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Victor Quiniou “Ce podium en début de saison a changé la donne pour moi”


Le sourire sur le visage de Victor Quiniou ce dimanche soir était plus prononcé qu’à l’habitude. Surement parce que le garçon repartait de Thorens Glières avec un premier titre de champion de France en poche, titre qu’il s’empressera de fêter avec son clan qui avait fait le déplacement jusqu’en Haute Savoie malgré les conditions météorologiques difficiles. Arrivé au MotoClub Rochois avec 9 points d’avance sur Romain Jacquiot et 15 points d’avance sur Rémy Mordret, Victor Quiniou s’est assuré le titre en terminant 3ème de l’ultime manche de la saison, battant alors ses plus sérieux concurrents au championnat. Le garçon attendait sa revanche depuis 2021. Micro.

Victor, on savait que la pluie allait être de la partie pour cette finale à Thorens Glières. Quand tu arrives le matin et que tu vois les conditions de piste, tu abordes le week-end dans quel état d’esprit sachant que tu as 9 points d’avance sur Romain Jacquiot ?

C’est forcément un peu compliqué. J’avais jeté un œil sur la météo pendant toute la semaine et ils avaient annoncé vraiment beaucoup de pluie. Quand on arrive dans cette position avec 9 points d’avance, on essaie de regarder ce que les autres font, on essaie de voir dans quel état d’esprit eux sont surtout. J’ai vu que Romain n’était pas trop chaud même s’il a bien roulé malgré tout. J’ai vraiment essayé d’analyser mes concurrents, je me suis bien battu en manche et c’était top.

Il y a eu des discussions autour du maintien de l’épreuve. Avec le petit peu de recul que tu as désormais, j’imagine que ce titre a quand même une meilleure saveur pour toi. Tu termines la dernière manche de la saison devant Romain et Rémy, et le titre n’est pas simplement joué sur une annulation.

C’est sûr que je préfère être champion comme ça que champion sur tapis vert. Quand ça parlait d’annuler ou non, je ne me mettais pas dans les discussions. Je n’avais pas mon mot à dire. Si ça roulait, ça roulait. Si ça ne roulait pas, ça ne roulait pas. C’est sûr que c’est mieux de finir et d’être titré de cette façon.

On a vu certains commentaires sur les réseaux mais pour expliquer, les discussions autour de cette annulation, elles se sont portées sur quels critères, finalement ?

C’est vrai qu’il y aura toujours les champions du clavier qui parleront derrière leur ordinateur ou leur téléphone mais vu qu’ils ne sont pas sur place, ils ne peuvent pas vraiment se rendre compte de l’état de la piste. Le club a vraiment fait le nécessaire pour qu’on puisse faire cette première manche qui s’est déroulée relativement correctement malgré le fait que c’était bien gras. La deuxième manche, ça aurait été vraiment compliqué, les conditions étaient vraiment plus difficiles que celles rencontrées à Ouville cette saison. Je pense qu’ils ont fait le bon choix d’annuler celle-ci. Pas pour le championnat, mais pour la mécanique. On paye tout, et tout seuls. Personnellement, je n’ai pas énormément de sponsors, je fais ça par moi-même et je pensais aussi à la mécanique donc malgré tout, je suis content qu’ils aient annulé cette seconde manche.

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Oui, c’était gras ce dimanche à Thorens. Les efforts du club ont tout de même permis aux pilotes du National 125 de se départager une dernière fois avant l’arrivée de nouvelles intempéries par la suite, intempéries qui viendront mette fin à l’épreuve.

Tu sors très bien de la grille lors de la manche, et je te vois faire un droite toute après quelques mètres alors que le premier virage est à 150m. On en parle ? [rires]

Oui, on peut en parler [rires]. Forcément, mes rivaux principaux étaient à ma droite donc je me suis dit que si je sortais bien de la grille, j’allais essayer de me placer devant eux. J’ai pris un bon départ, et c’est ce que j’ai fait. J’étais devant au milieu de la ligne droite et j’ai pris la trace du matin plus rapidement que les pilotes qui étaient à ma gauche et je pense que si j’avais mieux calculé ça, je serais parti devant. J’ai fait ce qu’il fallait faire.

Tu as passé presque toute la manche derrière Romain. Il se passe quoi dans ta tête pendant cette manche ? Tu te dis que tu dois absolument le doubler ou que rester derrière lui, c’est jouer la sécurité pour le championnat ?

