Dans une excellente dynamique après avoir décroché la qualification en finale dans la boue de San Francisco, Jason Clermont avait encore un bon coup à jouer dans la mélasse de San Diego ce samedi. Malheureusement, le destin en aura décidé autrement.
Victime d’une mauvaise chute à l’entraînement avant la troisième épreuve du championnat, Jason Clermont s’est relevé avec une séparation claviculaire au niveau de l’épaule gauche. Une sciatique avant Anaheim 1, des problèmes intestinaux avant San Francisco, une épaule en vrac avant San Diego, Jason Clermont a enchaîné les pépins physiques ces dernières semaines. Inutile de préciser que le pilote Kawasaki n’était pas franchement dans les meilleures conditions ce samedi.
“Après San Francisco, j’étais de retour à l’entraînement dès le mardi matin à Fox Raceway. Je faisais des sprints de 5 tours. Lors du troisième sprint, et alors que je me sentais bien sur la moto, j’ai chuté sur un petit jump-off tout con en sautant de travers. Je n’allais pas bien vite mais j’ai raccroché et je suis tombé sur l’épaule gauche. J’ai tout de suite senti mon épaule craquer. J’ai remballé, je suis rentré et j’ai été voir un médecin. On a fait une radio, rien n’est cassé mais j’ai une séparation acromio-claviculaire de grade 1. Le positif c’est qu’à part faire mal, ça ne craint rien. Par contre, ça fait chier car la douleur est bien présente, et j’ai l’épaule qui craque pas mal et franchement, ça fait bizarre. Il n’y a rien à faire pour ce type de blessure, à part attendre que ça passe.”
Bon courage pour trouver un pilote plus privé que Jason Clermont sur le Supercross US cette saison
Diminué physiquement, Jason a dû faire l’impasse sur l’entrainement moto avant San Diego, concentrant ses efforts sur sa récupération physique. Après quelques séances d’électrodes, un traitement anti-inflammatoire et des séances de sport pour garder la forme, Jason a pris la direction de la 3ème épreuve de la saison. Pour rajouter à la grimace, le garçon se verra infliger une amende de 100$ pour avoir oublié de rendre son transpondeur après San Francisco; une somme qu’il déduira des 2.000$ de primes touchées de la part du promoteur lors de ce second round de la saison.
“Les salauds … Bref, le samedi, on était au trackwalk de San Diego vers 9h du matin. La piste était bien. Il y avait un gros enchaînement mais j’ai vite su comment j’allais le passer, et finalement on ne pouvait pas faire grand-chose de plus rapide dedans donc dans l’ensemble, je faisais les mêmes enchaînements que tout le monde. Sur ce point-là, c’était top. Il faut savoir que je suis passé par le camion médical d’Asterisk avant les essais libres pour faire une petite piqûre d’antidouleur, pour me soulager et avoir le moins d’appréhension possible avec l’épaule. Je suis quand même parti faire la première séance d’essai avec une épaule qui craquait et je n’ai pris qu’une seule fois la série de whoops. J’étais vraiment tendu, mais j’ai quand même fait une séance correcte, j’ai roulé un maximum pour essayer de prendre confiance. Je sautais tout comme je l’avais prévu, donc c’était du positif.”
Alors que les pilotes 250 sont en piste pour leur première séance qualificative, la pluie s’abat sur le tracé de San Diego. Jason effectuera sa première séance qualificative sur la défensive et aura du mal à se relâcher sur un tracé devenant de plus en plus glissant au fil des tours. La seconde séance qualificative étant annulée pour préserver la piste – pour le second week-end consécutif – le pilote Kawasaki se qualifie in extremis pour le programme de soirée, avec le 40ème et dernier temps qualificatif.
