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William Poll “Là, ce n’est plus possible, et il faut que les choses évoluent”


Ancien animateur des championnats de France et ex-pilote de GP, William Poll a raccroché le casque depuis de longues années, mais ne s’est jamais totalement éloigné du sport. Organisateur de stages via son école de pilotage Will-Up, William est – ces dernières années – pleinement engagé aux côtés de son fils Kiliann, champion de France National 250 en titre. Autant dire que dans le paysage du Motocross Français, le nom de la famille Poll n’est plus vraiment à présenter. William a souhaité réagir suite à notre interview réalisée avec Bruno Verhaeghe en Espagne. On est donc allé à sa rencontre à Gueugnon, ce dimanche. Un micro plein de bon sens. À quand du changement ?

William, tu m’as envoyé un message pour me dire que tu voulais réagir par rapport aux propos de Bruno Verhaeghe, que j’ai recueillis en Espagne. Quel est le sujet ?

Je veux réagir au fait que Bruno dise qu’il faut arrêter les championnats nationaux. Bruno c’est un copain, on se connaît depuis des années. Ceci dit, on peut dire que pour le motocross français, il y a des étapes et des hiérarchies. Il y a les teams qui font le mondial, les teams qui font l’Europe, les teams qui font l’Elite et ensuite, les toutes petites structures qui font le national.

En fait, c’est un peu le phénomène de la cantine. Quand tu es à la cantine, le plateau repas est le même pour tout le monde mais le grand costaud quand il termine son repas, il prend toujours le pain sur le plateau du plus petit de la cantine.

C’est une image mais en ce moment, c’est ce qu’il se passe. Les grosses structures voient que certains petits teams arrivent à trouver des budgets, arrivent à trouver des moyens de financer une saison. Étant donné que pour eux c’est de plus en plus compliqué, ils veulent prendre le pain des petits, et ça ce n’est pas une bonne option.

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J’en déduis que tu dis ça par rapport au fait que via votre structure, avec Kiliann, vous arrivez à vous en sortir. As-tu le sentiment que ces gros teams se disent que du coup, si on enlève les championnats nationaux, ils pourraient récupérer les budgets alloués aux nationaux ?

C’est exactement ça. Aujourd’hui, le problème c’est que si on enlève les championnats nationaux, c’est un désastre. De un, c’est un désastre pour les concessionnaires, de deux pour les accessoiristes, de trois pour les préparateurs. Il faut savoir que sur le championnat national tout le monde paye tout, du premier au dernier. Kiliann a été champion national l’an dernier, on paye nos motos, on paye nos pneus, on paye nos préparations. Le National, c’est ce qui fait aussi tourner l’économie du sport.

De fait, pour un team qui a besoin de récupérer du budget – mais qui n’est pas impliqué dans l’industrie – si le national s’arrête, pour lui c’est aussi et peut-être une opportunité de récupérer du budget. Par contre pour un team comme Bud Racing qui fait du commerce, qui vend des préparations et des accessoires, un championnat national qui s’arrête, c’est une catastrophe. Ces championnats, c’est leur fond de commerce et pour les importateurs, c’est la même chose. Cette année, il y a 20% plus de motos autrichiennes sur le championnat national, ça veut dire que le travail est bien fait par rapport aux pilotes qui roulaient devant l’année dernière. Ça, les importateurs y apportent beaucoup d’attention. Ils tiennent absolument à ce qu’il y ait encore des pilotes qui fassent le national et l’Elite, pour avoir un vase communiquant au niveau des retombées médiatiques.

Le National 250 est complet au possible, mais ils ne sont qu’une infime minorité à faire l’Elite en parallèle. Pourquoi ? Un manque de plaisir, un manque de moyens, un manque de motivation, des inégalités sportives, des engagements trop couteux pour des retombées minimes, voilà ce qu’il en ressort. On s’est penché sur le sujet avec quelques animateurs du championnat … Patience.

Quand je fais des sujets avec des pilotes en parlant du national et de l’élite, il y a souvent la question du budget et des sponsors qui revient. Est-ce que finalement niveau sponsors et investissement des marques, pour certains pilotes le national n’est pas plus intéressant que l’Elite selon toi ?

