il les prenait à bloc au milieu en s’accrochant au guidon pendant que la moto partait dans tous les sens.

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À un moment, James a doublé Ricky dans les whoops comme si Ricky était à l’arrêt, et j’ai compris qu’il allait falloir que je prenne la même trajectoire que lui. “Peu importe où James va, tu le suis”. Je commence à prendre cette trace et Ricky se dit que lui aussi doit prendre les whoops encore plus fort, sauf que lui, il décide de débrancher en prenant toujours la même trajectoire au milieu. L’intensité et notre envie de gagner était vraiment incroyable. Je prends cette trace dans les whoops à fond en priant le petit jésus de veiller sur moi [rires]. C’est là que Ricky Carmichael est sorti de la piste et a manqué de se prendre un bateau. Moi, je n’ai même pas vu de bateau … Je me le serai surement pris si j’étais sorti de la piste à ce moment-là. Ricky Carmichael avait la plaque rouge, et pourtant, il a débranché et il a attaqué les whoops comme un dingue, il n’a pas cherché à trouver une trajectoire plus à gauche ou à droite, lui, il a juste ouvert les gaz un peu plus grand.

J’ai gagné cette course; deux tours plus tard, sur un des enchaînements les plus simples, James saute en dehors du circuit. Il avait pris les whoops toute la soirée comme un métronome et il s’était planté sur un des sauts les plus simples du terrain. Dans ces situations-là, tu pouvais enfin recommencer à respirer; le rythme était vraiment élevé avec eux. […]

Chad Reed & James Stewart, Oakland SX 2014 Photo: Vurb / Ryne ...

@VurbMoto

J’ai toujours eu beaucoup de respect pour James malgré la rivalité brutale qu’on avait sur la piste. Je détestais perdre, je détestais qu’il me batte, mais une fois le casque enlevé, je n’avais plus que du respect pour lui.

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Rouler aussi vite, je ne dirais pas que c’est une compétence, c’est surtout trouver comment s’habituer à rouler bien au-delà de sa zone de confort, et c’était vraiment difficile. J’ai pu le faire quelques fois mais la plupart du temps, je n’y suis pas parvenu et il fallait l’accepter. Parfois, je me disais “Okay, je n’ai pas gagné ce soir, mais je ne me suis pas tué non plus” [rires].

James était rapide; mais sa vitesse dans les whoops, dans les virages, ça, je savais que je pouvais travailler chez moi pour être aussi rapide que lui. Mais quand un mec commence à faire des trucs très spéciaux; des quadruples, des scrubs avec les reposes-pieds qui touchent le haut des appels des triples … Tu n’as pas forcément envie de rentrer chez toi et essayer de faire des trucs comme ça … […]

Quand tu vois à quel point il était bon, tu te dis que c’est incroyable qu’il n’ait que 2 titres en SX US 450. Quand James est arrivé, les records inscrits par Jeremy Mc Grath et Ricky Carmichael étaient en danger. Pourtant, il n’a pas vraiment le même palmarès. […]

On sait tous qu’aujourd’hui, James pourrait monter sur une moto pour un tour et qu’il aurait toujours ce truc. J’espère qu’il trouvera le juste milieu, qu’il sera en mesure de remonter sur une moto pour s’amuser avec son frère, Chase ou quelqu’un d’autre.”

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