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Jett Lawrence “j’ai hâte de pouvoir rouler contre Eli Tomac”

Interview: Conférence de presse

Jett Lawrence a gagné tout ce qu’il pouvait gagner cette saison. Champion de Supercross 250 sur la côte Ouest, archi-dominateur sur l’outdoor 450, champion SuperMotocross en catégorie reine, la vague Jett a absolument tout raflé sur son passage et il ne reste plus qu’une victoire aux nations pour boucler la boucle . Les poches du jeune Australien sont désormais remplies d’un million de dollars supplémentaire. Comme à l’accoutumée, Jett Lawrence était présent en conférence de presse à Los Angeles; il est revenu sur sa saison SuperMotocross, et avoue déjà attendre avec impatience la future confrontation avec Eli Tomac. Micro

Jett, félicitations. Te voilà champion SMX. On connaît les difficultés qu’ont dû surmonter ta famille, on en a parlé à de nombreuses reprises et ils ont dû beaucoup sacrifier pour vous permettre d’en être là aujourd’hui. Cette victoire n’est pas que personnelle, j’imagine qu’elle revient aussi à ton team et à  ta famille.

C’est sûr qu’une fois sur la piste, on ne voit que le pilote mais il y a beaucoup de gens à qui l’on doit tout ça, des gens dans l’ombre qui font énormément avec les motos, qui nous aident Chase et Moi pour qu’on ait le meilleur matériel possible. Et il y a aussi mon entraîneur, Johnny O’Mara et mon père, qui sont tous deux des piliers, tout comme mon frère Hunter. Tous les jours, on travaille dur et on essaie de s’améliorer que ce soit sur la moto ou en dehors. Ce n’est pas seulement une très belle récompense pour moi, mais c’est aussi une belle façon de remercier tous les gens qui m’ont soutenu et qui m’ont aider à en arriver là. J’essaye de leur dire le plus gros merci possible, et je l’ai fait en gagnant ce titre.

Lors de cette ultime manche, Ken Roczen était derrière toi, il y avait un million de dollars en jeu. C’était différent de d’habitude d’être dans cette position ?

À chaque fois, tu essaies d’avoir le même état d’esprit mais ce n’est pas simple vu tout le battage médiatique qu’il y a eu autour de cette course, et qui a été relayé sur les réseaux, avec cette histoire de points qui comptaient triple. Ça te met encore plus de pression sur les épaules et puis arrive la seconde manche, lors de laquelle le terrain était vraiment défoncé. On repousse les limites, on ne peut pas vraiment aller plus vite parce qu’on fait tous la même chose. J’avais une carte à jouer et c’était ce quadruple, mais une fois que j’ai dévoilé mon jeu tout le monde s’est mis à le faire aussi. De là, j’ai compris qu’il allait falloir que je sois plus rapide que les autres mecs sur tout le reste de la piste, qu’il allait falloir rentrer et sortir plus fort des virages. Ce n’était pas simple car la traction n’était pas terrible. Enfin bref, c’était un super week-end, depuis mon réveil du matin, j’ai tout fait pour rester concentré malgré la pression et heureusement, j’ai été en mesure de sortir d’ici vainqueur.

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Tu n’as pas été aussi dominateur en SMX que sur l’outdoor, et on pourrait croire que tu as appris pas mal de choses en Supercross sur la 450. Est-ce que tu y trouves plus de satisfaction qu’en gagnant l’outdoor, finalement .

C’est cool, c’est une certitude. Ça fait du bien car ces titres ne sont pas simples à décrocher. Chaque titre, c’est un moment spécial, un ressenti spécial, et tu en apprends beaucoup. J’en ai beaucoup appris pendant ces courses. Lors de la première course à Charlotte, je me suis fait défoncer, je n’avais rien dans le sac face aux autres. Je suis passé à côté des réglages pour la première manche et je me suis rattrapé pour la seconde, mais ce n’était toujours pas vraiment ça. Chase a vraiment bien roulé ce week-end là. Puis on est allé à Chicago, c’était différent, un peu plus typé outdoor mais je me sentais quand même assez limité. Sur l’outdoor, on a bien plus de place, d’options, on peut faire beaucoup plus de choses et être plus créatifs alors que là, sur le SuperMotocross, on faisait tous la même chose en piste. Les pistes sont plutôt basiques, donc on est tous en mesure de rouler vite, c’est difficile de faire la différence. Il faut faire attention aux petits détails, comment tu sors des virages, comment tu prends les trous. Si tu glisses un peu, tu perds un dixième de seconde, ce n’est pas une grosse erreur mais au bout d’une longue ligne droite dans ces conditions, ça fait une grosse différence. Moi, comme les autres, on devait être parfait sur ces tracés, suivre ses traces et essayer de rapidement se corriger quand on faisait une erreur. Ce championnat aura été mieux pour moi sur un point, car j’ai été en mesure de voir comment mes adversaires roulent dans des stadiums pour la première fois; j’apprends pour la saison de Supercross l’an prochain. Je n’ai pas beaucoup fait de Supercross en 450, et même si ce dernier tracé SMX était vraiment typé Supercross, je n’ai pas fait beaucoup de testing dans la discipline sur la 450; deux semaines maximum. C’était assez excitant de se jeter là-dedans sans savoir comment ça allait se dérouler, et je suis content d’en sortir vainqueur.

Qu’est-ce que tu t’es dit quand tu as su qu’Hunter ne pourrait pas participer à l’épreuve ?