“Il s’est mis à pleuvoir dès les séances qualificatives 250 et de là, ce n’était vraiment plus la même chose. Le truc, c’est que ça n’a pas l’air d’avoir trop gêné les autres pilotes. Ça glissait, ça se creusait, mais ils passaient encore tous les enchaînements comme sur le sec. Pour moi, c’était plus compliqué et je n’ai pas fait mes enchaînements. J’ai fait deux tours à peu près corrects et en tentant d’en faire un troisième, je suis tombé. Je suis passé d’un rien au programme de la soirée avec le 40ème temps. Ça ne s’est pas joué à grand chose. La terre était une sorte de glaise, les traces se sont rapidement formées et on ne pouvait plus trop en sortir, mais les mecs sautaient de la même façon que quand c’était sec alors que ça patinait à mort. Moi, je ne suis pas trop à l’aise dans ces conditions, tu ne sais jamais si ça va tracter ou patiner. Ça, plus l’épaule, ce n’était pas ça. J’ai fini par me re-craquer l’épaule dans un virage en perdant l’équilibre et je me suis fait un peu mal.”
La météo n’est pas des plus clémentes du côté de la Californie, ces dernières semaines
Qui dit qualification pour le programme de soirée, dit aussi retombées financières pour Jason Clermont qui compte sur les primes reversées par le promoteur pour couvrir une partie de ses dépenses aux USA. Soulagement, donc, quand le garçon se qualifie pour son troisième programme de soirée consécutif. Problème, et avec le 40ème temps qualificatif, c’est en dernier que notre Français rentre sur la grille de départ pour sa manche qualificative.
“En étant 40ème des qualifications, je rentre bon dernier sur la grille de départ de ma heat et je me retrouve complètement à l’extérieur. Au départ, je suis resté sur place en patinant sur la grille. Je me suis fait repeindre, et j’étais dernier dans le premier virage. Quand tu es dans cette situation, dans ces conditions et dans le paquet, c’est la misère. Les mecs partent à droite, à gauche, tout le monde enroule et tu n’as aucune solution. Après quelques minutes, j’étais revenu 14ème en bagarre avec Dean Wilson et en essayant de sauter dans les whoops, je suis tombé. Je suis reparti dernier et de là, c’était plié.”
Adam Cianciarulo, Shane McElrath, Kyle Chisholm, Dean Wilson, Justin Hill, Derek Drake, Josh Hill, Justin Starling et bien d’autres se retrouveront derrière la grille de départ de la LCQ 450 de San Diego. Jason ne s’ouvrira pas les portes de la finale, cette fois-ci.
“Quand tu fais dernier de ta heat, tu rentres de nouveau dernier sur la grille de la LCQ. De nouveau, me voilà placé tout à l’extérieur et au départ, impossible de sortir de la grille. Pour l’anecdote, je n’ai pas démonté mon embrayage depuis un mois et demi … Je viens de le sortir de la moto, il est noir, complètement cuit. Tous les disques sont collés ensemble [rires]. J’ai voulu faire un peu trop d’économie, ça n’a pas aidé de ce côté-là. Bref, j’ai rouloté en LCQ, j’ai trouvé un petit rythme et sur la fin, je sautais quelques enchaînements et je suis remonté 13ème. J’aurais pu faire mieux mais pour la qualif’ en finale, c’était mort. Sans entraînement de la semaine, en roulant tendu, avec la douleur, c’était compliqué pour moi. Je suis conscient que même quand je suis à 100%, la qualification en finale n’est vraiment pas gagnée alors dans ces circonstances. C’est quand même dommage parce que dans ces conditions là, il y avait une carte à jouer.”
Ces derniers temps, Jason passe plus de temps à la station de lavage qu’à l’entraînement. Une tendance que le garçon aimerait bien inverser
Alors que la pluie continue de balayer la Californie, les options pour s’entraîner se font rares et c’est – de nouveau – avec un entraînement limité à son strict minimum que Jason Clermont prendra la direction d’Anaheim 2, samedi prochain, pour l’avant-dernière épreuve de son périple Américain. Jason ne participera pas à la cinquième épreuve de la saison à Detroit, puisque le Supercross se déplace à l’autre bout du pays pour ouvrir le championnat 250 sur la côte Est. On le retrouvera – par la suite – en piste pour une dernière épreuve du côté de Glendale avant de rentrer en France.
