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Tom Brunet “Revenir de cette blessure n’était pas simple”

Illustration: MX July

Dans le top 3 du championnat de France Junior après le second round disputé à Castelnau-de-Levis, Tom Brunet avait lourdement chuté à Romagné en début de saison et s’était fracturé les deux clavicules. Intégré à l’équipe Espagnole Jezyk Racing pour la saison 2023, le pilote Normand avait dû faire l’impasse sur ses ambitions en championnat d’Europe, tout comme ses espoirs en championnat de France. De retour en piste en seconde moitié de saison, Tom Brunet a rapidement retrouvé ses places sur le Junior, et intégrait le top 10 de l’Europe 125 en Suède. De retour de la finale disputée à Matterley Basin, Tom Brunet revient sur sa saison 2023. Micro.

Tom. L’an dernier, tu es monté en 125. C’était comment pour toi, cette transition à la catégorie en provenance de la 85cc ?

La marche était vraiment grosse entre le 85cc et le 125cc surtout quand on débarque sur les GP, avec de gros circuits, et une nouvelle équipe aussi. Ma première saison dans la catégorie s’est plutôt bien déroulée. J’ai connu quelques bonnes courses, et je me suis beaucoup amélioré. Là, je fais ma seconde année mais j’ai été blessé en début de saison et du coup, j’ai manqué beaucoup de course. Je suis désormais de retour et je suis en mesure de signer de bons résultats. En Suède, j’ai terminé la seconde manche en huitième position; c’est l’une de mes meilleures courses donc je suis très content. Je suis fier d’être présent sur le championnat avec une grosse équipe, aux côtés des teams factory. C’est comme un rêve pour moi et j’ai envie que mon avenir soit ici également.

Tu évoluais pour un team Français l’an dernier, VRT KTM. Ce devait être plus simple pour toi car désormais, tu évolues dans un team espagnol. Ça s’est fait comment, ça s’est organisé comment, et avec la barrière de la langue, ce n’est pas trop compliqué ?

Je connaissais déjà le team Manager – Carlos – depuis que je roulais en 85cc, et on s’entendait plutôt bien. On avait de bonnes relations et l’année dernière, on a commencé à discuter et ça s’est fait naturellement pour cette année. Je suis toujours en France la plupart du temps, car mon entraîneur est en France. Il y a toutefois une très bonne entente au sein du team. C’est une équipe super avec une ambiance familiale et ça tire vers le haut. Niveau organisation, j’ai passé une bonne partie de l’hiver dernier en Espagne avant de me blesser, l’Espagne, c’est aussi mieux pour s’entraîner dans le sable. Pour la communication, j’ai appris un peu d’Espagnol mais on parle en Anglais. Le team-manager parle Anglais donc c’est plus facile.

Touché aux deux clavicules en début d’année, Tom Brunet n’a pas connu une saison 2023 de tout repos sur le plan physique @JPAcevedo

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Malheureusement tu t’es blessé en début d’année mais depuis ton retour en piste, tu t’améliores. Tu dois être content des progrès effectués ?

Je suis très content car c’était une assez grosse blessure. Aujourd’hui, tout va très bien même si ça a été relativement long, et notamment car j’ai contracté un staphylocoque qui m’a vraiment freiné durant ma convalescence. J’étais amorphe, tout le temps fatigué et je dormais beaucoup. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre et on peut désormais dire que je suis de retour à 100%. Revenir de cette blessure n’était pas simple, mais j’ai bien roulé en Suède !

Finalement, quel bilan on fait de cette fin de saison et de ces épreuves de l’Europe ?

J’en tire un bilan positif. J’avais fait un mois à l’entraînement en Belgique avant d’aller faire l’Europe à Lommel; une course mythique dans le sable, très dure. J’arrivais quand même un peu en manque de confiance car je n’avais pas fait un seul Europe de la saison et dans le sable … L’an dernier, je ne m’étais pas qualifié pour Lommel et j’avais peur de louper la qualif’ de nouveau. J’étais stressé dès les essais libres, je me suis qualifié avec le 16ème temps aux chronos tout en sachant très bien que je n’étais pas dedans. Voir ça, ça m’a enlevé un bon poids des épaules et j’ai abordé la première manche dans un état d’esprit différent. J’ai bien roulé, je pouvais intégrer le top 15 mais malheureusement je suis tombé. Un peu pareil en seconde manche, je roulais plus libéré mais pas forcément comme j’aurais voulu. J’étais dans le top 15 et je retombe, pour terminer 19e. C’était plutôt bon pour la reprise même si j’ai fait des erreurs qui m’ont coûté de meilleurs résultats; j’étais quand même content.

