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Marvin Musquin “Je vivais grâce aux enveloppes de cash que je gagnais sur les épreuves du France”


Les championnats AMA derrière lui, Marvin Musquin ne roule plus que pour le plaisir, et prend désormais de plus en plus la parole lors d’émissions et autres podcasts. Justement. Invité de Jase Macalpine et de l’excellent Gypsy Tales Podcast, Marvin est revenu sur ses débuts en grand prix mais aussi sur l’affaire qui avait fait grand bruit à l’époque. En 2009 et alors qu’il menait le mondial MX2, le pilote Français avait quitté son team pour rejoindre Red Bull KTM, qui avait un guidon vacant suite à la blessure de Shaun Simpson. De l’eau a coulé sous les ponts depuis, mais l’histoire n’en reste pas moins l’un des premiers tournants de la carrière du Français. Pour les plus curieux, on a mis la main sur les communiqués de presse de l’époque …

Marvin Musquin – Gypsy Tales: “Pour mon arrivée en grand prix, j’ai signé un contrat avec un team Français privé, pour rouler sur Honda. J’ai roulé pendant deux ans avec eux. J’ai bien aimé la moto, j’ai bien aimé les suspensions et le moteur n’était pas mal, même s’il en manquait un peu.

Ma première année a été compliquée, on n’avait pas énormément de budget. J’ai pas mal abandonné en manches, c’était mon année d’apprentissage. Je me souviens lors du GP de Lommel, j’ai abandonné deux fois. C’était une année difficile. L’année suivante, j’ai travaillé avec Yannig Kervella en tant qu’entraîneur et ça m’a vraiment aidé. J’ai déménagé du team pour me rapprocher de mon entraîneur et mon programme d’entraînement était bien différent pour la seconde saison en MX2.

Lors première course de la saison, j’ai terminé 3ème, dans la boue, il n’y avait qu’une manche. C’était incroyable. On s’est rendus pour la seconde manche en Bulgarie à Sevlievo. J’ai signé un 1-3 et j’ai gagné le général. Je me souviens, j’avais gagné une épreuve du championnat du monde MX2, et je n’avais pas pris la moindre prime, zéro. Je n’avais pas de salaire non plus, je devais en avoir un sur le papier, mais je ne l’ai jamais touché car le team devait payer les mécaniciens, les frais pour aller sur les courses, tout ça.

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Je vivais grâce aux enveloppes de cash que je gagnais sur les épreuves du France, sur lesquelles je roulais aussi. Là, j’avais de l’argent, c’est le seul argent que j’avais. Je me souviens d’une histoire drôle. Un nouveau téléphone était sorti cette année-là, et je le voulais vraiment. Il devait coûter dans les 500€ et c’était vraiment cher à l’époque. Ma femme Mathilde – qui était alors ma copine à l’époque – m’a dit “T’es sérieux ?“. J’avais l’argent, je me demandais pourquoi je ne pouvais pas l’acheter. Elle m’a dit non. Finalement, heureusement qu’elle était là sinon j’aurais fait des trucs stupides [rires]. À l’époque, on devait payer l’appartement, nos courses, tout. Je me concentrais sur l’entraînement, et voilà.

À l’approche de la mi-saison, j’étais second ou troisième du championnat et le propriétaire du team est venu me dire qu’ils étaient en grosses difficultés, qu’ils ne savaient pas si on allait pouvoir se rendre à la prochaine épreuve, amener le semi-remorque et compagnie. C’est pourquoi on a commencé à chercher d’autres options à ce moment là, il fallait que je puisse rouler. Shaun Simpson était blessé à l’époque, et il était pilote Red Bull KTM.

La moto était là, sans lui, et je voulais vraiment rouler sur cette KTM. C’était un rêve pour moi de rouler pour Red Bull KTM, donc on est allés leur parler. Ils étaient okay, m’ont dit de venir essayer la moto et voilà comment ça s’est fait.

