Interviews

Cameron McAdoo “je n’ai jamais été aussi bien placé après cinq épreuves”

Images: FELD

L’année 2024 sera-t-elle enfin l’année du premier sacre de Cameron McAdoo ? C’est ce que le garçon – et son team Pro Circuit Kawasaki – espère et vise, mais la concurrence est rude. Tom Vialle et Haiden Deegan sont présents en piste et le top 4 du championnat n’est séparé qu’en 16 points. Cameron a passé un cap mental, et décroche sa première victoire de saison à Indianapolis; il a subtilisé la plaque rouge à Tom Vialle pour deux petits points. Micro.

Cameron. Félicitations pour ta troisième victoire de carrière, une deuxième avec le format triple crown. Qu’est-ce qui a changé pour toi mentalement cette année, et qui t’as permis de décrocher cette victoire mais aussi cette plaque rouge ?

J’en ai pas mal parlé dans des récentes interviews, mais je pense que je vieillis, je deviens plus mature. Je roule devant depuis quelques années maintenant. J’ai passé beaucoup de temps – plus jeune – à espérer décrocher un guidon pour pouvoir continuer à faire de la moto et la transition a été très rapide. J’espérais, puis j’ai eu un guidon très rapidement et directement, il y a eu des attentes. L’an dernier, on attendait de moi que je gagne, que je me batte contre Jett pour les victoires et j’ai connu quelques courses où je me suis fait doubler dans le dernier tour pour la seconde place. Je me souviens, j’étais vraiment énervé sur le podium et même le dimanche dans l’avion en rentrant. Et puis quelques semaines plus tard, je me suis blessé et tout s’est envolé devant mes yeux. J’étais dans le canapé, je venais de me faire opérer, c’était plié. J’ai beaucoup réfléchi cet été, et j’ai réalisé que je pouvais être reconnaissant de beaucoup de choses dans ma vie, des choses dont je n’avais pas vraiment profité. J’ai réalisé que je n’allais pas pouvoir faire ce sport toute ma vie, que ça ne représentait qu’une courte période de ma vie et c’est ce qui rend ces moments très spéciaux; c’est vraiment cool de pouvoir être sur le podium avec deux des meilleurs pilotes du monde en 250; Tom est un double champion du monde, c’est incroyable. Désormais pour moi, que je gagne ou non, si je me bats devant, c’est cool et c’est spécial et je ne veux pas me dire que c’est de l’acquis. Je suis très heureux d’être dans ma position aujourd’hui, et je vais continuer de travailler dur.

Haiden est tombé au départ de cette dernière finale. C’était dur de rester concentré tout en sachant que tu n’avais pas besoin d’attaquer pour gagner ?

Je n’étais même pas au courant qu’il y avait eu une chute au départ. Je suis parti troisième derrière Pierce Brown et je savais que j’en avais encore sous le coude en cas de besoin. Je regardais le panneautage et je savais que Daxton Bennick et Nick Romano étaient derrière, quatrième et cinquième, mais je n’avais aucune idée d’où se trouvait Haiden. Je savais que si son nom apparaissait sur mon panneautage, il allait falloir que j’en remette une couche. À six tours de la fin, en sortie de whoops et à l’entame de la ligne droite, je l’ai vu à la réception du triple juste avant le passage devant les mécaniciens et de là, je me suis dit que j’étais dans une très bonne position. Il fallait quand même que je reste concentré, j’ai stoppé certains triples dans les enchaînements pour faire des doubles, quand c’était vraiment difficile et que c’était difficile de les envoyer à chaque tour. Par le passé, ce manque de concentration m’a parfois envoyé au sol, je me suis blessé. J’étais conscient de ce qu’il se passait autour de moi lors de la dernière finale, et je pense que ça s’est vu en fin de manche.

Pssst ! l'article continue ci-dessous :)

Tu as déjà gagné par le passé et via ton expérience, tu sais que rien n’es jamais garanti dans ce sport. Il reste encore beaucoup de courses à disputer. Tu vas faire quoi ces prochains jours ?

Ces prochaines 24 heures vont être similaires à celles de ces dernières semaines après les courses. Je vais prendre l’avion pour rentrer à la maison, faire un tour de vélo, passer du temps avec mon chien et profiter de l’instant présent, de cette victoire car elles sont toujours spéciales. Ces victoires ne deviennent pas plus simples à décrocher, elles sont spéciales, et d’autant plus quand on voit à quel point le plateau est compétitif cette année. Comme je l’ai dit, Tom est un double champion du monde, Haiden est champion SuperMotocross en titre; j’ai de gros concurrents et il faut que je reste concentré. On va avoir quelques semaines de repos, qu’on va utiliser pour travailler et continuer de s’améliorer. Je n’ai pas gagné les trois finales ce samedi et les autres roulent très fort, donc il y a encore de la marge. Je vais quand même profiter de ce moment, de cette victoire, mais il faut rester sur ses gardes, et aller de l’avant.