C’est ce dont je te parlais avec cette fameuse hiérarchie. L’Elite, c’est ce qui fait rêver, c’est la vitrine, donc c’est le haut niveau. En football il y a la Ligue 1 et la Ligue 2, la deuxième division. En rugby tu as le Top 14 et tu as la Pro D2. En motocross tu as l’élite, et les championnats nationaux. Dans tous les sports il y a une deuxième division. La deuxième division, c’est la division qui permet aux amateurs de s’identifier et de se développer.

Pour un pilote de ligue, le National est une étape qui peut lui permettre d’accéder à un championnat de France, et de se projeter plus loin s’il en a les capacités. C’est pour cela qu’il ne faut surtout pas arrêter les championnats nationaux. D’autre part, les pilotes du national n’iront jamais à l’élite et ça, c’est le cas depuis la nuit des temps.

Tu vas avoir les 4 premiers du 250 les 4 premiers du 450 qui vont aller faire l’Elite, et encore. Aujourd’hui, ces pilotes ont compris qu’ils ne pouvaient pas rivaliser avec le niveau de l’Elite. Arrêter le National, c’est faire un vase communicant vers le bas car les pilotes qui arrêteront le national iront faire la ligue. Ils n’iront pas vers le haut – à l’Elite parce que c’est inaccessible. Financièrement et matériellement, ce n’est pas possible.

Ton fils tient le même discours. Vous partagez ce sentiment que le championnat National est un tremplin. Penses-tu qu’il soit réellement vu de cette façon aujourd’hui, que ce soit par les pilotes, mais aussi la fédération et les dirigeants ? Les jeunes en sortie de Junior vont très peu sur le National et montent principalement sur l’Elite MX2. On voit aussi qu’on a plutôt tendance à retrouver des gars qui ont tenté l’Elite pour finir par se diriger vers le National, faute de quoi.

Avant d’aller faire l’Elite, il faut passer par le national. En tant qu’éducateur, je pense qu’il y a beaucoup de pilotes qui se trompent en passant du junior à l’Elite directement. Alors oui, il y en a quelques-uns – une très petite minorité – pour qui ça marche bien et donc là, il n’y a pas de souci. Mais il y a beaucoup de pilotes qui feraient mieux de faire 5-6 au national plutôt que 20-25 à l’élite. Ils apprendraient beaucoup plus de choses, ils seraient dans des situations beaucoup plus évolutives. Malheureusement, ça ne vient pas des pilotes, mais des parents. Quand tu sors du Junior en tant que parent, la seule option que tu vois c’est l’Elite parce que c’est ce qui brille, c’est le prestige. Ils sortent du junior, ils rêvent de voir leur enfant intégrer un team du paddock. Au national, il n’y a pas de gros teams, donc ça ne fait pas rêver les parents.

Quand on regarde le calendrier des championnats de France de motocross, on voit qu’il y a énormément de championnats. Est-ce qu’on n’a pas – finalement – fait trop de championnats ?

Non, les championnats, je pense qu’ils ont chacun leur place. On a tellement de beaux circuits en France avec de belles organisations que tous les championnats peuvent être organisés. Là, effectivement, on dirait que c’est une catastrophe parce qu’il n’y a que 20 pilotes à l’élite en MX1. Mais le 450 n’a jamais été très fourni sur l’Elite depuis la nuit des temps. C’est la catégorie où les gars commencent à être des papas. C’est la catégorie où les gars commencent eux-mêmes à payer leurs factures. Les parents ne sont plus là et à ce moment-là, ils font des choix de vie. Et finalement, il est normal que l’élite 450 manque un peu de pilotes. C’est à la fédération d’encourager ces pilotes-là à venir, et pour les encourager, il n’y a que les finances. Aujourd’hui, il n’y a que les ça, les finances, à mettre sur la table.

Pour Kiliann comme pour William, le National 250 représente le meilleur tremplin pour préparer un éventuel passage sur l’Elite. Pourtant, très peu de kids du Junior tentent l’aventure pour se développer, préférant l’Elite.

On va sur la ligue, c’est blindé. On va sur le national, c’est blindé. Il n’y a pas grand monde sur l’Elite MX1, et on voit que mine de rien, il n’y a plus qu’un groupe en Elite MX2. Le cadet et le junior font toujours le plein mais comme tu le dis, ils sont aidés par les parents et on peut dire “qu’ils y croient encore” à ce stade de leur carrière, très peu y arriveront réellement cependant. Qu’est-ce qu’on fait pour réinsuffler une dynamique sur l’Elite, et notamment en MX2/MX1 ?

