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Clément Desalle “Je savais que je bossais avec des personnes vraiment motivées”

Image: Triumph / Ray Archer

Clément Desalle est de retour dans les paddocks cet année, mais pas en tant que pilote. L’homme aux 23 victoires en Grand Prix a mis un terme à sa carrière de pilote en 2020, et a dernièrement endossé une nouvelle casquette pour le compte de Triumph. Côté Europe et pendant plus d’un an, Clément Desalle a activement participé au testing et au développement de la nouvelle TF250-X du constructeur Britannique. La moto fait ses débuts en mondial MX2 avec Camden McLellan et Mikkel Haarup cette saison; et Clément Desalle était présent en Espagne pour garder un œil sur l’évolution de la machine et épauler les pilotes. Notre confrère Andy McKinstry de Gatedrop est allé à sa rencontre. Micro.

Clément, tu es de retour sur les épreuves. Tu as été un pilote de GP pendant longtemps mais tu n’étais pas présent dans les paddocks depuis un moment, avant d’avoir ce nouveau rôle chez Triumph. La vie sans Motocross, c’était comment ?

Exactement. J’ai passé deux ans sans venir dans les paddocks, mais j’étais déjà en contact avec le team [Triumph], en discussion à propos du développement de la moto. Après quelques réunions, les choses se sont avérées très positives, y compris pour l’équipe avec laquelle je travaillais; on était sur la bonne voie. J’ai pu voir la moto en avant-première et la tester un peu, pour m’aider à prendre ma décision en quelque chose. Ensuite, j’ai travaillé pendant un an et demi, j’ai développé la moto pendant plusieurs mois et j’ai passé beaucoup de temps dessus. C’est bon de voir la moto décrocher des résultats lors des courses, la voir performer. C’est top de voir qu’elle marche bien.

C’est quand la première fois que tu es monté sur la Triumph ? Vous avez fait vraiment du bon boulot pour cacher ce projet aux médias, c’est resté très secret.

On était en contact à la fin de la saison 2022, on a commencé comme ça et on s’est fait une idée pour la suite, pour pouvoir la développer en 2023. Beaucoup de choses se sont passées depuis la première fois que je suis monté sur la moto, et c’est bon à voir. Toutes ces étapes franchies, mais aussi l’activité de la marque. Je savais que je bossais avec des personnes vraiment motivées, actives, et c’est bon de travailler avec ce genre de personne.

Le saviez-vous ? Clément Desalle n’a jamais fait de saison en mondial MX2 ! @Triumph Racing / Ray Archer

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Tu as fait toute ta carrière en GP en 450, et tu as développé cette 250. C’était comment ? Tu n’es pas le pilote le plus expérimenté en 250, mais tu sais évidemment piloter. En fin de compte, ça ne devait pas faire une grande différence.

Exactement. Ça faisait bien des années que je n’avais plus roulé en 250 et évidemment, je savais qu’il allait falloir que je m’y adapte car c’est un autre style de pilotage. Les gens avec qui j’ai travaillé – qui me connaissaient – savaient que je pouvais convenir pour ce rôle. Ils savaient que j’allais pouvoir m’adapter. Pour faire du testing, ça suffisait et finalement, après avoir roulé longuement sur cette moto, j’ai été surpris de voir que je prenais autant de plaisir au guidon d’une 250. Sur certaines portions de piste, j’arrive même à être plus rapide qu’avec une 450, sur certains tracés. Évidemment, il y a une question de puissance, mais c’était intéressant à voir et à comparer. J’ai vraiment eu un bon feeling en développant cette 250, j’ai été en mesure d’adapter mon pilotage et c’était plutôt fun, en réalité.

C’est comment d’être de retour dans les paddocks, mais pas en tant que pilote ? Il y a moins de pression, ça doit être plutôt sympa pour toi.