En 2009, Marvin Musquin récupère le guidon de la Red Bull KTM officielle @David Morin

Mon team Français n’était pas content, ils ont fini par trouver du budget et ils ont continué la saison avec un autre pilote. Quand je suis arrivé chez KTM, c’était incroyable. Je me suis pointé à la course suivante en Angleterre, et j’étais le plus rapide à tous les essais, j’ai gagné les deux manches. J’étais tellement confiant dans le fait que j’allais partir devant que j’ai complètement loupé mon départ en seconde manche ce week-end-là. Je suis parti dans le top 5, je suis revenu, j’ai gagné et c’était un week-end de rêve. J’ai gagné quelques autres épreuves, je menais le championnat, tout se passait bien.

Le team Français est venu me voir pour me dire que si je roulais une fois de plus sur la KTM, ils allaient me faire un procès, et que j’allais leur devoir de l’argent. Ils me voulaient de retour dans l’équipe. C’était dingue. On s’est pointé en Suède à Uddevalla, j’étais dans un van de KTM à côté de la semi, je me changeais. Pit Beirer s’est pointé et m’a dit “on a un problème”. Le team Français était venu avec un pilote, mais ils avaient aussi une moto avec le numéro 25 et une plaque rouge dessus; ils allaient passer la moto au contrôle technique. Pit m’a dit que j’allais probablement louper la première séance d’essais, pendant qu’ils allaient régler le problème avec le team en question. J’étais en tenue, je me suis dit que j’allais louper la première séance. J’ai attendu, attendu, attendu … J’étais confiant. Puis Pit est revenu “Ils nous demandent trop d’argent, ça ne va pas être possible, on ne peut rien faire pour toi. Tu vas devoir faire l’impasse sur le grand prix.”

J’étais en tête du mondial, et ils me demandaient de ne pas rouler sur le grand prix. Pit a voulu me prendre un billet d’avion pour que je rentre chez moi, mais j’ai décidé de rester, j’ai regardé les courses avec Mathilde depuis la pitlane […]. En fin de week-end, j’étais toujours leader du championnat, sans même avoir roulé.

En Grand Prix, même si tu ne gagnes pas, du moment que tu mènes le championnat tu montes sur le podium pour prendre la plaque rouge. Je suis allé sur le podium avec un tee-shirt noir, un short noir, je ne pouvais pas représenter KTM. Après quoi, on a eu un break d’un mois et la course suivante, c’était à Lommel. Il fallait se préparer pour cette course, rouler en Belgique, se préparer dans le sable. On est allé en Belgique s’entraîner; je roulais sans mes tenues officielles, sans sticker sur la KTM, on essayait de se cacher car le team Honda essayait de me faire passer au tribunal. J’avais 19 ans, je me demandais comment j’allais faire, comment j’allais me défendre. C’était incroyable.

Dans le même temps, je m’entraînais toujours, et on a fini par régler l’affaire. KTM a dû les payer, j’ai dû les payer pour sortir du contrat, c’était de l’ordre de 60.000€. J’ai continué à rouler sur la KTM et je suis devenu champion du monde.

À Lommel, j’ai fini par signer le doublé. Un an plus tôt, j’avais abandonné les deux manches. Voilà pourquoi avec Pit Beirer et KTM, on a une si bonne relation, et des histoires assez folles à partager. L’année suivante, je me suis battu contre Kenny pour le titre, et j’ai fini par décrocher un deuxième titre mondial […]”

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Red Bull KTM: “Marvin Musquin ne peut participer au GP d’Uddevalla en Suède. L’équipe Red Bull KTM Factory Racing a publié une déclaration concernant la situation juridique actuelle de leur pilote, Marvin Musquin. Cette situation l’empêche de participer à la prochaine épreuve du championnat du monde à Uddevalla, en Suède. Cette semaine, le tribunal a statué que Marvin Musquin, l’actuel leader du championnat du monde, est contraint de rouler de nouveau pour l’équipe NGS Honda au moins pour la prochaine épreuve du mondial MX2 à Uddevalla, en Suède. KTM espère sincèrement que de nouveaux contacts avec le tribunal et des négociations avec les personnes impliquées la semaine prochaine pourront clarifier la situation juridique en ce qui concerne le reste de la saison.

Bien que KTM respecte cette décision de justice, Marvin Musquin n’est toutefois pas en mesure de rouler pour l’équipe Honda ce week-end, car l’équipe en question dispose déjà de deux pilotes et se retrouve à effectif complet. Le team Red Bull KTM Factory Racing regrette vivement que cette situation empêche Marvin Musquin de poursuivre son objectif cette saison. Selon Winfried Kerschhaggl, directeur de KTM Racing, la situation mentionnée ci-dessus, bien qu’elle ne soit pas très claire, n’affecte en rien la relation de Marvin Musquin avec KTM et l’équipe Red Bull KTM Factory Racing.

