Vous l’aurez compris, il se trame quelque chose du côté de l’Inde à l’intersaison, et si l‘Indian Supercross Racing League revient une nouvelle fois sur le tapis, c’est qu’une grande majorité de nos pilotes présents sur le championnat de France de Supercross se sont inscrits à ce dernier. Tixier, Aranda, Soubeyras, Bourdon, Manzato, Desprey, Ramette, Lefrançois, Imbert, Maillard, Escoffier, Malaval, Lebeau, Polias – et on en oublie – se sont pré-inscrits pour la saison inaugurale de l’ISRL qui doit s’ouvrir en début d’année 2024. À la tête de ce projet, Eeshan Lokhande, Aashwin Lokhande et Veer Patel. Trois hommes qui sont déjà à la tête du championnat National de Supercross, et qui ont dédié une grande partie de leur vie au développement du sport dans un pays où les infrastructures manquent cruellement. On a voulu en savoir plus sur leur projet, connaître les tenants, les aboutissants, et les ambitions sur le court et long terme. Une ouverture sur le monde; micro.
Eeshan. Tu as une riche histoire en motocross en Inde et je crois que tu as commencé sur le tard, vers la vingtaine. Tu t’es ensuite fait un nom dans le sport, puis dans l’industrie. Peux-tu nous résumer ton parcours dans le sport jusqu’à aujourd’hui, alors que nous approchons du coup d’envoi de l’Indian Supercross Racing League ?
Eeshan Lokhande : C’est une drôle d’histoire, celle de mes débuts dans ce sport avec mon frère. Toute notre famille était impliquée dans le tennis pendant de nombreuses années. Notre grand-père faisait la promotion de la Coupe Davis à Pune et notre mère avait une école de tennis alors pour nous, se lancer dans le tennis était une évidence. J’ai été joueur national, on avait ça dans le sang. À un moment, on a commencé à faire du VTT pour améliorer notre condition physique pour le tennis, et c’est là que j’ai goûté à mes premiers sauts. Même si on sautait sur de petits cailloux, c’était suffisant pour me rendre accro à quelque chose de nouveau, avant – plus tard – de tomber amoureux du Motocross et du Supercross. J’ai commencé par le VTT, puis le BMX. À l’époque – en 1999 ou 2000 – le Supercross n’était même pas présent en Inde. En fait, il n’était même pas possible pour nous de voir les courses. J’ai discuté avec mon frère Aashwin et je lui ai dit que je voulais me lancer dans ce sport. Il m’a demandé si j’étais devenu fou, il m’a dit que personne ne m’y autoriserait. Notre père était décédé à ce moment-là, alors j’ai demandé à ma mère. Je lui ai dit “Maman, je ne veux plus jouer au tennis, je veux faire de la moto. J’en fait déjà derrière ton dos et je ne l’ai dit à personne”. Elle m’a dit : “Mais qu’est-ce que c’est que ça ?”
J’ai dû lui montrer ce qu’était le Supercross via des photos sur un magazine qu’on avait acheté à la papeterie du coin. Venant d’une famille de sportifs, il n’y avait aucune raison qu’elle dise non, parce qu’un sport reste un sport. Elle m’a seulement demandé si j’allais me lancer à fond dans cette aventure, si ça allait être mon truc pour le reste de ma vie ou si ce serait juste une passade de quelques années. Moi, tout ce que je voulais, c’était faire de la moto. C’est ainsi que j’ai personnellement fait la transition vers le motocross, venant d’une famille de tennismen. Personne ne connaissait ce sport ; on a pris des mobylettes et on a commencé à faire du tout-terrain, c’était le point de départ pour nous. Une fois que tu te lance là-dedans et que tu montres ce sport aux gens; ils en tombent amoureux. Aashwin s’est engagé à m’aider, à rester à mes côtés lors des courses, à s’occuper de m’amener mon tupperware !
Le point de départ pour moi, c’était une 110 cm3, une moto de banlieue fabriquée en Inde. J’ai dû refaire les suspensions, faire quelques soudures, changer le guidon. Ce n’était pas du motocross, c’était du tout-terrain, mais il fallait bien commencer quelque part. Les motos sont très chères en Inde et à l’époque, il n’y en avait tout simplement pas. J’ai lancé une collecte de fonds auprès de mes amis et de ma famille et tout le monde s’est cotisé, car l’achat d’une 125 coûtait très cher. Ensuite, on a participé à des courses locales, nationales… et c’est alors que j’ai rencontré ce garçon de 14 ans sur le bord de la piste : Veer Patel. Il commençait à pratiquer le sport de la même façon que moi quelques années plus tôt. J’ai rencontré Veer sur la piste, c’était notre première rencontre et il avait une vraie passion pour ce sport alors qu’il n’avait que 14 ans. J’avais peut-être 25 ans à l’époque et je voulais l’aider, il avait tout l’avenir devant lui parce qu’il avait commencé tôt. L’amitié s’est développée à partir de là, et on a fait beaucoup de choses ensemble.
