USA

Story: Les Mini O’s de Tom Laurent               


En novembre dernier, une poignée de pilotes Français ont pris la direction des Etats-Unis pour participer à l’une des incontournables compétitions amateurs Américaines: les Mini O’s. Pour l’occasion, on avait suivi les aventures de Victor Quiniou, Anthony Guidolin mais aussi de Tim Lopes. Ces derniers n’étaient pas les seuls tricolores présents au Gatorback Cycle Park pour en découdre avec les meilleurs pilotes amateurs en provenance des USA, mais aussi du reste du monde. Tom Laurent – 14 ans – avait aussi fait ses valises pour relever le challenge et vivre une aventure d’exception, tant sur le plan sportif qu’humain, aux côtés de son père Valentin.

Si, dans un premier temps, Tom s’est sérieusement investi dans le BMX et ce jusqu’à ses dix ans, il a rapidement été captivé par la passion de son père pour le Motocross; un papa qui lui fera rapidement découvrir le sport. Après une première expérience moto aux côtés de Johan Zarco lors de la PW Cup, Tom a profité de vacances familiales à Chicago pour assister à sa première épreuve de l’outdoor US à Budds Creek. La suite du parcours sera on ne peut plus naturelle : Tom a rapidement enfourché sa première 65cc, participant activement à plusieurs stages organisés par Gaetan Cadot du collectif MX Performance.

“La 65cc lui convenait moyennement.” Nous explique Valentin Laurent, papa de Tom. “Je ne suis pas non plus du genre à pousser mon fils s’il n’aime pas ça. Le week-end, je lui proposais d’aller faire du vélo ou de la moto et s’il préférait faire du vélo, on allait faire du vélo. Tom n’a pas eu une grande expérience en 65cc, mais ça lui a donné le goût du sport et au fil des entraînements, il s’est fait un réseau de copains et il voulait se développer un peu plus. Il était un peu grand sur le 65cc, et on est donc partis pour lui acheter un 85cc. De là, il a été beaucoup plus demandeur. Pour sa première année de 85cc, il n’a pas fait de course. La première course de sa vie, c’était lors de l’Indoor du salon du deux roues à Lyon en Février 2022.”

Tom Laurent a fait ses armes en 85cc ces dernières saisons @Raphael Broudin

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Ne cherchez pas Tom Laurent dans les classements des championnats de France Minivert et/ou Espoirs. Tom débutant tout juste en compétition, ce dernier a participé à sa première saison complète en national cette année, et c’est vers le championnat Angora – en Suisse – que la famille Laurent s’est tournée pour que sa progéniture puisse réaliser des débuts en douceur. Après avoir fait quelques courses en 2022, Tom s’est lancé dans une préparation hivernale aux côtés de Gaetan Cadot. Programme payant, puisqu’il terminera vice-champion Angora dans sa catégorie – 85cc – en 2023.

“La compétition, c’est très nouveau pour Tom” poursuit Valentin Laurent. ” L’objectif a toujours été de prendre du plaisir sans se faire mal. Tom n’est pas une star, ce n’est pas le meilleur de sa génération, néanmoins c’est un travailleur qui comprend vite et qui met en pratique ce qu’on lui dit. Il découvre encore des trucs que d’autres jeunes savent faire depuis toujours, il n’a que 200 heures de moto dans les jambes. Le salon du deux roues, c’était une belle première expérience pour lui. De là, il a fait sa deuxième course, c’était au CMX Park de Lunel, en avril 2022, un Supercross pour les kids. Trois semaines plus tard , on devait aller faire un entraînement à Valence qui avait préparé une piste spécialement pour les jeunes mais en lieu et place, je lui ai proposé de découvrir une course sur le championnat Angora. Pourquoi le championnat Suisse ? Car les courses sont le samedi et Tom est un garçon qui a de grandes ambitions scolaires, et qui ramène 19 de moyenne générale depuis toujours. Il a compris que c’était en travaillant à l’école qu’on allait faire le reste de sa vie. Même s’il rêverait sûrement d’être un pilote renommé et de vivre de ça, ce n’est pas l’objectif de départ. Autre point, les terrains sont créés le mercredi pour les épreuves, ils sont préparés d’une manière qualitative et quand il fait mauvais et qu’ils ne peuvent pas faire la piste, ils n’annulent pas le dimanche matin quand tu arrives. Il y a des textures différentes, c’est misé sur la technique, c’est hersé profond, mouillé toute la journée, c’est des ornières et si tu sais rouler là-dessus, tu sais rouler partout. Il y a beaucoup de bons pilotes qui font du cadet, du Minivert, de la ligue et qui viennent sur le championnat Angora, ce qui fait qu’il y a beaucoup de niveaux différents à chaque fois. Ça te permet d’évoluer contre tout le monde sans avoir à faire 600 bornes pour faire 2 x 15 minutes et te faire laver avec une minute d’écart aux chronos.”

