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Justin Brayton “Ce sera difficile d’arrêter sachant que je suis encore compétitif”

Justin Brayton “Ce sera difficile d’arrêter sachant que je suis encore compétitif”

Le King de Bercy de 2009 a fait son retour dans la capitale le weekend dernier. Malgré les années qui passent, Justin Brayton répond toujours présent, n’en témoigne le podium signé en Supercross US la saison dernière (3e) à Houston. De retour avec Motoconcepts Honda en 2022 – équipe avec laquelle il signait son premier succès de carrière en SX US 450 et devenait également le plus vieux vainqueur d’une finale AMA – Justin Brayton s’apprête à prendre part à sa dernière saison complète en Supercross US avant de voguer vers de nouveaux horizons. Mais d’abord, un petit détour par le Supercross de Paris pour rencontrer un certain Antonio Cairoli … Micro.

Justin, tu m’avais l’air un poil énervé après cette dernière manche et la manoeuvre de Cairoli.

Mhh, c’est surtout que j’ai trouvé la manoeuvre d’Antonio très inutile, mais j’ai plus été déçu de moi-même car je n’ai pas réussi à trouver l’ouverture sur Cédric Soubeyras lors de la dernière finale. Marvin Musquin était présent ce weekend, et je n’ai pas eu une seule occasion de rouler contre lui. Sinon, j’ai vraiment passé du bon temps à Paris, je suis content pour Soub’, c’est cool qu’il prenne la seconde place devant son public. Marvin a très bien roulé, et moi, je n’ai pu faire que troisième.

Ça faisait longtemps que je n’avais plus roulé à Paris et honnêtement, ça fait du bien de rouler de nouveau à l’international; c’est la seule course d’intersaison et venir ici, c’est toujours un très bon moment avec l’ambiance, le niveau des pilotes, le format; c’était fun. J’ai répondu au téléphone, j’ai ramené mes suspensions, mon guidon, mes tés de fourche, un échappement, je suis monté sur cette 450 CRF d’origine et j’ai pris du plaisir, c’est le principal.

La surprise de l’intersaison, c’est ton retour chez Motoconcepts Honda après une belle saison avec Yarrive Konsky et Muc Off Honda.

J’adore Yarrive, c’est juste dommage que la structure de l’équipe n’ait pas permis de continuer ensemble. Le fait qu’il vive en Australie rendait beaucoup de choses impossibles. Il est très difficile de diriger une équipe qui veut évoluer au plus haut niveau aux USA depuis l’Australie. Yarrive dirige un très bon programme et une excellente équipe en Australie et tu sais, je pense qu’il sait désormais que c’est vraiment compliqué. On en a beaucoup parlé au téléphone, il a compris pourquoi je partais même s’il était très déçu.

Yarrive doit vraiment être présent aux USA s’il veut permettre à son équipe Américaine de rouler au plus haut niveau. Il en est largement capable, c’est une certitude, mais ma charge de travail était bien trop importante en 2021. Je voulais retrouver mon statut de pilote, et seulement de pilote; c’est pourquoi j’ai pris cette décision. Je ne voulais plus appeler les sponsors, je ne voulais plus m’assurer que le train était toujours sur les bons rails, je voulais être en mesure de me concentrer sur moi-même, sur mes courses, qui seront probablement les dernières courses de ma carrière.

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Justin Brayton retrouve la structure Motoconcepts Honda en 2021. One last dance.

Tu as déjà pris la décision de te retirer au terme de la saison 2022 ?

En 2023, je ne roulerai probablement plus beaucoup, ou plus de la même façon. Je vais faire la saison 2022 de Supercross complète, et on verra par la suite. Je doute que j’aurai encore l’envie de faire du Supercross après cette saison, mais on verra; je ne prends aucune décision hâtive.

Si tu me demandes ce que j’en pense là, maintenant, assis sur cette chaise, je te répondrais que je vois que je roule toujours bien, que je suis toujours en forme physiquement, que j’aime toujours ça, et que j’aurai encore envie de faire du Supercross. Je suis encore capable de rouler à haut niveau pour l’instant mais est-ce que ce sera toujours le cas en 2023 ? On va réévaluer tout ça en mai après la saison de Supercross.