“On espère pouvoir rouler mercredi ou jeudi avant Anaheim 2, mais vu la météo en ce moment… J’aurais – encore une fois – grand maximum un roulage avant l’épreuve du week-end mais d’un côté, ça me fait du bien de me reposer un peu, pour mon épaule. C’est con, car j’arrive sans entraînement sur les courses et physiquement, je ne suis pas au mieux de ma forme alors que j’étais dans une bonne dynamique. Il faut presque repartir de zéro et c’est un peu plus compliqué.”
Ce samedi, place à Anaheim 2 pour la première épreuve triple-crown de la saison; un format redoutable pour les pilotes flirtant avec la qualification pour les finales sur le Supercross US. Pas de manches qualificatives avec ce format condensé; le top 18 des essais chronos se qualifiera directement pour les trois finales de la soirée. Le reste du top 40 se disputera une ultime LCQ pour tenter de décrocher les quatre dernières places sur la grille.
“Anaheim 2, ça risque de tourner un peu court. Soit tu roules très peu car tu ne passes pas la qualif, soit tu roules vraiment beaucoup car tu te qualifies et tu participes aux trois finales. Je ne suis pas le plus rapide, donc aux chronos, c’est difficile de me voir passer dans les 18 premiers. On verra. Il faudra essayer de se rapprocher au maximum du top 20 pour avoir une bonne place sur la grille en LCQ. À Anaheim 1, j’avais fait le 36ème temps à 3 secondes du 18ème; je sais que ça va être difficile. Cette année, c’est costaud et clairement si tu ne pars pas bien, c’est cuit.”
Sur une note positive, Jason Clermont a pu compter sur un coup de main de Fly Racing pour se dégoter quelques tenues supplémentaires pour terminer son aventure US. Arrivé avec le strict minimum dans ses bagages, le pilote Français avait bien besoin d’un petit coup de pouce pour refaire sa garde-robe et Fly Racing n’a pas hésité à mettre la main à la pâte pour aider notre Français. Chez Pirelli, on a également filé un coup de pouce à Jason qui voyait sa tonnelle s’envoler à San Francisco. Malheureusement, celle prêtée par la célèbre marque de pneumatique n’aura pas fait long feu. Morale de l’histoire, ne confiez ni votre chat, ni votre tonnelle à Jason.
“À San Francisco, on n’a pas eu de chance. Notre petite tonnelle en 3*3 s’est retrouvée sur le toit du van, complètement pliée. Pirelli m’avait donc gentiment prêté une tonnelle en 6*3 pour San Diego, une belle tonnelle. On l’avait sanglée au camion et quand je suis revenu du repêchage, on devait déplacer le camion. Mailys a déplacé le camion mais la tonnelle était encore sanglée. Un pied de la tonnelle a complètement plié; une deuxième tonnelle de pliée. Je passe plus de tonnelles que d’embrayages [rires]. En ce moment, c’est l’hécatombe mais bon, il faut garder la tête haute ! Ça va bien finir par se calmer.”
De nouveau, Jason vous donne rendez-vous mardi prochain, pour le debrief’ d’Anaheim 2 !
Remerciements: Kawasaki Latitude Moto, Pirelli, Fly Racing, Scar, Freddy & tantine, V and B Blain, C’ Gonflé Loisirs, Une Histoire de Chaussures, Team Berryli4ni, Moto Club Briochin St Brieuc, Exess Moto, Le QG Blain, Cadorelec, Pro Tech Étanchéité, Sani-Chauffe Le Gavre, Abel Pasquet, Gaël Clermont, Cat racing, Pirelli USA, Flavien et Lucile Masselin, Doc SX Factory, Céline et Jérôme Leclaire.