Vers 2006, on a commencé à s’améliorer, on a créé une petite équipe avec quelques partenaires, moi et Veer; Aashwin était notre manager. J’ai terminé troisième du national en 2009 et Veer est devenu le plus jeune champion de Supercross en Inde. C’était sans fin, on voulait toujours en faire plus. Il y avait – à l’époque – une équipe dirigée par un constructeur, et notre plus gros problème était de ne pas avoir le matériel qu’il fallait pour les courses. Être rapide ne faisait pas tout. Ce n’est pas tant ce que nous avons réussi à faire avec Aashwin et Veer, c’est plus la façon dont nous y sommes parvenus. Parfois, on roulait avec des pneus usés, mais on était là, on ne se plaignait jamais. On avait des pneus usés, un levier d’embrayage cassé, mais ce n’était pas un problème. On aimait tellement ce sport, qu’on allait rouler de toute façon, et faire de notre mieux. On s’est parfois retrouvé dans de drôles de situations, ça a été un bonne courbe d’apprentissage pour nous tous. On a créé de nouvelles choses à partir de rien. Je suis allé m’entraîner en Australie, Veer est allé aux États-Unis, où il a participé à quelques courses. En revenant, Veer a remporté un autre championnat et j’ai décidé d’aller de l’avant et d’explorer quelque chose d’autre en Europe, mais cela ne s’est pas déroulé comme je l’espérais. Après mon retour, j’ai réalisé qu’il y avait un énorme fossé entre ce qui se passait en Inde et dans le reste du monde. Il fallait intervenir, faire changer les choses, laisser une trace dans les livres d’histoire et on s’est dit : “Et si on était ceux qui initiaient ce changement ? C’est à partir de cette idée qu’Aashwin et moi avons organisé des événements, dès 2012. Au même moment, Veer s’est lancé dans la construction avec son entreprise, mais il est resté en contact avec nous. Tous les trois, nous avons toujours créé des choses, de l’organisation d’épreuves locales, à la création de quelque chose de nouveau pour le Supercross en Inde. Cette nouvelle aventure est très différente, car on est passé de la moto à la chaise de bureau [rires].
Veer, tu es non seulement directeur et cofondateur de l’Indian Supercross Racing League, mais tu t’es également fait un nom par le passé en remportant des titres nationaux en Inde. Peut-on revenir sur le passé sportif, et du nouveau rôle au sein de l’Indian Supercross Racing League ?
Veer Patel : Je pense qu’Eeshan a expliqué en grande partie mon parcours et comment j’ai commencé à rouler en Motocross et en Supercross en Inde. Mais quand j’ai arrêté la compétition en 2012 et que j’ai concentré tous mes efforts dans mon entreprise, j’ai fini par revenir m’investir dans ce sport avec Eeshan et Ashwim, pour les aider à le développer en Inde. On s’est retrouvés et on a commencé à rassembler toutes les pièces du puzzle. De là, on a créé Supercross India en 2019. C’est à ce moment-là qu’on a décidé de lancer cette ligue en Inde. On avait bien vu ce qu’il se faisait dans le monde entier, et on voulait développer le sport en Inde.
Je crois que tu as également eu l’occasion de t’entraîner aux États-Unis, et je suppose que cette expérience a été importante pour la suite, dans ton rôle d’organisateur. Le cœur du Supercross se trouve aux États-Unis. Comment s’est passée cette expérience aux Etats-Unis à l’époque ?
Veer Patel : Le fait d’aller m’entraîner aux USA a changé ma façon de voir le sport. J’ai appris les techniques auprès des meilleurs pilotes du monde, ce qui m’a beaucoup aidé. J’ai modifié ma technique et j’ai pu l’utiliser chez moi sur les pistes indiennes. Il m’était alors beaucoup plus facile de piloter. Le plus important, c’est que lorsque j’étais aux Etats-Unis, j’ai pu rouler avec 200 pilotes sur la même piste. Lorsqu’on s’entraîne en Inde, il n’y a que deux ou trois autres pilotes en piste. Il y avait une grande différence au niveau des entraînements pour moi, j’apprenais plus vite. J’avais un très bon entraîneur, Donnie Hansen. Je pouvais rester chez lui et je me suis entraîné avec lui pendant près d’un an et demi. C’était en 2008, puis je me suis à nouveau entraîné avec lui en 2009. Ça m’a vraiment permis de gagner en vitesse et j’ai pu gagner un championnat en Inde. En revenant, je n’étais pas encore le plus rapide, mais j’étais 10 fois meilleur qu’avant de partir aux USA !
Le Motocross et le Supercross sont-ils développé en Inde, à l’heure d’aujourd’hui ? On a du mal à se faire une idée, en tant qu’Européen.
