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Haiden Deegan “Parfois, les émotions peuvent prendre le dessus”

Images: Star Racing Yamaha

Pas toujours sous le feu des projecteurs pour les bonnes raisons en première moitié de saison, Haiden Deegan continue son apprentissage chez les pro’s. Le garçon ne réalise que sa seconde saison au plus haut niveau cette année et, après une victoire à Arlington, l’officiel Star Racing Yamaha signe un second podium de saison à Indianapolis. Haiden compte 16 points de retard sur la plaque rouge à l’aube de la nouvelle pause pour le championnat 250 Est; une pause qu’il mettra à profit pour récupérer les heures d’entraînement perdues à l’intersaison suite à sa blessure au poignet. Micro.

Haiden, tu avais connu un week-end mouvementé à Birmingham. Comment faire pour mettre ce qu’il s’est passé derrière soit, afin de préparer l’épreuve suivante ?

C’est sûr que dans la globalité, je suis en retard à cause de ma blessure. Avant Indianapolis, j’ai été en mesure de faire une bonne semaine à l’entraînement, en mesure de faire mes manches avec l’équipe et également en mesure de retrouver la vitesse que je devrais afficher. Pour moi, il est surtout question de revenir petit à petit en forme, de retrouver cette vitesse, la vitesse que j’avais avant que je ne me blesse à l’intersaison.

Est-ce que tu savais que si tu parvenais à doubler tes deux coéquipiers lors de la dernière finale, tu aurais pu aller chercher la seconde place à Indy ?

Oui, c’était écrit sur mon panneautage. “Double les mecs de devant pour la seconde place”. Réellement, j’attaquais pour y parvenir mais bon … Je suis tombé au départ, je n’arrivais pas à redémarrer la moto et de là, j’ai dû me battre tout du monde. J’attaquais fort, j’essayais de rattraper les autres mais dans ce cas de figure, tu fais des erreurs, ça te coûte encore du temps. Ce n’est pas simple d’essayer d’attaquer tout en limitant au maximum les erreurs. J’étais quand même content d’avoir pu revenir aussi haut dans le classement, et de décrocher un podium après m’être étalé dans le premier virage.

Il s’est passé quoi lors de ce départ, de ton point de vue ?

Je suis parti de l’intérieur toute la soirée, je ne voulais pas risquer un autre incident comme à Birmingham, en arrivant de l’extérieur et en recoupant. Je me suis donc dit que j’allais partir de l’intérieur, tenir ma trace, mais finalement c’était de ma faute. Je suis arrivé trop fort, j’ai bloqué l’avant. J’aurais pu m’en sortir correctement dans le premier virage, mais en bloquant la roue avant, ça a soulevé un peu ma roue arrière et ma moto s’est déportée sur la gauche et j’ai à peine accroché un ballot de paille avant de partir de travers. C’était une erreur de ma part, et ça m’a vraiment pris par surprise. Je pensais que j’allais être en mesure de faire un bon départ et de me faufiler à l’intérieur et d’un coup, je me suis retrouvé à l’envers et par terre sur la piste. De là, je me suis relevé, et il fallait attaquer pour refaire mon retard.

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Lors des deux premières finales, déborder où trouver du temps en piste semblait plus compliqué. Malgré ta chute en troisième manche, tu as signé de gros chronos en revenant dans le paquet. Qu’est-ce qui a changé dans cette dernière finale ?

Quand tu disputes une épreuve au format triple-crown, l’objectif est d’être régulier. Si tu pars devant avec les autres, si tu pars dans le top 3, tu n’as pas trop besoin de te précipiter en piste et tu ne prends pas le risque de te mettre au tas. Lors des deux premières finales, l’objectif était d’être propre et régulier et malheureusement, je me suis planté au départ de la troisième et j’ai vraiment dû attaquer pour revenir; la différence est là. C’est aussi pourquoi je n’étais pas vraiment très flashy lors des deux premières manches. Peut-être que c’est différent pour les autres pilotes mais pour moi, l’objectif était d’être régulier et présent lors des deux premières manches. Idéalement, tu veux être régulier dans les trois finales mais j’ai commis une erreur au départ de la troisième.

Après l’incident de Birmingham, beaucoup de gens se demandaient quels ajustements allaient être faits la semaine suivante. Étais-tu dans un état d’esprit différent en arrivant à Indy ? Tu avais quelque chose à prouver, où tu voulais rester discret, dans ton coin ?

J’ai vu une citation qui se prêtait bien à ma situation. “Concentre-toi sur ton futur, et sur tes aspirations pour l’avenir“. En fait, il fallait que je me pose un peu, que je réalise que je vis un rêve en ce moment. Gamin, j’ai rêvé de rouler en Supercross et de monter sur les podiums. J’avais même un maillot de Cameron McAdoo accroché au mur de ma chambre et c’est probablement quelque chose que les gens ne savent pas. J’ai un maillot de lui à l’époque où il roulait sur Honda. Avant toute chose, c’est un rêve pour moi d’être dans cette position et je pense que je regardais trop loin dans le futur, et que ça a fini par me rattraper. C’est pour ça qu’on m’a vu agir sous le coup de mes émotions, et il y a aussi eu cette blessure à l’intersaison. Il faut vraiment beaucoup s’investir dans ce sport et quand ça ne se passe pas bien, parfois, les émotions peuvent prendre le dessus. Je grandis, je mûris, j’apprends et je me construis encore.

Cameron McAdoo est dans sa huitième saison, il parle d’expérience, de maturité, de patience. C’est aussi quelque chose que tu prends en compte quand tu te retrouves en piste derrière Romano et Bennick dans la troisième finale ? Dans le sens où tu peux aussi temporiser, tu n’es pas toujours obligé d’être à 110% tout le temps.

Je dirai que chaque pilote a ses propres objectifs et sa propre façon d’aborder les choses, et ça change selon comment tu abordes les courses. Pour moi, c’est sûr qu’il est toujours question d’attaquer. Je comprends le point de vue de Cameron, je comprends aussi d’où il revient, mais je pense que je suis un peu différent. Je veux toujours attaquer, aller de l’avant, et si la position est là, il faut pouvoir aller la chercher. Si ça semble hors de portée, il faut quand même continuer de se donner pour tenter d’aller la chercher. C’est comme ça que je vois les choses. Après, c’est sûr qu’il faut avoir la mentalité et la régularité; il faut pouvoir comprendre que si tu attaques trop ici ou là, tu vas finir par le payer d’une façon ou d’une autre.

Haiden Deegan “Parfois, les émotions peuvent prendre le dessus”
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