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Max Anstie “J’en ai rêvé pendant très longtemps, de cette médaille d’or”


Plus de 20 ans après le dernier titre mondial décroché par un pilote Britannique – à savoir Jamie Dobb – Max Anstie inscrit son nom sur les tablettes de la FIM en devenant champion du monde de Supercross 250. Du haut de ses 30 ans et en redescendant en catégorie 250, Max Anstie a relancé sa carrière cette saison. Une troisième place en SX US sur la côte Est, un titre de champion d’Australie, un titre de champion du monde de Supercross; le garçon a réalisé la plus belle saison de toute sa carrière. Rebelote en 2024 ? 

Max. Tu es enfin l’heureux possesseur de cette fameuse médaille d’Or de la FIM. Ça te fait quoi ?

J’en ai rêvé pendant très longtemps, de cette médaille d’or. Je sais qu’on était encore en 85cc à l’époque, mais la première fois que j’ai roulé contre Kenny, c’était en 2007 en Bulgarie, et je ne suis pas passé loin du titre car j’ai terminé second du mondial Junior derrière lui. Par la suite, j’ai passé de nombreuses années en grand prix et je n’ai pas pu faire mieux qu’une troisième place finale. L’an dernier, j’ai été vice-champion du monde SX2. J’ai toujours voulu avoir l’une de ces médailles d’or chez moi, donc c’est vraiment cool d’en décrocher une.

On m’a montré la fameuse médaille avant la course du samedi, et j’ai appelé ma femme pour lui dire. Si j’avais été le genre de mec a être superstitieux, j’aurais dit que ce n’était pas la meilleure des choses à faire [rires].

J’étais franchement plus nerveux la veille sur la finale du championnat Australien car je savais que la soirée du samedi allait être très importante pour moi, et je ne voulais vraiment pas avoir de problèmes le vendredi. Le samedi, j’étais réglé comme une horloge et j’ai tout fait comme il fallait à l’exception de mon départ en première manche car mon kit départ s’est désengagé dès que je suis sorti de la grille.

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Le team a fait du bon boulot. Le mardi, Martin Davalos nous a fait rouler sur un terrain pas loin de Melbourne chez des amis à Dean. Il avait un nouvel embrayage à me faire essayer et je n’étais pas trop chaud car ma moto me convenait bien et je ne voulais rien changer. Finalement, on l’a monté et ça s’est bien passé; mes départs étaient au point ce week-end et avec ce format de course, c’est très intense. Oui, on n’a eu que trois épreuves mais chaque finale comptait et distribuait des points. Neuf courses à point, c’est comme si on était sur la côte Est aux US pour moi et je savais qu’il fallait que je sois présent à chaque fois. Je suis très heureux de pouvoir gagner ce soir, et de repartir avec ce titre et cette médaille d’or.

Tu as tout gagné le vendredi, tu as tout gagné le samedi. Tu as signé le meilleur chrono … Tout s’est bien goupillé.

Exactement. Ma femme n’était pas là, donc on a parlé au téléphone et elle me disait qu’elle ne savait pas faire la différence entre un whip et un scrub. Je lui ai dit que si je gagnais, j’allais faire un whip à l’arrivée pour la TV [rires]. Il y a deux ou trois ans de ça, et même plus récemment puisque mi-2022 je n’avais pas de contrat, je ne savais pas ce que j’allais faire, j’étais encore en 450 et Yarrive [Konsky – Firepower Honda] m’a permis de relancer ma carrière. J’ai 30 ans mais j’ai l’impression d’avoir 17 ans quand je roule en Supercross. J’adore cette discipline, je pense sans cesse à comment aller plus vite, comment m’améliorer dans les whoops, et je veux profiter de cet élan pour continuer dans la bonne direction en 2024. Je suis très fier de mon team et des gars de l’équipe qui font un super boulot; on sera présent pour le Supercross US l’an prochain, et on reviendra sur le World Supercross.

Ce titre, il représente quoi pour le sport en Grande Bretagne selon-toi ?

Je voulais vraiment marquer le coup. Mon ancien agent – Jamie Dobb – a été le dernier Britannique à décrocher un titre mondial en 2001 et il était du genre à me le rappeler aussi souvent qu’il le pouvait. Je sais que lui, c’était un titre en Motocross et que le mien, c’est un titre mondial en Supercross mais ça m’est égal. Cette médaille de la FIM – qu’elle soit décrochée en MXGP ou sur le championnat WSX – reste en or et je suis désormais champion du monde. Pour moi, et étant originaire de Grande Bretagne, on peut dire que le Supercross n’est pas vraiment quelque chose de très commun.

Je me souviens avoir signé un 1-1 au Motocross des Nations à domicile en 2017 et personne en Angleterre ne s’en souciait vraiment, c’est comme si ce n’était jamais arrivé. Quelques années plus tard, on est allé au MXDN à Assen et le King des Pays-Bas était là, et c’était incroyable pour les fans Néerlandais. En Angleterre, le Motocross n’est pas un sport très développé, il a mauvaise image; c’est pour les hooligans et on ne voit pas ça comme un sport professionnel; j’aimerais pouvoir changer cette vision. Je veux que les jeunes Britanniques puissent se dire qu’un jour, eux aussi, ils pourraient rouler sur ce mondial de Supercross et atteindre ce niveau. Je vais être de retour en Angleterre la semaine prochaine pour la remise des prix de la FIM, ça tombe bien, j’espère pouvoir passer sur les ondes TV et prêcher la bonne parole pour notre sport, ce serait sympa.

Après la seconde finale, tu savais que tu avais le titre en poche. C’était comment de rester concentré, et de se préparer pour la dernière course de l’année dans ces conditions ?

C’était étrange car après la première finale, mon équipe m’a dit que j’avais décroché le titre mais je n’y croyais pas trop. Je me demandais ce qu’il était arrivé à Shane car j’avais vu Chris Blose abandonner. De là, on m’a dit que McElrath avait abandonné et je ne savais pas où on en était au niveau des points avec Maxime Desprey et j’ai dit à mon mécanicien que je voulais juste me concentrer sur la seconde manche. Après cette seconde finale, il y a eu un break, et le feeling à ce moment-là était génial.

Le championnat Australien m’a appris beaucoup de choses. L’an dernier, la finale s’est disputée à Wagga Wagga sur deux finales et j’ai décroché le titre au terme de la première manche. Il a commencé à faire nuit avant la seconde manche, il y avait beaucoup de poussière et honnêtement, je ne voulais même plus rouler. J’étais au ralenti en 4ème place, je roulais n’importe comment. Du coup cette année je me suis dit que peu importe ce qu’il se passait au championnat, qu’il fallait que je reste concentré et que je m’en tienne aux plans. Je veux aussi pouvoir encaisser ma prime de résultats sur la soirée [rires], j’ai un paquet de jouets à acheter pour mes petits à la maison donc il faut que je rentabilise ce mois passé loin de ma famille. Avec ma femme, on a traversé des moments difficiles et malheureusement elle ne pouvait être ici avec moi; on a un enfant de 18 mois et la meilleure chose que je puisse faire pour rendre notre vie plus facile, c’est de continuer à gagner ces courses.

Max Anstie “J’en ai rêvé pendant très longtemps, de cette médaille d’or”
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