Veer Patel : Le sport s’est progressivement développé. Nous avons en moyenne 15 nouveaux pilotes qui se lancent chaque année. Il y a entre 15 et 20 pistes dans le pays, pistes qui appartiennent à des propriétaires privés et qui ne sont pas ouvertes au public. Deux ou trois pilotes vont s’associer pour posséder une piste et s’y entraîner, avec leurs amis. Il n’y a pas de piste publique et/ou commerciale en Inde. La communauté est vraiment petite ici, et quiconque se lance dans le motocross dans notre pays sera mis en contact avec quelqu’un qui sait déjà où se trouvent les pistes, où aller, où rouler. Maintenant, les choses se développent, quelques endroits commencent à ouvrir au public, les infrastructures se mettent en place lentement mais avec cette nouvelle ligue, plus d’yeux s’ouvriront et plus d’infrastructures pourront être construites dans les années à venir.
Eeshan Lokhande : Comme j’aime le dire, “l’œuf ou la poule en premier ?”. Si tu construits des pistes en Inde, les pilotes rouleront, mais après ? Il doit y avoir une plateforme pour développer le sport. Parmi les 300 pilotes que nous avons, peut-être que 20 d’entre eux évolueront au plus haut niveau, car les autres restent des amateurs et roulent pour le plaisir. S’il n’y a aucun débouché, personne ne se lancera dans ce sport. Cette nouvelle ligue créera une plateforme et donnera des aspirations aux gens qui regardent les courses derrière les barrières. On veut qu’ils aient envie de rouler à leur tour, mais on ne veut pas qu’ils se disent “si je passe 15 ans de ma vie à faire de la moto, c’est quoi la suite ?”. La création et le développement d’une plateforme des infrastructures nous permettront de joindre les deux bouts. Les jeunes pilotes iront s’entraîner sur ces nouvelles installations, et auront alors un but à atteindre, ils rouleront pour quelque chose, ils auront une option de carrière. De nombreux parcs d’aventure ouvrent en Inde, mais il n’y a pas d’installations adaptées pour le Motocross ou le Supercross. Les parcs d’aventure sont parfaits pour les motards amateurs qui veulent se familiariser avec la pratique du tout-terrain, mais il n’y avait vraiment rien – ces 40 dernières années – pour les pilotes plus passionnés et investis. En Europe, il doit y avoir des millions de personnes qui roulent sur les sentiers ou sur des pistes mais en fin de compte il y a toujours les 20 mêmes pilotes professionnels derrière la grille de départ. Pour avoir ces 20 pilotes, il faut créer une plateforme pour qu’ils se développent et viennent ensuite sur les courses; c’est ce qu’on essaie de réaliser avec un objectif à long terme, sur les 10 prochaines années. Nous voulons développer tout l’écosystème autour du sport.
Cette nouvelle ligue sera-t-elle le nouveau championnat national de Supercross en Inde, ou un nouveau championnat ajouté au calendrier ?
Eeshan Lokhande : Il s’agira d’un championnat distinct. Le championnat national de Supercross sera maintenu. Parlons cricket. L’IPL (Indian Premier League) se déroule de manière autonome, et il y a aussi un championnat national à côté. L’idée n’est pas de prendre le relais ni la place d’un championnat, mais de créer de nouvelles opportunités. Il est très facile de s’emparer du championnat de quelqu’un d’autre et de commencer à l’exploiter, mais que fait-on ensuite ? Dans chaque sport, il faut des championnats de plusieurs niveaux. En Motocross, il faut des courses de niveau national, mais aussi des championnats d’un niveau local. Nous voulons garder les choses séparées, nous voulons respecter le championnat national tel qu’il est et nous investir en parallèle en tant que ligue.
En Europe, et plus particulièrement en France, organiser des courses n’est pas chose simple. Jusqu’à présent, quel a été le plus grand défi auquel vous avez dû faire face pour mettre en place cette nouvelle ligue ?
Veer Patel : Le plus grand défi pour nous a été de convaincre les bonnes personnes , et obtenir les stades que nous voulions. En Inde, le cricket est considéré comme le sport roi et les Indiens ne veulent pas perturber leur terrain, leur gazon. C’est ce qui a été le plus difficile pour nous, obtenir la confirmation des stades. Il nous a fallu beaucoup de temps pour les obtenir. Une fois les stades obtenus, il faut aussi décrocher certaines autorisations. L’obtention des stades a été une lourde tâche, mais cela nous permettra d’organiser de grands événements. Dégoter ces stades, ça montre la qualité que nous voulons offrir aux gens avec cette ligue.
