USA

David Vuillemin “Les résultats ne sont pas là, mais le potentiel oui”

David Vuillemin “Les résultats ne sont pas là, mais le potentiel l’est”

Retour de David Vuillemin sur le PulpMX Show cette semaine. D’habitude invité par téléphone, le “Cobra” était cette fois-ci en studio en présence de Steve Matthes pour le 458ème podcast du même nom. Autant vous dire qu’on n’ira pas vous traduire les 5 heures du (très bon) podcast en question, mais on ne pouvait passer à côté de l’occasion de vous proposer l’analyse de David Vuillemin sur la saison de Cooper Webb, Ken Roczen et Dylan Ferrandis.

David Vuillemin – À propos de Cooper Webb

[…] Cooper est très bon, mais il n’est pas le meilleur. Si tu me demandes qui est le meilleur en matière de technique, je dirais Ken Roczen, probablement. Il y a des choses que Cooper fait que je n’aime pas vraiment, surtout quand on le voit prend des virages vraiment serrés. Il a mieux roulé à Arlington 2, mais lors de certaines épreuves à Orlando, je n’ai pas compris pourquoi il prenait les virages si bas alors qu’il est tout seul en piste; il perd de la vitesse.

Ce qui est bien pour Cooper, c’est qu’il se met dans de bonnes positions à chaque fois pour signer le meilleur résultat. À Daytona, c’était une journée ‘off’ pour lui, mais il a réussi à doubler Plessinger dans le dernier tour pour terminer second. Il a pris 2 points à Ken Roczen et n’en a perdu que 3 sur Tomac.

Ce qui est impressionnant, c’est qu’il peut s’adapter pendant les finales. Il sait ce qu’il fait de mal et il change ça; il change ses trajectoires, il ne reste pas bloqué dans une ornière pour toujours, il est créatif, il prend les bonnes décisions.

Pssst ! l'article continue ci-dessous :)

Ce mardi, on l’a vu dans les whoops, il a commencé par les sauter, puis les dribbler, puis dribbler le début et sauter la fin, puis sauter le début et dribbler la fin, il a tout essayé avant de faire ce qui marchait pour lui, dribbler au début, puis 3-3, puis intérieur. Ce n’était probablement pas la façon de faire la plus rapide, mais pour lui, c’était la meilleure.

Il y avait un triple avec réception sur la table après avoir traversé la ligne droite de départ, il ne le faisait pas en début de course et Tomac le rattrapait à cet endroit en sautant le triple. Cooper a senti qu’Eli revenait dans cette portion, et on l’a vu aller à l’extérieur pour faire ce triple après 6 ou 7 tours. Ça lui a permis de maintenir un peu mieux son écart, car à chaque fois, Eli revenait sur lui.

Ce que Tomac n’a pas bien fait, c’est qu’il a continué d’utiliser l’extérieur dans le virage surélevé, pendant plus de 10 tours, alors qu’il perdait constamment le contact. Il était plus rapide sur le triple et dans les whoops, il rattrapait Webb jusqu’à ce virage où il perdait 10 mètres et Cooper pouvait respirer de nouveau.

Même quand Webb ne fait pas les choses correctement, il fait en sorte que ça marche. À Orlando 2, dans les whoops, il les sautait vraiment rapidement contrairement aux autres pilotes. Il dribblait le premier et en sautait 3 puis 4 et sortait des whoops, c’était top.

Marvin l’a fait dans sa heat, j’ai pris en vidéo et je l’ai envoyé à Dylan en lui disant “c’est comme ça qu’il faut faire”. En finale, Marvin a arrêté de le faire, et Cooper a continué de le faire à la perfection … […]

David Vuillemin – À propos de Ken Roczen

Je ne comprends pas comment Roczen pouvait être en colère après Daytona. Si tu t’apelles Roczen et que Cooper se place à l’intérieur au départ, tu dois t’y attendre. Webb, il roule contre toi pour le championnat.

La stratégie de Webb était bonne, tu dois faire en sorte que ton adversaire ralentisse, perde des positions. Il ne l’a pas touché, il n’a rien fait. Regardez les vidéos de Jeff Emig dans les années 90, il nous sortait dans les ballots de paille dès qu’il en avait l’occasion.

Hier, ces trois pilotes ont fait la même chose. Les gens vont dire “Ils sont partis 1,2 et 3 et ils ont terminé 1,2 et 3 donc le départ, c’est la clef“.

La pub' permet de rester indépendant, et gratuit !

Le départ n’est pas la clef, car il était possible de doubler. Anderson est tombé au départ et il est revenu 6ème, il était possible de doubler sur ce tracé. Il fallait trouver certaines petites choses.

Le problème, c’est que les pilotes restent dans leurs lignes; un gars comme Tomac ne devrait pas commettre cette erreur avant les whoops. Tu te dois d’être sûr que ta roue est bien dans l’ornière avant d’ouvrir les gaz.

Cooper fait des petites choses à droite à gauche qui le rendent meilleur, car il peut s’adapter aux changements de piste, il trouve les trajectoires ou les ornières qui sont meilleures rapidement. On le voit aller à l’intérieur, à l’extérieur, les autres ont peur de changer, de chercher sur la piste.

