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Stark Varg: vos questions, leurs réponses

Image: Benjamin Cobb - Stark Future Media Pool

L’arrivée de la Stark Varg en championnats de France fait grand bruit, plutôt cocasse pour une moto électrique. Dans le milieu, les réactions ont été nombreuses, bien souvent mitigées, et les interrogations légion. Vous avez été une poignée à émettre des doutes, à poser des questions ou à formuler des critiques. On a donc contacté Stark Future pour leur faire parvenir certaines de vos réactions dans l’espoir d’avoir des réponses. On redoutait de voir notre demande tomber dans l’oubli mais chez Stark, on n’est pas à un (petit) défi près. Chargé des relations publiques au sein du groupe Stark Future, Benjamin Cobb est un habitué de l’exercice; il a pris le temps de répondre à une sélection de remarques que vous avez pu soulever ou nous faire parvenir ces derniers temps.

Benjamin. Pour l’heure, les propriétaires de Stark Varg doivent se munir de leur propre source d’énergie sur les terrains pour recharger, via des groupes électrogènes alimentés par de l’essence. Ce point est très souvent soulevé. Concrètement, est-ce que Stark s’investit dans le développement de bornes de recharge sur les circuits ?

B.Cobb: Pour nous, les groupes électrogènes ne sont vus que comme une solution sur le très court terme. Il y a de plus en plus de fournisseurs de groupes électrogènes qui arrivent sur le marché avec diverses solutions électriques, et nous sommes sûrs que ces derniers ne feront que de s’améliorer. Chez Stark Future, nous avons étudié les options de recharge qui s’offraient aux pilotes, et nous avons travaillé sur un projet d’infrastructure pour effectuer ces recharges. Bien que nous nous concentrions actuellement sur la production de nos machines, l’aspect recharge n’est pas quelque chose auquel nous n’avons pas pensé. Nous avons discuté avec de nombreux clubs à travers le monde. L’avantage de l’électricité, c’est qu’elle est disponible partout, et avoir des bornes de recharge rapide est évidemment un scénario idéal, cela permettrait aussi aux clubs de générer des revenus supplémentaires tout en leur permettant d’ouvrir presque tous les jours de la semaine.

La Varg a fait ses débuts en Supercross en France. Quelles sont les règles qui entourent l’homologation de cette moto sur les championnats nationaux Français et quelles seront les étapes suivies pour s’assurer que la Stark Varg répond aux critères de la catégorie ? Être en mesure de prévenir des tricheries est un sujet récurrent.

B.Cobb : Tout d’abord, j’aimerais dire que M. Poirier et toute la Fédération Française de Motocyclisme ont été d’un grand soutien dans nos efforts de proposer une solution durable, une innovation et dans le désir de Stark d’élargir le sport à un public plus large. Comme vous avez pu le voir, Thomas a réalisé une très belle performance à Saint Georges de Montaigu, il a montré les capacités de la Varg avec une 6ème place respectable en dépit de malheureux problèmes de suspensions qui l’ont gêné pendant la finale; je suis certain qu’il sera extrêmement compétitif ce week-end [à Brienon]. Nous avons étroitement travaillé avec la FFM et nous avons montré les capacités de notre Varg.

Voici comment nous limitons la puissance afin de répondre aux critères de chaque catégorie. En général, la Varg compte 5 modes de puissance qu’il est possible de gérer sur le téléphone de la Varg avant de rouler. Il est en effet possible de changer ce mode de puissance pendant que vous roulez, en utilisant les boutons de commutation installés sur le côté gauche du guidon; cela a été pensé afin de pouvoir changer de mode en roulant.

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Sur la Varg de Thomas Do, toutes les cartographies sont bloquées à 48CV pour le SX Tour @Stark Future

Pour le SX Tour, nous avons bloqué tous les modes de Thomas à 48CV, afin d’empêcher à la moto de délivrer plus de puissance que celle autorisée par la FFM dans sa catégorie [NDLR: Thomas Do est redescendu en SX2]. Ce point ci a été – et sera – minutieusement vérifié par les officiels de la FFM avant les essais, les qualifications et la finale. La FFM s’assure de la puissance délivrée par la Varg via le téléphone (il faut noter que la Varg enregistre en continu le réglage de puissance utilisé, il n’est donc pas possible de tricher et de rouler avec une puissance supérieure à celle autorisée sans que celle-ci ne soit lue et enregistrée).

En complément, nous avons fourni à la FFM un rapport complet comprenant les données brutes provenant de l’unité de contrôle électronique de la Varg qui enregistre tout, de la puissance au voltage, en passant par la température et en fournissant de nombreux autres détails gérés par cette unité de contrôle.

Pour expliquer l’aspect technique que représentait la puissance délivrée par la Varg, nous avons discuté avec la FIM pendant près de 2 ans. Les règlements permanents qui ont été écrits par l’ACU (Auto Cycle Union) pour la Fédération britannique ont été adoptés en 2022 et sont déjà appliqués sur les championnats nationaux de Motocross et de Supercross. Ces règlements ont été adoptés par de nombreuses fédérations dans le monde. Pour citer ces règlements (qui peuvent être consultés ici : règlements).