Eeshan Lokhande: Comme tu l’as dit pour la France, il y a des défis à relever pour pouvoir organiser des épreuves. Ici, la première difficulté, c’est qu’on a dû commencer par expliquer ce qu’était le sport. L’inde est un très grand pays, et le cricket y est très présent. Tout d’abord, il était question d’expliquer ce qu’était vraiment le Supercross: C’est un sport, nous sommes partis de là. Obtenir les stades, c’était une chose, obtenir l’adhésion des franchises/teams en était une autre. Nous avons eu de très bons retours de la part de tout le monde dans le pays ; l’Inde progresse dans ce sens; il y a une volonté d’importer des choses nouvelles. C’était tout de même un défi d’aller frapper aux portes, de convaincre les gens et de leur montrer ce qu’il allait vraiment se passer avec cette ligue.
La question de la durabilité se pose toujours. Une fois lancé, comment en assurer la pérennité ? Vous avez l’habitude d’organiser le Supercross en Inde, mais cette nouvelle ligue étant plus une série internationale, les dépenses vont augmenter, les revenus aussi, comment assurer la durabilité de l’Indian Supercross Racing League à court et à long terme ?
Eeshan Lokhande : Dans tout sport, il y a une partie des recettes qui provient du sponsoring, et une partie pour laquelle il faut créer un business plan propre à son sport. Un business plan se doit d’être durable. Dans le notre, les dépenses sont réparties entre plusieurs acteurs plutôt qu’assumées par le seul organisateur. Utiliser le format de ligue prend ici tout son sens: ça commence avec les propriétaires de franchises/teams qui prennent en charge une partie des dépenses liées aux pilotes, aux déplacements, aux motos, etc. La ligue prend en charge certaines dépenses lorsqu’il s’agit d’organiser les épreuves, de trouver le lieu, de gérer la diffusion TV. C’est un partage des dépenses entre les acteurs. Les équipes récupéreront un certain montant, un pourcentage, une fois que nous aurons commencé à monétiser la ligue. Une fois que ce sera enclenché, le sport et les pilotes seront au centre des préoccupations. Si nous y parvenons, le développement durable s’enclenchera et la ligue deviendra viable pour tout le monde; c’est ce que nous voulons faire. Il ne s’agit pas de faire une seule épreuve ou quelques courses, il s’agit des dix prochaines années. Nous devons déterminer qui va couvrir les dépenses et quels sont les bénéfices qu’ils obtiendront en retour. Nous avons décidé d’utiliser un format de ligue parce que les Indiens aiment ce type de format. Il existe plus de 30 ligues sportives en Inde. Cela nous permet d’étendre nos ailes, d’avoir plus de parties prenantes, plus d’options, d’injecter plus d’argent dans le sport et aussi d’avoir l’opportunité de gagner de l’argent dans un futur proche.
L’Indian Supercross Racing League a dévoilé un plan d’investissement de 17 millions d’Euros sur les trois prochaines années. Les investisseurs s’attendront à ce que ces investissements soient rentabilisés par la suite. Nous avons vu ce qui est arrivé au WSX, qui a perdu son principal investisseur dès la première année. En MXGP ces dernières années, la vente de tickets décline et ne génère plus les mêmes revenus que par le passé et on voit des épreuves financées par les gouvernements. Quelle est la stratégie adoptée pour satisfaire les investisseurs, et comment avez-vous prévu de générer suffisamment de recettes avec l’Indian Supercross Racing League ?
Eeshan Lokhande : Disons que nous sommes organisateurs d’une épreuve en France, à Abu Dhabi ou même à Melbourne. Le prix des tickets avoisinera 50$, c’est une fourchette. La grande différence avec l’Inde, c’est que le ticket ne sera pas à ce tarif et la billetterie ne générera donc pas les mêmes recettes, mais nous avons un grand nombre de personnes qui pourraient être intéressées par ce sport. Cela créerait des opportunités de sponsoring, car c’est un marché axé sur le sponsoring. La diffusion des sponsors jouera un rôle considérable, non seulement la première année, mais aussi plus tard, lorsque nous voudrons monétiser la ligue. La billetterie fera partie des recettes, mais il y aura aussi le merchandising autour du championnat et l’objectif sera d’avoir les bons partenaires, qui pourront utiliser cette nouvelle ligue et sa plateforme pour leurs activités commerciales. Notre responsabilité est de pouvoir répondre aux exigences de ces partenaires et de les faire toucher un public plus large. Il s’agira d’une ligue financée par des sponsors. Encore une fois, c’est l’histoire de l’œuf et de la poule, qu’est-ce qui vient en premier ? En tant que promoteur, nous sommes investis et notre intention est de faire de notre mieux. Il y aura des ratés au début, mais nous voulons atteindre la perfection avec cette ligue, et surtout faire les choses correctement. L’investissement sera réparti sur les trois prochaines années et servira à améliorer la qualité des épreuves, à combler certaines lacunes, à mettre en place un programme de développement pour les jeunes juniors, car c’est sur eux que nous devons nous concentrer. Je ne m’intéresse pas aux pilotes de 25-30 ans pour l’instant. Je m’intéresse à ceux de 6 et 7 ans, qui sont les pilotes en devenir. Comme nous l’avons dit, il s’agit de construire de nouvelles pistes, de mettre en place les infrastructures nécessaires pour que les gens puissent s’entraîner. On veut leur donner des opportunités, mettre en place un programme pour les soutenir. L’investissement consiste également à construire tout ce qui entoure la ligue et, si nécessaire, à aider la ligue à fonctionner.
