Interviews

Stephen Rubini “J’attendais ça depuis tellement d’années”


Il en rêvait depuis des années. Un podium de grand prix sur le mondial MX2, une consécration pour le Français Stephen Rubini et l’équipe Honda SR Motoblouz à Maggiora. Auteur d’une première manche d’exception lors de laquelle il termine second derrière Jago Geerts, Stephen Rubini a lutté bec et ongle en seconde manche pour aller chercher la 6ème place après s’être retrouvé à court de tear-off. Son 2-6 le propulse sur la troisième marche du podium de la journée; une journée qui restera gravée dans la mémoire du Français … Micro.

Stephen, est-ce qu’on peut parler de l’un des meilleurs jours de ta vie ?

On peut en parler. C’est vrai que ça a été un dimanche fantastique car le samedi, c’était au final un jour “normal”, je n’ai pas été extra-ordinaire ni mauvais. Finalement, un podium, j’attendais ça depuis tellement d’années, ça fait du bien.

Avant d’entrer dans le vif du sujet. On va revenir en arrière et parler du dernier GP à Kegums. Qu’est-ce qu’il se passe à Kegums ?

J’ai envie de te dire que je me suis fait un blocage, il va falloir que je travaille là-dessus dans les années à venir. C’était un week-end noir, très noir, et à oublier. C’était un week-end compliqué, très dur, et rebondir comme ça deux semaines après c’est dingue. On a fait un gros travail, et c’est bon de voir que ça peut payer.

Allez, parle-moi de cette première manche. Tu rentres 13ème sur la grille, il y a un gros cafouillage en début de manche, et te voilà second.

En première manche je suis plutôt bien sorti de grille. J’étais placé à l’extérieur de la niche et même si j’avais fait une bonne qualif, je pense que je me serai placé par là car la ligne droite de départ était plutôt bien damée à l’extérieur. Un premier départ dans les 5 ou 6 et ça cafouille au troisième virage, j’ai pris l’extérieur et je me suis retrouvé troisième de souvenir, et derrière Kassemakers. Je le double et je me retrouve second, je me suis bien démerdé. J’ai fait deux ou trois petites erreurs dans les premiers tours mais je me suis bien remis dedans, je revenais sur Geerts et j’ai fini par me faire gêner par deux retardataires donc la distance s’est installée. Ensuite, j’ai eu le bouchon de radiateur qui a sauté, la moto s’est mise à fumer et je me disais “Non, ça ne peut pas arriver maintenant”. La moto a tenu jusqu’à la fin, Top.

Deuxième de la seconde manche, le meilleur tour de Stephen Rubini était plus rapide que celui du vainqueur, Jago Geerts

Pssst ! l'article continue ci-dessous :)

Il se passe quoi dans ta tête en première manche ? Tu vois que Geerts ne part pas, personne ne revient derrière.

Si tu veux, j’étais surpris d’être devant, de poser de bons tours, mais je me disais aussi que c’était peut-être juste moi, mon niveau. J’étais vraiment content, ça ne revenait pas derrière, j’arrivais à tenir Geerts, je me disais que c’était le Rubini de la semaine qui était en piste. On a pu faire un copier-coller de l’entraînement sur le week-end. Je me faisais plaisir, j’avais de bonnes traces, je voyais que je ne faisais pas trop d’erreur. Le plus dur a été de se remettre en question entre les deux manches car je ne voulais pas être trop content non plus et laisser les émotions m’envahir. Ça a été le plus dur, de remettre tout à zéro pour la seconde manche sur une piste différente; je pense que j’ai réussi mais sur les prochains grands prix, l’idéal serait de réaliser deux manches comme la première d’aujourd’hui sur un même week-end.

Tu es 6ème en seconde manche, puis 8ème, puis tu reviens 6ème. Tu savais qu’il fallait aller chercher la sixième place pour le podium de journée ?

Pas du tout, je ne savais pas combien j’étais car je ne voyais pas trop le panneau. La piste était très difficile, c’était compliqué de doubler et je n’avais aucune idée de ce qu’il se passait au niveau du podium. Je suis 6ème et je me retrouve sans tear-off alors que j’en avais mis beaucoup. Ensuite, je me suis fait doubler, puis Horgmo fait une erreur, et je double Karssemakers. C’était une super manche sur le plan des batailles. C’est après le saut d’arrivée que j’apprends que je suis sur le podium. Dans le dernier tour, il y avait un retardataire – Joel Rizzi je crois – et je n’ai pas arrêté de lui gueuler dessus pour qu’il me laisse passer car il n’y avait vraiment qu’une trajectoire. C’est à l’arrivée que j’ai su, alors que j’étais presque énervé que le retardataire ne m’ait pas laissé passer. Finalement, un podium, c’était une énorme joie de tout le monde.

En seconde manche, le pilote Honda SR Motoblouz ira chercher la sixième place après de grosses passe-d’armes.

Ce n’est pas la marseillaise sur le podium, mais qu’est-ce qu’on ressent sur ce podium ?

Un relâchement. J’ai eu tellement d’années difficiles, j’étais au fond du trou, je me posais des questions comme je t’ai dit la dernière fois, je ne savais pas si j’allais arrêter la moto. Au final, je voir que le travail paye fait beaucoup de bien. Ce n’est pas tant sur le podium que j’ai réalisé, c’était plus après lors du retour près du team. Je me suis dit “Putain, tout le travail, il paye enfin”. Tout ce qu’on a enduré, ça mène à ça, et c’est là que les larmes sont tombées et que la joie est arrivée, énormément de joie.

Riola Sardo ou l’Elite ? Je te demande ça par rapport à cette histoire de report de points …

Riola, forcément, c’est une question qu’on ne se pose même pas. Je suis 10ème du mondial, je joue de bonnes places, le huitième n’est pas loin et puis l’Elite n’a jamais été ma priorité. Même si on va dans le sable, on va essayer de faire une bonne perf’. Les semaines sont assez courtes, on va partir jeudi en Sardaigne et on aura au maximum un ou deux jours d’entraînement dans le sable. Riola est une piste très différente de Kegums, ça devrait mieux me convenir, et avec la positiv’ attitude, si je reste dans le même état d’esprit et que je m’amuse, il n’y a pas de raison de ne pas sortir un bon résultat là-bas non plus. On sait que le sable ce n’est pas mon point fort, mais on sait qu’un pilote qui se sent bien dans sa tête peut faire de belles choses.

À l’époque de l’Europe 250, c’était McDo et Netflix pour fêter la victoire. Un podium sur le mondial, ça se fête comment ?

On verra sur la route. Déjà, je suis content de faire plaisir à tout le monde, ça fait plaisir à mon team, à moi, faire ça avec mes proches – mon père, ma copine – c’est extraordinaire. Bon, il y a peut-être moyen de faire un petit McDo quand même [rires].

Stephen Rubini “J’attendais ça depuis tellement d’années”

Retour