J’étais déçu. Une petite erreur le vendredi. Ce n’était pas bien grave mais ça s’est aggravé le samedi après une mauvaise réception dans le sable. C’est difficile de voir son frère se blesser. Je n’aime pas non plus le voir rouler car ça me rend hyper nerveux ! À chaque fois qu’Hunter se blesse, d’une certaine manière, ça se passe bien pour moi. Donc je suis content d’avoir été en mesure de gagner ce samedi, cette victoire est pour lui.

Tes débuts en catégorie reine sont impressionnants. Est-ce que tu ressens une certaine tension, due à ton arrivée dans la catégorie ? Qu’est-ce que ça te fait, d’être en 450 désormais ?

C’est cool. Je me souviens quand je roulais en 85cc en Allemagne et que je m’entraînais avec le père de Kenny, et que je le regardais rouler, que j’étais un de ses supporters. C’est génial de pouvoir me mesurer à lui aujourd’hui. Il est plus vieux que moi, mais il roule toujours très fort. Il a l’un des plus beaux styles en piste et il a marqué le sport de son empreinte. Pour moi, c’est juste cool d’être dans la catégorie avec ces légendes du sport, et je suis excité d’attaquer la prochaine saison, j’ai hâte de pouvoir rouler contre Eli Tomac. Qu’il me batte ou que je le batte ne changera rien. C’est juste que je veux pouvoir rouler contre les légendes de ce sport. Si j’avais pu rouler contre Ricky ou James à l’époque, et je pense que tout le monde ici me rejoindra – que ce soit Cooper ou Kenny – je suis certain que ça aurait été incroyable.

D’ici à la prochaine saison, quel est le plus gros changement que tu vas faire sur ta moto pour la saison prochaine ?

C’est cool d’avoir pu disputer ces épreuves pour avoir un premier ressenti avec la moto en Supercross. Je sais qu’il me reste encore beaucoup de boulot car il va falloir rajouter les whoops à l’équation la saison prochaine. Il va falloir passer par la phase d’apprentissage. J’ai commencé le Supercross sur le tard. Aujourd’hui, j’ai toujours l’impression d’avoir assez peu d’expérience, j’apprends toujours et j’en apprendrais des autres encore longtemps.

La semaine dernière, et même si tu as gagné l’épreuve, il y a eu quelques histoires à Chicago avec ce dépassement de Roczen. Comment arrives-tu à bloquer tout ça, à te pointer ici, et à continuer à faire ton job ?

Je ne vais pas vraiment sur les réseaux sociaux. Je vais un peu sur TikTok, je fais les trucs d’ado. Je suis encore très jeune, tu peux dire ce que tu veux ou écrire ce que tu veux de moi, peu importe. Certaines pages se moquent de moi, j’en vois parfois, et je trouve ça drôle. La plupart du temps, je suis le premier à rire de moi-même. Je sais que parfois je dis des trucs stupides, et là c’était le cas. Je n’ai que 20 ans, je ne ferai plus les mêmes erreurs, et je vais me prendre un livre de maths pendant l’intersaison, c’est certain ! Je me suis fait un peu pourrir toute la semaine, même par certains de mes amis qui se sont moqués de moi. Je ne suis probablement pas le plus intelligent mais je sais comment rouler sur une moto, et comment tourner la poignée dans le bon sens.

Qu’as-tu pensé de ces playoffs ? Ce serait bon de pouvoir ramener les fans de baseball et de football américain vers notre sport. Il y a bien la saison de Supercross, et de Motocross, mais est-ce que tu te dis que ces fans là pourraient aussi s’intéresser au sport Moto par le biais de ce championnat ?

On adorerait que ces gars-là s’intéressent à notre sport. Je suis Australien, mais je sais que les Américains aiment leur football US, leur baseball. En Europe, le football est également très important. Ce serait top que ces fans là s’intéressent à nous. On mérite d’être mis en avant, on fait l’un des sports les plus dangereux qui existe. Il y a bien le NASCAR où les mecs vont à fond, mais ils sont protégés dans l’habitacle d’une voiture. Quand on loupe une trajectoire ou qu’on se prend un gros kick, on se demande toujours dans quel état on va s’en sortir. Ce serait cool que le MX soit aussi populaire que ces autres sports. On le mérite, c’est certain. Je pense aussi qu’il n’y a pas un autre sport où on peut être aussi proche des athlètes. C’est très rare que tu puisses voir des footballers ou des joueurs de baseball parce qu’ils vont directement dans les vestiaires, puis ils s’engouffrent dans leur bus et ils filent à l’aéroport. La Formule 1, c’est vraiment un milieu fermé aussi. Nous, on a des milliers de gens qui déambulent dans les paddocks, qui peuvent rencontrer leurs pilotes favoris, avoir des autographes. Il y a peu de sports comme ça.

Chase Sexton a été ton plus gros concurrent cette année, vous étiez sous le même auvent. On n’a pas vu un seul contact, vous étiez très respectueux sur la piste l’un envers l’autre. Il change d’équipe l’an prochain. Est-ce que tu penses que la dynamique va changer avec Chase ? Vous n’aurez plus à vous croiser dans le camion et sur la piste, vous ferez votre job.

Je ne pense pas. Chase est vraiment un gars super, très gentil. On peut très bien se battre pendant 35 minutes sur la piste, rentrer au camion et peu importe le résultat, on s’entendra bien et on parlera à peine de la course; on discute d’autre chose. C’est vraiment un bon gars. On parlera probablement beaucoup moins parce qu’on ne sera pas dans le même camion mais quand on se retrouvera sur la grille de départ, on discutera. On se respecte mutuellement parce qu’on sait le travail effectué par l’un comme par l’autre. On respecte tous les pilotes qui sont ici, car être au plus haut niveau n’est pas une chose facile.

Jett Lawrence “j’ai hâte de pouvoir rouler contre Eli Tomac”
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