Catégorie MX2 – Un moteur électrique d’une puissance maximale de 48cv/36kw (mesurée en sortie moteur, environ 32cv à la roue arrière).
Catégorie MX1 – Un moteur électrique d’une puissance maximale de 60cv/45kw (mesurée en sortie moteur).

Les fédérations ont leurs propres limitations pour les 250 & 450 d’origine. En plus d’avoir fourni les courbes de puissance de la Varg, nous avons également fourni celles d’une 250 d’origine (49.3cv au moteur, équivalent à 33.7cv environ, à la roue arrière) et celles d’une autre 250 qui avait un moteur préparé (54.3cv au moteur/ 37.1cv à la roue arrière), le tout a été testé sur notre banc d’essai qui est certifié. La présentation de ces courbes de puissance visait à prouver que notre moto étant limitée à 48 ch, nous acceptions d’être sur un pied d’égalité avec les moteurs thermiques et ce, même si nous avions moins de puissance qu’elles en finalité.

Pourquoi, en ce qui concerne le championnat Français, Stark Future a décidé de faire confiance à Thomas Do et Arnaud Tonus ?

B.Cobb : C’est une bonne question. Choisir Thomas était un choix on ne peut plus simple à faire. En plus d’être un pilote très talentueux détenant six titres en France et un titre Européen, il a été le septième client à passer une commande pour la Varg. Dès le premier jour, il nous a montré qu’il était investi dans le projet et qu’il croyait à ce qu’on essayait d’accomplir et ce, avant même d’avoir vu, et d’avoir pu tester la moto. Sa personnalité et son respect pour le sport correspondent à la façon dont Stark Future vise à relever les défis et repousser les limites pour l’avenir.

Concernant Arnaud, il est doté d’un talent incroyable. Il est à un point de sa carrière où il voulait trouver quelque chose qui allait le stimuler, lui donner de nouveau du plaisir en roulant, lui offrir un nouveau challenge. Dès ses premiers tours de roue avec notre moto, il a exprimé son désir de rouler pour nous et on pouvait voir son sourire sur son visage; c’était l’étincelle qui semblait raviver son plaisir de rouler à moto.

Avec Sebastien Tortelli, Benjamin Cobb suit les débuts de la Varg sur le SX Tour de très près @Benjamin Ricard

Lors de la dernière mise à jour, vous avez augmenté la capacité de la batterie de 6kWh à 6.5 kWh. Pourquoi ?

B.Cobb : Notre PDG, Anton Wass, cherche toujours à offrir ce qu’il y a de mieux. Cette Varg reflète notre investissement et notre dévouement à l’excellence que ce soit par son style, sa technologie mais aussi par ses performances. Au cours de nos nombreuses heures de testings, nous avons décidé d’améliorer la capacité de la batterie de notre moto, en plus d’autres ajustements mineurs. C’était pour répondre aux attentes de nos clients; pourquoi ne pas rendre la Varg encore meilleure que ce qui avait été initialement annoncé si nous le pouvions ? Le résultat a été une batterie améliorée pour une meilleure performance générale, une linéarité de la puissance tout au long de son utilisation mais aussi une efficacité et une durée de vie améliorées. Bien que ces modifications aient augmenté nos coûts de production, nous n’avons pas augmenté le prix de la Varg, et nous avons nous-mêmes absorbé cet investissement.

Est-ce que la durée de vie de la batterie a été testée sur le long terme, et est-ce que Stark Future est en mesure de nous fournir les résultats de ces essais ? Tout le monde utilise des appareils électroniques, et tout le monde subit des pertes au niveau de la batterie avec le temps.

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B.Cobb : Je pense qu’on sera d’accord pour dire que la Varg n’est pas un téléphone portable ou une perceuse sans fil. On parle ici d’une technologie de batterie qui représente le sommet de ce qui est disponible de nos jours. En clair, on parle de la technologie que l’on retrouve dans les Formule E, qui est le plus haut degré de technologie en terme de batterie.

Pour rappel, nous avons conçu, développé et assemblé notre batterie dans notre usine située à Barcelone. Nous avons testé la batterie de la VARG dans des conditions d’utilisation réelles, mais aussi extrêmes. Nous avons également fait réaliser des tests dans un centre d’essais de renommée mondiale, centre certifié par une tierce partie. La batterie y a subi des tests de longue durée, en haute altitude, a été soumise à de la corrosion, etc, etc. En gros, notre batterie mais aussi d’autres composants de la Varg ont été utilisés de manière excessive pour reproduire une utilisation de X années en l’espace de quelques mois. Nous avons des certifications de nos fournisseurs qui nous garantissent que même après une longue période, les cellules de la batterie seront toujours capables d’assurer 80% de leur charge et de leur stockage, et que ce pourcentage ne passera jamais sous ces minimales à moins que ces dernières ne soient mal utilisées, comme par exemple si la batterie est laissée déchargée pendant une longue période, ce qui pourrait nuire à la durée de vie de la batterie. 