Je ne suis qu’un pilote de développement. Pour l’instant, je fais quelques unes des premières courses avec l’équipe pour les aider. Niveau testing, je n’ai rien de dingue de prévu pour le moment. J’ai été à la première course, avant tout pour voir la moto que j’avais développée pendant tous ces mois sur la piste; pour la voir évoluer lors du premier GP, pour voir si ça se passait bien pour les pilotes. C’était vraiment spécial. Je vais faire d’autres courses avec l’équipe et par la suite, on verra si je serais présent sur les épreuves.

Mikkel Haarup a décroché un podium dès le premier GP, en Argentine – @DailyMotocross

C’est une année importante pour Mikkel car c’est sa dernière année en MX2. Il a plus d’expérience que Camden et le premier round de la saison a été dingue pour vous; un podium dès les débuts. Vous vous attendiez à ça ?

C’est vrai qu’il a plus d’expérience que Camden. Difficile de dire si on s’attendait à ça dès le début. Vu la façon dont il roulait sur la moto, et de ce que je voyais de lui à l’entraînement, et sachant ce que la moto est capable de faire, on savait qu’on allait dans la bonne direction quand on développait la moto. On voyait bien comment ça se passait avec les pilotes à l’intersaison. Je ne vais pas dire qu’on s’attendait à ça, mais on s’attendait à se battre pour une bonne position, mais pour un podium ? On en a d’ailleurs discuté avant l’Argentine, parce qu’évidemment ce podium, c’est ce pourquoi toutes les équipes travaillent, et cette équipe croit en ce qu’elle fait et travaille dur pour y arriver. C’était le premier objectif, donc c’était vraiment super.

Tu as pu rencontrer Ricky Carmichael ? Il me semble que tu étais aux USA quelques semaines avant le début des GP. C’était comment ?

Oui. On a fait la journée d’inauguration de la moto [aux USA] et c’était vraiment sympa. C’était top d’être de retour sur la moto d’origine, on était tous présents là-bas. Pour dire vrai, j’aime vraiment rouler sur la moto d’origine. C’est vraiment une bonne moto sur laquelle on se sent bien d’entrée de jeu. Moi, quand j’achète une moto, je cherche une moto sur laquelle je pourrais prendre du plaisir directement, sur laquelle je me sentirais à l’aise. Là-bas, on a tous pu rouler sur la moto d’origine et on a vraiment pris du bon temps. C’était bon de pouvoir partager différentes opinions, partager des histoires de nos carrières; on était avec la presse et c’était vraiment sympa.

L’année prochaine, il y aura un programme MXGP. Le développement de la 450 a-t-il déjà débuté ?

On n’en est pas encore là, mais tout se met en place. Je ne peux pas vraiment en dire davantage mais oui, c’est bien le plan d’avoir une 450 dans le futur.

Depuis que tu as pris ta retraite, il y a quelques gros clients Belges en mondial: les frères Coenen, Liam Everts. Tu dois être content de voir ces talents émerger en Motocross ?

C’est certain. C’est vraiment bon de les voir performer, de les voir en grands prix. Dans le même temps, la Belgique est un pays que j’ai du mal à comprendre. Le sport motorisé ne se porte pas bien chez nous, des terrains ferment tout le temps. Même à l’époque où j’étais encore pilote, c’était déjà sur le déclin et c’est vraiment triste à voir. Ces jeunes qui arrivent, ils en veulent vraiment et ils travaillent très dur pour y arriver. Les pilotes Belges sont présents en ce moment, mais ça n’a aucun lien direct avec la Belgique en fin de compte. C’est dommage, mais les mentalités et l’aspect politique vont à l’encontre des sports motorisés en Belgique, malheureusement. Quoi qu’il en soit, c’est toujours bon de voir quelques pilotes Belges arriver, et ils sont vraiment bons !

Camden McLellan effectue sa deuxième saison en MX2 cette année, et avec un guidon Factory chez Triumph – @DailyMotocross

Clément Desalle “Je savais que je bossais avec des personnes vraiment motivées”
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