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Jeffrey Herlings “Je n’ai pas craqué sous la pression”

Jeffrey Herlings “Je n’ai pas craqué sous la pression”

Après deux années de désillusions, de blessures et de doutes, Jeffrey Herlings décroche son cinquième titre de champion du monde au terme d’une saison d’exception. Avec Romain Febvre et Tim Gajser, le pilote Néerlandais nous aura offert un final de toute beauté. Le titre décerné, la pression retombée, Jeffrey Herlings savoure; bravo champion.

Jeffrey Herlings: “Je suis très heureux, mais en même temps, j’ai de la peine pour les deux autres, Romain et Tim. Je sais ce que ça fait. J’ai eu l’impression que c’était la fin du monde quand j’ai raté le titre de quelques points en fin de saison par le passé. Je tiens donc à les remercier tous les deux pour ce superbe championnat. Le mauvais côté de notre sport, c’est qu’un seul d’entre nous peut gagner. Mais oui, ils ont été géniaux, et je les respecte tous les deux énormément. […]

J’avais vraiment la pression, c’est comme si je n’avais pas dormi depuis une semaine. On n’arrête pas de penser à des scénarios différents; “qu’est-ce qu’on va faire s’il se passe ça, ou ça ?”. Mais en fin de compte, rien ne s’est passé comme je le pensais, mais nous avons tout de même gagné ce championnat. Ce n’était pas facile. Tous les trois, on a attaqué jusqu’à la dernière manche, surtout moi et Romain dans les deux dernières courses. La pression était au rendez-vous. Je n’ai pas craqué sous la pression et j’ai décroché le championnat. J’ai gagné deux points grâce à Antonio Cairoli, mais j’ai réussi à gagner le championnat avec cinq points d’avance donc même sans ce petit cadeau, j’aurais quand même gagné le championnat. C’était le championnat le plus difficile; il m’a fallu des nerfs d’acier dans les dernières semaines, mais on l’a fait. […]

J’ai très mal roulé aujourd’hui parce que je n’ai pas dormi pendant trois jours. Lors de la première manche, j’avais tellement peur de chuter que j’ai commencé à me raidir et j’ai eu mal aux bras. Pareil dans la deuxième manche; et à un moment après quatre ou cinq tours, Romain a chuté et je me suis dit “Ok, Tim est deuxième”.

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D’un côté, je ne voulais pas ouvrir en grand, je voulais rester dans ma zone de confort, mais je pensais, pensais, et pensais encore et Tim continuait à se rapprocher de moi petit à petit. J’ai juste fait ma course et je n’ai pas regardé derrière, j’ai juste essayé de rouler comme à l’entraînement pour m’assurer que je ne tomberais pas parce que c’était la seule chose qui pouvait me faire passer à côté du titre. Je suis très heureux d’avoir réussi. Et parvenir à faire 1-1 en dépit de mon mauvais pilotage, c’est quand même une très bonne chose. […]

Pour l’instant, je n’ai pas vraiment d’émotions. Je pense que je ne réalise pas encore. En 2018, on l’avait vu venir, il s’agissait juste de ne pas se blesser. Donc, je savais juste que j’allais gagner le championnat parce que je menais de quatre-vingt-dix points et j’attendais juste le titre. Mais cette fois-ci, c’était différent; quand j’étais sur la piste dimanche, en 15eme position, je pensais que le championnat était perdu. J’ai beaucoup manqué de chance, mais j’ai eu de la chance avec ma grosse chute à Arco car je ne me suis pas blessé et la moto n’a pas été plus endommagée que ça, même si je n’ai pas eu de bol avec cette chute au départ. Combien de fois êtes-vous contraints à l’abandon après une chute au départ ? …. De même que ce dimanche, ma selle était complètement desserrée mais heureusement, elle ne s’est pas détachée, par miracle.

Gagner ce championnat, c’est incroyable. Je pense que ce soir, quand je serai allongé dans mon lit, je me dirai : “On a enfin réussi !”. On est déjà mi-novembre et on sait que dans trois ou quatre mois, on va déjà recommencer à rouler, il n’y a pas trop le temps d’en profiter. Une fois de plus, je ressens la douleur des deux hommes à côté de moi et j’ai le cœur brisé pour eux mais d’un autre côté, je suis heureux d’avoir réussi à décrocher le titre. En 2014, j’ai perdu le championnat de quatre points avec une fracture du fémur, alors je connais ce sentiment. J’ai loupé plusieurs fois le titre alors que je menais avec une grande marge d’avance, comme en 2015 et en 2020. Donc, celui-ci, il est spécial. […]

Images: Niek Kamper


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