“Hello, who are you ?”. Pas de doute, Jason Clermont est bien arrivé aux US. Voilà déjà 3 semaines que le pilote Breton a posé ses valises sur le continent Américain et la préparation va bon train. D’ici 6 petits jours, Jason sera dans l’enceinte de l’Angel Stadium d’Anaheim pour disputer l’ouverture de la saison de Supercross US 2024. On vous avait promis une rubrique hebdomadaire avec notre champion de France National 450 millésime 2023, et on débute l’année en tenant nos promesses avec le premier opus de cette chronique “Road to USA” qui vous permettra de suivre l’épopée de Jason à travers son expérience sur le championnat le plus convoité de la planète.
Jason Clermont – Road to USA #1.
Pour rentrer dans le vif du sujet, et à peine arrivés au pays de l’oncle Sam, Jason et sa compagne Mailys ont dû s’enquiller un long trajet pour aller récupérer la 450KX-F avec laquelle Jason participera aux premières épreuves du championnat SX US. Une petite balade de santé qui verra le duo s’enfiler un aller-retour de 1.500km jusqu’au nord des USA afin de récupérer un modèle 2023, désormais introuvable en concession.
“Avec Jon Primo, je cherchais une moto en Californie. Je voulais une 2023 car la 2024 a complètement changé et je n’avais pas de pièces en rab’ pour cette moto là. Comme ils ne vendent plus de 2023 neuves, l’objectif était d’en trouver une avec très peu d’heures mais c’était assez compliqué. Finalement, Yannig Kervella nous en a trouvé et on a été la chercher à Sacramento, mais les mecs qui nous l’ont emmenée vivaient encore plus loin, 5 heures au dessus. On a fait 14h de route dans la journée pour aller chercher la moto, qui n’a que 3 ou 4 heures au compteur. Voilà pourquoi il a fallu la chercher aussi loin, il n’y avait rien autour de Los Angeles, ou en Californie. Je n’ai pas encore touché à la 450 KX-F 2024, je la toucherai quand je reviendrai en France fin février, début mars.”
Jason Clermont a fait ses gammes à Hemet SX, un tracé incontournable en Californie.
Ni une ni deux et comptant mettre à profit sa présence aux States, Jason n’a pas perdu de temps pour démarrer sa préparation bien qu’il passera les deux premiers jours au guidon de la 450 Gas Gas laissée vacante par un certain Romain Pape, le temps de préparer les suspensions de sa KX-F chez Factory Connection. Au programme du Breton, des journées chargées rythmées par la moto et la préparation physique. Un régiment que le garçon ne s’était encore jamais infligé jusqu’ici.
“On essaye de faire 4 roulages par semaine avec à chaque fois de la moto le matin, et du sport l’après-midi. Je me lève tôt, on part tôt de la maison pour commencer à rouler à 08h30-09h00 jusqu’à 12h00-12h30 et après on file à la salle de sport. Le week-end, c’est repos donc c’est exactement l’inverse de ce que je fais en France. Il y a toujours des petits aléas, comme quand je dois refaire mes suspensions. Il y a aussi Noël et le jour de l’an, ça décale un peu mes entraînements car il n’y a rien d’ouvert, forcément. On essaie d’adapter le programme à ça. Physiquement, je me gère sur mon ressenti. À chaque fois que je fais moto et sport dans la même journée, je rentre manger, je regarde la télé, et à 20h je suis couché. Physiquement, ce sont des journées quand même éprouvantes mais c’est un rythme de vie à prendre. Pour ce qui concerne l’aspect physique, je fais confiance à Yannig. On fait un programme en fonction de ma forme pour Anaheim 1, et il me demande mon ressenti à chaque fois. On travaille vachement avec les pulsations du cœur, pour voir s’il n’est pas trop fatigué par rapport aux efforts que je fournis à l’entraînement. Je ne m’inquiète pas trop; je pense que j’arriverai en forme à Anaheim 1, avec mon niveau. C’est sûr que toute cette préparation, c’est nouveau pour moi. Je n’ai jamais fait ça de toute ma carrière. Ce que j’ai fait ces 3 dernières semaines, ce sont des choses que je n’avais jamais fait avant. De la moto le matin, du sport le midi, c’est nouveau pour moi. C’est aussi une question d’habitude. Yannig ne va pas non plus te pousser à bout, il sait très bien gérer l’entraînement par rapport à ça. Je suis confiant de ce côté-là, j’ai de la ressource, je suis Breton !”