Exerçant une profession libérale dans le secteur médical, Valentin Laurent travaille une semaine sur deux, se partageant l’année avec un collègue. Ce dernier ayant rencontré des problèmes de santé, Valentin a dû faire face à une période de 14 semaines sans interruption et surtout, en solitaire. À l’approche d’un break bien mérité et curieux de découvrir de nouvelles opportunités sportives, Valentin s’est d’abord intéressé à la Loretta Lynn’s avant de jeter son dévolu sur les Mini O’s pour des raisons logistiques.

“Un jour et par curiosité, j’ai regardé un peu comment fonctionnait la Loretta Lynn’s et j’ai vu qu’il fallait se qualifier au travers d’épreuves régionales tout au long de l’année. La question ne se posait donc pas et j’ai ensuite pensé à la Mini O’s. J’en avais entendu parler, Tim Lopes l’avait faite en 2022 et on avait suivi ça. En rentrant du boulot, j’ai demandé à mon fils s’il était partant pour aller rouler aux USA. Tu imagines bien la tête qu’il a fait. Je lui ai expliqué ce qu’était la Mini O’s: une semaine de course, 6.500 pilotes, du Supercross et du Motocross. Il m’a répondu que c’était peut-être mieux à prévoir l’année prochaine, quand il aurait plus d’expérience en 85cc. Problème: l’an prochain, Tom rentrera en seconde, il changera de lycée et la Mini O’s tombera pendant l’école. Je lui ai dit “Il faut savoir saisir les opportunités. Est-ce que ça te fait envie ? Est-ce que ça te ferait plaisir ? Si oui, on ne s’occupe pas de l’expérience, du retour sur investissement, on se fait juste plaisir.” Tom est tellement raisonnable qu’il pensait à l’aspect financier avant même de penser à son plaisir personnel. Finalement, il était chaud. On était fin août et les Mini O’s débutaient 3 mois plus tard.”

Yannig Kervella a coaché Tom, à distance, avant & pendant les Mini O’s

“Le lendemain matin. J’ai appelé mon agence de voyage pour leur dire qu’on repartait et ils m’ont chiffré le projet. En parallèle, j’ai fait une demande de licence AMA et j’ai cherché une maison sur AirBnb. J’ai passé un coup de fil à Jon Primo – qui est un de mes amis – pour lui dire que je cherchais une 85cc, que j’avais besoin d’un coup de main. De là, j’ai envoyé un message à Yannig Kervella. “Bonjour Yannig, on ne se connaît pas mais on a deux ou trois amis en commun. Mon garçon n’est pas une star, ce n’est pas le champion de sa génération; mais je ne veux pas avoir la casquette d’entraîneur car je veux vivre l’expérience à fond avec lui. J’ai besoin de toi, si ça te branche, on peut discuter car j’aimerais bien que tu viennes le coacher”.”