Plus de Supercross Américain, mais du Supercross Australien par exemple ?

J’aimerais beaucoup continuer à participer au Supercross de Paris, à celui de Genève s’il revient au calendrier, j’aimerais retourner rouler en Italie, retourner en Australie. Je pense que je continuerais de choisir quelques courses au calendrier pour le plaisir. Le jour où je déciderais d’arrêter ma carrière de pilote aux USA, je n’arrêterai pas complètement de rouler.

Le Supercross Américain, c’est le plus haut niveau du sport et il faut être investi à 100%. Désormais, j’ai trois enfants qui m’attendent à la maison, une femme qui me soutient mais à un moment, il faut savoir dire stop; “c’est assez”. Ce sera difficile d’arrêter sachant que je suis encore compétitif, mais je dois être intelligent et peut-être que j’arriverais à tirer encore deux ans en faisant une carrière internationale avec des courses à l’étranger.

Et donc c’est là que je te demande ce que j’ai demandé aux autres pilotes en provenance des USA toute la soirée. Le championnat de Supercross mondial qu’essaye d’organiser la FIM, ça te brancherait ?

Je fais déjà quelque chose d’assez similaire quand tu regardes où je roule à l’intersaison. Ces 5 dernières années, j’ai roulé aux USA, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Italie, en Suisse, en France, donc en fait c’est déjà quelque chose que je fais déjà sur le papier. Si ce championnat voit le jour, bien sûr que j’aimerais en faire partie.

Ces évènements – même si ça reste du haut niveau – m’intéressent du moment que ce ne sont pas des épreuves qui s’enchaînent semaine après semaine; du moment que je peux passer du temps avec ma famille car c’est important pour moi. Mes enfants grandissent et pour moi, ça devient de plus en plus dur de quitter la maison. Je sais que je suis en mesure de faire encore – au moins – une année en étant compétitif, alors c’est parti.

Justin Brayton termine 3ème du Supercross de Paris 2021

Tu te vois où et à faire quoi d’ici 5 ans ?

Mhh, dans 5 ans, j’aimerais pouvoir te dire que je suis toujours un très bon père, que j’ai construit une belle famille et que je suis toujours investi dans le sport. J’aime le MX, j’aime tout ce qui touche ce sport de près ou de loin et j’aimerais pouvoir à mon tour redonner au sport. Que ce soit en aidant des jeunes qui montent, en aidant des pilotes qui sont déjà au niveau professionnel, que ce soit en tant qu’entraîneur, coach, metteur au point. Je ne veux pas être un entraîneur à 100% car je risque d’avoir exactement le même programme / calendrier que celui que j’ai actuellement.

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Je suis aussi intéressé par le côté management, pas le fait de gérer une équipe, mais le management de pilote. Aider un gars à rassembler toutes les pièces du puzzle ça me brancherait, je pense qu’on ne parle pas assez d’argent dans ce sport par exemple, ou qu’on n’explique pas assez aux jeunes comment prendre en main une carrière en dehors de l’aspect purement moto. J’ai dû apprendre beaucoup de choses pendant toutes ces années, comment gérer ma vie en quelque sorte, le côté MX, et tous les autres aspects.

Quoi qu’il advienne, je ne serai jamais en mesure de rester assis chez moi à ne rien faire. Je suis aussi propriétaire d’une concession à Charlotte, en Caroline du Nord, qui s’appelle 10 Cycles. J’ai plusieurs choses en tête, je fais pas mal de choses, je reste occupé et je prends du plaisir.

Une dernière pour la route. As-tu été impressionné par la saison MX de Dylan Ferrandis ?

Absolument. Je ne sais pas comment quelqu’un pourrait te dire le contraire. Dylan a été exceptionnel pendant cette saison d’outdoor, il a incroyablement bien roulé et tu pouvais voir qu’il voulait ce titre plus que n’importe quel autre pilote. J’ai été très impressionné, et c’était super cool à voir.

Images: Supercross de Paris / Pascal Haudiquert


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