La base d’après moi, ça serait de faire des vrais tours de table avec des personnes sensées du milieu, et la fédération. À chaque fois qu’on fait un briefing, à chaque fois qu’on discute, c’est à l’arrière d’un camion, contre un bout de pare-chocs. Quand on fait un briefing, c’est dix minutes avant un départ, en pré-grille, avec le directeur de course qui arrive et qui dit « Bon, qu’est-ce que vous faites ? Il faut y aller là, allez, on y va ! »

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À un moment donné, il faut aller dans une salle, s’asseoir et passer une demi-journée ou une journée entière à poser les problèmes et à trouver des solutions. Aujourd’hui, le problème, c’est qu’on parle avec des gens qui sont certes bénévoles, mais qui ont tout qui est pris en charge de A à Z depuis qu’ils sont en place. C’est-à-dire que s’ils ont besoin d’une voiture de location, ils ont une voiture de location. Ils ont le gasoil, ils ont l’autoroute, ils ont l’hôtel, ils ont le restaurant de payé. On est sur une autre planète. Ces gens-là ne peuvent pas comprendre que Kiliann Poll est monté à la première épreuve de l’Elite à Basly, simplement avec son camping-car, que ça lui a coûté 450 euros d’autoroute, 500 euros de gasoil, et qu’il est reparti avec 50 euros de primes.

C’est un fait. Kiliann a fait une mauvaise course. Oui ! Mais il est reparti avec 50 euros. Qui peut se permettre ça aujourd’hui ? Financièrement, ce n’est pas possible. Tu le fais une fois, mais tu ne le fais pas deux fois dans l’année.

Et la finalité, c’est quoi ? Tu m’as exposé le problème. Quelle est la solution ?

Des arguments, j’en ai plein, parce que je pense à ça en permanence. À notre époque, car on parle toujours de ce qu’on a vécu, les motoclubs allaient chercher des annonceurs. Ils allaient chercher des partenaires. Ils avaient des bénévoles qui passaient leur année à trouver des annonceurs pour la course. Avant même le jour de la course, l’épreuve était déjà financée. Aujourd’hui, les motoclubs sont rendus à financer une partie de leurs épreuves avec la manne financière provenant des engagements des pilotes. On se trompe parce qu’à quel endroit, et à quel moment, on voit que les acteurs payent pour prendre des risques et faire le spectacle ?

Si les spectateurs viennent, que les billetteries marchent, c’est parce que vous êtes là.

Exactement. Il y a trois ans, la fédération a doublé le prix des engagements sur l’Elite en nous vendant la prestation du docteur Leneuf, avec son équipe médicale. Ce qui est fabuleux car la sécurité des pilotes, c’est ce qu’il y a de plus important. Le docteur Leneuf est connu, reconnu. Sauf qu’il est venu sur une saison, puis étant donné qu’ils n’ont pas réussi à s’entendre pour l’année d’après, il n’est plus revenu.

À l’époque, l’engagement était passé à 90€. Aujourd’hui, il est à 100€ pour celui qui s’engage à l’année. Pour ceux qui viennent faire une seule épreuve, il est à 120 €. Déjà, les pilotes qui viennent et qui payent 120€, il faut les encourager ! Il faut faire un engagement pour tout le monde à 100€. La course, elle va se faire de toute façon, qu’il ait payé 100€ ou 120€, non ?

Jusqu’à maintenant, ils avaient mis une pénalité de 50 euros pour les inscriptions tardives, on marche sur la tête. À quel moment tu peux réfléchir et te dire que tu vas pénaliser un pilote qui fait des efforts pour venir au dernier moment ? Au lieu de le pénaliser, encourage le. Là, ils ont retiré la pénalité. Normalement, jusqu’à la fin de l’année, elle ne sera plus facturée. Mais la question, c’est comment est-ce qu’on peut réfléchir dans ce sens à la base ? Ce n’est pas possible. Il faut encourager les pilotes, mettre de la bonne humeur, mettre de la bienveillance.

Là, les pilotes ont reçu un avenant. S’ils viennent sur un podium en manche courte ou en claquette, ils prennent 50 euros d’amende. Je peux comprendre que venir en manche courte ou en claquette, ça ne se fait pas. Mais pourquoi on parle toujours de sanctions financières ? Retire lui 3 points au championnat si tu veux le sensibiliser. Pourquoi on parle tout de suite de 50 euros ? Qu’est-ce que ça va te changer de récupérer ces 50 euros à un mec qui est déjà en difficulté ?

