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Valentin Guillod “Josse peut être fier de tout le travail qu’il fait pour cette structure”


À domicile ce week-end, Valentin Guillod a ramené son meilleur résultat d’épreuve sur le mondial MXGP en près de 7 ans. Solide sur le tracé familier de Frauenfeld, le pilote Honda SR Motoblouz a intégré le top 10 dans les deux manches et termine 7ème de ce troisième GP de l’année. Largement soutenu par les (très) nombreux fans Suisses présents, Valentin Guillod ramène le meilleur résultat de la délégation helvétique en ce week-end de Pâques; pas peu fier. Micro.

Valentin. Pour commencer, est-ce qu’il avait un peu de pression supplémentaire à évoluer de nouveau à domicile ? L’ambiance était complètement dingue.

C’était trop cool, l’ambiance … putain ! C’était trop beau. On avait déjà eu une grosse ambiance au GP de Suisse à l’époque en 2016 car je roulais devant mais surtout, on avait eu la même ambiance à Villars-sous-Ecôt en 2015 car ce n’est pas loin de la Suisse et beaucoup de monde était venu de Suisse. De super souvenirs, c’est cool. Sinon, je n’avais pas vraiment de pression supplémentaire malgré tout, ça me donnait surtout l’envie et de la motivation pour bien faire. Le seul problème finalement, c’est que je suis assez bien parti ce week-end [rires]. Je ne voulais pas me foutre la gueule par terre dans les premiers tours comme j’ai pu le faire assez souvent. J’ai roulé un peu sur la retenue, je n’avais pas trop le rythme et puis après au bout de 10 ou 15 minutes, je commençais a avoir un bon rythme et à revenir sur les autres pilotes.

Lors de la manche qualif du samedi, tu pars dans les premiers et ça a été compliqué de tenir au début.

Je pars quatrième, et dans le premier tour je ne suis pas passé loin de me mettre la tronche par terre. Je me prends trois ornières de travers, j’avais presque les pieds au-dessus du guidon ! Avec ça, je me suis fait doubler par trois ou quatre gars, je suis devenu tendu car je voulais éviter de refaire une erreur du même genre. Je me suis dit que pour ce lundi, j’allais éviter de faire des conneries et j’allais être plus calme mais finalement, c’était un peu trop calme et avec ça, je roule sur la défensive, je ne prends pas toujours les bonnes traces et du coup je me fais distancer. Dans l’ensemble toutefois, c’est top.

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Finalement, si tu pars 4, tu fais 8. Si tu pars 12, tu fais 8. Tu sembles plus être à ton aise sur l’attaque que sur la défensive.

C’est sûr que quand tu n’as pas besoin de réfléchir et que tu as juste à attaquer, c’est beaucoup plus simple que quand tu te dis qu’il y a quand même beaucoup à perdre. Le truc, c’est que pour l’instant, je n’ai pas le rythme pour faire mieux que ce que je fais ce week-end. D’ici le mois de mai, je pense qu’on sera pas mal. Là, il me manque cette petite seconde dans les quatre ou cinq premiers tours des manches, pour rouler devant avec les autres. Après 15 minutes, j’arrive à attaquer, je me sens bien et de là je suis en mesure de revenir sur les pilotes de devant. On a encore un peu de boulot, sur la moto aussi, mais dans l’ensemble, on va dans la bonne direction.

On voit que tu es finalement en mesure de rivaliser avec des pilotes Factory au guidon d’une moto privée; c’est donc encore faisable.

C’est sur que le budget moyen des teams Factory doit tourner entre 3 et 6 millions d’Euros l’année. Nous, on est en dessous du million en terme de budget donc faire septième d’un GP avec une structure privée, c’est comme si on faisait un podium. C’est vraiment super. Je pense que Josse [Sallefranque] peut être fier de tout le travail qu’il fait pour cette structure, fier de cet investissement. Je pense que là où les teams usines ont vraiment passé un gros cap, c’est sur l’électronique. Ils arrivent à mettre un peu plus de puissance sur le moteur tout en compensant avec l’électronique. Nous, on est peut-être encore un peu limité de ce côté-là mais on va essayer certaines choses prochainement. Après, là, je me qualifie huitième donc je m’en sors assez bien. J’ai fait un bon premier départ, un second un peu moins bon mais dans l’ensemble, ça va. L’important, c’est de faire des bonnes qualifs pour pouvoir partir dans le bon groupe.

