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Jason Clermont “Tu te mets dans de sacrés états pour un titre. C’est beau de vivre ça”


Ce week-end et à l’occasion de la finale disputée à Lauzerte, Jason Clermont a décroché sa seconde couronne de champion de France national 450. Encore en piste la veille sur le Supercross de Brienon, le pilote Berryli4ni Kawasaki a fait la route entre l’Yonne et le Tarn-et-Garonne dans la nuit du samedi au dimanche. Pour ne rien arranger aux nerfs déjà mis à rude épreuve après une panne mécanique sur le camion du staff, Jason Clermont s’accrochera avec ses principaux concurrents au départ de la première manche du dimanche; le titre aurait bien pu se jouer au bout de quelques mètres. Le champion en titre raconte, avant d’aller fêter un titre dûment mérité.

Jason, Félicitations. Le titre t’avait échappé l’an dernier face à Hugo Roussaly. Tu le récupères cette saison. Ça fait du bien ?

C’est clair que ça fait du bien d’avoir été au bout cette année, on n’a pas eu de gros soucis comme l’an dernier où j’avais connu des casses mécaniques et ça m’avait fait louper des manches. C’était beaucoup mieux en régularité, pour les points, tout du long. Je suis vraiment content, la moto a super bien fonctionné, l’équipe a fait du super boulot et j’ai bien travaillé tout au long de la saison. Je ne me suis pas endormi même si j’ai eu encore des soucis de départ cette année, j’ai eu du mal à partir devant. J’ai surtout fait de belles remontées et c’est à chaque fois ça qui m’a sauvé par rapport à des pilotes qui étaient peut-être un peu moins vite que moi en piste, mais qui partaient toujours bien. On a fait une bonne saison, le championnat était très relevé de nouveau. À chaque fois, on a vu des vainqueurs différents, c’était super homogène et très plaisant. Une belle saison qui se finit par un titre, que demander de plus ?

Tu avais 15 points d’avance au championnat avant la finale. Ton mécanicien me disait que la stratégie du week-end n’était pas d’aller gagner, mais d’assurer les points. C’était ça, l’état d’esprit en arrivant à Lauzerte ?

Je n’avais pas trop de stratégie. Je ne comptais pas trop les points. Je savais que Julien était second et Pierre troisième, pas trop loin. Il fallait bien partir, que je me concentre là-dessus. Le truc, c’était de rouler comme je savais le faire et ne pas se mettre des bâtons dans les roues pour rien. Normalement, si on arrive à faire ça, ça le fait avec la petite avance que j’avais. Malheureusement, on tombe au départ en première manche avec les autres. Là, ça a mis un peu de piment et avec l’arrosage, c’était un peu la cata’ pour moi dans le premier tour. J’ai trouvé mon rythme, j’ai réussi à remonter et j’ai forcé jusqu’au bout pour revenir cinquième donc j’étais très satisfait. J’avais fait une bonne opération au niveau des points.

En seconde manche, je suis mieux parti, troisième. J’ai suivi le rythme sans m’affoler au début. Julien Bonnaudin a pris la tête et rapidement imprimé le rythme avant qu’Adrien Malaval ne revienne et ne le double; il était très agressif en début de manche. De là, j’ai trouvé des bonnes lignes, j’ai changé deux ou trois traces et ça allait de mieux eu mieux et je suis revenu sur Julien avant de trouver l’ouverture. De là, j’ai fait ma course. Arrivé à 8 minutes de la fin, je regardais le temps, je n’étais pas mort physiquement mais je me suis mis une pression qu’il n’y avait pas lieu de se mettre. Je regardais les ornières, je pensais à ne pas perdre l’avant, c’était encore pire que tout et je me tendais. Physiquement, ça allait bien mais je me mettais la pression tout seul. Ça faisait longtemps que ça ne m’était pas arrivé. En y repensant maintenant, je me dis que c’est de la bonne pression. Tu te mets dans de sacrés états pour un titre; c’est beau de vivre ça. J’ai été au bout, j’ai été consistant, le physique a été là et on a fait les choses de la bonne manière.

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Sans se précipiter et après avoir bouclé le premier tour hors des points, Jason Clermont ira chercher la 5ème place en première manche.

Dans la première manche, tu t’accroches avec Bonnaudin et Cossé dans le premier virage. Est-ce qu’à ce moment-là, on se relève et on se demande d’entrée de jeu où est julien ?

En fait, au bout de la ligne droite c’est Julien qui tombe devant moi. Je bloque avec lui, je tente de repartir et un pilote me tamponne; je me retrouve un peu en suspens. Je ne tombe pas vraiment mais je suis bloqué dans la montée, je repars au ralenti et le temps de repartir, Antoine et Julien sont repartis juste derrière moi. J’avais vu que Julien était tombé; c’était un bon point [rires]. Dans le premier tour, c’était la gadoue et avec tous les pilotes, c’était compliqué. Julien et Antoine m’ont doublé, ça ne sentait pas bon et je savais qu’il fallait que je remette du rythme. J’ai fini par trouver des solutions quand ça s’est éclairci au niveau des pilotes, que j’ai pu prendre mon rythme et trouver des ouvertures. C’était un peu tendu en début de manche mais je savais que Julien était dans le même groupe que moi. Quand je l’ai doublé, je ne pensais qu’à une chose: remonter le plus loin possible. Quand c’est comme ça, tu t’enlèves toute pression et tu roules comme tu sais le faire, à ton maximum.