Et puisqu’on est sur le sujet de l’argent. Aujourd’hui, un pilote qui fait le championnat de France de Supercross va payer 90 euros d’engagement pour faire une épreuve en salle. Ça, mais alors ça, ça n’a jamais existé avant. Un Supercross en salle, c’est ce qui rapporte le plus d’argent au promoteur et à l’organisateur. Pourtant, et maintenant, ils veulent quand même récupérer 90 euros des acteurs. Mais pourquoi ils ne font pas payer les freestylers ? Le freestyler vient faire un spectacle aussi, au même titre que les pilotes. Va demander à Matt Rebeaud ou à Tom Pagès de payer 90 euros pour venir faire un spectacle. Il va faire 3 backflips avant de te répondre. Pourtant, on est dans la même salle, et on fait le spectacle pour les mêmes personnes. Pourquoi le mec qui fait un Supercross doit payer 90€ alors que le mec qui fait le Freestyle est payé pour venir ? Il y a des choses qui ne vont pas du tout, et qui ne sont plus possibles.

Allo la FFM, à quand une vraie concertation nationale ? Les principaux acteurs n’attendent visiblement plus que vous pour prendre place autour de la table …

Ça fait désormais 6 ans que je fais ça, et le constat que je tire, c’est qu’un interlocuteur = une problématique. Je vais parler à un pilote, il m’expose une problématique. Je vais parler à un président de club ? Une problématique. Un team-manager ? Une problématique. Un promoteur ? Pareil. Un représentant de la FFM… Pareil. Je réponds tout le temps “quand est-ce qu’on se met autour d’une table, qu’on prend un tableau blanc, et qu’on expose les problématiques pour que chacun avance ?

Jamais, ça n’existe pas dans ce monde.

J’imagine que c’est un sujet qui est du ressort du fédéral. Est-ce qu’on a le sentiment que la FFM est sensible et s’intéresse à ces sujets, où plutôt qu’il y a une tendance à laisser pourrir la situation ?

Dis-toi qu’en 2023, la Fédération a fait un record financier. Tout fonctionne bien pour la Fédération. Partant de ce principe-là, pourquoi ils changeraient quelque chose ? Chez moi, fédération, ça veut dire fédérer. Là, on est en train de se diriger vers une autre direction, qui n’est plus la fonction de fédérer. On est là pour faire un rapport financier.

Quand je parle avec un délégué de la Fédération, il me dit « William, tu te plains, mais on met un engagement au Touquet à 300 ou 400 euros et il y a plus de 1000 pilotes. C’est que les pilotes, ils ont de l’argent. » Je lui ai dit «Mais là où tu te trompes, c’est que le Touquet, c’est comme le Marathon de Paris.»

Moi, j’ai un genou en bois mais demain, je vais m’inscrire au Marathon de Paris pour le plaisir, et je vais le faire. Je vais mettre 5 fois plus de temps ou 10 fois plus de temps que le premier, mais je vais arriver au bout. C’est pareil au Touquet. J’ai des potes qui font le Touquet; ils s’entraînent une fois dans l’année dans le sable et leur objectif, c’est de faire un tour pour le prestige et le plaisir. Ils s’en foutent de payer 400€ car les mecs ne font qu’une course dans l’année, et donc la question financière ne rentre pas en jeu de la même façon. On ne parle pas du tout de la même chose.

Là, on parle du championnat de France, de l’Elite du motocross, de ce qui se fait de mieux sur notre territoire; et aussi du championnat de France de supercross. On nous parle d’une Elite de pilotes, et on veut les considérer comme des amateurs. Tu vois le problème ?

Je vais revenir à notre époque. À notre époque, sur la piste, on était des guerriers entre nous mais dans le parc, on était solidaires. Il y avait de la discussion, il y avait de la solidarité et on arrivait à obtenir ce qu’on voulait. Aujourd’hui, sur la piste, c’est toujours la guerre sauf que dans le parc, tout le monde se déteste. À partir de là, il n’y a pas de discussion, il n’y a pas de solidarité et quand il n’y a pas de solidarité, ça va toujours dans la direction financière.

Si à un moment donné, les pilotes ne se regroupent pas pour mettre une vraie discussion en place, pour trouver des solutions, ça va bientôt coincer. Les parents ne pourront pas suivre financièrement, ce n’est pas possible.

