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Jessie Joineau “Les années passaient et se ressemblaient toutes”

Images: JC Pellant - Tekniphotos

Dire que Jessie Joineau revient de loin relèverait presque de l’euphémisme. Plombée par des pépins physiques ces dernières saisons, et notamment des problèmes aux genoux, la pilote Française avait annoncé mettre un terme à sa présence en compétitions fin 2021. Il n’aura suffi que d’un appel de Philippe Menichetti de New Bike Sete pour raviver la flamme à l’intersaison avec un nouveau défi: Une nouvelle saison, de nouvelles couleurs, et un nouveau départ. Après être passée par deux reconstructions des genoux à l’intersaison, ayant entraîné 7 mois de convalescence, Jessie Joineau a pris la direction de l’épreuve d’ouverture du MXF à St. Eloi le week-end dernier, sans grands objectifs compte tenu des circonstances. Finalement, Jessie termine deuxième de la journée derrière l’intouchable Amandine Verstappen. Au-delà de la surprise du résultat, le soulagement et la joie après de longs mois à ronger son frein … Micro.

Jessie, fin 2021, tu avais annoncé mettre un terme à ta carrière de pilote et finalement, te revoilà en piste en 2022. Qu’est-ce qui a motivé ce revirement de situation ?

Effectivement je voulais mettre un terme à tout ça à cause de mes trop nombreuses blessures, beaucoup trop de blessures… Quand ce n’était pas physique, c’était mécanique. J’ai cessé les erreurs, les chutes, je me suis canalisée, j’ai bossé sur moi pour finalement me retrouver avec deux ruptures des ligaments croisés antérieurs sans même chuter, simplement à cause de retardataires qui se sont déviés de leurs trajectoires … Là, je me suis clairement dit que je ne pouvais plus persévérer avec le facteur chance que j’avais à ce stade-là. Puis j’ai reçu un appel du patron de la concession New Bike à Sete (ndlr: Philippe Menichetti), et une proposition: repartir à zéro en changeant tout de A à Z et en passant sur Yamaha. Je me suis dit que c’était peut être ce qui me manquait, et vu que je suis joueuse… J’ai tenté le coup et saisie cette opportunité en gardant mes partenaires et en ajoutant cette concession à mes côtés.

Pour 2022, Philippe Menichetti t’accorde sa confiance en t’aidant avec New Bike Sete Yamaha. Comment s’est fait ce rapprochement ? J’imagine que c’était aussi un pari pour lui, étant donné que tu devais passer par une opération des deux genoux à l’intersaison.

Philippe m’a téléphoné l’année passée quand j’ai fait l’annonce dans laquelle j’annonçais mettre un terme à ma saison juste avant la finale. Après plusieurs échanges et une discussion posée avec le gérant de la structure JS Racing Honda – avec qui j’étais depuis 10 ans – j’ai accepté la proposition en gardant un bout de la structure de JS, qui pour moi est comme ma famille, et c’était également une façon de les remercier pour toutes ces années d’investissement. Philippe a accepté la démarche, je peux donc rouler pour lui en étant sous l’auvent de JS Racing, et avec les couleurs de New Bike Sète.

@JC Pellant – Tekniphotos

Parlons justement de ces opérations. Il a fallu faire quoi , et elle ressemble à quoi, ton “intersaison” 2021/2022 finalement ?

Il a fallu faire une opération du croisé antérieur et une greffe DIDT (tendons de la patte d’oie) pour le genou gauche, et une opération du croisé antérieur avec greffe de tendon rotulien, ménisques interne, externe, et plateau tibial à droite.

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Pour ce qui est de mon intersaison, c’est simple. D’octobre à fin avril j’étais off. De novembre à janvier j’étais dans un fauteuil roulant car je n’avais pas droit à l’appui. De janvier à février j’étais en béquilles. De février à mars, j’ai travaillé sur la marche et de mi-mars à aujourd’hui j’ai fait beaucoup, beaucoup de vélo. J’ai repris la moto aux alentours du 23 ou 24 avril et c’était hyper compliqué car j’avais vraiment beaucoup de douleurs.

Je suis descendue à Sète le 30 avril et 1 Mai pour travailler avec Reptil sur les suspensions et le moteur pour que je me sente le mieux possible sur la moto car je voulais absolument faire l’ouverture de la saison du championnat de France Féminin à Saint Eloi.

Le samedi ça s’est super bien passé, il a fait un travail de dingue et le dimanche j’ai roulé à peine 1 heure en tout dans la journée tellement j’étais épuisée physiquement.

J’avais pris rendez-vous le 4 mai pour validation de mon genou avec une batterie de tests fonctionnels et isocinétiques, afin de pouvoir prendre le départ des courses à St. Eloi. Finalement la veille, le rendez-vous a été annulé. J’ai donc pris la décision de monter quand même à l’ouverture du championnat, et d’aviser sur place.

Et du coup, Saint Eloi, ça se passe comment ?

On savait qu’on était plus que limite. Physiquement, et en roulant seule à l’entraînement, j’étais rincée en 15 minutes… En accord avec toute l’équipe, on se disait que la victoire première était d’être derrière la grille de départ de cette épreuve d’ouverture. Le but était de marquer des points, de monter crescendo en puissance et de me familiariser avec cette nouvelle machine.

Après les chronos, on s’est dit qu’au mieux j’allais pouvoir faire cinquième de l’épreuve, sans réellement me mettre la pression, il fallait que j’accepte, et que je me canalise. Finalement, je me retrouve à signer deux bons départs, je termine une manche troisième et l’autre seconde, je tiens le coup pendant les manches avec de très bons temps; c’était un week-end de folie. J’étais surprise, vraiment.

@JC Pellant – Tekniphotos

Est-ce que tu as pour objectif de revenir un de ces jours sur le mondial féminin ?

Pour le mondial, pourquoi ne pas retenter quelques courses si j’arrive enfin à faire un entraînement hivernal correct. Mine de rien, ça fait 3 ans que j’ai des pépins avec les ligaments croisés et que chaque saison, je ne reprends pas la moto avant le mois de mars… On reparlera de ça en 2023, après une bonne préparation. Avec New Bike Sete, Reptil et JS à mes côtés, je pense que tout ne peut que fonctionner pour moi.

Pour terminer. Il y a eu l’instauration d’une règle d’éligibilité sur le national 250 et 450, mais il est toujours possible de rouler devant en mondial féminin et également sur le national féminin. Est ce qu’on se dit “deux poids, deux mesures” ?

Je ne dirai pas ça. Pour moi, ce n’est pas une règle à appliquer sur le championnat de France féminin car les hommes ont plusieurs championnats nationaux, un 125, un 250, un 450, ainsi que l’Elite MX1 et MX2. Pour les filles, il n’y a qu’un seul championnat Français, c’est donc cohérent de pouvoir y rouler si on roule sur le mondial. On est quand même 4 fois moins que les pilotes masculins, donc je ne pense pas qu’il faille instaurer une règle similaire.

Jessie Joineau “Les années passaient et se ressemblaient toutes”

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