Vous êtes nombreux à vous poser des questions – légitimes – sur la batterie de la Varg @Stark Future

Plusieurs personnes pointent du doigt le fait que Stark Future n’a pas fait de promotion ni de communication autour de la Varg dans le sable. Qu’est-ce qu’on leur répond ?

B.Cobb : Nous sommes conscients qu’il manque quelques vidéos dans notre playlist et que beaucoup attendent de voir des essais dans le sable mais aussi des tests d’endurance et des réponses au sujet de la durée de vie de la batterie, etc, etc. Maintenant que la moto est disponible, nous sommes sûrs que les gens feront leurs propres tests à ces sujets. Pour l’heure, nous sommes concentrés à 100% sur la production et nous avons d’autres projets vidéo, mais nous les ferons une fois qu’il y aura plus de Varg dans la nature ! Nous avons quelques projets vraiment sympas à venir, et nous  espérons que tout le monde aimera ces derniers.

Un championnat dédié aux motos électriques a vu le jour cette année, l’E-Xplorer Cup. Stark Future n’a pas engagé d’équipe dessus alors que les autres marques l’ont fait. Quelle est la raison ?

B.Cobb : Le championnat E-Xplorer semble être un championnat très intéressant, mais lorsque nous avons débuté notre projet, nous avions un objectif clair et notre ambition était de développer la motocross la plus rapide et la plus puissante de la planète, pour démontrer que l’électrique n’était pas qu’un compromis. La meilleure façon de comparer notre moto avec les autres, c’était de le faire au plus haut niveau du sport et donc de se mesurer aux moteurs thermiques, dans la même catégorie. Participer à un championnat électrique ne fait pas partie de nos objectifs, et ne l’a jamais été. Toutefois, il est bon de voir de que nouveaux championnats innovent et essaient de mettre en valeur la technologie électrique d’une nouvelle manière.

Aujourd’hui, nous disposons d’une technologie capable de rivaliser avec les moteurs thermiques et – à part en trial – je ne pense pas qu’il y ait d’autres domaines ou cela soit possible de nos jours au plus haut niveau, et à l’international. On ne peut par exemple pas encore mettre en compétition les MotoE avec les MotoGP.

Nous restons persuadés que ce championnat E-Xplorer fera de grandes choses et organisera des épreuves dans des endroits extraordinaires, mais nous n’y participerons pas (et surtout avec la Varg), tant que nous n’aurons pas été engagés avec les meilleurs, en Supercross, en Motocross, en SuperEnduro, et dans d’autres disciplines que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis.

Thomas Do est le premier pilote officiel Stark Future en France @Benjamin Ricard

On voit qu’en Formule 1 ou en MotoGP, on ne mélange pas les thermiques et les électriques car bien souvent, l’électrique est moins performant que le thermique. Ici, c’est plutôt l’inverse et les gens ont peur que la Varg offre bien trop d’avantages en compétition face aux thermiques. Est-ce que Stark Future est conscient de ces inquiétudes mais aussi du fait que beaucoup d’acteurs de l’industrie du MX pensent que la Varg – et les motos électriques en général – devraient évoluer dans une catégorie à part ?

B.Cobb : Je pense que j’ai répondu à cette question dans mes réponses précédentes, à la fois d’un point de vue sportif mais aussi technologique. Nous sommes le seul constructeur à disposer de la technologie nécessaire pour rivaliser avec les moteurs thermiques et nos capacités de gestion de la puissance nous permettent de maintenir l’équité mais aussi l’esprit sportif sur un pied d’égalité. Nous sommes totalement transparents avec toutes les parties impliquées dans les divers championnats et, compte tenu des sujets évoqués ci-dessus, pourquoi ne pas être autorisés à rivaliser avec les moteurs thermiques ? 

La Varg débute donc son aventure dans les championnats nationaux à travers le globe. Quand peut-on s’attendre à la voir évoluer en MXGP ou en championnats AMA ?

B.Cobb : Nous travaillons et nous sommes en discussion avec toutes les principales fédérations du monde, et nous sommes extrêmement satisfaits de la façon dont les discussions se sont déroulées jusqu’à présent et des feuilles de route potentielles qui sont en place pour la suite. Toutes ces fédérations sont enthousiastes à propos de notre entreprise, de notre ambition et surtout de notre technologie, et elles seront en mesure de nous voir participer à leurs championnats respectifs prochainement. Cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais nous travaillons activement pour participer  – dès l’horizon 2024 / 2025 – à tous les championnats majeurs et mondiaux.

Nous nous concentrons actuellement sur toutes les fédérations nationales car nous savons que lorsque les clients reçoivent leur Varg, un certain pourcentage de ces pilotes voudra participer à un championnat national ou régional. Nous travaillons donc pour éduquer mais aussi soutenir ces fédérations et championnats, en répondant à leurs questions et interrogations concernant notre VARG. C’est là que notre travail avec la FFM est mis en œuvre, et ainsi documenté pour le bénéfice des autres fédérations dans le monde. 

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