Quand on parle de Supercross, les gens pensent au Supercross américain. Des énormes stades, beaucoup de spectateurs, de belles pistes, un gros plateau… On sait à quoi nous attendre avec eux. Vous avez clairement mis l’accent sur les pilotes, on a vu quelques noms bien connus en provenance d’Europe, d’Australie et d’ailleurs s’inscrire à l’ISRL. Comment fait-on pour attirer des pilotes du monde entier alors qu’on ne peut pas encore leur montrer de quoi il s’agit ?
Veer Patel : Le meilleur atout que nous ayons, c’est notre pays, l’Inde. Les pilotes veulent d’abord venir pour visiter le pays. Ensuite, nous nous engageons à leur fournir les mêmes infrastructures et la même qualité de course que s’ils roulaient en Europe ou aux USA. Nous nous assurons de fournir la même qualité et les mêmes infrastructures que le WSX ou l’AMA fournissent à leurs pilotes. Nous offrons des installations similaires ici, en Inde.
Eeshan Lokhande : Il est également essentiel de créer de l’excitation pour tout le monde, de faire rêver, au delà de l’aspect financier et des primes distribuées. Vos pilotes rêvent ils, en France ? Il faut savoir que nous ne nous intéressons pas seulement aux meilleurs pilotes car nous devons pouvoir permettre à de nombreux autres pilotes de participer à cette nouvelle ligue dans un avenir proche, par exemple dès la deuxième ou la troisième saison. Il y aura aussi des périodes où certains des meilleurs pilotes ne pourront pas participer au championnat. Pour cette première saison, il est très important pour nous de montrer notre engagement à travers notre travail car, comme tu l’as dit, les gens ne savent pas encore à quoi s’attendre. Tout ce qu’on fait pour cette première année, on le planifie aussi pour les cinq prochaines années. Après la première année, on espère que le pilote rentrera chez lui et partagera de belles histoires sur son expérience avec notre ligue. Je pense que tous les pilotes, lorsqu’ils sont jeunes, ne pensent qu’à rouler et à la compétition. Les gens recherchent toujours de nouvelles opportunités, quelque chose d’excitant. C’est pour cette même raison que je suis allé en Australie et que Veer est allé aux Etats-Unis, on voulait explorer davantage, voir plus de choses. Si cette expérience génère de bonnes courses, de bonnes pistes, et qu’elle permet aux pilotes de gagner de l’argent, ce sera un nouveau concept pour notre sport. C’est l’une des raisons pour laquelle je pense que les pilotes sont enthousiastes au sujet de cette nouvelle ligue. Nous avons fait un travail considérable pour mettre les choses en place de la bonne manière, avec un bon équilibre et je pense qu’on a réussi. Je pense que les pilotes aiment ce que nous mettons en place; une course en Inde serait quelque chose qu’ils voudraient voir figurer à leur calendrier.
Plus d’une centaine de pilotes se sont inscrits pour la première saison. Ces pilotes devront passer par une vente aux enchères afin d’être sélectionnés par les équipes. Pourquoi avez-vous choisi ce système et combien d’équipes / de pilotes sont attendus pour cette saison inaugurale ?
Eeshan Lokhande : Un pilote ou un athlète devrait gagner plus. Ce sont les véritables stars des événements sportifs. Sans pilotes, il n’y a pas de course. Ces athlètes ont une certaine valeur, nous le voyons bien et dans de nombreux autres sports, ils sont capables de générer beaucoup plus de revenus pour les athlètes. Regardez le cricket, la Formule 1, tous ces sports… Maintenant, l’idée derrière la vente aux enchères : vous êtes une équipe et vous avez – par exemple – 100$ comme salaire de base. Comment faire en sorte que le pilote gagne plus que ça ? Pour les franchises, les propriétaires d’équipes, comment s’assurer qu’ils décrochent les pilotes qu’ils veulent ? Ce système, c’est la combinaison parfaite où la guerre commence et où vous pouvez sélectionner le pilote qui vous correspond vraiment. La première année, les enchères ne feront pas une grande différence, mais au fur et à mesure que la ligue grandira, les sommes seront plus importantes. La guerre des enchères va s’intensifier. Si une équipe veut vraiment un pilote, elle paiera un peu plus pour l’avoir. Cela aide les pilotes à générer des revenus, et l’équipe peut sélectionner les pilotes qu’elle veut en fonction de ses moyens; c’est gagnant/gagnant pour les deux parties.
