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Simon Mallet “La moto, ce n’est que du plaisir désormais”


Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas vu Simon Mallet prendre le départ d’une course de niveau national. Ayant pris la décision de mettre un terme à sa carrière en 2019 suite à de sérieuses blessures, Simon – qui a connu une belle carrière en France comme à l’international dans les années 2010/2015 – est venu faire une pige sur le National 125 de Peschadoires ce week-end; il repart en vainqueur de journée. Le quotidien de Simon a bien changé ces dernières années, mais les années au plus haut niveau ne s’oublient pas. Micro avec Simon Mallet en 2023, qui l’aurait cru ?

Simon; ça fait bien longtemps qu’on ne t’avait plus vu en piste sur une épreuve de championnat de France. C’était quand la dernière, et qu’est-ce qui a motivé ce retour ?

J’ai arrêté la moto en 2019, et je n’avais jamais fait une épreuve de championnat de France national jusqu’à aujourd’hui. J’ai repris la moto entre noel et le jour de l’an 2022. On a descendu la moto du nord, et j’ai roulé 6 ou 7 fois, pas plus que ça. C’était pour s’amuser. Dernièrement, j’ai ouvert une école de pilotage (MS School), j’ai fait une course de ligue pour faire un peu de pub. On devait venir dans tous les cas, on est 3 àh30 de Peschadoires. Cloé (ndlr: compagne de Simon) voulait venir et je me suis dit que tant qu’à faire la route, autant rouler. Voilà comment ça s’est fait.

Il y avait des objectifs tout de même pour ce week-end ?

La moto, ce n’est que du plaisir désormais, le but est de ne pas se faire mal, ne pas faire n’importe quoi sur la moto. Après, si ça se passe bien c’est toujours un plus. C’est sur que quand je fais une course, c’est pour rouler devant et si je ne le suis pas, il y a toujours un peu de déception mais le lendemain, c’est un autre jour, je m’en remets. Je suis passé à autre chose mais ça fait toujours plaisir de faire une course, d’être devant, et de gagner.

Est-ce qu’après une journée comme ça, on se dit qu’on en ferait bien quelques autres, voire le championnat au complet ?

Le championnat au complet, non. Ce n’est pas à côté, ça coûte des sous, il faut avoir le temps. Je bosse la semaine et demain, j’attaque à 3 heures du matin. Je suis chauffeur-livreur le matin de 3h à 10h et ça me permet d’avoir mes après-midi de libre pour donner des cours de pilotage, le mercredi, le jeudi, le week-end.

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Je suis passé à autre chose. Oui, j’aime toujours autant la moto, je suis toujours autant le sport même si je n’avais plus de moto jusqu’à dernièrement. C’est simple, j’ai arrêté en 2019 sur une nouvelle blessure, j’ai tout stoppé et j’ai donné des cours à droite à gauche. Là, il y avait une occasion, j’ai racheté une moto pour me prendre au jeu, j’ai roulé un peu et de là, tu fais une course, deux, mais ça s’arrête là pour moi, pas plus. Je roulerais surement à la dernière du National 125 à Thorens Glières car j’avais fait la ligue là-bas en 2019 et je m’étais régalé sur ce super circuit.

Après les belles années en championnat de France, les courses en mondial et à l’international, couper d’un coup avec la passion, ce n’était pas trop difficile en tant que compétiteur ?

Sur le coup, ce n’était pas simple. En fait, en 2017 je suis tombé sur la tête au Supercross d’Agen, certains s’en rappelleront surement. J’ai pris un gros crash, j’ai fait 3 minutes dans les vapes, à convulser. J’avais choppé un hématome à la tête, c’était assez grave. J’ai arrêté la moto pendant 4 mois avant de reprendre mais ce n’était plus pareil, plus comme avant. Je n’étais plus aussi concentré, je faisais beaucoup d’erreurs. J’en faisais déjà avant mais là c’était différent, j’étais tout le temps blessé, je me faisais au moins une grosse blessure par an. C’était compliqué.