“Je ne m’attendais pas à recevoir une réponse, mais Yannig m’a répondu deux jours plus tard. “J’ai 40 demandes de pilotes par jour, mais la tienne m’a touché, on peut discuter.” Yannig avait deux autres pilotes qui devaient venir à la Mini O’s; on est resté en contact pour s’organiser. Quelques semaines avant la compétition, Yannig m’a rappelé un peu emmerdé car les deux pilotes qui devaient faire la Mini O’s avaient tellement évolué qu’ils avaient signé des contrats pour faire le SX US en 2024. “Plus de Mini O’s, les teams vont faire du testing à la place. Je me suis engagé avec toi, mes honoraires ne changent pas mais il n’y a plus que toi pour régler les frais de déplacement”. Je te laisse imaginer le prix des billets d’avion de la Californie jusqu’à Orlando la semaine de Thanksgiving. Je ne suis pas très regardant à la dépense mais il faut aussi être raisonnable. On s’est rendu compte que ça allait vite devenir compliqué parce qu’en parallèle de sa présence aux Mini O’s, Yannig allait perdre pas mal d’heures d’entraînement avec ses pilotes, et donc d’argent. Moi, ça me coutait un gros billet en plus de le faire venir donc finalement, on a fait du coaching à distance via les vidéos qu’on lui envoyait. Yannig a apporté plein de petites choses à Tom techniquement et il n’aurait pas pu corriger grand-chose sur place en 5 tours de Supercross, et 12 minutes de Motocross.”

L’union faisant la force, Valentin Laurent prend donc les devants et décide de rentrer en contact avec le charter Français en partance pour les mini O’s, à savoir la famille Lopes, mais aussi Victor Quiniou et Anthony Guidolin.

“J’ai envoyé un message à Adrien Lopes en lui disant “Hey, je viens de voir sur Instagram que vous partez à la Mini ‘Os. Cool, on se verra là-bas”. J’avais aussi créé un groupe de discussion avec Victor Quiniou que je ne connaissais pas, et Anthony Guidolin que je connaissais à peine de vue. Le but était de se filer un petit coup de main entre Français et de sympathiser ensemble. 15 jours avant l’épreuve, je n’étais même pas sûr d’avoir une moto, d’avoir une maison sur place, une voiture, etc. Heureusement, je ne suis pas du genre à me faire du souci. En discutant avec Adrien, j’ai fini par lui proposer qu’on prenne une grande maison ensemble. Pour 2.000$ les 15 jours, on pouvait se trouver un truc sympa à 15 minutes du terrain. Adrien m’a dit banco. J’ai loué la maison alors qu’on ne se connaissait même pas [rires]”

“De là, on est partis de France avec Tom le Mercredi 15 Novembre, on a dû faire un stop à Amsterdam au départ de Genève. Adrien et Tim sont arrivé en même temps que nous à Amsterdam, au départ de Bordeaux. On ne s’était même pas concertés. On a ensuite pris le même vol pour partir aux US et on a sympathisé à l’aéroport, dans l’avion, et tout s’est fait très naturellement. On s’est installés à la maison, on a pris nos quartiers, on est arrivs sur le site de la Mini O’s et je me suis vite retrouvé dépassé [rires]. On a tout de même passé le contrôle administratif – il n’y a pas de contrôle technique aux US – et on a récupéré le transpondeur pour Tom, les pass, les bracelets, etc. Il faut savoir qu’on a payé 1.000$ pour faire deux catégories sur la Mini O’s, mais ils nous ont quand même vendu le bracelet pour accéder au paddocks à 100$ par personne [rires]. “

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Tout ce petit monde est bien arrivé au Mini O’s !

Non-contents d’avoir fait leurs premières connexions avec la délégation Française avant même d’arriver sur le continent américain, père et fils ont pu compter sur l’entraide des uns et des autres aux USA. Ce n’est autre que Conrad Eigenmann – directeur adjoint de l’AMA – qui déposera la moto de Tom – trouvée par Kervella et customisée par Primo – à la Mini O’s. Directeur du MX Master Kids, Michel Costitch mettra également Valentin & Tom en contact avec la famille Thrasher sur place; famille qui les accueillera dans leur Motorhome pour la semaine de courses.

“Nous y voilà. On avait une maison pour la nuit et on avait récupéré une moto toute neuve que Yannig nous avait trouvée, avec les roues modifiées par Jon Primo. Problème: on ne connaissait personne sur place. En quelques heures et grâce aux connexions de Michel Costitch – que je n’avais jamais rencontré – on a été mis en contact avec la famille Thrasher. On savait à peine comment ils s’appelaient et comment les trouver sur le paddock. Finalement, ces gens-là nous ont tout mis à disposition, du lève moto à la clef de 7mm, au dépannage de la VP pour que Tom attaque les premiers essais parce que le camion VP était fermé le premier matin. Ils m’ont aidé à faire le mélange parce que je ne comprenais pas comment faire la conversion de galons à litres … Ils ont tout fait pour m’aider quand j’avais besoin de quelque chose, et quand je n’avais besoin de rien ils venaient me demander si j’avais besoin de quelque chose. On a fait un Thanksgiving a 20 personnes avec eux; c’était une expérience humaine de malade, incroyable, inoubliable pour moi et mon fils.”