Avec 9 points d’avance, ça va. On arrive à plus ou moins gérer. Je voyais qu’il était à une bonne distance de moi. Ça devenait de plus en plus compliqué au fil des t ours, car la boue pesait très lourd sur mon casque et j’avais du mal à regarder devant, c’était aussi super compliqué au niveau des lunettes. J’ai réussi à revenir dans la roue de Romain et j’ai vu qu’il avait un petit problème sur la fin; j’en ai profité pour porter une attaque et j’ai réussi à le doubler. Forcément, si je faisais derrière lui je perdais deux points mais en étant dans cette position, les points comptent double pour un dépassement. En le doublant, je marquais deux points de plus, et lui deux points de moins, donc je suis content d’avoir marqué pris ces deux points de plus à la fin.

On s’était vu en début de saison à Peschadoires. Tu étais surpris de monter sur le podium là-bas. En fin de saison, tu décroches le titre. Ce n’était visiblement pas l’objectif à l’intersaison ?

Forcément en finissant la saison 2021 si proche du titre [troisième, à six points], j’y pensais un peu. Après je suis revenu de blessure, je n’ai pas fait une seule course l’année dernière, ça avait été compliqué. J’ai malgré tout fait un bon hiver et parvenir à monter sur le podium à Peschadoires c’était top, mais de là à arriver à jouer le titre en fin de championnat … Ce podium en début de saison a changé la donne pour moi quand même car je savais que je pouvais jouer le podium, que je pouvais me battre avec les autres et que je n’avais pas forcément perdu la vitesse donc c’était cool.

Victor Quiniou succède à Bastien Guillaume qui décrochait le titre en 2022. Il est bon de noter qu’aucun champion de France National 125 n’a défendu son titre lors de ces 5 dernières saisons

Tu as commencé à y croire quand à ce titre, finalement ?

Quand j’ai vu que je marquais des gros points à chaque course. Forcément, Montgueux ça m’a mis dedans puisque j’ai abandonné sur une casse mécanique alors que j’étais en bagarre avec Jimmy Cossus. Lors de cette manche, j’avais potentiellement 22 ou 25 points assurés. Là, ça aurait vraiment changé les choses pour la fin du championnat mais c’était comme ça. J’ai quand même eu ce petit déclic là-bas, une nouvelle fois. Je me suis montré que j’avais la vitesse pour gagner et ça s’est vu par la suite du championnat puisque j’ai réussi à rester dans la roue de mes concurrents principaux pratiquement à chaque fois.

Si tu devais porter un regard critique sur ta saison, qu’est-ce que tu aurais pu faire de mieux ? Alors je sais, tu vas me dire “Quoi ? Mec, j’ai eu le titre !”. Mais j’imagine qu’il y a toujours une marge de progression, des leçons à tirer, qu’on gagne où qu’on perde.

C’est un peu compliqué à dire. J’ai fait une très grosse année, on a très bien bossé avec tout mon entourage cet hiver pour être prêt. J’ai vraiment super bien roulé avec Lucas Quenot qui a fait énormément pour moi cette année que ce soit du côté de la mécanique, ou même en roulant ensemble et en se tirant la bourre pour progresser, c’était top. Un regard critique ? Je ne sais pas trop. Peut-être qu’il faudrait que j’ai un peu plus confiance en moi sur les courses. Il y a des fois où j’aurais pu gagner, comme en seconde manche à Ecublé quand Quentin Nowak me double dans le dernier tour; je pense que ça vient d’un manque de confiance en moi. J’ai fait une bonne année solide et je n’ai pas trop de choses à en redire. J’ai fait ce que je pouvais avec les moyens et le budget que j’avais, donc je suis super content.

Ce titre, on va le défendre l’année prochaine où on se dit qu’on va partir vers d’autres horizons ?

Je ne sais pas tellement. Cette année, ça a été très compliqué pour moi financièrement. Je me suis battu pour le titre avec une seule moto. Je faisais les entraînements comme les courses avec la même moto. Pour l’année prochaine, je ne sais pas vraiment. Je vais avoir 25 ans à la fin de l’année, il va peut-être falloir penser à la vie d’adulte. La moto, ce n’est que passager on va dire, même si ça reste une passion. Il faut aussi savoir penser à autre chose que la moto. Il me reste deux ou trois beaux projets avant la fin de l’année; j’ai le Kenny Festival dans 15 jours, j’ai la coupe des régions également et c’est important pour moi car j’ai envie de briller pour la Normandie. On verra bien par la suite. Si j’ai la motivation et que je trouve des sponsors financiers pour l’année prochaine, peut-être que je reviendrais. C’est à voir. En tout cas, je souhaite remercier toutes les personnes qui ont contribué à ce titre, qui ont été là des mes débuts en moto, ma mère, mon père ainsi que mon grand père, ma sœur, toute ma famille, ma copine, mes potes ! M2S suspensions, RPM, PPS, MxSeat, MxR, Fabien Mallet, Luca Quenot une nouvelle fois. J’oublie du monde mais merci à tous.

Victor Quiniou “Ce podium en début de saison a changé la donne pour moi”
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