La régularité joue un rôle très important. Tu roules depuis un moment maintenant, comment on arrive à la trouver, cette régularité ?

Pour moi, il est surtout question de savoir prendre ce qui s’offre à moi le soir des courses. Par le passé, j’ai souvent eu du mal à avoir cet état d’esprit. Disons que si j’étais parti cinquième ou sixième et que Tom ou Haiden étaient devant, je me serai précipité, j’aurais un peu paniqué et je pense que c’est ce genre de scénario qui a joué dans mon irrégularité par le passé. On ne peut pas dire que ce soit parfait, j’ai terminé 15ème du premier round, mais je crois qu’Haiden a fait 16ème et Tom 20ème, il y a eu des circonstances car on s’est fait sortir au départ. C’est un travail qui n’arrête jamais, mais j’ai confiance en moi. On a disputé cinq épreuves, et il ressort clairement qu’on sera les trois qui se battront pour le titre et on l’a encore vu ce samedi lors des deux premières finales. Quand le tracé s’est défoncé, on a creusé l’écart sur le reste du plateau. Il faut aussi se concentrer sur chaque course, surtout lors du format triple crown.

Tu parles du mental, de rester positif. On sait que le Motocross est un sport très mental. Durant tes blessures, as-tu trouvé que rester positif et travailler sur ton état d’esprit t’aidait à mettre le négatif de côté ?

Ça aide. Je parle de reconnaissance, de profiter de l’instant présent, mais je ne suis pas parfait. Après m’être qualifié 7ème à Indy je me demandais si j’avais ce qu’il fallait pour la soirée; c’est toujours difficile. Parfois, je doute, comme tout le monde. Je me pose des questions et je dois gérer certaines galères comme tout à chacun. Toujours est-il que j’ai réussi à m’enlever un peu de pression des épaules. Je suis la même personne que je gagne le samedi, ou que je ne gagne pas, et ce n’est vraiment pas toujours simple. J’ai changé mentalement, ma vision du sport a changé, ce que le sport représente pour moi aussi. C’est sûr que ça aide d’être un peu plus posé mentalement, de me dire que je vais me contenter du meilleur résultat possible le moment venu. Finalement, je n’ai jamais été aussi bien placé au championnat après cinq épreuves, donc je vais continuer à faire de mon maximum chaque jour, et à chaque fois que je serai sur la piste.

Tu fais des épreuves triple crown depuis quelques années maintenant. Est-ce que la stratégie a changé à l’approche de ces épreuves, depuis toutes ces années ?

Il y a une approche stratégique, oui. Pour moi, c’est très important de signer un bon résultat dès la première finale, car ça donne le ton de la soirée. On m’a beaucoup demandé ce que je pensais de ce format ces derniers jours; je trouve que c’est cool pour les fans. Quand ça débute bien, ça va, mais quand ça démarre mal, ça peut vite faire effet domino et c’est un peu ce qui m’a posé problème avec ce format dans les premières années. Il y a encore quelques années de ça, j’aurai pensé à la finale suivante pendant que je disputais une manche par exemple. Il faut prendre les courses une par une, et quand vient la troisième finale il y a toujours une stratégie qui se met en place. Moi, Tom et Haiden, on savait exactement où on devait finir la dernière finale pour atteindre nos objectifs. C’est là que le team rentre en jeu, ton team va te dire “si intel termine X et intel Y, tu dois terminer à cette place là”. C’est pourquoi j’ai levé le pied en fin de course dans la troisième finale, parce que je savais que si je terminais là où j’étais, c’était suffisant pour aller décrocher cette victoire et atteindre mes objectifs.

On a parlé de la chute d’Haiden, mais tu t’es fait une chaleur au départ de la troisième finale toi aussi, dans l premier virage.

Ah ? Honnêtement, je ne m’en souviens même pas. J’étais juste content d’être parti devant, j’étais troisième ou quatrième dans le premier virage. Par contre, je me suis fait des chaleurs à deux reprises. Après le on/off sur la table, il y avait un triple, et j’ai sauté sur des ballots de paille deux fois, en deuxième et troisième finale. J’ai réussi à rester sur mes roues, mais c’était franchement chaud.

Cameron McAdoo “je n’ai jamais été aussi bien placé après cinq épreuves”
Retour