Pour la première saison, nous aurons 6 équipes, 6 franchises. Chaque franchise devra sélectionner 8 pilotes, 2 par catégorie. Tu pourras me dire qu’il n’y aura que 48 coureurs, mais pour être franc, on ne s’attendait pas à ce qu’autant de pilotes s’inscrivent à notre vente aux enchères. On est vraiment reconnaissants de voir qu’autant de pilotes à travers le monde veulent faire partie de ce projet. Il y aura des déceptions, mais comme je l’ai dit, le projet va se développer et nous visons à avoir 10 équipes / franchises dès l’année prochaine ; c’est l’objectif.
Certains pilotes sont sous contrat et ne pourront pas changer de marque pour l’ISRL et cela pourrait les éliminer de certaines équipes dès le départ. Je suppose que ce sujet est à l’étude ?
Eeshan Lokhande : C’est en effet un point délicat pour la première année. Au fur et à mesure que la saison prend de l’ampleur, les contrats seront aussi plus importants et à ce moment-là, beaucoup de choses peuvent entrer en contradiction. Un pilote pourrait décider de négocier son contrat différemment pour la deuxième ou la troisième année avec sa propre équipe dans son pays, afin d’avoir un contrat secondaire avec une franchise indienne, par exemple. Pour la première année, nous essayons de faire correspondre les équipes et les pilotes. Si un pilote a besoin de rouler sur une Honda, nous ferons en sorte qu’une équipe Honda se porte candidate pour lui. Il y a une politique à respecter au niveau des enchères, et nous avons encore le temps pour y travailler. Nous nous assurons que le maximum est fait de notre côté pour satisfaire les pilotes. Encore une fois, il y a un nombre limité d’équipes, donc il pourrait y avoir des pilotes déçus pour cette première année. L’objectif n’est pas de faire un championnat à marque unique, nous voulons être en mesure d’avoir le maximum de marques pour faire évoluer le maximum de pilotes. Les équipes ont fait un choix judicieux jusqu’à présent, deux équipes rouleront exclusivement sur KTM pour le moment mais les autres rouleront avec différentes marques. Cela ouvre des portes à tous les pilotes.
A-t-on déjà une idée du format de course ? Combien de manches, combien de temps, quel sera le système de points et le règlement ?
Veer Patel : Il y aura quatre catégories. La catégorie 450cc internationale, qui ne comprendra que des pilotes internationaux. Il y aura ensuite la catégorie 250cc internationale avec de nouveau, les pilotes internationaux. Ensuite, il y a la catégorie 250cc mixte Inde/Asie et enfin une catégorie 85cc junior mixte Inde/Asie. Chaque catégorie disputera deux courses par épreuve et le système de points sera similaire à celui de l’AMA. Les manches 450cc seront de 12 à 15 tours et les manches 250cc de 11 à 13 tours.
Pourquoi avoir décidé de ne pas mélanger les pilotes indiens et asiatiques avec les pilotes internationaux ?
Eeshan Lokhande : Mettre certains des meilleurs pilotes du monde face à des pilotes de niveau inférieur n’a pas de sens pour la santé de la ligue ou des courses. On ne veut pas qu’un pilote se prenne 5 tours; il veut créer de belles courses. Actuellement, si l’on parle des pilotes indiens, peu d’entre eux peuvent encore prétendre à évoluer sur ce type de pistes, mais les pilotes indiens et les pilotes asiatiques sont à peu près au même niveau. Les réunir, ça aide à organiser des courses compétitives et leur donne l’occasion de voir qu’il est possible de se battre pour quelque chose, pour une victoire. Si nous mettons les pilotes Indiens du 250 avec les pilotes 250 internationaux, je peux déjà te dire qui finit où, et ce n’est pas bon pour la course ni pour le spectacle. Il faut d’abord aider et développer ces pilotes. Pour que les courses restent saines, compétitives et stimulantes, et pour ne pas démoraliser les pilotes, il faut penser différemment. Peut-être que dans trois ans, certains pilotes indiens ou asiatiques pourront se mesurer aux pilotes internationaux. C’est là toute l’idée, mais nous devons proposer une catégorie pour permettre de développer ces pilotes. Cela ne se fait pas du jour au lendemain et même trois ans, ce n’est pas beaucoup de temps. Nous avons un plan pour former de nouveaux pilotes, permettre à de nouvelles personnes de s’initier au sport, d’évoluer vers les meilleures catégories.
Vous venez d’annoncer que Richard Kutbach allait s’occuper des pistes pour l’ISRL. Il a réalisé de nombreux tracés pour des pilotes Factory aux États-Unis. Peut-on dire que le Supercross indien va passer un gros cap, et proposer des tracés encore jamais vus ?
