Interviews

Kévin Horgmo “Je sens que j’en ai encore sous le coude”


Jago Geerts, Isak Gifting, Jan Pancar, Roan Van de Moosdijk et Kevin Horgmo ont un point commun cette saison; ils ont tous été contraints de monter en catégorie MXGP après un dernier mandat en MX2 effectué en 2023. Le dernier cité fait finalement office de meilleur rookie en ce début de saison MXGP, ayant décroché 3 top 10 d’épreuve en 4 rounds disputés. Recruté par Honda SR Motoblouz à l’intersaison pour évoluer aux côtés de Valentin Guillod, le pilote Norvégien réalise un solide début de mandat en catégorie reine face aux gros bras du MXGP. Notre confrère Andy McKinstry est allé à sa rencontre après Trentino, pour débriefer de ce début de saison prometteur. Micro.

Kevin, tu es un rookie en MXGP cette année, mais tu es très régulier en ce début de saison, tu joues le top 10 à chaque fois. Tu dois être content de ces premiers grands prix ?

Oui, c’est sûr. Je sens que j’en ai encore sous le coude mais lors des trois premières courses, j’ai terminé dans le top 10 à chaque fois. Évidemment, je sais que j’ai eu un peu de chance avec quelques pilotes qui sont déjà sur la touche, mais je sens que je suis assez proche des tops pilotes. Je suis toujours derrière les tops pilotes de la catégorie MXGP, mais vraiment pas loin. Ce n’est pas comme si il me manquait grand-chose en termes de vitesse, donc j’espère pouvoir progresser durant la saison et me rapprocher d’eux petit à petit. Trentino … C’était un peu plus difficile car le samedi, j’ai vraiment galéré lors de la manche qualificative. Lors des essais chronos, ça ne s’est pas mal passé car les temps étaient serrés, et j’ai signé le 11ème chrono; c’était bien.

Mais ouai, cette manche qualificative était horrible. J’ai vraiment mal roulé et j’ai fait une bonne chute au départ. Je roulais vraiment tendu, donc je suis content d’avoir pu renverser la tendance le dimanche. J’étais bien mieux en termes de vitesse mais en partant 22ème sur la grille, je partais de l’extérieur et je n’ai pas vraiment pu me mêler à la bataille avec les autres. En première manche, j’ai un peu galéré et je n’étais pas satisfait de mon pilotage mais en seconde manche, je sais que je peux être satisfait. Malheureusement, dans le dernier tour je suis presque passé par-dessus le guidon sur le triple avant le saut d’arrivée et j’ai bien cogné la tête. Je n’ai perdu qu’une position face à Jan Pancar donc c’est toujours ça. Je dois me satisfaire de cette journée, même si c’était une journée difficile; j’ai réussi à en tirer le meilleur parti.

Tout le monde parle du niveau en MXGP. Est-ce que tu te surprends à être aussi régulièrement dans le top 10 ?

Oui et non. Je me suis entraîné pendant tout l’hiver avec Valentin [Guillod] et au début, j’étais bien moins rapide que lui, mais à chaque entraînement, je me rapprochais petit à petit. À chaque nouveau circuit, j’étais un peu moins rapide mais je savais que je pouvais me rapprocher de lui lors des courses dans une bonne journée. Évidemment, l’objectif a toujours été d’intégrer le top 10, mais entre se fixer cet objectif et parvenir à l’atteindre, il y a une différence. C’est difficile car le niveau est très élevé et une fois que tu pars mal, c’est encore plus compliqué et surtout sur un tracé comme Arco. En Sardaigne, dans les 10 dernières minutes, tu peux encore espérer doubler pas mal de pilotes mais ici, c’est difficile si tu commences à prendre le rythme des mecs qui sont aux portes du top 15 après un mauvais départ.

Pssst ! l'article continue ci-dessous :)

Les terrains sont différents aussi. Tu reviens de Sardaigne, tu roules à Trentino, tu évolues dans le top 10 sur chaque texture. C’est du positif, j’imagine.