Tu as de l’expérience sur ce championnat de France National 450; j’ai eu l’occasion de discuter avec la déléguée du championnat mais aussi avec les pilotes présents ce week-end. Aujourd’hui, si tu devais faire une critique constructive pour faire évoluer ou améliorer ce championnat, ce serait laquelle ?

Je trouve que c’est un superbe championnat. Il est homogène, on n’est pas des professionnels, on s’entraîne tous pendant le week-end, pas en semaine. On met de l’argent, on investit pour avoir des motos performantes mais aussi du physique. On ne fait pas ça toute la semaine, on n’a pas non plus le meilleur matériel possible. Sur l’ensemble du championnat, on a quand même 7 à 8 épreuves et ce n’est pas mal. Ce que je trouve dommage sur une saison comme celle-ci, c’est qu’on a dû attendre deux mois avant de disputer la dernière épreuve. Ça faisait long, surtout que moi j’ai attaqué le Supercross même si tout le monde n’en fait pas. Oui, j’ai trouvé ça long avant la dernière épreuve. Dans l’ensemble, le championnat est top; ils pourraient peut-être nous augmenter les primes, ce serait bien [rires]. Il y a une belle organisation, les pilotes sont respectueux, ça va dans le bon sens et il n’y a pas de souci particulier. C’est ma troisième saison complète – j’ai commencé en 2021 – et je n’ai pas vu de gros problème sur ce championnat.

Le pilote Berryli4ni Kawasaki accroche son second titre de champion de France National 450 cette saison

Qu’est-ce qu’on a pensé de la piste de Lauzerte ? Accueillir le National 450, c’est aussi être en mesure de proposer un tracé qui peut se permettre cette cylindrée aussi.

Lauzerte, c’est une belle piste; il y a de la vitesse, du dénivelé. Ce dimanche, on a vu des ornières, des trous, ça s’est bien creusé. On a vraiment eu une belle piste. Après, ils ont fait deux ou trois modifications sur des chicanes et je n’ai pas trouvé ça très intéressant car on finissait par se suivre alors qu’avant on pouvait doubler dans ces portions. Il n’y aurait que ce point-là à soulever mais j’en ai discuté avec le président; à voir ce qu’ils vont faire. Par contre, c’est vrai que la préparation était au top pour une terre comme celle-ci, assez dure quand elle se dame, ça ne doit pas être évident.

Certaines personnes vont se demander pourquoi on décide de faire le SX Tour de Brienon la veille de la finale du championnat de France National 450 sur lequel on joue le titre. Visiblement, vous avez eu des soucis sur le camion en venant cette nuit. Disons que tu aurais pu dormir en bas hier soir et la journée aurait été moins mouvementée.

Cette année, je fais tout le championnat de Supercross. C’est sûr que c’est prendre des risques en plus mais moi, je le fais parce que ça me fait plaisir. Je ne suis pas trop mal placé sur le SX Tour, je suis dans les dix premiers et j’aimerais bien me qualifier pour rouler à l’U Arena. J’ai investi pour avoir une moto de Supercross, j’ai mis pas mal de pièces pour avoir une moto performante et finalement, devoir prendre le moins de risques possible. Je me sens bien, je me fais plaisir et pour moi, il n’y avait pas lieu de casser cette dynamique même si je jouais le titre derrière. Je peux très bien me mettre une boîte aux premiers essais ici dans la matinée. Je ne roule pas en pensant aux risques. Ma mère a décidé de ne pas venir si je décidais de faire le Supercross la veille; bon … J’ai quand même fait le Supercross et elle est restée garder les chiens à la maison [rires]. Tu mets beaucoup de choses en jeu, on peut dire que c’est inconscient mais quand tu aimes ça, quand tu te fais plaisir, tu ne regardes pas les risques. Tu peux tomber n’importe où.

Ton collègue Romain Pape est aux USA cette année; c’est un projet qui pourrait te re-botter ?

Oui bien sûr, les US, j’ai déjà vécu. Pour moi, ce sont mes vacances car je travaille toute l’année. Quand je prends des vacances, c’est pour partir là-bas. C’est un énorme budget. Là, j’aimerais bien y retourner en décembre pour faire les six premières épreuves de la saison 2024, c’est un budget que j’ai globalisé à 22.000€ pour faire mon petit tour. C’est de l’argent qu’il faut trouver, il faut poser des vacances pour se faire plaisir et quand je suis là-bas, je ne fais que de la moto. Ça me fait progresser, je roule avec les meilleurs sur les meilleures pistes. C’est un truc que j’adore.

Jason a suivi les aventures de son coéquipier Romain Pape sur l’outdoor, et il n’exclut pas quelques piges aux USA prochainement

Jason Clermont “Tu te mets dans de sacrés états pour un titre. C’est beau de vivre ça”
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