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Aaron Plessinger “J’étais à deux doigts de me trouver un autre job”

Aaron Plessinger “J’étais à deux doigts de me trouver un autre job”

Les galères rencontrées par les pilotes Factory Yamaha ces dernières saisons ne sont plus un secret pour personne; Cooper Webb & Justin Barcia en ont fait les frais, le premier rejoignait finalement Red Bull KTM en 2019 pour décrocher 2 titres en catégorie reine, le second a finalement quitté les bleus pour rejoindre l’usine GasGas en fin de saison 2020. Désormais repris par l’équipe Star Racing Yamaha, le programme Yamaha renait de ses cendres avec les performances d’Aaron Plessinger, Malcolm Stewart et Dylan Ferrandis au guidon d’une 450 YZF revisitée. Désillusion, blessure, dépression, doutes; Aaron Plessinger a connu deux saisons difficiles avec Factory Yamaha avant de sortir la tête de l’eau en 2021 en intégrant son premier top 5 final depuis son arrivée en catégorie reine; l’effet Star Racing Yamaha.

Aaron Plessinger – Gypsy Tales:

“Il y a tellement de différences entre la 450YZF Factory Yamaha et la 450YZF Star Racing Yamaha, on dirait deux motos totalement différentes.

Chez Factory Yamaha, j’avais l’impression d’être limité, la moto ne fonctionnait pas comme un tout. La fourche allait toujours à l’encontre de l’amortisseur; on était comme sur un tape-cul. La moto étant très lourde, ça exagérait encore plus ce sentiment.

Ce n’était pas idéal en Outdoor, ni même dans les whoops. Le seul endroit où ça marchait, c’était quand on était à fond, et que c’était plat. Lors des essais, ça allait, mais en première manche, on se demandait ce qu’on pilotait, ce qu’il se passait. Sauf que c’était déjà trop tard, on ne pouvait plus rien faire.

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Maintenant, tout fonctionne bien mieux, j’ai l’impression d’être de nouveau au guidon de ma 250 de 2018. […]

[Chez Factory Yamaha,] je me suis demandé un million de fois pourquoi nos demandes n’étaient pas prises en compte. Je ne sais pas qui, ou quoi, mais à un moment donné dans l’équipe, les informations qu’on donnait semblaient se perdre. Je ne sais pas s’ils ne savaient pas comment répondre à nos demandes et nous apporter ce qu’on voulait, ou s’ils ne voulaient pas vraiment nous autoriser à faire ces changements. Ce qu’on voulait, ce n’était jamais ce qu’on avait, ce n’était jamais une option.

Parfois, je pensais que la moto s’améliorait, et je roulais sur un tracé différent, type côte Est, et je me disais “non … c’est toujours pareil”, je ne savais pas trop quoi faire. Je savais ce que je voulais, mais ce n’était jamais appliqué. Difficile de dire qui ne faisait pas les changements, qui ne pouvait pas les faire, mais les changements n’étaient jamais là.

C’était comme une grande claque dans la gueule. J’étais le roi du monde en 250 en 2018, j’arrivais en 450 en 2019, et je me retrouvais face à la réalité, j’étais de nouveau tout en bas de l’échelle à devoir travailler pour revenir tout en haut, sans ne jamais vraiment pouvoir être en capacité de le faire. J’étais sur mon nuage au début de saison, puis petit à petit, ça dégringolait, jusqu’à me retrouver tout en bas. J’ai dû essayer de revenir petit à petit mais je n’y suis jamais vraiment arrivé. Une chose, après l’autre, après l’autre, je me demandais quand tout ça allait s’arrêter.

C’était pareil la saison dernière. Je m’améliorais, j’ai terminé 6ème à Daytona puis ils ont arrêté la saison à cause du Covid. J’ai continué de m’entraîner très dur mais je ne savais pas quand la saison allait reprendre; je vivais ma vie, j’ai quand même pris du repos, mais quand la saison a redémarré, la moto n’était pas vraiment au point. La Yamaha n’a jamais été la meilleure moto sur le béton, c’est encore le cas aujourd’hui, mais l’an dernier, c’était encore pire. Avec Justin, on en avait marre après les épreuves de Salt Lake City; lui, il s’est pris un mur après avoir pris les whoops en vrac, et il est allé se chercher un autre contrat, c’était vraiment la galère.

C’était dingue, quand on est arrivé là-bas (à Salt Lake City), j’étais en confiance, je me disais que j’allais au moins faire top 5 et une fois sur la piste, je ne pouvais rien faire. Je me suis pris un tour lors de la première finale; c’était horrible. […]

Après ma blessure au talon à Daytona en 2019, je me demandais si j’allais un jour pouvoir revenir. Je savais que c’était possible, j’étais confiant, mais au fond de moi, je savais que c’était une blessure très sérieuse, je ne savais pas trop ce que j’allais faire. Mon salaire avait été réduit, mes factures prenaient le dessus, je flippais. Il y avait des clauses de blessure dans le contrat, et après 5 courses manquées, je ne gagnais plus grand-chose. C’était difficile, je devenais fou, je pensais à plein de choses “Comment je vais payer ça” et “Je viens juste d’acheter cette maison”, “Je viens d’avoir un enfant”, “Qu’est-ce que je vais faire”. J’étais vraiment à deux doigts de me trouver un autre job, je ne savais pas pour combien de temps j’allais être sur la touche, et si j’étais en mesure de revenir, combien de temps j’allais pouvoir rester dans le milieu, comment mon talon allait réagir. C’était une période vraiment sombre que je ne veux pas revivre.

Après la guérison du talon, j’ai fait tout ce que j’ai pu. Je me suis entraîné dur. Dean Ferris était aux USA, il me remplaçait. Justin Barcia était là également et je leur demandais “Comment ça se passe avec la moto ?” et ils me répondaient, las, “Ça ne va pas terrible, on fait du mieux qu’on peut”.

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