Ce que je n’aime pas trop, ou que je ne comprends pas à propos de Roczen, c’est qu’il s’enflamme lors des interviews, mais pas sur la piste. Quand il est énervé, il dit “Je suis prêt, c’est parti, on y va“, mais 5 minutes avant, le mec était sur la piste. Montre-nous que tu es énervé sur la piste, pas besoin de le montrer à la télévision, ça ne te rapportera pas plus de points. Si tu es énervé et que tu détestes les tripes qu’à Webb, tu dois nous le montrer sur la piste, tu dois rouler comme Barcia, de façon plus agressive. Justin Barcia, on le voit bien qu’il veut doubler les pilotes qui sont devant lui, je ne vois pas ça chez Kenny. […]

Pour le championnat, ce n’est pas fait, c’est encore 50/50. Evidemment, tu préfères avoir 12 points d’avance que de retard, mais Ken peut inverser la tendance et 12 points, ce n’est rien. Cooper est dans sa zone, il part devant, il roule bien, il est concentré, il est bien préparé, sa moto marche vraiment bien pour son style de pilotage même si ce n’est pas la meilleure moto dans les whoops. |…]

Pour avoir les bonnes réponses, il faut se poser les bonnes questions. Si tu commences à te dire “Je dois partir devant pour gagner” tu ne gagneras pas. Il faut aller au-delà de ça, c’est une façon de penser très primaire. On l’a entendu de la bouche de Christian Craig “Je dois partir devant Colt pour gagner”. Non, c’est faux. Est-ce qu’on a vu Dylan Ferrandis faire des holeshots ? Non. Quand il a gagné, il est revenu de derrière.

Il faut trouver comment faire, quand les pilotes sont au coude à coude, les petits détails font gagner quelques dixièmes, et sur 10 tours, ça fait 3 secondes.

David Vuillemin – À propos de Dylan Ferrandis

J’ai travaillé avec Dylan tout l’hiver, il s’est blessé et il n’a pas pu rouler pendant un mois donc sa préparation n’était pas optimale, pas assez longue.

On parle toujours, je lui donne mon avis.

Le team a décidé de partir en Floride, plus tôt que prévu car ils y sont allé après Indianapolis, et ils y seront jusqu’à la dernière épreuve de Dallas avant de revenir en Californie. Moi, je ne vais pas aller en Floride … On s’envoie des messages, on n’a pas vraiment échangé ce weekend. Je regarde les essais, les manches qualificatives, les finales, je donne mon avis et si je vois quelque chose, je lui dis. […]

Cette saison, Dylan a été rapide, il a enregistré des bons chronos à Arlington 1, mais la préparation a été un peu courte, c’est une nouvelle catégorie, c’est difficile. De nos jours, les pilotes veulent rouler le plus vite possible avec une moto qui va les aider à le faire; ça ne marche pas comme ça.

Tu ne peux pas venir d’une 250, rouler de la même façon en 450 et t’attendre à ce que l’équipe te prépare une moto qui fasse que tu n’aies plus à te soucier de ta technique, de tes aptitudes, de ce que tu fais; une moto qui fait les choses pour toi.

Il faut travailler sur la technique pour que ça marche, peu de pilotes ont fait la transition de la bonne façon, une transition efficace. Dylan attend un peu trop d’avoir la meilleure moto possible; il faut faire des compromis.

On ne voit pas Dylan à la télévision, mais ces derniers temps, on a vu Aaron Plessinger car il a gagné ses deux manches qualificatives. Cette moto est vraiment bonne. Si on met des plastiques rouges ou oranges dessus, tous ceux qui détestent Yamaha diront que la moto est bonne. Mais il y a cette idée comme quoi la Yamaha n’est pas au niveau, ce qui n’est pas vraiment juste.

Pour Dylan, les résultats ne sont pas là mais le potentiel oui. Maintenant, il faut marquer des points, être dans les 5, sur le podium. Dylan pourrait être un gars comme Barcia, ou Plessinger, dans les 5. Il ne peut pas être le second pilote le plus rapide, monter sur le podium et galérer à rentrer dans les 10.

Il va devoir apprendre, peut-être de la façon la plus compliquée. C’est une année difficile, j’ai toujours été contre le fait de dire que le plateau était relevé ces 10 dernières années, mais cette fois-ci, je dois bien l’admettre. Il n’a pas été aussi relevé depuis longtemps. Il y a beaucoup de pilotes. Est-ce qu’ils sont aussi bons que leurs noms sur le maillot ? Pas toujours, mais il y a de gros bonnets. […]

Je n’ai aucun problème avec le dépassement d’Anderson sur Dylan à Arlington 1. En fait, j’en ai parlé sur Facebook. Le dépassement de Plessinger sur Friese était pire, il voulait le faire tomber. Je ne pense pas qu’Anderson voulait faire tomber Dylan. Ça arrive.

Dans les premiers tours, tu ne peux pas sauter un triple sans amortir comme Dylan alors que les mecs derrière scrubbent comme des dingues, ou encore arriver à l’extérieur dans un virage alors qu’il y a des fous derrière toi. Ce genre de chose arrive et je n’ai rien contre le dépassement d’Anderson sur Dylan, ni sur Malcolm.

J’ai adoré l’excuse de Malcolm “je voulais recouper Jason”. Ouai, tu peux dire ça à tes fans, ceux qui attendent dans la file pour avoir ton autographe, ils te croiront, pas moi. Tu voulais l’envoyer dans les gradins car tu as été touché à l’ego en te faisant salement doubler. […]

Images: FELD


Retour