Ne sachant pas que Tom est encore éligible à la catégorie 85cc aux Mini O’s, Valentin l’engage chez les énervés du Supermini 12-15 ans & Supermini 13-16 ans. Voilà comment notre jeune espoir Français – au guidon de sa 85cc d’origine – a dû en découdre avec une poignée de pilotes (déjà) semi-factory évoluant au guidon de 112cc; une catégorie bien propre aux USA.

“La petite subtilité aux Mini O’s, c’est que c’est l’âge limite des catégories est fixé à la date du premier Janvier mais ça, je ne le savais pas. Tom avait encore 13 ans au premier Janvier. On aurait alors pu faire les catégories 85cc 11-13 ans et peut-être se défendre un peu plus parce qu’aujourd’hui en Supermini, on retrouve du Carson Wood – un pilote Team Green – du Vincent Wey, qui n’est autre que le fils de Nick Wey, etc … Pour la petite histoire, les 85cc aux US n’existent qu’en petites roues et je ne le savais pas. Avant de venir, j’étais aussi en contact avec Greg Pamard qui m’avait gentiment filé un coup de main pour me trouver une moto de son côté. Un jour, il m’avait appelé pour me dire qu’il m’avait trouvé un deal avec VP (VP ? WP ?) Racing, une moto avec un cadre Factory, un moteur Factory, des suspensions Factory. On avait un changement de piston compris dans le forfait, un mécanicien sur place et ça tournait autour de 2.000$ de prestation la semaine. Il fallait “juste “que je choisisse 105 ou 112. J’ai répondu “105 ou 112 quoi ?”. “La cylindrée”. Tom allait s’envoler sur ces motos. Il m’a expliqué qu’ils roulaient tous en 112cc aux US, en Supermini. Les 105cc & 112cc cc m’ont fait un peu peur. Voilà pourquoi on a eu une 85cc petites roues, sur laquelle on a monté des grandes roues. Yannig me l’a louée a un prix défiant toute concurrence, pour moins de 700$ la semaine. Du coup, Tom a roulé avec une 85cc d’origine face aux 112cc de la catégorie Supermini. Il manquait un peu de chevaux mais si je l’avais mis sur une 112cc factory, il n’aurait pas fini devant pour autant. Le jeune qui roulait devant n’aurait pas été ridicule du tout avec la moto de Tom entre les mains. Néanmoins, Tom est un bon starter; il a dû faire 14 holeshots sur 16 départs en Suisse. Là, il se faisait dépouiller en sortant dans les 15 derniers à chaque fois. Sa moto était stock, donc on a roulé avec de la VP pour la comprimer un peu plus, et aussi parce que Tom rêvait de rouler avec de la VP. J’ai pris 5 galons, ça m’a coûté dans les 180$ [rires]. Pour le budget total, c’est un peu plus de 10.000€. Je déchirais un ticket de carte bleue sur deux pour ne pas avoir trop peur [rires].”

Tom Laurent a évolué en 85cc – grande roue – en catégorie Supermini

Si Tom prenait part aux courses pour le plaisir et sans objectifs de résultats, d’autres jeunes Américains de son âge jouent déjà leur avenir, et une future carrière dans le sport, sur quelques minutes de course. Une fois n’est pas coutume, la différence entre le système Français & Américain surprend tant elle effraie. Les nombreux sacrifices réalisés par les familles dépassant parfois l’entendement; c’est amusé que Valentin Laurent nous donne son ressenti – vu de l’extérieur – sur son expérience aux Mini O’s.

