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Ken Roczen “difficile de revenir aux points quand Jett enchaîne les victoires”

Images: FELD

Ken Roczen signe un quatrième podium de saison à Indianapolis, mais l’Allemand Suzuki voit – lui aussi – Jett Lawrence prendre l’ascendant au championnat. Second à Indy, le pilote HEP Suzuki n’a rien pu faire pour contrer le pilote Australien qui a remporté la moitié des épreuves disputées cette saison. Alors que la seconde moitié de championnat est entamée, le pilote Allemand compte 35 points de retard sur la plaque rouge. Micro.

Ken, lors de la seconde finale, tu as trouvé une trace et tu sautais sur la gauche des whoops. Tout le monde a fini par te suivre et à l’emprunter lors de la troisième finale.

Je savais qu’il fallait que je m’ajuste à la piste, pour ne pas rester toute la soirée dans la même ornière et je n’étais pas vraiment satisfait de mes passages sur la droite parce qu’il y avait ce demi-whoops en fin de série, et une seule trajectoire se développait du côté droit. Alors j’ai commencé à les prendre sur la gauche, et ils étaient plutôt propres et je pouvais contourner la dernière bosse, et recouper à l’intérieur; c’était exactement ce que je cherchais. Lors du tour de reconnaissance avant la troisième finale, j’ai vu que le côté droit des whoops était de nouveau le côté le moins défoncé, donc je suis passé à droite quelques fois. Je n’étais plus vraiment à l’aise avec l’idée de sauter depuis le wall jump dans les whoops parce qu’il y avait beaucoup d’ornières et c’était un saut à l’aveugle. J’ai finalement fini par revenir sur la gauche des whoops et c’était la trajectoire la plus rapide. Avec le recul, j’aurais aimé revenir de ce côté gauche un peu plus tôt, mais j’essayais surtout de m’adapter en fonction de comment le tracé évoluait.

Est-ce que tu savais, lors de la troisième finale, que si Cooper Webb te passait, Chase aurait terminé second de la soirée ?

Oui, j’y ai réfléchi avant le départ de la finale. Je savais ce que ça donnerait au général de la soirée si je terminais troisième, et je savais que si Cooper me doublait, la seconde place s’envolerait. Lors de la dernière manche, le drapeau à damier est arrivé alors que je pensais qu’on avait encore un tour à faire. C’était une surprise plutôt agréable pour moi pour être franc ! Mais oui, je savais que si Cooper me doublait, c’était la seconde place qui m’échappait.

En première manche, quand Jett t’a doublé, est-ce que tu as été en mesure de le suivre et de regarder ses traces pour voir où il gagnait du temps ?

C’est toujours un peu l’idée car par le passé, j’ai toujours eu tendance à me contenter de faire le même enchaînement, encore et encore. J’ai donc voulu la jouer plus intelligemment car dans l’enchaînement du fond – après les tables – je n’étais vraiment pas fan de l’enchaînement deux sur table puis off mais je savais que c’était le plus rapide donc je m’y suis tenu malgré tout. J’ai aussi joué un peu avec les whoops, j’ai tenté de les prendre de tous les côtés et quand Jett faisait des petites erreurs, je voyais que je revenais un peu. C’était comme jouer au jeu du chat et de la souris. C’est ce qui rend les courses fun et intéressantes. On en apprend chaque fois, à chaque week-end, et on doit surtout prendre des décisions sur l’instant présent.

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Tu semblais dire que le tracé, contrairement à d’habitude, s’était amélioré au fil de la soirée ?

Plus l’organisation travaillait dessus, plus la piste se damait et du coup, on était plus rapides en seconde finale qu’en première, et plus rapides en troisième finale qu’en seconde.

Est-ce qu’on aborde les épreuves Triple Crown différemment quand ce format se dispute à Anaheim où à Indianapolis, et selon les conditions de pistes ?

Ça se résume en un mot; survivre. Ce tracé pouvait t’envoyer au sol en un clin d’œil. Il fallait être patient. C’était plus spongieux, gorgé d’eau que l’an dernier et les ornières étaient un peu plus régulières. L’approche reste assez similaire, on parle souvent du départ et il faut vraiment être en mesure de partir devant avec ce format, et choisir ses armes intelligemment.

Les conditions n’ont pas été évidentes depuis le début de l’année. Elle se compare comment cette saison 2024, avec les autres ?

Difficile à dire, car ça dépend aussi de ton état d’esprit lors de la saison donnée. Par exemple en 2022, je n’étais pas très en forme, les whoops étaient énormes et les tracés se défonçaient. Je n’étais pas vraiment à l’aise et c’était forcément bien pire pour moi que cette année. Oui, on a eu quelques courses difficiles dans la boue et des tracés plutôt mous en général, plus que de tracés bétons. C’est fun d’avoir des conditions différentes, même si ça complique aussi les choses …

Mentalement, on pense encore au championnat et aux points où on se concentre sur les victoires d’épreuves ?

Je suis assez loin au point, c’est difficile de revenir aux points quand Jett enchaîne les victoires. Moi, je roule vraiment bien mais pas assez bien pour rester au contact des autres. Au moins, j’ai été en mesure de reprendre des points sur certains mecs. Je crois que je suis quatrième du championnat désormais, donc je me rapproche des autres mais pas de Jett. Il reste encore beaucoup de courses et comme on dit, on ne sait jamais ce qu’il va se passer. Je vais continuer de bosser dur et que je décroche un titre ou non, je continuerais de me battre et de travailler pour être sur le podium chaque week-end. J’espère pouvoir en gagner une autre, et même deux, d’ici la fin de saison. Ce serait génial. Ce qui m’importe, c’est surtout de tout donner sur la piste.

Ken Roczen “difficile de revenir aux points quand Jett enchaîne les victoires”
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