Fin 2018, je me suis cassé la cheville en Espagne sur une chute merdique. J’ai changé de team, j’ai repris à Rome pour un team Kawasaki. Je roulais super bien, comme j’avais rarement roulé en 450. Une semaine avant l’ouverture du championnat Italien je me déboîte l’épaule et je me retrouve de nouveau sur la touche. Déjà là, je voulais arrêter mais j’étais engagé avec mon team. J’ai repris, je n’étais plus dedans, je me suis re-fracturé la cheville, j’ai tordu les vis de la précédente opération, le bordel. De là, j’ai convenu d’arrêter avec eux. J’ai tout laissé au team, j’ai pris l’avion et je suis rentré à la maison pour tout arrêter. Ça, c’était en Juin. En septembre, j’attaquais à travailler. Ce n’était pas évident mais je m’étais fait une raison, ce n’était plus ce que c’était avant.

C’était la suite logique. J’ai beaucoup donné dans ce sport, j’étais quelqu’un d’assez sérieux mais même en étant sérieux, je n’étais pas sur de faire des résultats à la fin. À l’heure d’aujourd’hui, si tu n’es pas tout le temps devant, être pilote n’est plus une option. Pour moi, c’était mieux d’arrêter. J’ai une vie normale, je travaille, j’ai une maison, une famille, et je fais un peu de moto avec les collègues de temps en temps. J’ai fait une course régionale il y a deux semaines et je n’ai pas roulé depuis. Je ne roule plus tous les week-ends mais quand j’ai envie, sur une belle piste, je roule.

On prend autant, voire plus de plaisir qu’avant ?

Aujourd’hui, je prends plus de plaisir; je suis plus détendu. Je touche du bois mais je ne tombe quasiment plus alors qu’à l’époque, je tombais beaucoup. Certes, j’allais vite mais à quel prix ? Quand je tombais, les 3/4 du temps je me faisais mal donc c’était compliqué. Je m’étais fait à l’idée mais ce n’était pas pour autant évident d’arrêter du jour au lendemain. Je suis resté dans le milieu tout de même car je donnais des cours, mais je n’avais plus fait de moto jusqu’à fin 2022.

Un mot sur la piste de Peschadoires. Des conditions très différentes dans les deux manches après la pluie, il fallait s’adapter et partir devant, ce qui n’a pas été ton cas en première manche. Parle-moi de ta journée.

Des bons essais, des bons chronos, ça avait bien démarré. J’étais à l’aise et la piste était vraiment super bien. Pour te dire, hier, il y avait de la boue et je n’ai même pas fait le tour de la piste. J’ai regardé d’en haut avec un copain. Dès les premiers tours de roue dans la matinée, je me suis régalé sur ce terrain. En première manche, j’ai patiné sur la grille de départ et je suis parti au moins 20ème; le temps de revenir… J’avais mis 6 ou 7 tear-off pour la manche et au bout de trois tours, je n’avais plus rien. Je me suis retrouvé à essuyer les lunettes avec le gant, c’était un peu l’enfer. J’ai fait troisième après une grosse remontée et ça s’est bien goupillée.

En seconde manche, il fallait bien partir et c’est ce que j’ai fait. Je suis parti troisième, je suis rapidement passé second et je suis resté en observation un petit moment. Je me connais, j’aurais pu passer tout de suite en tête mais je me serais emporté, et j’aurais pu tomber. Je suis resté quelques tours derrière Baptiste et quand il a baissé un peu de rythme, je suis passé avant de creuser l’écart et d’enrouler. J’ai moins bien roulé en seconde manche qu’en première parce que j’ai plus subi la piste mais ça l’a fait. L’objectif était de bien partir et de ne pas tomber, c’est ce que j’ai fait. C’était un bon week-end pour moi.

Simon Mallet “La moto, ce n’est que du plaisir désormais”

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