Eeshan Lokhande : Bien sûr, c’est l’idée. Si on ne met pas les pilotes sur une piste de Supercross, on ne peut pas appeler ça du Supercross. Je pense qu’à l’époque, Veer et moi aurions aimé rouler sur ce genre de piste. Il est toujours important d’élever le niveau, c’est un sport difficile et on ne peut pas se contenter de faire des pistes simples jour après jour. Les pilotes n’iront nulle part si on fait ça, et ils ne progresseront tout simplement pas. On verra des pistes comme jamais vues auparavant en Inde, mais on ne parle pas de pistes comparables au niveau de difficultés qu’on retrouve aux USA. La première saison, c’est pour faire bouger les choses, laisser les gens et les spectateurs apprécier les courses, assurer la sécurité et la compétitivité des pilotes et progresser petit à petit. Par exemple, les trous sur les triples seront remplis, afin de s’assurer que les Indiens et les pilotes juniors puissent également rouler sur la même piste que les meilleurs pilotes internationaux. Avec Richard, nous avons très bien planifié tout cela, pour conserver l’excitation des courses et toujours proposer un défi aux meilleurs pilotes tout en gardant des pistes sécurisantes pour les juniors et les Indiens / Asiatiques ; c’est une priorité pour nous.
Je suppose qu’il faut aussi trouver le bon équilibre pour chaque niveau, étant donné que l’ISRL aura des catégories très différentes et des écarts en matière de niveau.
Eeshan Lokhande : Le Supercross US a placé la barre très haut avec ses pistes, mais je pense qu’il n’est pas toujours nécessaire de construire une piste que seulement très peu de pilotes sont capables de prendre. Ça n’a pas vraiment de sens. On peut faire des pistes fun, sur lesquelles les pilotes aimeront rouler, des pistes qui permettront des batailles, qui proposeront de l’espace, de la sécurité, de l’excitation. Il n’est pas toujours nécessaire de construire une piste comme le fait l’AMA. Il faut construire une piste qui correspond à la façon dont vous voulez que votre championnat se déroule la première, la deuxième, la troisième année, et que ça puisse progresser par la suite. Le grand avantage que nous avons en Inde, c’est que les stades que nous avons sont énormes. Le premier stade a une superficie d’environ 19.000 m². Cela nous permettra d’avoir des sections à grande vitesse. Nous pouvons vraiment étaler la piste, de la même manière qu’un Daytona, c’est une piste qui est vraiment fun !
Est-ce qu’on a une idée de la date de la première épreuve ?
Eeshan Lokhande : On vise janvier 2024. L’Inde dispose d’une fenêtre très étroite pour organiser des épreuves. C’est fou. Avant Noël, il y a Diwali, le plus grand festival en Inde. Nous avons également la Coupe du monde de cricket en octobre/novembre ; l’IPL se déroule de mars à juin et pendant cette période, les gens ne regardent rien d’autre. C’est comme assembler un puzzle, il faut s’assurer que nous faisons de notre mieux. Disputer la première saison en janvier et février, voilà ce que nous visons en gardant à l’esprit qu’il y a des courses au Danemark, sur la côte Est des USA, et que quelques pilotes ont des contrats là-bas. Nous sommes en train d’ajuster les dates en fonction des lieux, des disponibilités des propriétaires d’équipes, des sponsors, tout. Janvier et février seraient parfaits pour la première saison.
On avoir un calendrier pour la première saison dans les prochains jours. Ce qu’on aimerait faire à terme, c’est établir un calendrier de deux mois ou deux mois et demi qui deviendrait la saison indienne. Pourquoi faire cela ? Il se passe tellement de choses dans le monde, et nous voulons maximiser les opportunités pour les pilotes et leur permettre de venir rouler ici. Nous voulons qu’ils viennent vivre l’expérience du Supercross en Inde, qu’ils découvrent notre pays. À partir de la deuxième saison, nous pourrons avoir un calendrier fixe. Nous savons que la saison inaugurale a été retardée, mais c’est la dure réalité des choses quand on essaye de faire quelque chose de nouveau. Tout se met en place. Cela prend un peu plus de temps que prévu, mais tout devrait être réglé d’ici les prochains jours.
Pour la suite et la seconde saison, on aimerait pouvoir commencer plus tôt. Novembre, décembre, si cela convient à tout le monde. Nous avons cette disponibilité, même en octobre ; ce serait la plus belle chose qui puisse arriver à l’Indian Supercross Racing League, car ces dates correspondraient à la saison de championnat indien.
J’imagine que vous suivez aussi le championnat du monde de supercross. L’Inde serait un marché important pour le promoteur du WSX, et je ne peux que supposer qu’ils envisagent d’organiser une épreuve en Inde. Ce serait énorme pour le sport, et aussi pour l’Inde. Une future collaboration, c’est envisageable ?