“Le système Américain, c’est la folie. Tu te dis qu’il n’y en a que 1 sur 1.000 qui va réussir dans ce sport, mais tu en auras quand même 999 qui rouleront comme des avions. En France, on cherche le Quentin Prugnières, le Mathis Valin, il y en a un par ci, par là. Il faut savoir que les 20 premiers pilotes de la catégorie à Tom, ce sont des pilotes qui sont déjà dans les startings blocs et aidés par des marques; ils sont sous contrats. Ce sont des gamins en arrêt scolaire, qui roulent dans des centres d’entraînement avec des pilotes hyper connus 6 jours sur 7. Ce sont des bébés quand ils enlèvent les casques, mais en fait, ce sont déjà des fous furieux techniquement. Derrière le top 20, tu retrouves 50 pilotes qui se tiennent en deux secondes. Que tu fasses 20ème ou 70ème, tu as toujours un niveau de malade et ça se joue à un mauvais départ, une petite chute, une erreur ici et là. Il avait 50 pilotes entre 2:10 et 2:12 au tour dans sa catégorie en Motocross. C’est la guerre.”

“On rigole en parlant de Tim Lopes qui est à fond dans la moto, qui est formaté pour ça avec son papa. Mais là-bas, ils sont absolument tous comme ça. En France, la famille Lopes a eu les couilles de se dire qu’ils allaient faire percer Tim dans la moto, ils ne font que ça. Aux USA, ils ne font tous que ça. Là-bas, même les jeunes qui ont un niveau moyen ont 7 motos. La famille Thrasher qui nous aidait sur place avait six motos pour Thor, toutes préparées, mais toutes différentes. Là-bas, ils ont des centres d’entraînement avec deux terrains de MX, 2 terrains de SX, un champ d’ornières et les gamins roulent 6 jours sur 7; c’est différent. La famille Trasher n’a pas de maison, car c’est 800.000$ du côté d’Orlando. Ils habitent dans un motorhome, sur le parking du centre d’entraînement du fils qui n’est pas scolarisé et qui roule tous les jours. Le père me disait qu’il passait 120 litres de VP par semaine [rires]. On a aussi rencontré une famille qui filait un coup de main à Tim Lopes sur place; la mère est avocate du côté d’Orlando alors que le père et le fils vivent dans un motorhome à l’opposé du pays, sur la propriété de Davi Millsaps. Pour te donner une idée, le premier pilote de la catégorie 65cc 7-9 ans devait coller 3 ou 4 secondes à mon fils. Le MX là-bas, c’est comme les concours de beauté pour les petites de 6 ou 7 ans qu’on pousse à mort. Ils font tout dans l’excès. Les enfants ont l’air d’être heureux, ce sont des avions, mais il faut voir ce qu’il y a autour.”

“J’ai envie de dire à tous ceux qui nous ont écrit pour nous demander comment on pouvait comparer le niveau à la France que … ça ne s’explique même pas. Je pense qu’il faut le voir pour le croire. Il y avait le champion du monde 65cc aux Mini O’s, Patriks Cirulis, et il a dû faire 20ème des finales 65cc …. Tim Lopes s’en sortait très bien, mais il en a bavé lors de certaines courses. Quand tu vois un Tim Lopes 17ème alors que c’est sa dernière année de 65cc, qu’il est vice-champion d’Europe, 5ème du mondial et qu’il a l’habitude de tourner autour des pilotes en règle générale, c’est quelque chose. Nous, on se fie aussi aux pilotes sur place, Victor Quiniou a un titre de champion de France National, Anthony Guidolin a eu un très bon niveau même si l’âge rentre en compte désormais. Quand eux te disent qu’ils ne s’attendaient pas à ça, et qu’ils se trouvent ridicules, ça remet les pendules à l’heure; ces mecs ont quand même un certain niveau.”

Avec les pilotes Team Green Krystian Janik & Drew Adams

Pour Tom et outre celle acquise en piste, l’expérience la plus marquante de ces Mini O’s restera probablement le fait d’avoir pu rencontrer mais aussi rouler aux côtés de certains de ses idoles de son âge, pour ne citer que Vincent Wey ou Carson Wood, garçons qu’il suivait déjà assidûment sur Instagram avant son départ. Partager la piste et de prendre des photos avec des pilotes qu’il admirait jusqu’alors virtuellement restera longuement dans la mémoire du kid originaire de Louhans.