Jason n’évoluera pas avec le #817, mais avec le #144 sur le SX US
Hemet SX, Lake Elsinore, Fox Raceway ou encore la piste privée de Kilian Auberson, Jason Clermont dispose de 4 pistes pour s’entraîner en vue de préparer Anaheim 1, et ce dernier alterne ses séances ici et là pour s’imprégner au mieux de la nature des tracés Américains, toujours sous l’œil avisé de Yannig Kervella. S’il avait déjà effectué des séjours aux USA par le passé, jamais Jason n’avait été en mesure de venir en avance pour effectuer une partie de sa préparation sur place.
“Si j’enlève les deux jours que j’ai passé sur la GasGas de Romain en attendant mes suspensions, j’aurai roulé 10 ou 11 fois sur place au guidon de la KX-F avant Anaheim 1. Ce n’est pas énorme mais c’est toujours bon à prendre. Je suis arrivé en avance pour me préparer sur place, mais je ne ressens pas encore vraiment la différence. D’un autre côté, si j’étais encore arrivé 2 semaines avant l’épreuve, je n’aurais pas pu peaufiner mon setting de suspensions avant l’épreuve. Là, on est reparti faire durcir tout l’ensemble chez Factory Connection. C’est vrai qu’il a fallu aussi mettre pas mal de choses en place au niveau de l’entraînement et au niveau physique avec le programme de Yannig Kervella. En parallèle, il me fait travailler sur la moto et surtout, sur des choses que je n’ai pas l’habitude de travailler. C’est un peu difficile pour moi car il faut que je pense à toutes ces choses, que je les mette en place sur la moto et dans le même temps, je ne peux pas vraiment rouler comme je sais le faire d’habitude. Le but n’est pas d’aller le plus vite possible, mais de m’appliquer dans mes postures, dans ma technique pour progresser car celle que j’ai n’est pas la plus adaptée au Supercross ici. Tout mettre en place, c’est compliqué et surtout quand j’arrive sur des terrains truffés d’ornières, ce n’est pas facile pour moi, mais ça progresse. Je me rapproche petit à petit des pilotes qui me tournent autour. “
“Sur le côté technique, c’est vrai que je suis assez rigide, et pas assez souple au niveau de ma posture. Je ne laisse pas assez travailler la moto. Ici, les pistes sont quand même très différentes donc c’est vrai que je suis un peu plus tendu que d’habitude. Il y a pas mal de choses qui ont été revues avec Yannig, que ce soit au niveau du placement des pieds sur les cale-pieds, des entrées de virages, etc. Je ne me rendais pas du tout compte de certaines choses avant qu’il ne me les dise. Tu fais attention pendant 2 ou 3 tours à ta posture, à la position de tes pieds et tu te rends compte que tu reviens directement dans tes travers; ce n’est pas facile de se débarrasser de certains automatismes que j’ai depuis toujours. C’est comme revenir à l’enfance, au point de départ quand je travaillais en 65cc et qu’on m’apprenait à regarder loin, à appuyer sur les cale-pieds; les trucs basiques. En Supercross, on travaille beaucoup sur la posture et sur la position sur la moto. On réapprend des bases, et on essaie de garder ces bases. Ce que j’encaisse en entraînement actuellement, ça va me servir pour plus tard.”
Quatre entraînements par semaine, une première pour Jason Clermont
À quelques jours de la première épreuve de la saison, il n’est pas rare pour Jason de croiser des tops pilotes à l’entraînement sur les pistes publiques. De fait, Jason a pu évoluer en présence de Justin Hill et Jo Shimoda, ou encore observer Jason Anderson et Jorge Prado évoluer dans la discipline.