Oui et surtout en Sardaigne, car je n’ai pas vraiment fait de préparation dans le sable cet hiver, donc je me suis vraiment donné à fond et la semaine suivante, j’étais vraiment fatigué et vidé. En arrivant à Trentino, je n’avais toujours pas totalement récupéré, et j’ai vraiment galéré le samedi. J’étais vraiment fatigué, et même le dimanche, je me sentais fatigué donc ça va faire du bien de prendre un peu de repos. Il faut quand même que je roule sur le championnat de France Elite, mais je dois faire au mieux pour récupérer aussi bien que possible parce que j’ai vraiment puisé dans mes ressources en Sardaigne.

Après 4 épreuves, Kevin Horgmo pointe 10ème du mondial MXGP

Tu en penses quoi, de cette limite d’âge en MX2 ? Sans cette dernière, tu aurais probablement continué dans la catégorie et parfois, la montée en MXGP peut faire peur. Tu as montré que la 450 te convenait bien, mais est-ce que tu étais confiant quant à tes capacités en MXGP ?

J’étais excité à l’idée de monter en MXGP car c’est un nouveau challenge pour moi, dans une nouvelle catégorie. Je roule en 250 depuis que j’ai 17 ou 18 ans, donc j’avais hâte. Je ne sais pas trop, je pense que la 450 me convient bien parce que tu peux un peu plus jouer sur la technique, essayer de jouer un peu plus avec la piste.

En 250, tu mets à fond et tu t’accroches pendant 35 minutes. Si tu fais ça sur une 450, tu es mort après les 10 premières minutes. Il faut trouver son rythme. La transition s’est bien déroulée pour moi. Concernant la règle de l’âge, j’aurais pu me faire bien plus d’argent si j’avais continué en MX2, et relever cette limite à 25 ans serait une bonne chose. Quoi qu’il en soit, je ne peux rien changer et il faut que je fasse avec. J’ai eu une bonne opportunité avec le team Shiptocycle Honda SR Motoblouz. Ils sont vraiment tops, ils ont misé sur moi et pour l’instant, ça fonctionne bien.

Un nouveau team, un nouvel entraîneur, un nouveau coéquipier – Valentin Guillod. Il a ressemblé à quoi ton hiver, en France ?

Ça s’est bien passé. On était dans le sud de la France toute l’intersaison, c’était cool de pouvoir rester dans mon appartement tout en m’entraînant dans les alentours pendant l’hiver. Je n’ai pas eu à me déplacer ou à faire un bootcamp ailleurs car on a tout ce qu’il faut dans le coin; c’était plutôt relax’. On a un terrain d’entraînement à 5 minutes de l’appartement, on peut y aller le matin et avoir terminé le roulage à 13h. De là, on mange le midi et on va s’entraîner physiquement l’après-midi donc dans ce sens, c’est vraiment top. Puis il y a Valentin, c’est un pilote très rapide et bien évidemment, je veux pouvoir le battre à chaque entraînement. Ce n’est pas simple car il ouvre en grand, et il est vraiment très talentueux. C’est vraiment bon de pouvoir s’entraîner avec lui car en plus de ça, c’est un mec vraiment sympa. On a aussi un bon entraîneur en la personne d’Yves Demaria, il trouve toujours des petits détails sur la moto, il pense toujours à plein de choses, et il a toujours de bonnes informations à faire remonter.

Avec F&H, tu étais en Belgique, Hollande. Tu es désormais en France. En discutant avec ta maman la semaine dernière, elle disait que tu ne voulais plus revenir en Norvège [rires].

C’est parfait ici pour moi, tout est vraiment à côté de l’appart’. Aux Pays-Bas, je vivais assez loin de tout, donc on devait souvent voyager et je passais beaucoup de temps dans la voiture. Évidemment, je suis reconnaissant envers l’équipe F&H car sans eux, je n’en serai pas là aujourd’hui. J’ai fait de gros progrès avec Marc de Reuver et avec cette équipe. Je sais que sans eux, je n’aurai pas été en mesure de faire ce que j’ai fait l’an dernier; ils m’ont bien aidé. Même si c’était un peu loin parfois, on allait toujours s’entraîner sur des beaux terrains et on s’entraînait correctement. On pouvait donc performer le jour des courses mais désormais, c’est complètement différent. Une culture différente, des personnes différentes, tout est vraiment différent.

Kévin Horgmo “Je sens que j’en ai encore sous le coude”
Retour