De là j’ai continué l’entraînement et je suis arrivé en Suède beaucoup plus confiant et serein. Je fais de bons chronos – 8ème de mon groupe de souvenir – et c’était la première fois que j’étais avec les gars de devant, capable de me battre avec eux. J’étais déterminé en première manche, mais je me suis tressé pour rien d’entrée de jeu. Je n’ai pas très bien roulé, j’ai fait des conneries et je suis tombé deux fois pour finalement terminer 21ème. C’était vraiment dommage de ne pas avoir pu concrétiser les bons chronos en manche. Le dimanche matin en arrivant au terrain, j’ai vu de grosses trombes d’eau. Parfait pour un Normand, je me dis que le terrain allait être gras et moi, j’adore ces conditions. Pour moi, c’était le moment de faire un bon résultat et je termine 8ème de cette manche malgré une chute, j’ai fait une belle remontée. J’étais content de mon résultat en Suède.

Tom Brunet a intégré le top 10 en Suède @JPAcevedo

Avant Matterley, je m’étais bien entraîné avec Marc-Antoine Rossi et avec Pierre Alexandre Renet. En fait, Marc-Antoine m’a vraiment beaucoup aidé à l’entraînement cette année, il m’a bien poussé. En Angleterre, j’étais bien; c’est une piste incroyable, ma préférée pour l’instant. Ça s’est plutôt bien passé pour moi. Je fais 13ème aux chronos et c’était très serré. J’ai vu que j’avais la vitesse pour jouer le top 10 à la régulière dans des conditions “normales” cette fois-ci. Je suis parti dans le top 10 en première manche mais je me suis accroché dans le premier tour avec un pilote, sa moto lui tombe dessus et je suis resté bloqué avec lui. Ça partait bien … Je repars 40ème et je remonte 19ème. J’ai vu que j’avais un bon rythme et avec mes chronos, je pouvais faire dans les 12-10. En deuxième manche, un départ pas trop mal, toute la manche dans les 10 et à 10 minutes de la fin j’ai eu un problème de frein avant. Sans frein avant, c’est compliqué, surtout à Matterley dans les dévers et dans les entrées de virages. J’ai perdu quelques places et j’ai terminé 14ème. Ça reste quand même un bon résultat pour moi car l’année a été difficile. Revenir et faire ces résultats … je suis quand même satisfait de moi.

Là, place au travail pour l’année prochaine car l’an prochain, il va falloir tout donner pour performer au maximum. Je pense que cette saison va m’aider quand même. L’an dernier, j’ai eu un petit blocage sur l’Europe car les terrains sont très grands, le MXGP est incroyable. J’ai réussi à passer ce cap là et maintenant je me sens prêt mentalement à aborder la prochaine saison.

À quoi il ressemble, le quotidien de Tom Brunet aujourd’hui ?

En ce moment, il est assez chargé. Depuis Septembre, j’ai repris les cours. Je fais un BAC pro dans un lycée agricole, un BAC CGEA – Conduite et Gestion de l’Entreprise Agricole – et du coup je suis en alternance. Mes journées sont bien garnies car pendant les saisons agricoles, on ne compte pas les heures. En ce moment, je fais du 07h00 – 20h00. Pendant les pauses du midi et le soir je dois faire en sorte de faire mes séances de sport car on n’oublie pas la priorité, qui reste la moto. Sinon durant la saison, je roule souvent le mardi et le mercredi, et un peu le jeudi selon les courses. Là, vu que la saison est terminée et que j’ai repris les cours, je roule le mercredi. J’essaye de garder une scolarité stable car c’est quand même important pour la moto, rien que pour parler en Anglais avec les teams. Les journées sont chargées, je travaille beaucoup dans le milieu pro’ et aussi sur le côté physique. J’adore travailler et je m’épanouis dans tout ce que je fais; je suis heureux.

Petit, tu prenais des pilotes Français pour exemple ?

Bien sûr. Marvin Musquin et Dylan Ferrandis sont mes pilotes Français préférés. Mon entraîneur actuel, Pierre Alexandre Renet, a été champion du monde MX3 et il a aussi roulé en Enduro par la suite, c’est quelqu’un que j’admirais également.

Quels sont les projets, pour 2024 ?

Normalement, je devrais toujours rouler en 125 l’an prochain. Je ne peux trop rien dire pour l’heure, mais je veux être un pilote capable d’intégrer régulièrement le top 10, quelques top 5 et j’aimerais vraiment monter sur le podium.

Tom Brunet nous donne rendez-vous en 2024 @JP Acevedo

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