Je m’intéresse également beaucoup au milieu du VTT. Dernièrement s’est organisée une compétition – Crankworx – en Nouvelle-Zélande. C’est du VTT “Freestyle” en quelque sorte. Cette année, tous les athlètes sont allés sur l’épreuve et la veille, ils ont fait un mouvement de protestation. Les mecs se sont concertés en amont, ils ont tous posté le même message sur les réseaux pour expliquer leur action et avoir un retentissement global. Ils ont obligé le promoteur, l’organisateur et tout le milieu fédéral à se mettre autour d’une table pour améliorer les conditions dans lesquelles ils évoluent. En clair, ils ont fait une grève. Est-ce qu’on doit en arriver là ?

Je pense qu’un mouvement de grève de ce type dans la moto n’est vraiment pas la solution. Aujourd’hui, les pilotes ont des contrats qui ne leur autorisent pas à faire une grève. Ils sont là pour représenter des marques, pour représenter des partenaires, et une grève, ce n’est pas la solution. Mais par contre, mettre en place un comité de discussion, ça se passe dans tous les sports. Dans tous les sports où il y a un minimum d’intelligence, il y a de la discussion, il y a de la projection, et on anticipe. Nous, le problème c’est que chaque année, on gère l’urgence. Mais gérer l’urgence, ce n’est pas la solution. C’est comme mettre un sparadrap sur une fracture ouverte. Là, il faut trouver des solutions de fond.

Les écoles de pilotage se portent bien. Les écoles d’initiation se portent bien. Le vase à la base, il est rempli de petits pilotes avec des parents motivés, et plus on arrive en haut de la pyramide, plus c’est compliqué. C’est là qu’il faut mettre en place une discussion. Il y a la matière, il y a les pilotes, il y a les éducateurs, il y a les championnats, et il ne faut pas changer fondamentalement le système, mais il faut retrouver un équilibre financier pour que tous les pilotes soient heureux de venir sur les courses.

Dans le monde du Slopestyle, les meilleurs athlètes masculins mondiaux ont fait grève lors de la dernière épreuve qui se tenait en Nouvelle-Zélande, afin de faire bouger les choses.

Tu as parlé de ton époque. Je n’ai pas connu personnellement mais en regardant les feuilles de résultats, on comprend pourquoi certains parlent de la belle époque du championnat de France. Là, on voit que l’ADAC fait carton plein, l’Italie aussi, le Dutch Masters se porte très bien. Pourquoi eux y arrivent, et nous non ? Est-ce qu’au final, c’est simplement dû au fait qu’on ne voit que les mauvais côtés, parce que ça se passe chez nous ?

Aujourd’hui, tu prends une feuille de primes de l’Elite ou d’un Supercross, c’est quasiment la même que dans les années 2000. Sauf qu’on est en 2024. Le gasoil, est à minimum 1,80 €. L’autoroute a pris 40 % d’augmentation. Les pièces de moto, elles ont pris 30 % d’augmentation et les motos, n’en parlons pas.

Le système financier des championnats [les primes] n’a pas augmenté – sur les 20 dernières années – comme le coût de la vie l’a fait. Franchement, ça ne s’arrête qu’à ça. Les leaders du championnat de France de Supercross ne doivent pas se satisfaire de ce qu’ils gagnent. Ce n’est pas normal.

Si on continue comme ça finalement – en ne mettant que des sparadraps sur des fractures ouvertes comme tu le disais – dans 10 ans, on en sera où ?

Selon moi, dans 10 ans, on n’aura plus de pilotes sur les championnats nationaux à ce rythme là. Sur un championnat national, l’engagement est à 90 €. Pour un pilote qui gagne les deux manches, la prime est de 320 €. Autant te dire que tu ne peux aller nulle part sans que ça ne te coûte de l’argent. Les pilotes nationaux ne se déplaceront plus qu’au niveau régional. Les pilotes de l’Elite, mis à part les 4 gros teams qui arrivent à trouver les finances de leurs pilotes, ne se déplaceront plus non plus et ça sera terminé. C’est aussi simple que ça. Aujourd’hui et malgré les partenaires, qui peut se permettre de poser 1.000€ sur la table pour faire un déplacement sur un championnat de France et prendre 50€ ? Là, ce n’est plus possible, et il faut que les choses évoluent.

William Poll “Là, ce n’est plus possible, et il faut que les choses évoluent”
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