“Le pilote que j’ai le plus croisé, c’est Justin Hill. Je regarde un peu ce que les autres font, forcément, mais quand arrivent les whoops, tu te dis que tu prends 2 à 3 secondes parce que ces mecs là passent comme des avions dedans. Ils sont à fond, ils passent sur les crêtes alors que moi je tape chaque whoops pour être sûr de ne pas en louper un. Forcément, plus tu rentres vite dedans, plus tu restes sur le dessus des bosses, et plus c’est simple. Avant de faire ça, il faut une sacrée confiance, encaisser du roulage et être sûr de soi. Ils n’ont pas non plus les mêmes suspensions, ni la même quantité de roulage que moi. Ce sont des mecs qui jouent devant sur ce championnat. Ici, je suis un amateur par rapport à eux; c’est un contexte. Sur tout le reste de la piste, ils ont une facilité à faire tous les enchaînements, ils roulent vraiment bien. Le meilleur roulage que j’ai fait c’était à Hemet SX, et Justin était là; je prenais 4 à 5 secondes au tour. C’est quand même énorme même si je ne faisais pas les plus gros enchaînements. Entre 4 & 5 secondes en Supercross, ça reste beaucoup, mais on parle de tops pilotes. Je viens d’arriver, je ne suis pas encore super à l’aise et d’ici les prochaines semaines, j’espère bien récupérer quelques secondes, pouvoir me lâcher et être en mesure de rouler comme je sais le faire sans avoir à penser à comment sauter, me positionner, tout ça. Là, j’ai fait une manche de 20 minutes, il y avait Jo Shimoda. J’étais pareil, 4 ou 5 secondes moins vite que lui au tour et il y avait un enchaînement que je ne prenais pas. Jo, c’est pareil, il passe à fond dans les whoops. Moi, j’étais surtout constant sur toute la durée de ma manche, donc je suis content. J’ai réussi à bien me concentrer, à ne pas trop faire d’erreurs pendant ces 20 minutes; c’était une bonne mise en situation. C’était ma première manche ici.”
Fun fact, saviez-vous que Jason Clermont devenait champion d’Europe 85cc en 2007, en devançant Tonkov, Anstie & Herlings ?
“Pressé d’y être ? Oui. Confiant ? Pour l’instant non. Je sais que j’ai encore à travailler, que je ne suis pas encore prêt pour Anaheim 1 mais voilà, il faut bien commencer quelque part. Au fur et à mesure des épreuves, ça ira de mieux en mieux. Il faudra réussir à rentrer dans les 40 meilleurs chronos pour accéder au programme du soir, donc se lâcher aux chronos d’entrée de jeu et sortir les enchaînements directement. Accéder au programme du soir, c’est déjà bien. Rouler avec tout le monde, ça te permet de progresser: les courses, les enchaînements, tu observes comment ils passent, et parfois tu te lâches un peu plus pour pouvoir aller plus vite.”
Pour la petite anecdote, c’est via un groupe Facebook que Jason et Mailys ont trouvé un pied à terre aux USA. Nos deux Français ont posé leurs valises du côté de Canyon Lake – dans le comté de Riverside, en Californie – chez deux expatriés Français – Lucile et Flavien – qui les accueillent pendant leur séjour sur le sol Américain, à leurs risques et périls.
“Si tu veux savoir, j’ai connu une journée à l’entraînement assez chaotique. On est ici chez des Français – Lucile et Flavien – et on garde leur maison pendant les fêtes car ils sont repartis en France. On garde donc chien & chat pendant 15 jours. Un matin, Mailys se lève et me demande où est le chat… On cherche partout, on retourne la maison, et pas de chat. La veille, j’avais sorti le chien devant la maison en laissant la porte entrouverte car j’étais juste devant. Je me suis dit qu’il avait dû sortir à ce moment là. Le problème, c’est qu’ici il y a des coyotes et si le chat passe la nuit dehors, s’en est fini du chat. “Putain…” On téléphone à Lucile et Flavien pour leur dire, on met une annonce, on va toquer chez les voisins … En roulant ce jour-là, je pensais carrément au chat pour te dire. Bref, une matinée de merde. On rentre à la maison le midi en espérant que le chat soit rentré, mais toujours pas. La gamelle de croquettes n’avait pas bougé. On retourne la maison une nouvelle fois, et rien. Dans l’aprem, un livreur est venu déposer un colis pour Lucile et Flavien, je l’ai récupéré pour eux et je me suis dit que j’allais le déposer dans leur chambre. En entrant dans la chambre, je trouve le chat debout sur le lit, tranquille. Un truc de fou, on n’a toujours pas compris pourquoi, ni comment d’ailleurs. Voilà pour l’anecdote de la première semaine, put*in de chat [rires].”
Remerciements: Kawasaki Latitude Moto, Pirelli, Fly Racing, Scar, Freddy Gouraud, V and B Blain, C’ Gonflé Loisirs, Une Histoire de Chaussures, Team Berryli4ni, Moto Club Briochin St Brieuc, Exess Moto, Le QG Blain, Cadorelec, Pro Tech Étanchéité, Sani-Chauffe Le Gavre
