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Haiden Deegan “La régularité, c’est vraiment ce qu’il manque aux pilotes 250”

Images: Yamaha Racing

27 ans après son père Brian, Haiden Deegan inscrit également son nom sur les tablettes de l’AMA en décrochant sa première victoire en Supercross US à Arlington. Champion SMX 250 la saison passée, l’officiel Star Racing Yamaha a connu un début d’année 2024 compliqué avec une blessure au poignet à l’intersaison, et une 16ème place à Detroit lors de la première épreuve. Il s’impose ce samedi – non sans profiter du volume d’Austin Forkner – et se replace déjà dans la course au titre. Micro.

Haiden, ça fait quoi de marcher dans les traces de ton père, et de décrocher cette première victoire en Supercross ?

C’est bon de gagner. J’étais derrière Austin pendant un bon moment avant qu’il ne chute. Ce n’est pas vraiment le genre de chose qu’on aime voir. On fait un sport dangereux, et ça arrive de temps en temps. J’ai une pensée pour lui. Décrocher cette première victoire, c’est excitant. Je voulais faire comme mon père et lâcher la moto à l’arrivée, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre, j’avais un peu peur de le faire sur un gros saut; je me demandais si j’allais réussir à lâcher la moto ou si j’allais partir avec. J’ai décidé de le faire sur le petit saut après l’arrivée. Je me devais de le faire, honnêtement. J’en ai tellement parlé autour de moi que je n’avais plus le choix. En y repensant, je me dis que j’aurais dû le faire au Coliseum de Los Angeles mais je ne savais pas que j’avais gagné le général sur l’instant présent.

Après la chute d’Austin, tu avais une belle avance sur Cameron et tu as simplement rallié l’arrivée. C’était dur de rester concentré à ce moment-là ?

La nervosité, elle est toujours présente et pendant toute la course. Là, il était surtout question de faire ma course, bien prendre mes traces à chaque tour et ne pas faire la moindre erreur. La régularité, c’est vraiment ce qu’il manque aux pilotes qui roulent en 250. Les mecs font beaucoup d’erreurs et si tu arrives à être celui qui élimine ces erreurs, tu te retrouves devant. Jett est arrivé ici, il a gagné, puis il est monté en 450; il n’a pas passé beaucoup de temps en 250 car il était régulier, devant, et il ne faisait pas d’erreurs stupides. Oui, j’étais nerveux, mais j’ai déjà mené des courses donc ce n’était pas ingérable.

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Est-ce que ta victoire d’Arlington doit faire cesser les discussions autour de ton poignet ?

J’imagine. Je vais être honnête, je suis un peu dans la même situation que Cameron McAdoo, je n’ai pas vraiment pu me préparer à l’intersaison mais c’est dans la tête, il faut avoir la force mentale pour passer outre. Je pense qu’on peut mettre fin à ces discussions, et aller de l’avant à partir de maintenant.

Tu as parlé du manque de régularité des pilotes 250, tu as aussi parlé de Jett. Tu la vois évoluer comment, ta carrière en 250 ?

Difficile de savoir exactement ce que tu vas faire dans un avenir proche. Quand on regarde le parcours de Jett en 250 et en 450, on se dit quand même que c’est la façon parfaite de faire les choses. Il a gagné ses titres en 250 et il est rapidement monté en 450 pour jouer la gagne. C’est un objectif, je ne dis pas que je vais faire pareil car rien n’est jamais écrit d’avance, mais c’est un de mes buts que de suivre le même cheminement que lui. Il faut travailler pour, être intelligent, et trouver ces petites choses qui ont permis à Jett d’en arriver là.

Compte tenu des attentes, j’imagine que c’était important pour toi de gagner ce week-end vu ce qu’il était arrivé à Detroit ?

C’est sûr. À Detroit, c’est parti en sucette dès le départ, mais c’était de ma faute, je n’ai pas pris un bon départ et je me suis fait avoir. Donc on a travaillé sur les départs. J’ai presque signé le holeshot lors de la finale, je suis sorti second donc je dirais qu’on a bien travaillé sur ce point, même si je ne suis pas parti en tête. On a encore un peu de travail et je sais qu’on peut dire que c’était un peu une victoire présentée sur un plateau d’argent après la chute d’Austin. Encore une fois, on déteste voir ce genre d’incident, mais j’étais prêt à me battre contre lui. J’avais encore de l’énergie vers la fin de manche, j’attendais le bon moment et … il est arrivé ce qu’il est arrivé à Austin.