“Le truc le plus impressionnant pour Tom, c’était de rouler face à un Vincent Wey, un Carson Wood … Tom regarde son profil Instagram depuis toujours. Il a roulé et pris des photos avec tous les garçons qu’il regarde sur les réseaux; c’était incroyable. Le plus difficile pour lui finalement, c’était plus de gérer la pression avant de partir aux US. Il avait tellement peur de se faire mal qu’il n’arrivait plus à se lâcher à l’entraînement. L’enjeu humain et financier a fait qu’on n’a pas beaucoup roulé avant. Le plus gros challenge c’était aussi d’enquiller une piste de Supercross dès le premier jour sachant qu’il n’avait fait que deux entraînements dans la discipline en stage avec MX Performance. Là, il se retrouvait à faire des manches face à des jeunes qui faisaient racler le guidon en haut des appels. Ce qui était aussi très impressionnant, ce n’était pas la grosseur des terrains même si c’était de beaux terrains, mais plus la profondeur des ornières. Après la cinquième course du matin, on avait les mêmes ornières qu’en fin de journée sur une épreuve du France. En fin de journée, les ornières m’arrivaient au milieu de la cuisse et je fais 1m80 ! Si tu ne sais pas passer avec le guidon qui touche par terre, tu en baves. Il faut savoir qu’ils disputent 80 courses par jour entre 7h du matin et 17h30. Quand le dernier a fait le premier tiers de son dernier tour, le départ de la course suivante est déjà donné; c’est non stop.”

Tom a partagé la semaine de compétition aux Mini O’s avec Tim Lopes

Des étoiles plein les yeux, des souvenirs plein la tête, Tom et Valentin profitaient d’une dernière semaine de vacances post Mini O’s pour visiter les Everglades ou encore faire un crochet par Miami avant de rentrer en France. Déjà, les yeux sont rivés sur la saison 2024 et si l’expérience Mini O’s était à refaire dans le futur, on prendrait les mêmes, et on recommencerait.

“Si on devait le refaire, on referait la même au niveau du déroulement, de l’organisation. Avec l’expérience et le recul, certaines choses seront plus faciles à absorber car on sait comment ça fonctionne. Il y aurait des facilités globales. Là, je viens de me rapprocher d’un agriculteur qui vient de me herser une parcelle au milieu de nulle part pour pouvoir rouler dans de la merde tout le temps. On prend du plaisir à aller rouler à Costières sur des terrains refaits quand il fait beau, mais Tom a réellement pris conscience qu’il fallait vraiment faire du physique à côté de la moto, et rouler dans de la merde pour progresser et gagner du temps en piste. On va essayer de se créer un champ d’ornières, des petites choses pour garder du plaisir en roulant car on n’a aucun objectif sérieux, mais avec l’expérience acquise là-bas, on sait qu’on peut mettre en place certaines choses pour progresser. Tom est intelligent, il a beaucoup regardé, et il faut mettre en pratique tout ce qu’il a vu et appris, ce qui l’aiderait à prendre de l’expérience, de la vitesse, de la technique.”

“Je sais que les gens vont nous dire “Pourquoi les US avec si peu de niveau ?” Parce qu’on veut kiffer, on veut vivre ces expériences. Je ne vis pas tout ce que je n’ai pas fait dans ce sport à travers mon fils. J’ai 25 ans de licence, j’ai fait ce que j’avais à faire. Mes parents avaient bien joué le jeu: si j’étais bon à l’école, il y avait de la moto, sinon non. Ils ne voulaient pas continuer à m’offrir un sport que je ne pourrais pas me payer par la suite, en tant qu’adulte. Moi ce que je vois, c’est surtout ce qu’on a vécu entre père et fils. On est partis avec notre petit sac, nos valises, et mon Tom – très humble – avait l’impression d’être un pilote d’usine car il portait des nouvelles tenues tous les jours et qu’il avait un casque personnalisé avec son nom …. Tom est exceptionnel à la maison, en attitude, à l’école, il est serviable, poli, tout ce que tu veux. Ça me paraît être une bonne chose de lui permettre de vivre ce genre de choses. C’était de l’enrichissement à tous les niveaux pour lui, comme pour moi. Peut-être qu’il ne fera plus de moto dans quelques années, on ne met aucune pression, on n’attend pas un retour sur investissement. On veut que nos enfants s’épanouissent dans ce qu’ils font.”

Story: Les Mini O’s de Tom Laurent               
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