En deuxième manche, tu étais derrière Jonass quand il s’est complètement catapulté a la fin des vagues. Tu t’es dit quoi sur l’instant ?

Je me suis dit qu’il fallait que je fasse gaffe parce que sa moto allait peut-être me finir dans la gueule [rires]. Je me suis préparé à me prendre sa moto sur le coin de la tronche, j’étais prêt à m’arrêter en cas de besoin mais j’ai eu du bol. Il a fait une bien belle cascade. J’ai bien serré les fesses pour lui.

Un GP sur ce tracé de Frauenfeld, finalement, ça t’a plu ?

Le truc, c’est que je connais ce terrain depuis 2005. Je suis venu ici pour la première fois alors que je disputais le championnat Suisse en 85. J’ai grandi sur ces terrains-là donc pour moi, c’est normal de trouver autant de cailloux, que ce soit aussi glissant. Oui, pour un GP, on est peut-être un poil trop court où un poil trop serré mais en fait, le niveau est tellement homogène que partout où on va, on connaît plus ou moins les mêmes courses. Oui, on peut toujours essayer de faire mieux. Ils pourraient faire un virage de plus, une table de plus mais ils ont fait comme ils ont pu. Ils ont dû faire des compromis car on avait un super terrain avant de l’autre côté mais en Suisse, si tu veux déplacer un peu de terre et faire une bosse de plus de deux mètres, il faut faire une enquête comme si tu te préparais à construire une maison donc c’était problématique pour eux. Là, ils ont trouvé le compromis pour faire la piste ici, comme ils le font à chaque fois pour le lundi de Pâques. Le paddock est un peu loin mais on est sur de l’asphalte, on fait avec ! Ce qui est cool, c’est que c’était presque à guichets fermés avec 12.000 personnes. Tu sais parfois on va sur des pistes qui ne sont pas trop mal – et encore – et puis il n’y a que 3.000 personnes alors mieux vaut être ici à Frauenfeld.

Retour sur la Sardaigne. Tu savais que tu n’étais pas prêt à jouer devant sur les GP de sable, mais est-ce que c’était encore plus compliqué que ce à quoi tu t’attendais ce GP de Riola ?

Je m’attendais à ça. On voulait essayer de faire deux fois dans les 15 et je fais 17 et 18 en manches en me prenant une grosse valise par les autres mais bon, il faut bien se dire que j’ai dû faire deux ou trois heures dans le sable pendant l’hiver alors que les autres ont dû faire 50 heures. On a mis le sable de côté pour pouvoir faire le type de résultat qu’on a signé aujourd’hui sur la terre. On arrive dans la bonne période pour moi sur des pistes qui me conviennent. C’était un choix à faire, qu’on a fait avec Yves, mais on passera plus de temps dans le sable pour l’année prochaine.

Un détour par l’Elite. J’ai l’impression que tu n’as pas eu beaucoup de chance en France en ce début de saison.

Ça a commencé à Lacapelle-Marival où je me suis dit qu’il fallait rester calme en première manche, j’étais 5ème et je me suis réveillé trop tard et j’ai fini 3ème. En seconde manche, j’ai oublié de me dire de rester calme et je me suis envoyé dans les barrières dans le premier tour, je me suis pulvérisé avant de repartir dernier. À Castelnau, c’était la boue, la loterie mais j’ai bien limité les dégâts car l’an dernier, j’ai perdu le championnat à Gueugnon dans la boue. À Romagné, je fais deux de la première manche, et si j’avais pris un meilleur départ en seconde manche je n’aurais pas rencontré ces problèmes; j’étais derrière un gars, l’ornière s’est effondrée, la roue avant est passée par-dessus et je suis tombé. On va dire qu’on est concentré sur Arco, puis sur Vesoul, et on fera du mieux possible. 

Valentin Guillod “Josse peut être fier de tout le travail qu’il fait pour cette structure”
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