Il y a encore deux ans de ça, tu étais encore chez les amateurs. Tu t’attendais à ce que la progression soit aussi rapide pour toi ?

Ça faisait partie du plan. Mon père m’a mis sur la bonne voie très jeune, on a travaillé très dur ensemble et ça se voit aujourd’hui. La régularité, le mental, le courage, c’est comme ça qu’on m’a élevé et éduqué. Il ne faut jamais abandonner. C’est ce qui m’a construit et je pense que ça m’a vraiment aidé à progresser lors de ma saison de rookie l’an dernier. J’ai fait une première saison plus que correcte, régulière, et c’était vraiment le meilleur scénario qu’on pouvait espérer. J’ai pu me construire et bien qu’il y ait eu ce revers avant l’ouverture de la saison de Supercross, j’avais emmagasiné énormément d’expérience après la saison dernière. On a aussi dû apprendre d’une nouvelle moto pendant l’intersaison et malheureusement, je n’ai pas pu passer beaucoup de temps dessus à l’entraînement. En simultanée, il fallait travailler sur les suspensions, sur la moto, en tant que team… Mais on progresse bien !

Quelle est ta relation avec ton père ? Parfois, ça se complique au niveau pro, mais on voit que ton père et ta famille sont très présents autour de toi.

Je pense que ça peut mal tourner quand le fils pense en savoir plus que son père, quand il pense être meilleur que lui. Ça reste ton père, tu te dois de l’écouter. Mon père sait, il a traversé beaucoup de choses donc c’est un très bon guide pour moi. Parfois, tu peux penser différemment de lui mais la plupart du temps, tu te rends compte qu’il a raison. Il faut entretenir de bonnes relations avec ton père dans ce sport, ça t’aidera à aller loin.

Il y a eu cette blessure à l’intersaison, cette chute au départ de la finale de Detroit. Est-ce qu’à un moment, tu as commencé un peu à douter de tes chances de pouvoir jouer le titre cette saison ?

Parfois, tu te dis que tes chances de titres sont déjà pliées, mais il faut quand même continuer à travailler. Ce n’était que la première épreuve à Detroit, et il reste beaucoup de courses. Après Arlington, je ne suis qu’à 7 points de la plaque rouge. Si j’étais reparti de la première épreuve avec 7 points de retard, j’aurais été satisfait donc là, je suis content. J’ai un rêve, et je le poursuis. J’espère pouvoir le réaliser rapidement.

L’an dernier, tu as signé ton premier podium à Daytona. Tu viens de décrocher ta première victoire. Daytona, c’est la semaine prochaine. Tu as hâte ?

Daytona, c’est un tracé incroyable. C’était mon premier podium l’an dernier et c’est une piste sur laquelle il faut avoir cette niaque à la Tomac et envoyer du gros gaz. Je sens que j’ai ce qu’il faut en moi. On y sera le week-end prochain et je suis excité à l’idée d’y rouler de nouveau. Ça s’est bien passé la dernière fois là-bas pour moi, et j’espère pouvoir continuer sur ma lancée.

Tu as une énorme fanbase et beaucoup de gens derrière toi. Est-ce que ça te mets un peu de pression sur les épaules ?

J’adore mes fans, ils m’aident à rester concentré sur mes objectifs, mentalement parlant. Même les gens qui doutent de moi me servent, car je veux leur prouver qu’ils ont tort à la moindre occasion, et c’est l’un de mes passe-temps favoris. J’aime les gens qui me soutiennent, comme les gens qui ne m’aiment pas. Ce sont eux qui m’aident à gagner.

Il y a des rumeurs qui disent que tu aimerais monter en 450 l’an prochain. Info, ou Intox ?

Je m’assurerais de pouvoir défendre un titre en 250 au moins une fois. Tu veux avoir des titres en 250 avant de monter en 450, il ne faut pas se précipiter. On voit à quel point la catégorie reine est relevée et monter trop tôt ne serait pas intelligent. Mon père va m’aider et me guider dans ces décisions, ma mère aussi. On me conseillera de toute façon, mais je ne monterais pas aussi tôt en 450.

Haiden Deegan “La régularité, c’est vraiment ce qu’il manque aux pilotes 250”
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