“Nous avons convenu d’une relation à long terme avec Marvin avec des objectifs très clairs. Dès que la situation sera éclaircie sur le plan juridique, nous lui proposerons un accord contractuel à la hauteur de son potentiel et de son talent” “

NGS Honda: À propos de Marvin Musquin, puisqu’il faut bien en parler, il convient de rappeler que l’association date de fin 2007 et qu’il s’agissait alors d’une collaboration « familiale » Honda-NGS/Musquin Frères (Marvin & Mickaël). Un montage quelque peu alambiqué, Mickaël proposant alors au Team un sponsor lui garantissant un contrat d’une durée d’un an, tandis que Marvin, devant bénéficier indirectement de ce sponsor, signait lui pour deux ans (2008 & 2009). Si, malgré la spécificité d’un tel arrangement, la première saison s’est globalement déroulée sans encombre, l’entourage de Marvin a montré, dès l’intersaison, des envies d’ailleurs. Celles-ci n’ont pas trouvé d’écho, mais elles ont sans aucun doute fragilisé la crédibilité du Team, tant et si bien que certains partenaires ont préféré quitter le navire… Nous avons toutefois poursuivi comme prévu (avec un soutien et une confiance de Honda renouvelés, qui plus est) et de quelle manière puisqu’on a vu la Honda de Marvin s’installer aux commandes du championnat de France Elite et du championnat du Monde jusqu’à ce que, résultats aidant, le pilote et les siens lorgnent à nouveau du côté de la concurrence… Et que, hélas, sans ultimatum et dans la plus grande précipitation, Marvin apparaisse, en tant que « pilote privé », au guidon d’une KTM-Red Bull « usine » au GP de Grande Bretagne à Mallory Park !” […]

Sachez tous que le Team Honda-NGS se réjouit de voir enfin définitivement résolue cette fameuse « affaire Musquin » qui a tant fait parler d’elle depuis quelques semaines. En fait, dès qu’elles se sont assises à une même table, les différentes parties ont très rapidement su trouver une issue satisfaisante pour chacune d’entre elles. Marvin a ainsi pu dans la foulée participer à la finale du Championnat de France Elite à Iffendic où, en guise de célébration, il a obtenu non sans panache le titre national.

Le sport a donc repris ses droits et, tandis que le Team Honda-NGS poursuit la mission qui est la sienne, consistant à permettre à de jeunes pilotes, en l’occurrence Jason Clermont et Cédric Soubeyras, de faire leurs armes au plus haut niveau, de son côté Marvin Musquin peut sans aucune retenue foncer vers un titre mondial MX2 qui, en vue du sprint final, lui tend les bras.

Cela dit, on ne peut que se féliciter de voir qu’au terme de cet épisode conflictuel le bon droit a été respecté et qu’en définitive un contrat signé reste un engagement ferme qu’il convient d’honorer à sa juste valeur. Et ceci quelle que soit la taille des parties concernées : grande écurie officielle ou petite structure indépendante, un contrat est un contrat, telle est la leçon de l’histoire. Sur ce, souhaitons de nouveau bonne chance au nouveau champion de France, quant au Team Honda-NGS, il continue sa route, naturellement et nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de ses futures pérégrinations : à suivre, donc…

Enfin veuillez noter que si c’est au guidon d’une Honda-NGS que le leader du Mondial MX2 a conquis la plaque rouge, il est à l’heure actuelle un autre détenteur d’une autre plaque de même couleur, à savoir Pierre-Alexandre Renet en catégorie MX3, qui lui aussi a débuté en Grands Prix au sein du Team NGS. Une véritable « famille », en fait et c’est là notre fierté, qui aujourd’hui brille au plus haut niveau ! Aussi, à l’instar de Marvin, souhaitons à « Pela », avec lequel nous conservons des liens particulièrement forts, toute la réussite qu’il mérite dans la conquête de son Graal à lui…”

Marvin Musquin “Je vivais grâce aux enveloppes de cash que je gagnais sur les épreuves du France”
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