Eeshan Lokhande : Pourquoi pas ? Il y a tellement d’opportunités. Enfants, on a toujours espéré que le MXGP vienne en Inde, on voulait que le Nitro Circus vienne en Inde, ainsi que les Red Bull X Fighters, etc. Il est évident que de nouvelles choses en Inde seraient toujours les bienvenues. Mais pour l’instant, notre priorité et notre engagement sont de réaliser une première parfaite pour l’Indian Supercross League. Nous avons notre bébé maintenant, et nous devons nous en occuper. Nous ne pouvons pas regarder autour de nous, mais s’il y a des opportunités, pourquoi pas. Au fur et à mesure que nous progressons, que nous construisons notre écosystème, je pense qu’il y aura des opportunités et nous les examinerons le moment venu. Pour l’instant, nous nous concentrons sur l’ISRL. Le WSX fait un travail fantastique. Ce qu’ils font sera – selon moi – un jour au même niveau que le Moto GP ou la F1 parce qu’ils voyagent d’un pays à l’autre, et je trouve ca incroyable que quelqu’un arrive à mettre tout cela en place. Je suis très reconnaissant de ce qu’ils font pour le sport. Ils ont amené le sport sur un nouveau marché, ce qui était vraiment nécessaire et, de notre côté, nous leur adressons un grand bravo pour ce qu’ils font et j’espère qu’ils continueront à faire mieux chaque année. Le Supercross est un sport magnifique, et il doit être apporté dans différents pays et à de nouveaux publics.
L’Inde a récemment organisé une épreuve du championnat de MotoGP. Quel genre de retour en avez-vous eu ?
Eeshan Lokhande : Il y a eu une épreuve du championnat de Formule 1 pendant quelques années en Inde, puis tout s’est arrêté. Le pays a changé, l’Inde est devenue un acteur mondial. Le retour du MotoGP est un signe de la volonté du pays de faire bouger les choses. Les Indiens se penchent sur certaines choses et changent la manière dont elles sont faites. Nous avons une population énorme, nous sommes l’un des pays les plus jeunes en termes d’âge. L’organisation du Moto GP ici a prouvé une chose, que c’était possible ! Il y avait cette croyance qui disait qu’il n’y aurait plus jamais de course de Formule 1 ou de Moto GP en Inde, et pourtant. Il suffit d’un homme et d’une équipe pour avoir une nouvelle vision. Le MotoGP va ouvrir la voie à de nouvelles choses, ça va créer un précédent pour de nombreux autres événements internationaux en Inde. Ça a brisé la glace et je pense que cela va aider, non seulement notre ligue, mais aussi tout autre sport qui voudrait venir s’installer en Inde. Le MotoGP en est un exemple, nous avons eu la Formule E ; cela a renforcé la confiance des gens. Les jeunes sont engagés, ils veulent voir tous ces sports. Pour la plupart des gens ici, c’est un rêve de pouvoir assister à une course de haut niveau, de rencontrer un athlète. Du point de vue de l’organisation, je tire mon chapeau aux responsables du Moto GP. Je pense que l’Inde est promise à un bel avenir dans le domaine des sports mécaniques, et nous n’en sommes qu’au début.
Peut-on s’attendre à pouvoir regarder les épreuves sur une plateforme de streaming ? Vous avez attiré des pilotes du monde entier, et ces pilotes ont de nombreux fans qui voudront potentiellement regarder les courses.
Eeshan Lokhande : Là encore, il y a beaucoup de choses à faire. En Inde, nous avons notre entité de diffusion et notre partenaire, nous allons signer le contrat officiel à la fin de cette semaine, il devrait donc y avoir une déclaration officielle dans la semaine qui suit. En même temps, avec autant de pilotes internationaux, nous voulons être en mesure de proposer notre ligue ainsi que le sport à leur famille et à leurs amis dans leur pays d’origine. Un plan a été mis en place, nous travaillons toujours à la mise en place d’une plateforme de streaming pour le reste du monde. Comme nous avons un accord d’exclusivité en Inde, nous voudrions aussi avoir quelque chose à proposer pour le reste du monde. Des pourparlers sont en cours, et nous sommes bien sûr ouverts à toute offre éventuelle. Nous en sommes à ce stade en ce qui concerne le streaming au niveau mondial.
Idéalement, vous aimeriez que l’ISRL en soit où, d’ici cinq ans ?
Eeshan Lokhande : Idéalement, l’ISRL serait l’une des plus grandes ligues sportives en Inde, et une destination incontournable pour les pilotes du monde entier. C’est ce que nous voulons. Nous voulons être si hospitaliers et accueillants que les pilotes ne manqueraient la vente aux enchères pour rien au monde. Ce ne serait pas seulement pour l’argent, mais pour toute l’expérience, la mentalité, l’accueil en Inde. Si nous en sommes là dans 5 ans, alors on aura accompli quelque chose.
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